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Virée à l'Ile aux Moines
(Morbihan, Bretagne, France) |
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Samedi 25 aout 2012
Je suis descendu quelques jours en Bretagne pour visiter Lionel, un ami. Celui-ci a aujourd'hui prévu d'aller voir Suzy, une de ses connaissances, qui vit sur un bout de terre entouré d'eau, dans le golfe du Morbihan, L'île aux Moines. C'est la plus grande île du golfe et l'une des seules qui soient organisées en commune. Elle porta successivement plusieurs noms : Crialeis (Croix courte), puis Enez Manac'h (île au moine) avant de prendre son nom actuel, Izehah en breton, qui s'explique par le fait que ce bout de terre appartint autrefois aux moines de l'abbaye Saint Sauveur de Redon (Ille et Vilaine) suite à un legs du Roi de Bretagne Erispoe en 854. Cette abbaye, qui fut fondée en 832 par Conwoion est une ancienne abbaye bénédictine dépendante de l'ancien diocèse de Vannes. On sait seulement qu'aucun moine n'est venu vivre sur l'île aux Moines mais que ceux-ci se contentèrent de faire cultiver les terres et d'y prélever taxes et impôts.Rattachée à la paroisse d'Arradon au X ème siècle à la suite des invasions normandes, puis élevée au rang de paroisse en 1543, cette île devint une commune à part entière en 1790. On n'y comptait à l'époque beaucoup d'habitants (1714 âmes en 1861).
D'une longueur de 7 kilomètres sur 3,5 kilomètres de large, l'île aux Moines a la forme d'une croix. Lionel et moi allons y accéder depuis Port-Blanc (photo ci-dessus) en utilisant un bateau qui fait fréquemment la navette entre le continent et l'île aux Moines. L'ambiance est bon enfant en cette fin de mois d'août, et nous assistons à un vrai déménagement de valises, poussettes et autres objets après que notre embarcation ait accosté. Il est vrai que vivre sur une île impose certaines contraintes. On n'y trouve pas les mêmes choses que sur la continent et le rêve idyllique de l'île peut parfois se transformer en cauchemar lorsque, dans la précipitation générale, une gamine tombe à l'eau, que le père plonge pour la sauver avant d'embarquer lui-même avec sa progéniture. Cette histoire est arrivée récemment et a pimenté la chronique locale. Cinq minutes suffisent pour traverser les 500 mètres qui séparent l'île du continent. Le port de l'île aux Moines est en travaux depuis de longs mois et il vous faudra éviter les nids de poule et les flaques d'eau lors de votre arrivée. Cela gâche un peu le plaisir. Un office du tourisme situé à côté du loueur de vélos me fournit une brochure très bien conçue et un plan.
Lorsque les beaux jours reviennent, l'île aux Moines voit sa population se multiplier par dix. De 650 âmes en temps normal, elle doit accueillir plus de 6000 personnes durant les vacances. Elle n'a pas le choix car elle ne vit pratiquement que du tourisme, même si la tradition maritime reste toujours vivante.Bon nombre d'îlois furent en effet de très bons marins de commerce. L'agriculture fut , elle aussi, florissante autrefois et beaucoup de puits et fontaines en témoignent encore aujourd'hui. Le puits de l'église (ci-dessous) en est un exemple. Au début du XX ème siècle, l'île comptait encore 18 fermes et trois moulins en activité. Deux de ces moulins sont désormais en ruine et le troisième sert de lieu d'habitation.Le Moulin du Rahic, par exemple, cessa définitivement son activité au départ en retraite de son dernier meunier, en 1914, et pour éviter toute production frauduleuse, on coupa les ailes de ce moulin.
