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Matsuyama
(Préfecture d'Ehime, Ile de Shikoku, Japon)
Heure locale

Jeudi 11 juillet 2013

 

Notre visite de l'île Shikoku s'achève avec la découverte de Matsuyama (préfecture d'Ehime). Cette ville (la plus grande de l'île) est fortifiée depuis le XVII ème siècle et possède de nombreuses curiosités. Le parc Dogo abrite encore les restes du château Yuzuki qui fut autrefois la résidence médiévale de Shugo Kono. Cet ancien château servait au clan Kono de diriger la province d'Iyo (aujourd'hui préfecture d'Ehime) depuis le XIV ème siècle. Fortifé au XVIème, il sera détruit par l'armée de Toyotomi Hideyoshi en 1585 lors de la période Sengoku. Ses ruines furent dégagées en 1988 et font désormais partie des attractions du parc Dogo, au même titre que le complexe samouraï réputé pour faire des pique-nique. Dans ce parc, je découvre un yugama (ci-dessous), réceptacle de granit pour source d'eau chaude. Celui-ci fut utilisé jusqu'en 1894 (date à laquelle les bains Dogo ouvrirent leurs portes). Il mesurait 167 centimètres de diamètre et 158 cm de haut et fut probablement sculpté au milieu de la période Nara. La partie haute de ce réceptacle porte six caractères chinois, œuvre du prêtre Ippen (à la demande de Kono Michiari). Le corps du yugama, lui, comporte une inscription vantant les bienfaits des bains onsen. Elle fut composée par le prêtre zen Tokuo, du Temple Tentokuji et fut gravée en 1531 par un artisan qu'on fit venir d'Onomichi (actuelle préfecture d'Hiroshima). A côté du parc Dogo, se trouve le musée Shiki-kinen, créé en hommage à Masaoka Shiki. Poète, critique et journaliste japonais, Masaoka Shiki naquit le 17 septembre 1867 d'un père samouraï de bas rang et d'une mère qui était la fille ainée d'un professeur de l'école du domaine féodal. Il perdit son père dès l'âge de cinq ans et reçut une éducation de Kanzan, son grand-père, tout en étant très influencé par son oncle, Kato Takusen (diplomate et futur maire de Matsuyama). Masaoka sera inspiré par les droits de l'homme et des libertés et se rendra à Tokyo en 1883 avec l'ambition de devenir politicien. Il crache du sang lorsqu'il atteint l'âge de 22 ans et souffrira plus tard d'une grave tuberculose de la colonne vertébrale. A ce moment-là, il choisira de prendre pour pseudonyme le nom de Shiki (qui signifie petit coucou), intégrera l'université avant de la quitter pour rejoindre le journal Nippon dans lequel il plébiscitera la réforme du haïkou et du tanka (ces poèmes traditionnels courts comportant respectivement 17 et 31 syllabes). Il découvrira aussi de nouvelles formes poétiques. Puis Shiki privilégiera alors la composition tirée de la vie quotidienne. Il écrira, malgré son état de santé, le livre « Un lit de malade de six pieds de long » renfermant une série d'essais. Il en poursuivra la rédaction jusqu'à deux jours avant sa mort le 19 septembre 1902. Son œuvre conserve une place importante dans la littérature japonaise moderne.


 

