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La Parade annuelle des Sapeurs-pompiers de Tokyo
(Kanto, Japon)
Heure locale

Vendredi 6 Janvier 2012

Mon premier reportage de l'année 2012 est consacré à la Parade annuelle des Sapeurs-pompiers de Tokyo. Je suis en effet arrivé hier soir dans la capitale japonaise, juste à temps pour assister à cette fête qui se déroule le 6 janvier de chaque année. J'ai récemment visité le Musée du Feu de Tokyo et avais abordé l'histoire et la mission de ces soldats du feu , ainsi que leur popularité auprès des tokyoites. Cette popularité se confirme en ce vendredi matin. Il n'est que 8h30 et une foule nombreuse se presse déjà à la station de métro Kokusai Tenjijoo (Ligne Yurikamome). La cérémonie débute à 9h35 mais il est préférable d'arriver au moins une heure à l'avance pour avoir une chance de trouver un emplacement enviable. La Parade des pompiers se tient au Tokyo Big Sight ( Centre international d'expositions) qui offre les hangars nécessaires à l'accueil des matériels présentés au public et l'espace suffisant pour permettre l'organisation du défilé et la tenue des différents exercices d'entrainement devant l'assistance.


 

Comme pour d'autres manifestations, les Japonais se rendent à la Parade en famille avec femmes et enfants, le panier sous le bras garni de couvertures et de petites provisions de bouche dont des boissons chaudes ( car il fait un froid de canard ce matin). Les Japonais sortent beaucoup et se font une joie d'honorer leurs sapeurs-pompiers lors de cette parade. Les enfants se déguisent même parfois en petits pompiers (photo ci-dessus) et se prêtent aisément à la photographie.

L'ouverture de la parade débute à 9h35 en compagnie de la garde d'honneur, de la musique et des couleurs des Sapeurs-pompiers de Tokyo (photo ci-dessous). Le déroulement de la manifestation est respecté à la minute près. J'ai trouvé une place dans la tribune N°2 ( deux tribunes sont librement accessibles, les tribunes 1 et 2), à mi-hauteur, mais je devrai resté debout durant toute la durée des festivités. D'autres places assises, situées plus haut dans cette tribune, sont déjà réservées. A 9h45 précises, j'assiste à la levée des couleurs et j'observe alors le drapeau rouge et blanc japonais qui rejoint celui des sapeurs-pompiers de Tokyo. Deux minutes plus tard, débute l'intervention de différents personnages officiels qui, tour à tour, montent à la tribune et adressent leurs vœux à l'assistance tout en rendant hommage aux sapeurs-pompiers (photo).


 

Un moment d'intense émotion a lieu lorsqu'est interprété le chant des Sapeurs-pompiers (vidéo disponible dans le menu Médiathèque), à 10h12 précises. Puis, nous assistons tous à l'inspection des troupes (photo ci-dessous). Quelques minutes auparavant,j'ai observé un soldat du feu souffrant d'un léger malaise. Le temps est glacial, les hommes sont levés depuis longtemps et doivent se tenir là, face au public, pendant plusieurs heures. Cette tâche n'est pas aisée. Le soldat en question, un temps soutenu par ses camarades, posera un genou à terre quelques instants avant de se relever et se tenir prêt au moment de l'inspection. Il tiendra le coup jusqu'à la fin.


 

La musique défile ensuite dès 10h25 accompagnée des différentes troupes constituées par les hommes et les femmes qui forment le corps des sapeurs-pompiers de Tokyo (photo ci-dessous). Puis j'assiste dix minutes plus tard, et toujours selon un ordonnancement cadencé à la japonaise, à des exercices de marches de troupes (deuxième photo) et une vidéo de ces exercices est aussi disponible sur le site, dans le menu Médiathèque. La scène est impressionnante. Et la discipline est de rigueur. Les applaudissements fusent à chaque instant et je reconnais bien là l'admiration que les Tokyoites portent à leurs sauveurs. Tout comme les pompiers new-yorkais lors du 11 septembre, les sapeurs-pompiers de Tokyo intervinrent lors de la catastrophe du 11 mars 2011 à Fukushima et les Japonais n'ont pas oublié.


