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Granville et la Ville Haute
(Manche, France)
Heure locale

 

Lundi 23 mai 2011


 

En 1439, les Anglais créent Granville. Ou plus exactement l'enceinte de Granville ( Ville Haute), dans le but d'isoler le Mont Saint Michel. A l'origine, Granville et Chausey ne faisaient qu'un, rassemblés dans la forêt de Scissy qui fut engloutie en 709. Granville alors au cœur des terres deviendra alors une ville côtière sous le nom de Roque de Lihou. Ses premiers seigneurs seront les Grant qui se verront attribuer ses terres par Guillaume le Conquérant, en remerciement de leur aide pour lui avoir faciliter la conquête de l'Angleterre. Cette même année ( en 1439) est érigée l'église Notre Dame du Cap Lihou. Cette église située dans la haute ville verra le jour suite à une légende qui prétend que des marins auraient trouvé une statue de la Vierge dans leurs filets en 1113. Une chapelle fut alors aussitôt construite. On fait venir le granit de Chausey, tandis que la construction du choeur débute en 1628. Et plus d'un siècle plus tard, s'élèvera la façade occidentale, en 1767. La flèche, foudroyée plusieurs fois, date de 1729. Sous l'impulsion de Lucien Dior, maire de l'époque, l'église sera classée au titre des Monuments historiques en 1930.

Je me promène tôt ce matin là , à pied, à la découverte de la Ville haute. La ville est étrangement déserte. Cette cité est ceinte de remparts qui virent leur réfection en 1562. Puis l'installation d'une garnison dans les casernes. Ces mêmes casernes aujourd'hui vidées de leurs soldats et transformées en bâtiments administratifs ou en résidences privées. Sir Thomas Scalles sera l'artisan de l'enceinte fortifiée (l'ancêtre de l'actuelle Ville haute) qui verra la naissance, à la même époque d'une tranchée creusée en pleine falaise: Granville deviendra ainsi une île plus grande que le Mont Saint Michel. En 1442, les Français alors à la tête du Mont Saint Michel prennent ce bastion et chassent une fois pour toutes les Anglais. Charles VII fait alors de Granville un bastion fortifié. Il signe une charte en 1445 octroyant à la ville des armoiries et exemptant d'impôts les habitants venant y vivre. De temps à autre ( en 1695 par exemple), les Anglais feront des incursions, bombardant Granville , détruisant partiellement 80 maisons ( ci-dessous, l'une des plus anciennes maisons de la ville)

Sous Louis XIII, on modifie les fortifications pour tenir compte des progrès de l'artillerie. La première caserne est terminée en 1750, la deuxième en 1780. Et les dernières datent du XIX ème siècle. Les Allemands rajouteront les blockhaus du Mur de l'Atlantique à cet ensemble fortifié (photo ci-dessous). Granville sera libérée sans avoir eu besoin de combattre le 31 juillet 1944. La ville s'avance dans la mer et a toujours vécu étroitement avec elle. En 1492, les Juifs, chassés d'Espagne arrivent à Granville. Interdits d'habitation au sein de la cité, ils s'installent dans le faubourg ( l'actuelle rue des Juifs) où on leur accorde toutefois le droit de commercer ( orfèvrerie et prêt d'agent). C'est cet argent qui permettra l'apparition de l'armement granvillais. Dès 1540, des navires de Granville pêchent au large de Terre-Neuve et la cité deviendra au fil du temps un important port morutier. Sous Louis XIV, les bateaux sont autorisés à s'armer et à devenir corsaires. On comptera 70 à 80 équipages de ce type à Granville. Et la ville donnera 15 amiraux à la France, dont Pléville- Lepelley, le « corsaire à la jambe de bois ».

Je me suis garé rue des Juifs puis ai remonté cette même rue jusqu'à pénétrer dans la ville haute par la Porte Saint Jean. Après m'être recueilli quelques instants à l'église Notre Dame du Cap Lihou , je profite de la vue dégagée sur le port. Ce port est constitué d'un port de commerce et d'un port de plaisance. A côté de l'église se trouve la maison dite « du guêt », édifiée en 1905 dans un faux style moyenâgeux (photo ci-dessous)

Les maisons, bâties en granit de Chausey, le long des deux rues principales sont souvent d'anciennes résidences d'armateurs et de remarquables bâtisses des XVII ème et XVIII ème siècles. Je m'arrête un instant au 61 de la rue Saint Jean. L'hôtel Picquelin , avec ses jolies chattières de toit, y fut bâti en 1734 par le Sieur Picquelin de Grainville, lieutenant de police. (première photo ci-dessous). Un peu plus loin, j'aperçois l'hôtel Ganne-Destouches (de la fin du XVII ème siècle) avec sa façade tout en granit, où fut arrêté le 3 juillet 1798 le chevalier Destouches, chouan célèbre immortalisé par Barbey d'Aurevilly dans un de ses romans (deuxième photo). Au 76 de la rue Notre Dame, je trouve l'hôtel de l'Amirauté datant du XVII ème siècle ( poignée de porte ci-dessous).


