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Hirosaki
(Préfecture d'Aomori, Tohoku, Japon)
Heure locale


Samedi 31 mars 2012

 

Lorsque je prépare mes visites, je m'efforce d'équilibrer celles-ci entre les différentes parties du Japon tout en sélectionnant si possible sur lesquels je ne me suis encore jamais rendu et qui proposent un certain nombre d'activités. Pour terminer ce mois de mars, j'ai pensé faire à nouveau un tour dans le Tohoku, cette région nord de l'île de Honshu ( la plus grande du pays). En japonais, Tohoku signifie nord-est et comprend six préfectures dont celle d'Aomori où je vous emmène cette fois. Cette préfecture d'Aomori occupe géographiquement l'extrême nord d'Honshu et bénéficie aussi de températures extrêmement basses pour cette fin de printemps. Je dois en effet affronter un weekend de neige à Hirosaki. Fondée en 1871, cette préfecture a pour chef-lieu Aomori. C'est la destination du shinkansen que j'emprunte depuis la gare d'Ueno (Tokyo). Il me conduira en 3h30 environ à Shin-Aomori ( la gare TGV d'Aomori).De là, j'emprunterai un omnibus qui me mènera à Hirosaki en quarante minutes.

Au départ d'Ueno, le wagon est complet mais aussi surchauffé. Est-ce la fatigue de ces derniers jours que j'ai du subir à cause du décalage horaire? Je dors en effet nettement moins bien actuellement. La douceur tokyoite fait place peu à peu à la rudesse du climat du nord. L'omnibus pour Hirosaki est par exemple équipé de portes qu'il faut ouvrir ( ou fermer) soi-même alors que les autres trains ouvrent toutes leurs portes une fois à quai. Ici, il faut conserver la chaleur le plus longtemps possible. Encore un détail qui ne trompe pas. Mon hôtel ,très confortable et pratique est situé juste en face de la gare. On ne peut pas mieux trouver. A mon arrivée, un office de tourisme situé à l'intérieur de la gare me permettra de trouver les informations nécessaires à mon séjour: Plans, brochures....Une gare routière se trouve juste en face de la gare ferroviaire et propose ainsi un certain nombre d'autobus. J'opterai finalement pour la marche car Hirosaki n'est pas très grande. On y compte un peu moins de 200 000 âmes. Il y en avait moins à l'époque de Heian, lorsque cette cité était surnommée Takaoka. Elle se trouvait alors sur les possessions des Oshu Fujiwara, cette puissante famille de guerriers qui dirigeait le nord du Japon durant les XI ème et XII ème siècles. Leur royaume, pratiquement indépendant tirait sa richesse du minage de l'or et du commerce des chevaux et servait d'intermédiaire pour la commercialisation d'un certain nombre de produits de luxe. Plus tard, Minamoto no Yoritomo permet au clan Nambu de diriger la région lors de l'ère Kamakura. Viennent les batailles d'Odawara (1590), de Sekigahara (1600) qui débouchent sur la prise de contrôle d'Hirosaki par le clan Tsugaru (allié des Tokugawa et ancien vassal du clan Nambu).

Cette petite ville comporte un certain patrimoine immobilier que je vous propose de découvrir. D'un côté, on trouve de nombreux bâtiments religieux comme des temples et des églises, de l'autre de jolis bâtiments de style occidental. Il n'y a rien d'exceptionnel à rencontrer des temples bouddhistes ou shintoïstes dans cette ville du Japon. Je passe ainsi à proximité d'une magnifique pagode à cinq étages (ci-dessous) appartenant au temple Saishoin. Elle fut érigée il y a près de 350 ans par Nobuyoshi, le troisième lord du clan Tsugaru dans le but de rendre hommage aux combattants ayant permis l'unification des Tsugaru . Mesurant près de 32 mètres, la pagode est considérée comme la plus belle du genre dans tout le Tohoku. D'autres temples comme celui de Kakushuji et Seigainji figurent sur cette ville. Et puis, bien sûr, le temple Choshoji dont on peut voir la porte principale (deuxième photo) ci-dessous Celui-ci se trouvait à l'origine à Ajigasawa mais fut transféré ensuite en ce lieu après la construction du château de la ville (il était alors supposé servir de défense sur la façade sur-ouest de la forteresse). Il est situé dans la zone zen qui rassemble un nombre impressionnant de temples, tous concentrés dans une rue principale qui conduit à cette fameuse porte. Une simple promenade en ce lieu vous permettra d'apprécier simplement comme je l'ai fait la beauté architecturale des différents bâtiments (troisième photo).

Dans cette même rue, je m'arrête un instant devant le Hall de Sazaedo (photo ci-dessous). Nakata Yoshibei fit don de ce bâtiment en 1839. Il était un riche marchand qui avait fait construire cette structure complexe et pratiquement unique (l'endroit est malheureusement fermé lors de mon passage) dont il n'existe que deux exemple dans le Tohoku. Cette construction possède ainsi un passage en colimaçon allant dans le sens des aiguilles d'une montre.

Côté sanctuaires, Hirosaki se défend bien aussi. Il y a celui d'Hachimangu et celui de Kumano Okutero (coordonnées dans les infos pratiques).


 

Je compte aussi quelques églises comme l'église catholique de la ville au style romanesque, celle de l'église unifiée du Christ au Japon, ou encore l'église épiscopale anglicane de l'Ascension (ci-dessous). Cette présence d'églises s'explique par l'importance prise à une certaine époque par les missionnaires religieux venus d'Europe comme par exemple les Petites Soeurs de l'Assomption de la Sainte Vierge qui débarquèrent ici dès 1934. Cela montre aussi la tolérance dont le pays sut faire preuve face à l'arrivée de religions aussi diverses et nombreuses. En ce samedi après-midi, ma progression est rendue difficile par la neige qui tombe à gros flocons depuis le matin. Le dimanche m'offrira quelques heures de rémission et j'en profiterai alors pour faire des photos. Je passe ainsi devant une horloge originale, logée à l'intérieur d'une tourelle, elle-même située sur le toit du magasin d'horlogerie d'Ichinohe. Ca ne s'invente pas! (deuxième photo ci-dessous). Un peu plus loin, dans le même quartier, je trouve le Hyakkoku-machi Exhibition Hall (troisième photo) , construit en 1886 pour être alors utilisé par la boutique de kimonos Kakusan, dont le propriétaire, Miyamoto Jinbei était un riche marchand. Puis le bâtiment servira de banque jusqu'en 2001 avant de venir de nos jours un lieu de concerts et d'expositions. On peut y admirer actuellement de jolis éventails, et à l'occasion, prendre un café à l'intérieur. Le service est assuré par des femmes habillées en kimono. Pour le dialogue, ne comptez que sur vous-même car personne ne parle autre chose que le japonais.


Je poursuis ma découverte du patrimoine immobilier d'Hirosaki avec les quelques maisons traditionnelles qui appartinrent à de riches familles. Elles sont souvent situées dans la zone de préservation historique Nakacho ( aux alentours du parc du château) et sont ouvertes au public, gracieusement. Je pénètre quelques instants dans la maison d'Iwata (photo ci-dessous) construite il y a 200 ans pour une famille de samouraïs. La construction de celle-ci (avec entre autre son toit de chaume) et son aménagement intérieur est similaire aux autres: On franchit l'entrée grâce à un portail en bois appelé Mon (porte). Une haie de cyprès (appelée Ikegaki) entoure l'ensemble de la propriété, un salon conçu pour recevoir les hôtes fait face au jardin japonais intérieur (tsubo), deux allées de pierres plates (kanehiraishi) partent de l'entrée de la propriété vers différentes portes. Enfin, l'arrière de la maison accueille souvent des plantations (kaguji) composées de légumes et d'arbres fruitiers. A l'intérieur, on trouve l'incontournable cuisine et une pièce où l'on sert le thé. Les derniers propriétaires ont dans le cas présent abandonné un certain nombre de souvenirs sur les lieux (deuxième photo). Pensez surtout à vous déchausser avant d'entrer dans ce genre de lieu sinon vous vous ferez gentiment sermonner comme je l'ai été.... Comment cette zone préservée est-elle apparue? Il faut savoir que lorsque le château d'Hirosaki fut érigé au XVII ème siècle, le deuxième lord de la famille Tsugaru (autrefois famille de lords féodaux sous le shogunat Tokugawa) créa plusieurs districts réservés aux samouraïs , zones situées en face du château afin de permettre la défense de celui-ci (face à la porte principale). La zone de préservation Nakacho est l'un de ces districts. Il ne reste malheureusement plus que quelques rares maisons de l'époque dans la ville. Mais celles qui ont survécu n'ont guère changé depuis l'époque des Tsubaru.


Près du château ( que je vous décrirai lors d'un autre reportage), se trouve le Fujita Memorial Garden (ci-dessous). J'aurais aimé vous offrir des photos du jardin japonais qui doit être de toute beauté à la belle saison mais tous est recouvert de neige lors de mon passage et la nature est comme figée dans l'attente des prochains rayons de soleil. A l'intérieur du bâtiment se trouve un café ( voir les infos pratiques). Fujita Kenichi , un enfant du pays, fut le premier président de la chambre de commerce et d'industrie du Japon à Hirosaki. Il y fit construire cette villa en 1921. Le jardin, qui fait approximativement 21 000 m², inclut un jardin près de la villa ( partie haute) d'où on peut admirer le Mont Iwaki, tout proche, et un jardin en partie basse, plus vaste, mais agrémenté de bassins où fleurissent des iris à la belle saison. On trouve sur cette propriété un véritable lieu de promenade avec son jardin japonais (créé en 1919 par un jardinier de Tokyo), la maison de style occidental, le hall d'exposition présentant des objets archéologiques de l'ère Pre-Jomon à l'ère Edo, et une maison de thé Syo-fu-tei


A quelques centaines de ce lieu, je découvre l'ancienne bibliothèque municipale d'Hirosaki (ci-dessous). Cette construction de style Renaissance fut réalisée par l'architecte Horie Sakichi. Les dômes octogonaux coiffant les deux tours jumelles ainsi que les fondations bâties en pierres font penser à une riche construction de style européen. Les lieux servirent jadis de pension de famille et de café. Ayant envie de me réchauffer, je fais une pause à quelques encablures de cette ancienne bâtisse, au salon de café Ange ( voir les infos pratiques) où une délicieuse apple-pie d'Aomori m'est servie (photo). Ce café se trouve à l'intérieur de l'ancienne résidence des missionnaires To-O-Gijuku. Les missionnaires dépêchés sur place pour enseigner dans cette première école To-O-Gijuku étaient hébergés dans ces murs. La chambre (ci-dessous) donne une idée du luxe de l'époque. Une exposition de maquettes représentant des édifices fameux de la ville se tient aussi à l'extérieur, à côté de la maison.


Sur le chemin du retour vers mon hôtel, je remarque une grande bâtisse: L'Aomori Bank Memorial Hall (photo ci-dessous). Construit dans le style Renaissance, cet édifice représente la première banque (Aomori Bank) à s'être installée à Aomori. Horie Sakichi, l'architecte, a mélangé plusieurs éléments de styles européen et japonais, comme par exemple ce papier imitant le cuir (deuxième photo) qui recouvre le plafond et que l'on peut admirer seulement ici ainsi que l'ancienne succursale de la Nippon Yusen Otaru. Le comptoir, lui, est réalisé en bois de keyaki provenant de la forêt d'Aomori. Pour ceux qui aiment levés les yeux, il y a plein de découvertes à faire (rendez-vous sur la médiathèque--> album Asie, pour admirer les autres photos et curiosités de cette visite).


Gourmand, je le suis assurément et je vous assure que vous n'êtes pas déçu lorsque vous arrivez à l'office de tourisme d'Hirosaki et qu'on vous remet une brochure contenant....45 apple-pies différentes qui sont produites ici. La région d'Aomori est en effet une grosse région productrice de ce fruit, ce qui explique qu'on retrouve la pomme sous forme de fruits, de friandises et d'autres produits (vinaigre, jus, cidre, pétillant...). Ne vous privez donc pas de déguster à volonté ce fruit lors de votre passage dans cette ville mais allez-y l'été! Il fait meilleur temps. Pour information, Hirosaki reste le plus gros producteur de pommes du pays avec 160 000 tonnes de fruits produites chaque année. On compte en effet 3,2 millions de pommiers à l'intérieur du périmètre de la ville et cette agriculture emploie 6000 personnes. Un parc ( le Parc de la Pomme) existe même pour commémorer ce fruit et informer le public sur les 1200 produits dérivés de la pomme actuellement disponibles sur le marché. Il y a enfin une route qui s'étire sur 22 kilomètres et vous transporte au milieu des vergers dès le mois de mai. Le café est aussi une autre spécialité de la ville. L'histoire de ce breuvage remonte à il y a 150 ans lorsque des guerriers d'Hirosaki étaient envoyés sur Hokkaido pour y renforcer les défenses sur le front nord. Dans leur ration, ils disposaient de café, supposé leur éviter l'œdème. Ce fut, dit-on, la première fois que cette boisson était consommée par le commun des mortels au Japon. Sous l'ère Taisho puis au début de l'ère Showa, le café, devint peu à peu à la mode et fut alors servi par des serveuses en kimonos agrémentés de tabliers blancs. La ville continue de nos jours à vanter les mérites de ce breuvage que vous trouverez dans de nombreux cafés anciens dont la Maison Manchan, le plus vieux café du Japon du nord.


 

 

 

INFOS PRATIQUES

 


  • Site de la Préfecture d'Aomori: http://www.pref.aomori.lg.jp/foreigners/index.html

  • Site officiel d'Hirosaki: http://www.city.hirosaki.aomori.jp/

  • Tourisme à Hirosaki: http://www.hirosaki.co.jp/htcb/foreign/english/index.html

  • Pagode à étages du Temple Saishoin, 63 Doya-machi à Hirosaki. ouverte gracieusement au public tous les jours entre 9h00 et 16h30. Tel: 0172 34 1123.

  • Temple Kakushuji, 1-4-1 Fujishiro, Hirosaki. Tel: 0172 32 7460. Ouvert au public d'avril à octobre, de 9h00 à 17h00. Entrée: 150 yens.

  • Temple Seigainji,247 Ara-machi à Hirosaki. Tel: 0172 34 5532. Ouvert l'été de 9h00 à 15h30 et l'hiver de 9h00 à 15h00, tous les jours. Entrée: 100 yens.

  • Temple Choshoji, 1-23-8 Nishishigemori à Hirosaki. Tel: 0172 32 0813. Ouvert d'avril à novembre, chaque jour, de 9h00 à 16h30. Entrée: 300 yens.

  • Sanctuaire d'Hachimangu, 1-1-1 Hachiman Cho à Hirosaki. Tel: 0172 32 8719. Ouvert tous les jours de 9h00 à 17h00. Entrée libre.

  • Sanctuaire de Kumato Okutero, 4-1-1 Tamachi à Hirosaki. Tel: 0172 32 7663. Entrée libre, tous les jours de 9h00 à 17h00.

  • Eglise catholique, 20,Hyakkoku-machi, Hirosaki.Tel: 0172 33 0175. Ouvert tous les jours (sauf le dimanche) l'été de 7h00 à 19h00 et l'hiver de 7h00 au coucher du soleil. Entrée libre.

  • Eglise Unifiée du Christ au Japon, 48 Mototera-machi à Hirosaki. Tel: 0172 32 3971. Ouverte tous les jours ( sauf le dimanche et le mercredi matin) de 9h00 à 16h00. Entrée libre.

  • Eglise épiscopale anglicane, 7 Yamamachi-cho à Hirosaki. Tel: 0172 34 6247. Ouverte de 9h00 à 16h00 tous les jours sauf le dimanche et lorsque le prêtre est absent. Entrée libre.

  • Hyakkoku-machi Exhibition Hall, 3-2 Hyakkoku-machi à Hirosaki. Tel: 0172 31 7600. Ouvert de 9h00 à 20h00 tous les jours.

  • Fujita Memorial Garden, 8-1 Kamisirogane, Hirosaki. Tel: 0172 37 5525. Entrée: 300 yens. Café Tabekurabe (se déchausser avant d'entrer)

  • Former Hirosaki City Library, 2-1 Shimoshirogane-cho à Hirosaki. Tel: 0172 82 1642. Ouvert de 9h00 à 17h00 tous les jours. Entrée libre.

  • Former To-O-Gijuku Missionary Residence, 2-1 Shimoshirogane-cho à Hirosaki. Tel: 0172 37 5501. Entrée libre (se déchausser à l'entrée pour monter à l'étage) tous les jours de 9h00 à 18h00. Salon de café Ange, ouvert tous les jours de 9h30 à 18h00. Accueil très agréable, excellent café et délicieuse apple-pie.

  • Aomori Bank Memorial Hall, 26 Motonaga-machi, Hirosaki. Tel: 0172 33 3638. Ouvert au public du 1er avril au 30 novembre de 9h30 à 16h30. Entrée:200 yens.

  • Pâtisserie Le Chocolat, 17-1 Okachimachi, Hirosaki. Tel: 0172 37 6761. Délicieuse apple-pie aux pommes d'Hirosaki. Macarons réalisés par Tomihiro Akimoto, le chef pâtissier, d'après la recette du livre de Pierre Hermé. A découvrir.








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