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Les Milliers de jouets de Monsieur Oga, à Kurashiki
(Préfecture d'Okayama, Chugoku, Japon)
Heure locale

Samedi 24 septembre 2011

 

 

Il existe, à Kurashiki, une caverne d'Ali Baba avec environ 40000 jouets ( dont des jouets très anciens) pour petits japonais. Ces jouets s'appellent aussi « Kyodôgangu » (ou jouets du pays natal).Dans une ambiance bon enfant, on m'accueille pour me faire découvrir les quatre salles qui composent cet endroit magique, dans lequel même les grandes personnes s'émerveillent. Inanimés, ils sont là par milliers, à vous regarder avec, sans doute, le secret espoir que vous leur redonniez vie: toupies (koma), jeux de cartes, maisons miniature de papier, cerf-volants, les hanetsuki (raquettes de jeux), pliages en papier (origami), poupées pour les garçons et poupées pour les filles, j'en passe tellement il y en a....Les jouets modernes sont devenus très populaires au Japon, mais les jouets traditionnels jouent toujours un rôle important dans la vie de la plupart des petits japonais. Car ces objets reflètent souvent les coutumes d'une région, l'histoire ou les légendes du Japon, comme par exemple ces poupées d'enfants représentant des festivals (matsuri).


Tenez, prenez par exemple l'histoire de la toupie (koma)(ci-dessus): Ce jouet a été introduit au VIII ème siècle à partir de la Chine et de la Corée. D'abord objet de divertissement pour l'aristocratie, elle se répandra dans toutes les classes de la société pendant la période Edo (1603-1868). Les toupies deviennent un aspect de la vie quotidienne avec le développement de la vie citadine nippone. On compte aujourd'hui près de mille sortes de toupies au Japon, de 0,5mm pour les plus petites à 90 cms pour les plus larges. Regardez celle qu'a réalisé Monsieur Oga et qui figure au livre des records depuis 1983. Faites en bois d'érable ou de cornouiller, elles présentent des formes différentes selon leur région d'origine. Les toupies Edo sont souvent pourvues de mécanismes acrobatiques et les scènes représentées s'inspirent des anciennes traditions de la capitale japonaise et transmettent ainsi l'esprit du vieux Tokyo. Massaki Hiroi est un artisan japonais qui se consacre à la fabrication de ces toupies Edo depuis 1964 : Chaleur du bois, beauté des couleurs et charme du mouvement sont au rendez-vous.

On compte beaucoup de Kyodôgangu au Japon et les matériaux varient en fonction des régions: Dans les régions de riziculture, on fabrique des jouets en argile, près des grandes ville des jouets en papier mâché, des jouets en bois sur l'ensemble du territoire et surtout dans les zones montagneuses du Nord qui possèdent beaucoup de bois (richesse du massif forestier et abondance d'essences différentes). On trouve ainsi des jouets en bois tourné avec un savoir-faire régional certain. Poupées (kokeshi), jeux d'adresse,animaux,véhicules....


