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Ozu
(Préfecture d'Hehime, Ile de Shikoku, Japon)
Heure locale

Mercredi 10 juillet 2013

 

C'est encore à une journée caniculaire que nous nous préparons aujourd'hui en ce milieu de matinée. Notre périple nous conduit cette fois à Ozu, petite localité située à quelques kilomètres d'Uchiko. Celle-ci est surnommée la petite Kyoto d'Iyo (l'ancien nom de la préfecture d'Ehime) à cause de ses vieilles maisons (lesquelles m'impressionneront cependant moins que celles d'Uchiko). Notre train express (ci-dessous) quitte Matsuyama à 11h23 et atteindra Ozu trente-cinq minutes plus tard. Les paysages montagneux défilent bientôt sous nos yeux et le train s'engouffre dans une série de tunnels plus ou moins longs. Ozu se développa dans la vallée D'Hiji et autour de son château qui est petit mais bien orienté, en hauteur et à un endroit stratégique. Nous obtiendrons l'indispensable documentation touristique grâce à l'employé de gare qui contrôle nos billets. Fort sympathique, il fait aussi office d'agent touristique. Je suis agréablement surpris de constater qu'à Ozu, les panneaux indicateurs sont écrits en japonais et...en anglais, ce qui facilite l'orientation. La brochure qu'on nous remet est aussi rédigée en langue anglaise et semble très complète. Il nous faudra marcher une vingtaine de minutes afin de nous rendre au cottage Garyu Sanso. La chaleur étouffante n'augure rien de bon. Heureusement, on nous signale le passage d'un petit autobus local. Nous le prenons et saluons ses passagers, des personnes âgées essentiellement. Pour 100 yens, ce petit bus nous mènera à proximité de la rue Ohanahan avec ses vieilles maisons.


 

Je demande mon chemin à un homme qui traverse la rue et il nous propose gentiment de nous conduire au fameux cottage. Nous ne nous trouvons qu'à cinq minutes de marche de l'endroit. La maison au toit de chaume (ci-dessous) fut bâtie sur les flancs de la rivière Hiji et offre un lieu de villégiature unique. Celle-ci servit longtemps de retraite pour les lords féodaux et ce, jusqu'à la fin de la période Edo. N prétend que la maison fut appelée « Garyu » par le troisième lord féodal Yasutsune Kato car il trouvait que la colline Horai, toute proche, ressemblait à un dragon accroupi. Kanbe Watanabe, le bras droit de Takatora Todo, fut à l'origine de la création du jardin et Yasutsune Kato y transplanta des cerisiers de Yasuno et des érables de Tatsuta. C'est dans ce jardin que les lords venaient se détendre. Le lieu tombera dans l'oubli à la suite de la restauration Meiji, mais devra son salut à un riche marchand, Kochi Torajiro, qui demandera à un charpentier local , Nakano Torao, de reconstruire l'endroit selon ses goûts. Un artisan de Kyoto, Senke Jissoku, sera aussi convié à cette restauration. Cette dernière débuta en 1903 et dura quatre années. L'aménagement des pièces intérieures fut, dit-on, conçu sur le modèle de la villa impériale Katsura, de la villa villa impériale Shugakuin et le palais de la princesse Nashimoto. Le travail architectural est d'une redoutable précision et le résultat impressionnant, comme par exemple la sculpture de ce planfond en bois de cèdre. La structure de la maison forme un bâtiment sur un seul niveau ressemblant étrangement à une ferme. A l'intérieur, des peintures de Matsutoshi Suzuki ornent les murs. Le seuil de porte avec son bambou fendu donne l'impression de se trouver dans le jardin d'un salon de thé. Dans une pièce (kagetsu-no-ma), trois étagères en bois suggèrent la forme du brouillard. Elles sont surmontées par une fenêtre circulaire en papier washi qui laisse passer la lumière depuis le Butsuma (la pièce voisine où se trouve l'autel). On dirait la lune. On reconnaît les portes coulissantes finement sculptées par le maitre charpentier, habillées de washi et ornées d'une poignée de porte métallique en forme de chauve-souris. La véranda, elle, est faite en bois de pin de Sendaï. La pièce Seisui-no-ma offre quant à elle son haut plafond. Ses ornements sculptés représentent les quatre saisons et entretiennent une ambiance détendue. Dans le jardin, une ancienne salle de bain (troisième photo ci-dessous) fut reconvertie, en 1949, en un salon de thé. On y accède par une minuscule porte basse et une plaque qui porte les caractères « Chishi » fut rédigée par le dixième lord féodal, Yasuzumi Kato. Le papier qui servit à recouvrir les murs de ce lieu provient du journal du troisième lord féodal Yasutsune.

 

Nous redescendons tranquillement vers la rue Ohanahan (ci-dessous). Cette rue large de 7,20 mètres n'a pas changé depuis l'époque shogunale. Sa partie nord possède des boutiques alors que sa partie sud abrite des résidences de samouraïs. Les pierres qui s'y trouvent servirent à l'endiguement de la rivière Hiji qui avait tendance à déborder lors des inondations. D'ailleurs, Ozu s'est aujourd'hui prémuni contre ces aléas grâce à un système de portes écluses réparties le long du cours d'eau. Ozu offre également d'admirer d'anciennes demeures des époques Meiji et Taisho, comme par exemple un entrepôt au toit de tuiles.

