Revoir le globe
Top


Ascension au Mont Fuji
(Préfectures de Shizuoka & Yamanashi, Japon)
Heure locale

Vendredi 1er juillet 2011

 

Je m'étais promis de monter au Mont Fuji il y a déjà un petit moment. J'attendais seulement l'époque favorable car, pour célèbre qu'elle soit, cette montagne sacrée peut se révéler dangereuse pour les grimpeurs imprudents. Le mauvais temps fait parfois des ravages et tue parfois. Pour préparer mon ascension, j'ai demandé conseil à une amie, Jacqueline, qui a déjà gravi le Mont Fuji à plusieurs reprises. Fort de ses recommandations, je m'étais décidé à faire l'ascension de nuit. Pourquoi de nuit me direz-vous? On n'y voit rien. C'est vrai, bien que.... l'expérience est intéressante car la nuit, on voit les choses avec un autre regard, dans un silence impressionnant. Et puis, il fait surtout moins chaud de nuit à cette époque de l'année. Car le Mont Fuji est officiellement ouvert pendant deux mois de l'année: Juillet et août. C'est l'époque de la mousson et, franchement, ça n'est peut être pas le meilleur moment pour se lancer dans des efforts physiques importants mais bon....Jacqueline m'avait suggéré d'emprunter la Subashiri route, moins fréquentée et donc plus tranquille, car en pleine saison, la Gotemba route est perpétuellement encombrée. Nous sommes le 1er juillet et je ne m'attends à voir beaucoup de monde. C'est le début de la saison. J'ai consulté la météo avant de partir: Le temps s'annonce favorable, sans pluie, sans neige et avec un vent très faible. Les meilleures conditions sont donc réunies. Je n'ai pas trouvé beaucoup d'informations lors de la préparation de cette ascension. Peut être ai-je mal cherché. Le numéro de téléphone qu'on m'avait fourni ne répondait pas. Impossible de trouver les horaires de la compagnie de bus sensée me conduire de Gotemba (mon point d'arrivée par train) jusqu'à la New 5th Station sur la Subashiri route (à 1980 mètres). Trop tard. Jacqueline m'avait conseillé de ne pas partir trop tôt , afin d'arriver au sommet juste au moment où le soleil se lève. Déception, le dernier autobus qui se rend à la 5è station (Subashiri route) a quitté la gare à 19h25. Je me rabats donc sur le taxi. Et rencontre Yuichiro Yamazaki (voir infos pratiques) qui a l'habitude de ce trajet ( en saison, il m'a affirmé le faire jusqu'à quarante fois par jour!). Nous partons donc sans attendre. »Vous apercevrez sans doute des biches » me confie t-il. Effectivement, la route monte rapidement et j'apercevrai des biches à deux reprises au cours de notre trajet, le long de la route. Une heure plus tard, j'arrive à destination: La 5è station , située à 1980 mètres d'altitude est constituée de quelques petits bâtiments et tout est fermé. Pas de lumière, personne en vue. Le silence est d'or. Le point de départ est bien indiqué. « C'est tout droit », me dit Yuichiro. Ben voyons!

Il est 21h45 lorsque j'arrive à mon point de départ. En avance sur l'horaire, je m'équipe tranquillement, n'enfilant que mon pull-over car il ne fait pas très froid. Je n'oublie pas de mettre la lampe frontale sur la tête, mon appareil-photos en bandoulière et me voilà parti. Quel calme! Au début du parcours, l'itinéraire de la route est clairement affiché (1ère photo) ainsi que les recommandations de sécurité. IL me suffit ensuite de suivre l'itinéraire très bien balisé par des flèches (2è photo) rouges (pour la Subashiri route). Chaque itinéraire a en effet une couleur différente. De plus, des cordages maintenus par des piquets vous indiquent aussi le chemin à prendre. Au bout de dix minutes, j'atteins un petit sanctuaire, le sanctuaire Komitake (3è photo)