 

La ville haute est parsemée de nombreuses petites rues ou venelles qui coupent les rues Notre Dame et Saint Jean. Ces venelles permettaient ainsi aux défenseurs de la ville de rejoindre rapidement les murailles nord et sud. Ces venelles débouchent parfois directement sur la mer, comme la rue des plâtriers. Elles portent aussi souvent des noms de lieux de commerce ou de corporations: Rue du marché au pain, rue du marché au cuir... La ville haute était effectivement très peuplée et comportait de nombreux commerces. En 1896, elle possédait ainsi un pharmacien, deux notaires,deux bouchers,trois boulangers,15 débits de boissons,deux charcutiers,un pâtissier,un poissonnier,19 épiciers,4 merciers,un modiste,et...un tambour de ville! En 1960, elle abritait toujours de nombreuses familles avec enfants. Malheureusement, la disparition de la Charte de Charles VII ( exemption d'impôts) provoqua petit à petit la fuite des habitants en périphérie.

Je passe devant la Grande Porte ( tout près de la rue des Juifs)(photo ci-dessous). Là, un pont-levis ouvrait l'entrée de la cité avec un droit de guichet dès la nuit tombée. Une guérite de pierre qui abritait le garde de la Milice est toujours présente à cet endroit. J'arrive rapidement au Logis du Roi, après avoir gravi les marches de la rue Lecarpentier. On appelait ainsi cette maison car elle accueillait le représentant du roi, le lieutenant général. Maison commune sous la Révolution, ses salles du rez-de-chaussée servirent de geôles. Puis elle abrita au XIX ème siècle le Commandant de la Place et depuis 1936, le Musée du Vieux Granville (deuxième photo): A ne pas manquer, ce musée d'histoire locale évoque le riche passé maritime de la ville, port terre-neuva, cité corsaire, puis station balnéaire renommée. Installé dans le Logis du roi, ce musée constitue avec le jardin du cavalier de l'oeuvre un ensemble historique et architectural important enchâssé dans les murailles qui dominent les quais et le port. Le bâtiment est classé monument historique depuis 1931 et a été construit au début du XVII ème siècle. Le musée du Vieux Granville présente des collections de coiffes (troisième photo), costumes et bijoux évoquant la vie en Normandie au XIX ème siècle ( habits de soie ou de droguet, grandes coiffes de mousseline ou de tulle brodé marquant chacune l'appartenance à une ville différente, bonnette de mariage et de deuil, capes,blaudes...) et meubles granvillais. Connue pour leurs vertus thérapeutiques dès la fin du XVIII ème siècle, les bains de mer de Granville se développèrent sans discontinuer tout au long du siècle suivant et attirèrent une clientèle grandissante de baigneurs que l'on cherchait à distraire. A partir de 1870, la ligne de chemin de fer Paris-Granville donnera un élan supplémentaire à la cité qui devient alors , à la Belle Epoque, une station balnéaire renommée. Des collections présentent en alternance cette histoire des bains de mer de Granville et évoquent la vie balnéaire avec en particulier des costumes de bains et des accessoires de plage de la fin du XIX ème siècle aux années 1950. Enfin, une exposition temporaire met en valeur chaque été un aspect de l'histoire de la ville ou encore un artiste ayant œuvré dans la ville.

Je poursuis ma promenade en direction de la Place de l'Isthme , lieu du Musée d'art moderne Richard Anacréon agrémenté de sa façade originale (photo ci-dessous).Ce musée est implanté dans l'ancienne école Paul Bert , qui fut autrefois un couvent. Sur cette place se trouve l'entrée des fameux souterrains de la ville haute, par lesquels les Vendéens tentèrent d'envahir la cité en 1793. De ce promontoire, je domine la ville basse de Granville avec , au loin, l'église Saint Paul qui , menaçant de s'effondrer, a été depuis fermée au public (deuxième photo).


 

Depuis la Place de l'Isthme, je redescends vers la mer. Là, je passe tout près du casino de la ville. Avant de m'engager dans cette jolie promenade le long de la plage du Plat gousset qui me conduira à la maison Dior. Mais, çà, c'est une autre histoire....


 

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