 

La rivière Hiji (ci-dessous) abrite les bateaux qui servent à la pêche au cormoran. Celle-ci se déroule principalement le dimanche et fait partie des curiosités locales. Cette méthode de pêche traditionnelle utilise en effet les oiseaux pour pêcher en eau douce. La pêche au cormoran est pratiquée au Japon depuis 1300 ans, mais, faute d'être rentable, est désormais devenue une activité purement touristique et saisonnière (de mai à octobre). Les cormorans utilisés sont des oiseaux sauvages , capturés en mer, puis formés pour la pêche. Un lien fort entre le pêcheur et le cormoran est indispensable afin d'obtenir un résultat et d'ailleurs, les maitres de pêche considèrent souvent leurs oiseaux comme des membres de leurs familles. Durant sa formation, le maitre va jusqu'à masser la tête ou le ventre de l'oiseau et le traite avec douceur. Puis il l'emmène tous les jours durant deux semaines pour se baigner afin que l'oiseau s'acclimate à l'eau douce. Les animaux sont à ce moment-là nourris à la main par le pêcheur car ils ne se nourrissent pas naturellement dans l'eau douce. La survie moyenne de ces cormorans va de 14 à 15 ans ( mais le record de longévité a déjà atteint 26 ans). Pour contrôler les cormorans, on pose une ligature à la base du cou des animaux, qui les empêche d'avaler les gros poissons. Seuls les plus petits sont avalés. De plus, les pêcheurs attachent les pattes des oiseaux à une corde, pour les récupérer facilement. La barque utilisée pour cette pêche traditionnelle est une ubune. Elle mesure treize mètres de long. Le maitre de pêche (c'est ainsi qu'on appelle les pêcheurs) embarque avec deux hommes. (le nakanori et le tomonori). Ces deux hommes ont pour rôle d'attraper le poisson rapporté par les cormorans. Cette équipage pêche le ayu (poisson appelé sweet fish, car il descend le cours de la rivière). Lorsqu'on observe les hommes et les barques de pêche, on distingue plusieurs choses: Le matsuwariki est constitué de morceaux de bois de pin embrasé servant de torche pour éclairer autour de l'embarcation. Ces morceaux de bois sont à l'intérieur d'un récipient en fer appelé kagari. Le kagaribo est le support soutenant le kagari. Les tanawa sont ces cordes utilisées pour manipuler les cormorans. Le pêcheur utilise entre dix et douze de ces cordes à la fois. Le Tomonori est l'homme responsable de la conduite de l'embarcation. Tandis que le nakanori prête main forte au maître de pêche et au tomonori. Le maître de pêche, lui, manipule les oiseaux.


 

Il existe à Ozu un bâtiment de briques rouges qui servit autrefois de banque (ci-dessous). La construction date de 1901 et la banque Ozu Commercial Bank y trouva refuge lors de sa création par quelques actionnaires locaux audacieux. Il s'agit là d'un bâtiment moitié japonais ( à cause de son toit de tuiles typiques) et moitié occidental ( à cause de ses briques rouges à l'anglaise). De nos jours, il est utilisé comme salle de repos et comme galerie d'art. Je me rends dans un bâtiment similaire situé derrière l'ancienne banque et découvre le musée de la ville, à la fois consacré à la photographie (rez-de-chaussée) et au rail (premier étage).


 

La visite de cette petite bourgade se poursuit par la découverte du château d'Ozu (ci-dessous). Cette construction comporte la tour Daidokoro-yagura et la tour Koran-yagura dans un plan en forme de L. La remière construction du château remonte à 1331 et on la doit à Utsunomiya Toyofusa ( ses ancêtres étaient enterrés au temple Utsunomiya de Goro). La colline sur laquelle la forteresse fut érigée est un point stratégique dominant la rivière Hiji. Le second lord Takatora Todo s'y installa en 1595 car il avait reçu l'ordre du shogun Hideyoshi de contrôler les voies fluviales en direction de la Mer intérieure de Seto. Ce château, apparemment identique aux autres châteaux japonais est pourtant différent: Il comporte quatre niveaux (alors que les autres forteresses n'en comptent habituellement que trois) et possède un nombre impressionnant de fenêtres pour une telle demeure (cela a l'avantage de donner beaucoup de lumière à l'intérieur). Une ambitieuse rénovation des lieux fut entamée en 1996. Un comité fut créé, qui décida de rebâtir le château à l'identique, c'est à dire tout en bois, sur les conseils de l'architecte Shigetaka Miyakami. Cette reconstruction prendra dix ans.


 

INFOS PRATIQUES:

 


  • Cottage Garyu Sanso, 411-2 Ozu. Tel:(0893) 24 3759. Ouvert tous les jours de 9h00 à 17h00. Droit d'entrée: 500 yens. Interdiction de prendre des photos à l'intérieur de la maison.

  • Office de tourisme d'Ozu, 690-1 Ozu. Tel:(0893) 24 2111.

  • Musée de la ville, situé dans le bâtiment de briques rouges (cour intérieure). Entrée: 200 yens.

  • Café Rarirourero à Ozu (face à bureau de poste). Ouvert tous les jours de 10h00 à 19h00. Pâtisseries délicieuses (je vous conseille le cheese cake ou la tarte au potiron) et boissons chaudes ou fraiches (comme ce café glacé surmonté d'une boule de glace à la vanille et de crème chantilly). Accueil chaleureux.










 



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