 

Cette journée de fête est l'occasion pour les sapeurs-pompiers de montrer au public leur savoir-faire. Je découvre bientôt le défilé des Jeunes Pompiers (vidéo disponible). Puis, la Parade des troupes d'intervention (vidéo). Suivie du défilé des matériels utilisés par le corps des Sapeurs-pompiers de Tokyo, dans tous les types d'intervention (vidéo). Puis de la Parade Kiyari (défilé des pompiers d'Edo avec leurs échelles de bambou et leurs étendards appelés matoi). Il y avait autrefois les Hikeshi, d'anciennes brigades du feu , qui combattaient régulièrement les incendies à Edo, l'ancienne capitale japonaise. Aux XVIIè et XVIIIè siècles , les maisons japonaises étaient faites de bois et de papier. Et dans des villes surpeuplées comme Edo (Tokyo), il y avait peu (voire pas) d'espace entre les habitations. Plusieurs incendies ( en 1657, 1683,1806, 1834, 1872) ravagèrent ainsi Edo, dont les habitants avaient pour coutume de surnommer ironiquement ces feux « Fleurs d'Edo ». Les pompiers d'Edo étaient à l'époque équipés de lourds gilets formant plusieurs couches de protection que l'on détrempait avant d'envoyer les hommes lutter contre le feu. Des décorations et signes d'appartenance étaient souvent appliquées sur ces vestes qui permettaient d'identifier telle ou telle brigade. Certaines vestes en possédaient tellement (netsuke, tsuba) qu'elles devinrent des objets de collection. Les pompiers étaient aussi protégés à l'aide de chapeaux, gants et pantalons, réalisés à l'aide de multiples couches de tissus en coton. On trouvait aussi dans chaque brigade ce qu'on appelle la norme (matoi) servant à la fois de signe d'appartenance pour chacune des brigades mais aussi de moyen de communication entre elles ( un peu comme les fanions dans la marine). « Sonae areba, ureinashi » est un proverbe nippon signifiant: Une once de prévention vaut mieux qu'une livre de remède. On affecta donc des brigades dans chaque district et des tours de guet furent érigées afin de prévenir tout risque d'incendie. De leur côté, les commerçants étaient priés de garder des seaux remplis d'eau au cas où. La ville fut divisée en quartiers de maisons, entourés de hauts murs en bois et de portes que l'on fermait la nuit. On construisit également de larges rues dans le souci d'éviter que le feu ne se propage trop rapidement. Un document datant de 1738 montre qu'Edo comptait plus de 11 000 pompiers ( 24 000 en 1850) pour protéger la capitale des incendies. On admirait ces hommes à la réputation parfois très spéciale mais qui faisaient preuve de bravoure. Les Hikeshi étaient liés par une forte notion d'appartenance à un groupe et portaient parfois des tatouages. Les Hikeshis venant des classes inférieures étaient respectés par les samouraïs et les marchands. Ils avaient l'habitude de ne pas se laisser faire. En 1805, on relate une bagarre entre des sumos et des Hikeshi (pompiers) au sanctuaire de Shinmei. La lutte dura une journée entière et fut plus tard immortalisée dans une pièce de kabuki. Les bagarres de rues étaient courantes mais cela ne choquait pas outre mesure la population locale qui éprouvaient de l'admiration pour ces gros durs. Des durs très courageux qui se livrent chaque année à de dangereuses acrobaties au sommet de ces échelles de bambou (vidéo). Des acrobaties qui finissent parfois mal comme avec la chute d'un pompier, là, sous mes yeux. Ces acrobaties sont extrêmement populaires dans le public et sont l'une des attractions les plus courues (photo ci-dessous). La parade Kiyari ne dure que quelques instants avec l'entrée en scène des nombreux pompiers d'Edo, équipés des matoi , des échelles de bambou et des piolets servant à maintenir celles-ci stables et en position verticale afin de permettre au pompier acrobate d'oeuvrer en toute sécurité. Ces acrobaties sont organisées par l'Association de préservation du corps des pompiers d'Edo.


