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Le Château d'Okayama
(Préfecture d'Okayama, Chugoku, Japon) |
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Vendredi 23 septembre 2011
Mon autre visite à Okayama sera le château. Un petit mais magnifique château vu de l'extérieur. Plus commun voire sans intérêt vu de l'intérieur. Situé le long de la rivière Asahi, face au jardin Korakuen, le Château d'Okayama surnommé aussi le Château du corbeau (U-jô) à cause de la couleur noire de ses murs, fut construit en 1573 dans le style architectural de l'époque Azuchi-Momoyama, à la fin du XVI ème siècle. Sa construction se déroula sous l'égide de Hideyoshi Toyotomi, et ne sera achevée qu'en 1597 par le lord féodal Hideie Ukita ( le fils de Naoie Ukita). C'est avant tout Naoie Ukita qui souhaita la construction du château du corbeau ( surnommé ainsi à l'époque où son donjon était recouvert de tuiles d'or).Naoie Ukita était un daimyo japonais de la période Sengoku. Né dans la province de Bizen, à Ukita Okiie, il devint rapidement leader local des samourais. Devenu orphelin en 1534 à la suite de l'assassinat de son père, il est recueilli par Murakami Munekage, le seigneur du château Tenjinzan. Devenu favori de Hideyoshi Toyotomi et même considéré comme son fils spirituel, Hideie Ukita (le fils de Naoie) épousera une de ses filles adoptives. Il fut promu comme l'un des cinq plus grands ministres et devint un grand lord féodal, à la tête d'un fief de 574000 koku ( pour rappel, un koku équivaut à 180 litres de riz, ce que mange un japonais en un an). Il sera présent aux côtés de Hideyoshi lors de toutes les campagnes militaires jusqu'à la bataille de Sakihagara en 1600, où il perdit le combat contre Ieyasu Tokugawa mais réussit toutefois à s'enfuir de justesse , prenant ensuite le chemin de l'exil vers Hachijo-shima ( l'une des centaines d'îles situées au large de Tokyo). Les défaites ne pardonnent pas et Hideie Ukita perdit tous ses domaines , dont le château d'Okayama , lequel sera attribué comme récompense à Kobayakawa Hideaki par celui auquel il s'était rallié, Ieyasu Tokugawa. Kobayakawa Hideaki faisait partie d'une famille de samourais de l'époque Sengoku ( famille qui disparaitra lorsque le dernier des Kobayakawa décédera deux ans plus tard sans laisser de descendance). La décision sera alors prise de remettre le château d'Okayama à la famille Ikeda. Il restera en sa possession jusqu'en 1868 (ère Meiji) puis sera nationalisé en 1869 avant d'être partiellement démantelé. Des douzaines de bâtiments furent ainsi détruits en 1882. Un véritable gâchis! Seul le donjon principal (Tenshu-kaku) ainsi que la tourelle du clair de lune (Tsukimi Yagura) (deuxième photo ci-dessous), la tourelle située à l'ouest du Bailey (Nishite Yagura) et la porte Ishiyama (Ishiyama Mon) furent préservés. Ces quatre parties du château furent classées comme trésors nationaux depuis 1931. Malheureusement, le bombardement américain de 1945 aura eu raison de la porte Ishiyama et du donjon original.
