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Morioka et sa route des temples
(Préfecture d'Iwate,Tohoku, Japon)
Heure locale

 

Samedi 21 janvier 2012

 

Cet après-midi, à défaut de la tournée des grands ducs, je fais la tournée des temples, l'occasion de me plonger un peu dans l'histoire de la cité. Il y a fort longtemps, Morioka faisait partie du territoire du peuple aïnou , ce peuple qui occupait aussi l'île de Hokkaido. En 803, Sakanoue no Tamuramaro, qui avait pour tâche de conquérir et de pacifier le nord du Japon, fera construire le fort de Shiwa. La région passera ainsi progressivement sous la domination de la cour de Heian. A la fin de la période Heian, la ville de Morioka se retrouva sous le contrôle du clan d'Oshu Fujiwara (signifiant la famille des Fujiwara du nord). Ce clan représentait une puissante famille de guerriers qui dirigeait à l'époque la partie nord-est du Japon durant les XI ème et XII ème siècles, et descendait de Fujiwara no Tsunekiyo (un vassal d'Abe no Yoritoki, issu de la branche Hidesato des Fujiwara de Kyoto). Les Oshu Fujiwara feront alors d'Hiraizumi leur capitale. Ce bourg qui ne possédait au départ qu'un simple fortin deviendra une magnifique cité grâce notamment au talent des artisans de Kyoto durant le XII ème siècle. Il rivalisera d'ailleurs longtemps avec Kyoto à cause de ses richesses. Situé seulement à une cinquantaine de kilomètres au sud de Morioka, Hiraizumi est aujourd'hui redevenu un bourg parmi tant d'autres, classé toutefois au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2011, à cause de cinq sites. Ces sites sont dénommés temples, jardins et sites archéologiques et représentent la pure Terre bouddhiste. Pourquoi évoquer les temples? Tout simplement pour suggérer la place que la religion occupait déjà à l'époque dans cette région, et qu'elle occupe toujours de nos jours.

Morioka possède une rue entièrement consacrée aux temples et sanctuaires: Je ne les visiterai pas tous mais m'arrêterai dans les plus connus. Je commence ma visite par le temple Tokenji (photo ci-dessous). Je ne trouverai pas d'informations particulières sur ce lieu de culte et personne ne m'en fournira sur place. Là réside la principale difficulté du voyageur au Japon: Trouver l'origine d'un lieu, son histoire, sa signification. A vrai dire, je suis tombé sur ce temple par hasard, alors que je cherchais à me rendre au sanctuaire Mitsuishi ( deuxième photo), situé juste à côté.

 

Ce lieu a même donné lieu à la création d'une fête annuelle, le Festival de Sansa Odoro de Morioka, qui remonte à la période d'Edo. D'après la légende, un démon surnommé Rasetsu ( terme générique qui désigne le démon au Japon) vivait à cet endroit depuis fort longtemps et prenait un malin plaisir à tourmenter les habitants. Ces derniers se mirent alors à implorer le dieu Mitsu Ishi. Et le démon fut immédiatement enchainé aux trois rochers (photo ci-dessous) du sanctuaire et dut promettre de laisser en paix les populations. En guise de promesse, Rasetsu laissa une empreinte de sa main sur l'un de ces rochers, donnant son nom à Iwate ( l'actuelle préfecture dans laquelle se trouve Morioka) qui signifie « la main rocher ». De nos jours, on prétend que cette main est parfois visible après une averse. Personnellement, je ne l'apercevrai pas à cause de la neige qui recouvrait les fameux rochers. La seule empreinte visible sera celle d'une réalisation artistique située à l'extérieur du sanctuaire, entre les trois rochers. Le sanctuaire Mitsuishi serait, dit-on, à l'origine de la fête des 10 000 tambours qui se tient dans la ville au mois d'août. Les habitants auraient ainsi célébré la danse sansa afin de fêter l'emprisonnement du démon Rasetsu.