Il fait frais, il n'y a pas de bruit mais soudain, j'entends des gens rire dans le lointain. Moi qui croyais être tranquille pour cette balade...En réalité, il s'agira d'un groupe d'étudiants japonais venus, comme moi, grimper sur le Mont Fuji. Ils ne tarderont pas à me rattraper car j'ai décidé de ne pas courir. J'ai arrêté toute pratique sportive depuis un an et demi et je n'ai jamais fait de balade en montagne. Il me faut jouer la durée, l'important pour moi étant de terminer le circuit, sinon je passerais pour une courge. 56 minutes après mon départ , j'arrive à la 6ème station (2400 mètres) et m'accorde dix minutes de pause . Les étudiants nippons m'ont rattrapé et s'arrêtent aussi quelques instants. Je sue déjà mais ça me paraît normal. La respiration est bonne, tout va bien. Trente minutes plus tard, j'arriverai à la 6 è station originale (Main 6th station, c'est ainsi qu'on l'appelle). Je suis alors à 2700 mètres et m'accorde encore une pause d'une dizaine de minutes. Je rejoins mes étudiants qui, du coup, m'ont devancé (ils ont une vingtaine d'années, ça fait toute la différence!). Après 40 minutes de marche, j'arrive à la 7ème station (3090 mètres)(photo ci-dessous). La respiration commence à se faire un peu plus difficile. Je suis bien couvert, toujours en pull-over car je ne souffre pas encore du froid. Pas un seul animal en vue sur le parcours. Je n'en verrai aucun sur mon trajet. Après dix minutes de pause, me voici reparti, pour atteindre la 7ème station original (Original 7th station) à 3200 mètres au bout de quarante minutes de marche. Tiens, un petit refuge avec des boissons chaudes où certaines personnes se pressent pour se réchauffer quelques instants (photo)


Je suis toujours accompagné de mes étudiants. Mais un autre groupe a surgi de la nuit. C'est très drôle de voir cette chaine de lumière ( à cause de nos lampes frontales) illuminer le sentier de montagne. Les jeunes ont suffisamment d'énergie pour bavarder tout en grimpant. Moi pas! Savent-ils que le muscle lingual lui, aussi, consomme de l'énergie? Jusqu'ici, pas de difficulté pour suivre le chemin balisé. Parfois, le sol est relativement dur, parfois il faut escalader quelques petits rochers, d'autres fois marcher sur des éboulis plus ou moins gravillonnés et là, ça devient moins agréable, surtout lorsque cela dure. Encore dix minutes de pause et me voici en route en direction de ma prochaine halte, la 8è station que j'atteindra après 50 minutes de marche. Cette 8è station accueille l'hôtel Fugida et une petite boutique. Rien de bien exceptionnel. Bientôt, je repars presque aussitôt vers la 8ème station et demie,à 3450 mètres. Pourquoi et demie, je l'ignore! (Original 8,5 station). Là se trouve un refuge avec des couchettes, de quoi se restaurer (soupes,boissons chaudes) et des toilettes à 200 yens (photos ci-dessous)


Il ne reste encore que....900 mètres! Mais voilà, la fatigue commence réellement à se faire sentir et le pire est à venir. Le reste de l'ascension va se faire via un sentier fait d'éboulis ( on glisse un peu comme sur une dune de sable, l'idéal dans ce cas est de faire des petits pas de geishas!) puis de rochers (des marches plus ou moins élevées à franchir mais qui paraissent des montagnes lorsque l'altitude rend les mouvements plus difficiles, les jambes plus lourdes à soulever et la respiration plus haletante). Je commence à en baver. Et devrai m'arrêter brièvement mais plus souvent qu'auparavant. Déjà, la nuit devient moins noire, le soleil ne tardera plus. Bon sang, vais-je louper son lever à cause de cette fichue fatigue? Je me promets de réussir coûte que coûte à terminer cette balade. Et j'y arriverai. A mes côtés, des jeunes et des moins jeunes s'arrêtent régulièrement sur le côté pour souffler un instant, puis repartent. Ça va, je me sens ainsi moins ridicule. Beaucoup sont équipés d'un bâton en bois sur lequel ils font graver leurs périples. En ce qui me concerne,j'ai fait la performance de grimper sans bâton. J'aperçois, relativement proche de moi les lumières des bâtiments au sommet. Les 500 derniers mètres seront les plus pénibles. Je mettrai au total une heure trente pour gravir le chemin restant entre la 8,5 station et le sommet. Bref, au bout de 5h56 top chrono, je parviens à dominer la situation. Je comprends les Japonais qui prétendent qu'il est bon de gravir le Mont une fois dans sa vie mais pas deux! J'assiste à un défilé interrompu de grimpeurs qui se pressent tous pour arriver à temps au sommet afin d'admirer le lever du soleil. En haut, tout est fermé. Il n'est que 4 heures du matin (ou presque) mais tout de même! Une boisson chaude aurait été la bienvenue. Et soudain, petit à petit, l'horizon s'éclaircit. Et se partage en trois parties: La montagne en bas, le manteau nuageux, et le ciel en haut, qui laissera bientôt apparaître le soleil (première photo ci-dessous) . Pour le reste, je vous laisse admirer les photos qui suivent, sans commentaire.