Il sera presque rayé de la carte le 29 juin 1945 lors d'un bombardement aérien de l'armée américaine ( qui, comme chacun sait, fait toujours dans le détail!). Il ne subsiste aujourd'hui du château d'origine que deux tours de guet qui sont d'ailleurs classées comme patrimoine historique du Japon. Le château sera reconstruit de 1964 à 1966 à l'aide de béton armé mais aura probablement beaucoup perdu de son charme ( il s'agit de voir l'intérieur pour comprendre). Son donjon de six étages abrite toujours des objets de la famille Ikeda comme des armures, des laques ou encore des sabres. Le Tenshu-kaku ( donjon), partie centrale de l'édifice, consiste en un pentagone irrégulier à sa base sur lequel furent construits trois ensembles de tailles différentes de deux étages chacun. Un grenier à sel est annexé au donjon ce qui fait que celui-ci possède plus de pièces qu'un donjon normal. Il fut autrefois équipé de 35 tourelles et de 21 portes. Et il était à l'époque remarqué et remarquable par son étendue. La porte Akazu-no-Mon ( « la porte qu'on n'ouvre jamais » était appelée ainsi car on ne l'ouvrait que rarement et on empruntait quotidiennement une autre porte, plus petite)(première photo ci-dessous), la porte Roka Mon (la porte Corridor) (deuxième photo ci-dessous) et une autre porte, plus petite, la Rokujuu-ichi Gangi Ue Mon (littéralement la porte située en haut des 61 marches, car autrefois, cet escalier conduisait menait à la principale porte défensive du château sur la rive de la rivière Asahi) furent également reconstruites dans leur version d'origine, en 1964. La porte Akazu-no-Mon est cette porte située en bas d'un grand escalier de pierres qui conduisait à Hon-Dan ( la demeure du Lord féodal). Plutôt que cette porte plus monumentale, on utilisait au quotidien une porte au nord du château. La porte Roka-Mon ( Porte Corridor) était ainsi nommée car la partie supérieure de cette porte formait un long couloir reliant le niveau intermédiaire au niveau supérieur de la forteresse.
La seule tourelle qui échappa entièrement au bombardement aérien fut la tourelle du clair de lune (Tsukimi Yagura). Elle se tient à l'angle nord-ouest du château et fut construite par Tadakatsu Ikeda en 1620. Cette tour est extrêmement rare au Japon. Mis à part qu'elle servait d'excellent emplacement pour observer la lune, elle servait aussi à protéger le château à cet endroit d'où son équipement militaire: Armurerie, dispositifs pour jeter des pierres et meurtrières ( ce qui est plutôt inhabituel dans un château japonais). Observons maintenant de près les murs du château: Ces murs étaient construits avec des pierres rondes naturelles. Cette méthode de construction, appelée « Nozura-zumi » (voir photo ci-dessous), était utilisée pour construction la base des gros donjons. En revanche, les murs de pierres qui soutiennent la tourelle du clair de lune sont plus récents ( aux environ de 1620). La surface des pierres est nivelée de manière artificielle et les interstices sont comblés à l'aide de galets. Cette méthode de construction est surnommée « Uchikomi-Hagi » et donne au mur une allure plus élégante.
Les douves remplies d'eau qui entourent de nos jours le château du sud à l'ouest sont en fait les douves intérieures de la forteresse. Les douves extérieures,elles, ont disparu depuis bien longtemps. Face à la douve sud, on trouve encore un ensemble de vieilles pierres qui forme un carré appelé Masugata. C'est à cet endroit qu'autrefois se trouvait la porte principale du château, la Ote-Mon. Le château possède un niveau intermédiaire ( où l'on trouve la porte Akazu) et un niveau élevé ( où se trouve le donjon). Au niveau intermédiaire, un escalier de pierres est le reste des ruines de Omote-Shoin ( le bureau du gouvernement féodal du clan Bizen). Celui-ci possédait 65 pièces et était entouré par de superbes jardins. En franchissant la porte que l'on n'ouvre jamais (Akazu-no-Mon), vous empruntez un large et grand escalier de pierres (première photo ci-dessous) qui conduit au Hon-dan. Sur la place qui fait face au donjon se tenait autrefois la résidence du Lord ainsi que des bâtiments annexes et des jardins contenant des montagnes miniatures et des mares. Non loin de l'escalier, vous apercevez de vieux blocs de pierres (deuxième photo ci-dessous). Ce sont les pierres originales qui servirent à construire les fondations du donjon. Elles furent récupérées en 1966 et posées à cet endroit. Le château ainsi que le jardin Korakuen furent ensemble reconnus comme site historique national le 30 mai 1987.
Le Château d'Okayama sera occupé en tout et pour tout par 15 lords différents en 297 ans (entre 1573 et 1869). Et connut un développement important tout au long de cette longue période. Si vous passez par Okayama, n'oubliez pas de vous arrêter à ce château car il est magnifique. Et n'oubliez pas de regarder les autres photos de ce reportage qui se trouvent dans l'album Asie ( onglet Médiathèque)!
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