Samedi 22 septembre 2012
Deux petites villes attirent mon attention: Viana do Castelo et Guimaraes. Situées aux alentours de Braga, je vais tour à tour les visiter. J'y passerai peu de temps car la visite du quartier historique s'effectue en deux heures maximum. J'emprunte l'autoroute pour gagner du temps et me rend compte qu'il y en a partout. Du moins, le réseau routier me paraît dense et très bien entretenu. Pensez! Deux euros par ci, 1,40€ par là, à la longue çà en fait de l'argent à rentrer dans les caisses. Contrairement à la première fois ( entre Lisbonne et Porto), je trouve toujours un poste à péage avec un employé. C'est plus convivial! Sauf toutefois pour ces tronçons d'autoroutes électroniques qui vous obligent à aller vous-même régler le montant de votre péage dans un bureau de poste ou un bureau de tabac. J'ai bien voulu le faire en atteigant Viana do Castelo ( une de ces autoroutes se trouve dans les environs de la ville) mais on m'a répondu qu'il fallait attendre trois jours avant de régler. Pourquoi? Je l'ignore...
Viana do Castelo est installé sur un joli site dans l'estuaire de La Lima, fleuve ibérique qui traverse à la fois l'Espagne et le Portugal. Il prend sa source dans la province d'Ourense, en Galice (nord-ouest de l'Espagne) et se jette dans l'océan atlantique. Je l'aperçois rapidement sur l'autoroute en arrivant sur place. Nous sommes samedi et cela m'arrange bien car je n'ai pas besoin de glisser des pièces dans les parcmètres. Je me gare non loin de la gare ferroviaire et marche, guide de voyage à la main.

Au XIV ème siècle, cette ville fut un important centre de pêche puis, au XVI ème siècle, fut un chantier naval conséquent pour le pays puisqu'on y construisait des bateaux pour les découvertes maritimes. La ville fournissait aussi des navigateurs: C'est ici que Joao Velho prit la mer pour pour partir explorer le Congo et qu'Alvares Fagundes partit pêcher à Terre-Neuve. Un navire-hôpital, le « Gil Eannes » est amarré dans le port (ci-dessus) et sert aujourd'hui de musée pour monter aux visiteurs de passage en quoi consistait son activité. Il joue aussi la fonction d'auberge de jeunesse. En effet, du temps où les pêcheurs portugais partaient loin pour traquer la morue, de Terre-Neuve au Groeland, le Gil Eannes veillait sur ces pêcheurs. De nos jours, il a pris une retraite bien méritée dans les eaux de Viana do Castelo et il a reçu près de 400 000 visiteurs depuis son installation ici en 1998. Construit en 1955 dans cette ville, ce n'est pour lui qu'un retour aux sources. Pour mémoire, Gil Eannes fut un navigateur et explorateur portugais du XV ème siècle.
Il n'y a que quelques centaines de mètres à franchir pour trouver les restes du château de la cité appelé aussi Château de Sao Tiago da Barra (ci-dessous) aujourd'hui reconverti en bâtiments administratifs. La ville reçut sa première charte en 1258 du roi Alphonse III. D'abord baptisée Viana da Foz do Lima jusqu'en 1848, c'est un décret de la reine Marie II qui lui attribuera son nom actuel. Autrefois humble village de pêcheurs au Moyen âge, le XVI ème siècle permettra à Viana do Castelo de se développer avec la pêche à la morue. C'est de cette époque que datent les demeures manuélines et Renaissance qui font le charme des lieux (deuxième photo). Le château, lui, constitue la première fortification implantée au bord de l'embouchure de La Lima sous Alphonse III. Mais une forteresse avait déjà été érigée à cet endroit dès le XV ème siècle. L'édification de l'actuelle forteresse de forme polygonale avait été réalisée sous la domination espagnole, durant le règne de Philippe II.


Viana a son Sacré cœur (ci-dessous) dénommé basilique Saint Lucie, la patronne des yeux. Dans ces conditions, il est normal que l'édifice soit bien « en vue » sur le mont du même nom. L'édifice est desservi par un funiculaire de style néo-byzantin et d'en haut, on a une vue superbe sur la cité et l'estuaire de La Lima. Mais ma visite se limitera au centre historique, en parcourant les ruelles sinueuses et en me rendant par exemple sur la « Praça da Republica » (deuxième photo) où les arches gothiques du Paços do Concelho ( qui était autrefois la mairie) dominent cette place. Ancien local de réunion du conseil municipal, l'édifice fut construit hors des portes de la ville dès le XV ème siècle, dans un style parqueté et ressemblant à d'autres constructions du nord-ouest hispanique. Le Ier étage était réservé au conseil municipal tandis que le rez-de-chaussé accueillait les scribes qui rédigeaient des documents pour les gens illetrés. En face de cet édifice se trouve une fontaine datant du XVI ème siècle: Terminée en 1559, elle est l'œuvre du maitre marbrier Joao Lopez o Velho. Elle resta durant plusieurs siècles un point important d'approvisionnement en eau et un lieu de rassemblement de la vie locale.