J'ai enfilé depuis un moment déjà un autre vêtement car il s'est mis à faire froid, très froid même. La fatigue n'aide pas et je dois dire que j'étais extrêmement fatigué en arrivant au sommet. Et n'ai pas eu le courage de repartir faire le tour du cratère dans la foulée. Je l'observerai à quelques centaines du point d'observation du lever du soleil. Juste face à moi, se trouve la station météorologique du Mont Fuji. L'endroit est magnifique et je ne regrette pas le mal que je me suis donné pour cette ascension. Le paysage est grandiose et vaut la peine d'être vu.

Je ne me sens pas d'attaque pour entamer la descente immédiatement. Je ne souffre pas de la faim mais de la fatigue. Après quelques photos souvenir en compagnie de mes chers japonais (ci-dessous), je regagne le refuge où j'avais repéré des couchettes. Et m'accorderai trois heures de sommeil salutaire (de 6h à 9h) après avoir bu un chocolat chaud. Le refuge n'est pas d'une propreté parfaite ( les couettes ont déjà du voir passer beaucoup de monde) mais qu'importe! Lorsqu'on est épuisé, on est moins exigeant. Et puis l'accueil est sympathique. Alors je prends une couchette après avoir retiré mes chaussures qu'on mettra dans un sac et je m'endors tout habillé après m'être équipé d'un masque et des bouchons d'oreilles.

Souhaitant faire une halte à Kawaguchi, j'ai emprunté une autre route pour redescendre le Mont Fuji: La Yoshida Trail (flèches jaunes) sur 18 kilomètres d'éboulis. Le bonheur assuré. Et , cette fois, je profite du paysage. Je quitte la 8ème station et arriverai à destination trois heures plus tard, à l'arrêt de bus pour Kawaguchi. En chemin, je rencontre un petit groupe de jeunes japonais que j'accompagnerai jusqu'au terme de la descente. L'un deux tient un restaurant coréen dans une petite ville au pied du Mont. En altitude, la végétation est relativement pauvre. Seules quelques plantes poussent au milieu des cailloux (photo). Nous croisons parfois des engins à chenilles qui entretiennent la route ou transportent des biens à destination des refuges. La balade est ponctuée de nuages de brume rafraichissants qui viennent un peu tempérer les rayons d'un soleil déjà très actif. Le chemin, là encore, est bien balisé (photo) et le plus difficile est de marcher sur un chemin fait d'éboulis, donc instable. Une heure avant le terme de la descente, nous passons dans deux tunnels (photo) pour piétons destinés à nous protéger des éboulements possibles à cet endroit. Les pieds font mal et il me tarde d'arriver au terme de mon escapade. J'ai choisi de partir me reposer à Kawaguchi , une petite ville de la région des cinq lacs (voir infos pratiques) située à une heure d'autobus depuis le départ du Yoshida Trail. Après m'être reposé une journée, je rentrerai à Tokyo par le train.

Pourquoi le Mont Fuji est-il aussi célèbre? Située au centre du pays, le Mont Fuji culmine à 3776 mètres d'altitude. C'est le plus haut sommet du Japon. Qui se trouve à un endroit de rencontre des plaques tectoniques Pacifique, Eurasienne et Philippine, ce qui en fait un strato volcan, toujours en activité ( mais sans coulée de lave!). Sa dernière éruption s'est produite en 1707. Au sommet, on trouve un observatoire météorologique que je vous ai montré sur les photos, mais ce n'est pas cela qui attirent notamment un grand nombre de Japonais qui y viennent comme en pélerinage. Le Mont Fuji, a une forme caractéristique d'une part et représentent un symbole religieux traditionnel pour les adeptes du bouddhisme comme du shintoïsme. DE nombreuses oeuvres artistiques ' ainsi que picturales) y ont eu lieu durant des siècles. Son classement au patrimoine de l'Unesco est à l'étude.

Le nom du Mont Fuji reste encore incertain: Pour certains, il signifierait « Sans égal », pour d'autres « sans fin ». Le nom suggérerait également la richesse et l'abondance. Tout un programme! Quatre éruptionsexplosives ( les plus importantes) du volcan se sont déroulées à l'époque Jomon ( il y a environ 3000 ans) , des coulées de boue se sont déversées sur la ville de Gotemba il y a 2300 ans compte tenu de l'effondrement du versant oriental du Mont Fuji, une autre éruption eut lieu en 864 (ère Jogan) avec d'importantes coulées de lave, Là se sont formés les lacs Sai et Shoji actuels. Et la grande éruption de Hoei ( en 1707) débuta, elle, 49 jours avec un puissant tremblement de terre ( le plus puissant que le Japon n'ait jamais connu).


La première ascension du Mont Fuji date de 663 et fut réalisée par un moine bouddhiste. Jusqu'à l'ère Meiji, et compte tenu de la nature sacrée de ce volcan, l'accès de celui-ci aux femmes était interdit. Depuis, le Mont Fuji est devenu une destination touristique et nombreux sont le Japonais ( et les touristes!) à le gravir.