 

Un autre temple, le temple Hoon-ji, est à voir absolument (photo ci-dessous).Il fut construit à Sannohe (un petit bourg) par le treizième daimyo du clan Nambu, le Lord Moriyuki, en 1394. Il ne sera transféré à Morioka sur son emplacement actuel qu'en 1601 par le 27è daimyo du même clan Nambu, Toshinao. Ce temple appartient à l'école Soto. Cette école est la principale école de bouddhisme zen et fut fondée en Chine sous l'influence de deux maitres: Tozen Ryokai et son disciple Sosan Honjaku. De nos jours, cette école demeure la plus importante des écoles zen du Japon et compte environ 15 000 temples, 18000 prêtres et environ sept à huit millions d'adhérents. Elle affirme la possibilité d'atteindre l'éveil en une seule vie.

 

Le temple Hoon-ji était considéré comme le temple le plus important des 280 temples régis par le clan Nambu. Sa principale caractéristique est le Pavillon des Rakan (Rakando) qui fut construit en 1735, puis rebâti en 1858. La statue centrale, Rushana-Butsu, aurait été édifiée par Kukai, le saint fondateur de l'école bouddhiste Shingon, une figure marquante de l'histoire japonaise. Grand religieux, il était aussi un éminent homme de lettres, philosophe, poète et calligraphe. A l'intérieur de ce pavillon se trouvent les Gohyakyu Rakan ( les 500 disciples du Bouddha)qui furent sculptés à Kyoto puis apportés plus tard à Morioka (photo ci-dessous). Les sculpteurs étaient au nombre de neuf, parmi lesquels Hokyo Shuji Juken, Komano Joei Chino et Komano Tange Sadataka. Fait rare, le nom de ces sculpteurs figurent sur les statuettes qui furent, semble t-il, réalisées en un temps record. Les statuettes reposent sur une série de cinq rangées d'étagères qui s'étendent en forme de carré tout autour de la pièce. Parmi elles, on peut trouver la statuette de Marco Polo ainsi que celle de Kubilai Khan. Ce khan mongol, qui devint Empereur de Chine, fut le fondateur de la dynastie Yuan. Petit-fils de Gengis Khan, il naît en 1215 ( l'année de la prise de Pékin par ce dernier). Kubilai Khan est connu en Occident car il accueillera plusieurs années durant à sa cour le vénitien Marco Polo.

 

Je trouverai sur mon chemin d'autres temples dont celui-ci: Le Temple Daisenji (ci-dessous). Le hall principal de ce temple fut reconstruit dans les années 1800. Les faîteaux et les courbes de ce hall valent le coup d'œil. A trois minutes à pied de ce temple, se trouve le temple Daijiji. Le style chinois de ses murs blancs est peu commun dans la région de Tohoku. Près de ce temple se trouvent deux sources, Daiji et Seiryu, très appréciées des habitants de Morioka. Je passe aussi devant le temple Koshoji (deuxième photo) dont j'admire le joli jardin. Puis devant le temple Honseiji (troisième photo). Un autre temple est signalé dans la brochure touristique que l'on m'a remise à l'office de tourisme: Le temple Enkoji , temple familial de Yonai Mitsumasa. Né le 2 mars 1880, cet homme , natif de Morioka, fut un responsable politique et militaire japonais. Il fut également le 37 ème Premier ministre du Japon, du 16 janvier au 22 juillet 1940. Le temple, lui, fut reconstruit il y a 300 ans et son treillis décoratif contribue à l'ambiance particulièrement relaxante du lieu.

 

    INFOS PRATIQUES

 

  •  Sansa Odori Festival: http://www.sansaodori.jp/pdf/2011_pamphlet_english.pdf
  •  Temple Hoon-ji, ouvert tous les jours de 9h00 à 16h00. Tel: 019 651 4415. Se déchausser avant d'entrée, puis tourner à gauche et se diriger vers un petit guichet. S'il n'y a personne ( ce qui était le cas lors de ma venue), déposer 300 yens en guise de droit d'entrée. Puis prenez à droite, puis à gauche pour accéder à la salle des 500 disciples de Bouddha. Il ne reste aujourd'hui que 499 statuettes.

  •  Daijiji Temple, à 15 minutes de bus de la gare ferroviaire de Morioka, et à cinq minutes de marche de l'arrêt Minami Odori.

  •   Sanctuaire Mirsuishi, à 10 minutes d'autobus de puis la gare de Morioka, et à trois minutes de marche de l'arrêt Daisenji Temple ( parcours fléché).

  • Site officiel de la ville de Morioka: http://www.city.morioka.iwate.jp/m-guide/en/profile.html

     




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