 

A 11h19 précises, débutent les exercices de sauvetage en grandeur nature : Des scènes de tremblements de terre sont alors simulées, avec déclenchement d'incendies à l'intérieur de maisons reconstituées. On assiste alors à l'arrivée de véhicules de pompiers, toutes sirènes hurlantes, et à l'exécution sous nos yeux des différentes phases d'intervention (photo ci-dessous).Le spectacle est non seulement divertissant (on s'y croirait!) mais aussi très instructif et se déroule non seulement au sol mais aussi dans les airs, avec la participation des hélicoptères qui procèdent à des treuillages (deuxième photo). Le Japon est sans doute le pays qui subit le plus de catastrophes naturelles chaque année. Il est alors confronté à des périls dont il s'agit de sauver les populations concernées. Les sapeurs-pompiers de Tokyo interviennent en cas de danger. Et organisent même des séances d'entrainement toute l'année dans la capitale. La lutte contre les risques passe par la formation des populations , et des stages sont donc organisés, à Ikebukuro, au dernier étage de l'immeuble des pompiers. Ces activités sont gratuites et ont lieu en matinée, pendant deux heures. On y aborde les tremblements de terre, les incendies, les tsunamis et les premiers soins. On y accueille aussi les étrangers anglophones qui souhaitent s'informer. La formation débute par la projection d'une courte vidéo qui raconte l'histoire d'un jeune homme nippon citadin victime d'un séisme. On informe comment combattre l'incendie, puis prodiguer les premiers. En pareil cas, on insiste aussi sur la nécessité de s'organiser et de communiquer. Enfin, un exercice de simulation de tremblement de terre a lieu à l'intérieur d'une cabine aménagée. Cette expérience suffisamment éprouvante pour qu'elle soit interdite aux personnes sensibles (comme par exemple les femmes enceintes) dure une minute trente.


 

Vingt cinq minutes plus tard, la Parade annuelle se termine avec le déploiement des grandes échelles et des jets d'eau (photos). Le drapeau nippon est abaissé à 11h47 et la cérémonie s'achève deux minutes plus tard.Les honneurs ont ainsi été rendus à ces hommes valeureux, lesquels, demain encore, seront peut être confrontés à la pire des catastrophes naturelles en plein cœur de Tokyo.

 

 

INFOS PRATIQUES :

 


  • Parade annuelle des Sapeurs-pompiers de Tokyo, le 6 janvier de chaque année. Lieu de la manifestation : Tokyo Big Sight ( Baie de Daiba, station de métro : Kokusai Tenjijo, sur la ligne Yurikamome). Entrée libre. Parcours balisé dès la sortie de la gare : Se diriger vers le Hall 6 du Centre International d'Exposition. Programme de la cérémonie en japonais ( avec les titres en anglais).

  • Tokyo Fire Department:

    http://www.tfd.metro.tokyo.jp/eng/

  • Numéros d'urgence en cas d'incendie: 119 ( dans tout le Japon) et 03 3212 2111 ( à Tokyo)

  • N'oubliez pas de vous rendre au menu Médiathèque sur ce site et découvrez les 9 vidéos réalisées lors de cette cérémonie : Acrobaties sur échelle de bambou, l'arrivée des pompiers d'Edo, le chant des sapeurs-pompiers, le défilé des enfants pompiers, le défilé des matériels, le défilé des troupes d'intervention, l'extinction d'un feu, la manœuvre de la grande échelle et la musique des Sapeurs-pompiers de Tokyo.

     











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