Le Mont Fuji occupe enfin une place de choix dans la culture populaire. Devenu l 'un des symboles du Japon, compte tenu de sa forme, il a inspiré de nombreux poètes, et apparaît dans de nombreuses représentations picturales , comme ces vagues géantes de Kanagawa (photo ci-dessous) , que ce soit sous la forme de rouleaux illustrés, mandalas, estampes ou artisanat. Des peintres japonais du XIX ème siècle l'ont particulièrement bien représenté , comme Katsushika Hokusai et ses Trente six vues du Mont Fuji. En 1835, le même peintre publiera les cent vues du Mont Fuji sous la forme de trois livres.

N'oubliez pas de vous rendre dans la section Médiathèque où d'autres photos du Mont Fuji vous attendent!

 

 

INFOS PRATIQUES:

 


  • Prévisions météo: http://www.snow-forecast.com/resorts/Mount-Fuji/6day/mid

    http://weather.weatherbug.com/Japan/Fujiyoshida-weather.html

  • Accès: Quelque soit l'endroit d'où vous partirez, il vous faudra vous rendre à Gotemba. De Gotemba, vous trouverez des autobus (le dernier bus quitte la gare à 19h25) et des taxis (surla place de la gare, on ne peut pas les manquer). J'ai, pour ma part, emprunté le taxi de Yuichiro Yamazaki joignable au 0120 249 003. Coût du trajet: 6500 yens ( prévoir règlement en cash car, bien qu'équipé pour le paiement en CB, la liaison téléphone ne passait pas à la 5è station). Durée du trajet: 40 minutes.

    Horaires de bus: http://transportation.fujikyu.co.jp/english/index.html

  • Equipement: Une ascension en montagne nécessite d'être bien équipé. Plus on se rapprochera du sommet et plus il fera froid. Prévoir des vêtements chauds d'hiver ( bonnet, gants, écharpe compris) que vous enfilerez comme moi, au fur et à mesure de vos besoins. Il faut aussi prévoir une lampe frontale ( avec piles de rechange) si vous grimpez de nuit car il fait nuit noire et vous ne verrez rien. Prévoyez bien sûr de quoi vous hydrater (1 litre et demi à 2 litres d'eau par personne) et vous alimenter (un bon casse-croûte sera le bienvenu au sommet car il n'y a rien sur place ou si peu de choses...).

  • Commodités: Il n'y a pas de toilettes sur la Subashiri route (excepté à quelques refuges). Prévoyez donc le nécessaire en cas d'urgence. Les toilettes équipées (à la 8ème station par exemple sont payantes -de 90 à 200 yens! C'est à vous de déposer librement votre dû dans une petite boite)

  • Refuge de la 8è station: http://www.goraikoukan.jp/english/

     

    On me demande 3000 yens pour passer 3 heures dans une couchette. Les soupes et boissons chaudes sont à 500 yens. Paiement en cash uniquement. En semaine, les tarifs vont de 7500 à 75500 yens par jour (avec repas inclus). Le weekend, de 8500 à 76500 yens.

  • Yoshida Trail: Station de bus disponible en direction de Kawaguchi: 1500 yens pour une heure de trajet (jusqu'à la gare ferroviaire de Kawaguchi).

  • Ville de Kawaguchiko: http://www.mtfuji-welcomecard.jp/english/areainfo/area13.html

     

    Office de tourisme: 0555 72 6700 ( méfiez-vous car je suis tombé sur une gourde qui m'a donné un plan de la ville plus qu'approximatif! Pas très fiable)

    http://www.fujisan.ne.jp/index_e.php

  • Hébergement: Kawaguchiko Station Inn ( située en face de la gare) 3639-2 Funatsu Mont Fuji. 4500 yens la nuit en chambre japonaise traditionnelle par personne. Douches et toilettes à l'étage. 10% de remise sur consommation au restaurant. Accueil très sympathique ,personnel adorable. Tel: 0555 72 0015 . Paiement en cash uniquement.

  • Organiser votre voyage en train ( horaires et simulation de trajets avec les tarifs): http://www.hyperdia.com/en/

  • Ville de Fujiyoshida: http://www.city.fujiyoshida.yamanashi.jp/div/english/html/index.html

     

    Office du tourisme: 0555 22 7000

  • Site de la préfecture de Yamanashi: http://www.pref.yamanashi.jp/french/

  • La région des cinq lacs et le Mont Fuji: http://www.tourisme-japon.fr/Decouvrez-le-Japon/Destinations/Tokyo-et-ses-environs/Escapades-autour-de-Tokyo/Le-mont-Fuji-et-la-region-des-Cinq-Lacs












Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile