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Le Jardin Meiji Jingu
(Tokyo, Kanto, Japon) |
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Jeudi 21 juin 2012
Alors qu'on fête un peu partout l'arrivée de l'été, me voici de retour au pays du soleil levant. Je me suis réveillé tôt ce matin ( à cinq heures). Et me suis mis en route pour me rendre dans le parc du temple Meiji Jingu, Meiji Jingu est un sanctuaire shinto (issu de cette religion shintoiste plongeant ses racines dans la vie traditionnelle japonaise. Le shintoïsme ne possède ni fondateur, ni livre saint, ni de concept de conversion religieuse. Il encourage simplement les êtres humains à vivre en harmonie avec la nature et enseigne des vertus comme « Magokoro » (la sincérité du cœur). Les divinités sont représentées sous la forme de kamis (esprits divins) qui sont infiniment nombreux. On en trouve dans la nature, dans la mythologie ou chez les êtres humains. Autrefois, les Japonais vouaient un grand respect à ces esprits et leur consacraient des temples. Le sanctuaire Meiji Jingu est dédié aux âmes divines de l'Empereur Meiji et de son épouse, l'Impératrice Shoken, dont les tombes se trouvent à Kyoto.
L'Empereur Meiji quitta en effet ce monde en 1912, et l'Impératrice, deux ans plus tard. Après leur disparition, le peuple nippon souhaita leur rendre hommage. On rassembla ainsi 100 000 arbres issus des quatre coins du pays et de l'étranger pour créer une forêt, la forêt de Meiji Jingu. Et ce, afin que les âmes du couple impérial reposent au milieu d'arbres plantés de bon cœur par des êtres humains. Cette forêt fut fondée le 1er novembre 1920, sur une surface de 700 000 m² et posèdait en 2008 170 000 arbres de 245 espèces différentes. 90 années plus tard, on ne fait aucune différence entre une forêt d'origine et cette forêt-là qui est habitée non seulement par des plantes mais aussi par des animaux inoffensifs. En la traversant pour me rendre au Jardin intérieur (Gyoen) de Meiji Jingu, je franchis un torii: Otorii est son nom, appelé aussi « La grande porte du sanctuaire »(photo ci-dessus).Cette porte est la plus grande porte en bois conçue dans le style Myojin. La présente porte a été bâtie puis offerte par un généreux donateur le 23 décembre 1975. Elle remplace le modèle original qui datait de 1920 , et fut construite en bois de cyprès du Japon (hinoki) âgé de 1500 ans et venu tout droit du Mont Tandai (Taiwan). Le torii mesure douze mètres de haut, 17 mètres de large et chaque pilier possède un diamètre d'un mètre vingt. Sur mon chemin, je m'arrête un instant devant soixante tonneaux de vin (ci-dessous). Et pas n'importe lequel, puisqu'il s'agit de vin de Bourgogne qui fut offert au temple par les vignobles de Bourgogne (France) à l'initiative de Monsieur Yasuhito Sata, alors représentant de la Maison de Bourgogne à Tokyo, citoyen honoraire de Bourgogne et propriétaire du Château de Chailly. Ce vin est là en tant que symbole de paix et d'amitié entre la France et le Japon.
L'ère Meiji fut, pour le pays du soleil levant, un temps de renaissance et d'ouverture à l'occident. L'Empereur Meiji s'efforça de marier le meilleur des découvertes occidentales avec l'esprit japonais traditionnel. Il fut un guide précieux dans la modernisation de son pays, n'hésitant pas à payer de sa personne en adoptant par exemple la nourriture (et donc le vin!) occidentale. 122 ème Empereur du Japon, l'Empereur Meiji accéda au trône en 1867. Il permit l'ouverture du Japon au monde, après une longue période de repli sur soi (sous le règne du Shogun Tokugawa) et entreprit des relations amicales avec d'autres pays étrangers. La civilisation occidentale fit ainsi son apparition au Japon, les technologies étrangères également, tout en préservant l'identité nippone. Les bases du Japon moderne étaient posées. L'Impératrice Shoken s'appliqua avec dévouement à développer le bien être national mais aussi l'éducation de la femme. Elle avait aussi un regard sur les affaires internationales et elle créa un fonds (qui lui survécut depuis) pour la Croix Rouge internationale. La sincérité du couple impérial se retrouve dans les waka ( poèmes japonais traditionnels de 31 syllabes). L'Empereur en composa environ 100 000 et l'Impératrice 30 000. Ces waka exprimaient leurs sentiments sur le monde, le pays et les gens mais aussi des pensées plus éthiques. Le jardin de Meiji Jingu comptait beaucoup pour le couple impérial. L'Empereur adorait les iris (ci-dessous) et l'Impératrice Shoken se rendait souvent à la maison de thé (Kakuuntei) (deuxième photo ci-dessous) que son époux lui avait fait construire en 1900. De nos jours, seule une partie ancienne de cette maison demeure, le reste ayant souffert du feu durant la guerre et été restauré à l'automne 1958.
Meiji Jingu constituait une partie des terres du daimyo Yashiki mais devint la propriété de l'Empereur Meiji en 1868. D'importants travaux y furent réalisés pour rendre ce lieu historique attractif. Les terres s'étendent sur 83 000 m² (avec les restes des champs de Musashino) et rassemblent plusieurs curiosités: La maison de thé (Kakuuntei), nous l'avons vu, un grand bassin (Minamiike, ou Nan-Chi, le bassin sud) (ci-dessous) qui possède une surface de 8000 m², mais aussi son coin pour les pêcheurs (face aux nénufars) (deuxième photo) car les eaux sont poissonneuses. Cet endroit est aussi appelé Otsuridai.
En me promenant dans le jardin, j'aperçois bientôt un espace allongé avec des milliers d'iris. Me voici arrivé au Shobuda (champs d'iris) dont la floraison atteint son maximum de la mi-juin à fin juin. Une fête annuelle se tient d'ailleurs en début de mois pour célébrer la beauté de ces fleurs chéries par l'Empereur Meiji. On compte 1500 plants d'iris et 150 types d'iris différents. La beauté de ce paysage ( avec , au fond, Azumaya, un lieu de repos pour le promeneur) a fait le tout du Japon et est même connue dans le reste du monde (ci-dessous).
Il n'est que 8 heures du matin et cette promenade est d'autant plus agréable qu'à cette heure de la journée, nous ne sommes qu'une poignée de visiteurs. Certains prennent des photos, d'autres se recueillent tout simplement au milieu de cette nature, ou peignent (ci-dessous). Je ne suis qu'à deux pas du puits Kiyomasaido (que certains qualifient de miraculeux!). Ce puits appartenait en effet au lord Kiyomasa Kato, un daimyo de l'ère Azuchi-Momomaya et de l'ère Edo. Il est alimenté par une source venant du bassin Nan Chi qui donne une eau pure toute l'année (photo ci-dessous). Certains prétendent que ce puits a le pouvoir d'apporter chance et bonheur. En tous cas, j'ai goûté son eau cristalline... Le jardin intérieur (Gyoen) que je visite aujourd'hui est la seule partie d'origine (c'est à dire qui existait avant la création de Meiji Jingu). C'est l'Empereur Meii qui dessina le jardin des iris, les sentiers, et le coin du pêcheur, pour son épouse. Il voulait ainsi qu'elle se revigore au milieu d'une verdure luxuriante: Un paysage verdoyant au printemps, fleuri en été, recouvert de feuilles en automne et rempli de neige en hiver. L'endroit peut être visité en toutes saisons.
D'autres photos de ce reportage sont disponibles sur l'onglet Médiathèque--> Album Asie
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