Au Japon, on trouve aussi beaucoup de poupées (ningyô). Ces petites figurines remontent à l'époque Jômon (10 000 à 300 ans avant J.C) et s'appelaient alors hitogata. Certaines d'entre elles avaient le pouvoir d 'éloigner les insectes nuisibles, d'autres pouvaient éloigner le mal d'un individu, d'autres encore protégeaient les maisons. C'est ce dernier usage qui rendit populaire la poupée nippone. Les poupées ont leur fête, Hina Matsuri, qui consistait pour la noblesse à offrir des poupées prophylactiques au couple impérial. Ce festival se déroule chaque année le 3è jour du 3è mois. D'abord offerte à la Cour impériale, la poupée japonaise redescendra vers le peuple sous plusieurs formes, comme pour le protéger. Par exemple, les kokeshi sont des poupées japonaises venant à l'origine du nord de l'archipel et créées il y a 150 ans par des artisans du bois au nord de Honshu dans la région de Tohoku. Elles firent leur apparition à la fin de la période Edo et leur fabrication est artisanale. Peintes et décorées de fleurs, elles sont enfin recouvertes de laque. Et sont souvent fabriquées en cerisier, poirier ou érable. Autrefois, ces poupées étaient principalement destinées aux enfants de paysans puis plus tard aux touristes. Offrir une kokeshi à quelqu'un est aujourd'hui déclarer son amitié ou son amour à la personne qui la reçoit. Le musée de Monsieur Oga en possède de très jolies. Et il y en a des poupées dans ses vitrines. Des poupées (ningyô) de toutes sortes, certaines représentant des enfants, des bébés, d'autres, des membres de la Cour Impériale, des guerriers et héros, des personnages de contes de fée ou de la mythologie japonaise. Elles furent d'abord fabriquées pour des cérémonies, puis comme cadeaux formels, ou encore pour des festivals (comme ces poupées pour filles et garçons sur les photos ci-dessous), avant d'être fabriquées comme souvenirs d'une visite à un temple.


Outres les kokeshi, on trouve des karakuri (poupées mécaniques), les gosho (beaux gros bébés), les hina (poupées de festivals), les musha (qui représentent des guerriers ou guerrières) (photo ci-dessous), les ichimatsu (représentant des petites filles ou des petits garçons), les kamo ( poupée en bois recouverte de tissus)et les daruma (poupées sphériques au corps rouge et au visage blanc)(deuxième photo ci-dessous).Dans les années 1920-30, il y eut aussi des poupées de soie, qui représentaient des femmes de différentes époques au Japon. Les poupées bisque, elles sont faites d'argile, et proviennent de Fukuoka. Enfin, les poupées Ningyo anesama (poupées soeur ainée) faites en washi (papier japonais) de haute qualité (troisième photo ci-dessous) et servant de marque-pages. Les plus célèbres de ces poupées viennent de Shimane.


 

Un autre jouet est le cerf-volant. On en trouve d'anciens chez Monsieur Oda dans la quatrième salle d'exposition. Inventé il y a 3000 ans, le cerf-volent fut introduit au Japon depuis la Chine au début de la période Heian. Durant la période Kamakura, ils se répandirent dans les clans samouraï non seulement pour être utilisé militairement mais parce qu'il symbolisait la bravoure. C'est seulement à partir de la période Edo qu'on en fit un jouet ouvert à tous les publics. On aime les cerf-volants japonais pour leurs images dessinées. (photo ci-dessous)


 

On trouve aussi dans le musée de Monsieur Oda d'anciennes raquettes de jeu (Haigota) (photo) qu'on utilisait pour jouer à l'haretsuki. Ce jeu traditionnel japonais ressemble au badminton sans filet. Joué avec une grande raquette ( qui ressemble d'ailleurs davantage à une pagaie) en bois rectangulaire et à l'aide d'un volant aux couleurs vives, il est pratiqué seul ou à deux personnes. La tradition prétend que plus longtemps le volant reste dans les airs, plus grande sera la protection contre les moustiques pour l'année à venir.


 

Je passerais des heures à contempler tous ces jouets d'une autre époque, qui firent les esprits éveillés du Japon de toujours. D'autres visiteurs, un groupe de jeunes japonais, entrent à leur tour dans le musée et je les entends s'émerveiller devant tant de diversité et de beauté. Aujourd'hui, Monsieur Oga invente et construit toujours des jouets. Certains d'entre eux sont en vente dans la boutique qui jouxte le musée. Une belle idée de cadeau.


 

 

INFOS PRATIQUES:

 


  • Japanese Toy & Doll Museum, 1-4-16 Chuo , Kurashiki Okayama. Tel: 086 422 8058. Ouvert depuis 1967. site internet: http://gangukan.jp/

    Musée ouvert tous les jours de 9h00 à 17h00. Entrée: 400 yens.









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