Je rencontre sur place une activité d'un samedi matin: Un petit groupe de musiciens joue des airs traditionnels à l'accordéon et je ne manque pas de prendre en photo un couple habillé en costume local (ci-dessous). Non loin de là, j'aperçois la cathédrale, surnommé aussi « Igreja Matriz » dont le portail ouest (deuxième photo) date du XV ème siècle. Cet édifice, véritable forteresse, est orné de reliefs gothiques représentant les apôtres.


Le Musée municipal (ci-dessous) installé dans le « Palacete dos Barbosa Maciéis» date du XVIII ème siècle et présente l'une des plus importantes collections de faïences anciennes des XVII ème au XIX ème siècles, du mobilier, des pièces archéologiques et des peintures. Une salle à l'étage est entièrement tapissée d'azulejos représentant des allégories du continent. Je l'apprends en écrivant ces lignes, il existe aussi un pont Eiffel, restauré et toujours en service sur la ligne ferroviaire reliant la région à l'Europe. Tout un symbole!

Je quitte bientôt Viana do Castelo pour me rendre à une centaine de kilomètres de là, à Guimaraes. Classée au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2001, cette ville est considérée comme le berceau de la nation portugaise mais est aussi la capitale de la culture européenne en 2012. Lorsque Dom Afonso Henriques se proclama roi du pays, en 1139, il choisit Guimaraes pour capitale. La silhouette de son château (ci-dessous) figure d'ailleurs sur l'écusson du Portugal. Le grand donjon carré , entouré de huit tours crénelées, domine la ville. Construit au X ème siècle pour contrer les attaques des Maures et des Normands, il fut agrandi deux siècles plus tard par Henri de Bourgogne. On pense qu'Afonso Henriques serait né à cet endroit et l'on trouve d'ailleurs encore la trace des fonts baptismaux où il aurait été baptisé, à l'intérieur de la Chapelle Saint Michel, toute proche (construite au XII ème et dans le style roman).

Les ruelles du quartier médiéval sont très bien préservées et il est aisé de s'y promener. Je passe devant l'église Saint François,bâtie en 1400 dans le style gothique. Cette église fur reconstruite au XVIII ème siècle. Son chœur est tapissé de magnifiques azulejos de même siècle qui représentent des scènes de la vie de Saint Antoine. Juste à côté se trouve le bâtiment de l'ordre de Saint François (ci-dessous). Je poursuis ma route en direction du centre historique de la cité, un espace urbain au tracé médiéval d'une superficie de 16 hectares qui a maintenu une riche typologie d'édifices du Moyen-âge jusqu'à nos jours. Son urbanisme s'est développé autour de deux sites: Son château et le monastère Mumadona, tous deux rassemblés au XVI ème siècle par une même enceinte fortifiée (deuxième photo). Sur la Place da Oliveira, se dresse devant moi l'abbatiale Notre Dame da Oliveira fondée au XII ème siècle, ainsi qu'une arche gothiquedu XIV ème commémorant la victoire d'Alphonse IV à la bataille de Padrao do Salado (troisième photo). Malheureusement, la débauche de terrasses de cafés et de parasols gâchent franchement ce paysage. Dans un mouchoir de poche, se trouve l'ancien hôtel de ville datant du XVI ème (quatrième photo).




Et me voici maintenant sur la Place Sao Tiago, avec ses vieilles maisons (ci-dessous). La plupart des bâtiments de Guimaraes ont une architecture dépouillée montrant le sentiment identitaire portugais face au baroque espagnol. A la fois pour les maisons bourgeoises et les palais nobles, on utilise de la pierre de taille de granit. Au XVII ème, seul le rez-de-chaussée est en granit tandis que les étages supérieurs sont faits de colombages associant une ossature en bois et l'utilisation de torchis, technique de construction largement utilisée dans tout l'empire colonial portugais. Parmi les curiosités, le Palais des ducs de Bragance (deuxième photo) figure en bonne place: Erigé au début du XV ème siècle, par Alfonso, fils naturel du Roi Jean Ier, et premier duc de Bragance, le palais laisse apparaître une forte influence bourguignonne notamment dans les toitures et l'aspect insolite qu'offrent les 39 hautes cheminées de brique. Ce Palais servira de casernement au XIX ème siècle, puis sera livré à l'abandon jusqu'au XX ème.


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