L'île aux Moines, même si le temps d'aujourd'hui reste mitigé, offre douceur, calme et volupté. De nombreux oiseaux migrateurs viennent s'y réfugier et on y trouve plusieurs espèces végétales comme des pins parasols, des camélias, des mimosas, des glycines et des hortensias (deuxième photo ci-dessus). D'autres espèces protégées comme l'asphodèle d'Arrondeau, reconnaissable à ses hautes fleurs blanches, enchantent landes et prairies. Les noms des lieux concourent également à faire de ce bout de terre un endroit enchanteur:Bois d'amour, bois des soupirs, bois des regrets... Je n'aurai malheureusement que très peu de temps pour parcourir cette île mais une simple balade de deux heures me permettra d'apprécier la beauté des maisons. Croix, calvaires et chapelles en pierre de granit (comme la Chapelle de Notre Dame d'Espérance ci-dessous) contrastent avec les façades blanches des habitations locales. Plusieurs circuits balisés sont proposés aux visiteurs mais l'île reste un labyrinthe. Il m'a fallu demander mon chemin à plusieurs reprises car je me perdais dans ce dédale de sentiers. Je me rendis tout d'abord au Cromlec'h de Kergonan (deuxième photo ci-dessous). Cet ensemble mégalithique composé de 24 menhirs (pierres debout) est reconnu parmi les plus importants d'Europe. Dois-je rappeler qu'un cromlech est un monument mégalithique préhistorique constitué par un alignement de monolithes verticaux (menhirs) formant une enceinte de pierres levées généralement circulaire. On évalue leur construction à 3500-2000 avant J.C mais on ne peut toujours pas expliquer précisément la fonction d'un tel monument. Un autre dolmen, le dolmen de Penhap, situé à l'extrémité sud de l'île, non loin de la Pointe du Nioul et de la Pointe de Brannec est remarquable pour son allée couverte. Très nombreuses sur l'île, les fontaines ont donné lieu à un circuit qui les recense toutes. Je passerai ainsi devant la fontaine du Lério, située sur le port (près du loueur de vélos). A l'époque, il n'y avait pas d'eau courante sur l'île. Celle-ci n'arriva qu'en 1958. Cette eau servait alors à la consommation des foyers, et au ravitaillement des thoniers et sinagos avant le départ en mer. Certaines fontaines étaient équipées autrefois d'une pompe à main (comme la fontaine du Vran), d'autres ont perdu de leur charme comme la fontaine du Prado qui fut envahie par la station d'épuration installée depuis.Un sentier côtier permet d'accéder à la grande plage ornée de cabines à rayures bleues et jaunes qui rappellent le charme désuet des premiers bains de mer. Une autre plage, la plage du Goret offre une vue imprenable sur l'île de Creizic. L'usage du vélo est interdit sur un tel sentier mais d'autres circuits vous permettront de parcourir les lieux à l'aide de ce moyen de transport silencieux et écologique.
On a souvent peur de s'ennuyer sur une île mais ce n'est pas vrai pour l'île aux Moines où se déroulent les premières régates dans le golfe et autres fêtes nautiques dès le début de la saison. De nombreuses activités nautiques attendent les plus valeureux (l'eau reste malgré tout fraiche!) ainsi que des activités terrestres comme la pratique du vélo bien sûr, de la marche, les parties de pêche à pied ou dans les rochers, ou plus simplement une partie de farniente sur l'une des nombreuses plages disponibles. Plusieurs chantiers ostréicoles offrent aux amateurs de déguster des huitres et la place du marché accueille les curieux qui viendront assister à des concerts ou autres rassemblements festifs (de mai à septembre, plusieurs artistes s'y succèdent). Ma promenade me conduit à l'église Saint Michel (ci-dessous). Ce lieu de culte fut construit à l'emplacement d'une ancienne chapelle, dès 1826. Plusieurs interruptions et transformations vinrent émailler sa construction si bien que cette église ne laissera apparaître son aspect actuel qu'en...1930 ! On trouve à l'intérieur de jolis vitraux comme ce vitrail dédié à l'archange Saint Michel (deuxième photo), des ex-votos et un superbe buste en bois de Saint Vincent Ferrier, un missionnaire du XV ème siècle qui évangélisa le pays vannetais. Prêtre de l'ordre dominicain, il naquit en 1350 près de Valence et mourut à Vannes en 1419. On trouve ses reliques à la Cathédrale de Vannes et il demeure le Saint Patron du Pays valencien.
Ma courte promenade se terminera au centre du village, de retour chez Suzy. L'accueil des habitants mais aussi des touristes de passage fut excellent, à croire que l'air marin concoure à la sérénité. Cinq minutes de croisière jusqu'au continent puis 20 minutes de voiture suffiront à rejoindre Vannes, notre port d'attache. Kenavo !
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