A deux pas du parc Dogo, je découvre les Thermes Dogo (en photo ci-dessous). L'ambiance particulière de cet endroit surprend parfois mais il faut se souvenir que les sources d'eau chaude situées à cet emplacement datent de 3000 ans et comptent parmi les plus anciennes du Japon. Le bâtiment lui-même est classé patrimoine culturel national depuis 1994. Il s'agit d'une construction à trois étages datant de 1894, surmontée par la tour du tambour (elle-même coiffée d'un héron légendaire) et dont l'architecture fait penser à celle d'un château. D'après une légende, la source d'eau chaude de Dogo fut découverte durant la mythologie, grâce à une aigrette blanche. Celle-ci sortit d'une crevasse entre les rochers et y trempa sa patte blessée, patte qui fut instantanément guérie. Une autre légende (la légende du rocher rond) prétend que la divinité Okuni-nushi-no-mikoto fit entrer la divinité malade Sukuna-hiko-no-mikoto dans les eaux thermales. Cette dernière aurait été guérie et se serait mis à danser de joie sur un rocher. De nombreux romanciers sont, depuis, venus tester les eaux des bains de Dogo. Parmi eux, Natsume Soseki, l'un des plus grands romanciers de l'époque Meiji évoqua le bâtiment principal de ces bains dans son fameux roman Botchan. Le visiteur trouve ainsi dans le bâtiment plusieurs statuettes représentant des aigrettes dont la plus célèbre, perchée sur le toit du tambour qui fut entièrement construite en bois. A l'intérieur, deux bains sont disponibles: Le bain des femmes (deuxième photo) et le bain des hommes (troisième photo). Il existe aussi un bain privé, les thermes de l'esprit (Tama-no-yu). Différents des bains occidentaux, les bains japonais sont faits pour se relaxer. Ils sont publics et on ne change pas l'eau du bain après chaque baignade. Chacun doit donc se laver et se rincer avant d'y entrer. La coutume exige que l'on se rince toutes les parties du corps avant d'entrer dans le bain. Une fois dans celui-ci, le moment est venu de se relaxer. Puis, on en ressort et on utilise le savon et l'eau chaude pour se nettoyer à nouveau. Ensuite, on pénètre à nouveau dans le bain afin de s'y relaxer encore. On en ressort enfin puis on s'essuie le corps dans la salle de bain et l'on n'oublie pas de tordre sa serviette pour l'essorer avant de retourner au vestiaire. On se rhabille (ou bien on enfile le fameux yucata!) et on se rend éventuellement au salon pour se détendre à nouveau autour d'une boisson et de quelques pâtisseries. Un guide rédigé en français vous explique comment procéder à l'intérieur des thermes. Certains tickets (il y a plusieurs tarifs, voir infos pratiques) vous permettent de visiter les lieux et de découvrir ainsi par exemple la salle Yushinden: Celle-ci, spécialement conçue pour la famille impériale, fut construite en 1899 (date de la visite de l'empereur à Dogo). Depuis l'entrée, on trouve trois pièces, l'entrée, la salle Otsugi réservée aux hauts dignitaires puis la salle de l'empereur, contigüe à cette pièce. A côté, on trouve enfin l'antichambre des gardes. L'architecture, de style Momoyama, émerveille souvent les visiteurs. Une salle d'exposition est également disponible. Elle-ci permet de découvrir l'histoire du lieu à travers notamment de nombreux objets d'époque.

 

Ville de bains, Dogo est aussi un lieu de promenade: Dans le square Hojoen, je découvre les bains de pieds (ci-dessous), voisins de l'horloge Botchan Karakuri (deuxème photo) qui se met en mouvement toutes les heures entre 8h00 et 22h00. La mise en scène de l'horloge offre le spectacle d'une scène du célèbre roman « Botchan » pour le plus grand plaisir des yeux , pendant quelques minutes. Cette horloge fut inaugurée lors de la célébration du centenaire des bains de Dogo, en 1994. Une fois relaxé, il est possible de marcher en direction du temple Ishite-ji (troisième photo). Ce temple shingon constitue le 51 ème temple parmi les 88 que comporte le pèlerinage de Shikoku. Et l'endroit ne compte pas moins de sept éléments classés comme trésors nationaux. Erigé en 728 après J.C par le moine Kokushi Ochita Tamasumi, sur demande de l'empereur Shomu, ce temple se serait d'abord appelé temple d'Annoyo-ji, fondé à l'origine par Gyoki, avant de devenir un temple shingon. Il fut reconstruit au VIII ème siècle par le seigneur de la province d'Iyo mais la plupart de ces bâtiments seront détruits au XVI ème siècle par le clan Chosokabe. Ce clan représentait alors une lignée de daïmios du japon médiéval qui unifiera l'île de Shikoku en 1585 en combattant entre autre le clan Miyoshi. Chosokabe Motochika prendra possession de la province d'Iyo à l'issue de la bataille de Sekigahara. D'après la légende, le nom du temple se change en Ishite-ji (temple pierre main) après que la main fermement serrée du fils du seigneur de la province d'Iyo ne soit ouverte par un moine du temple d'Annoyo-ji et ne révèle l'inscription suivante: Emon saburo »(renais). Je déplore, une fois de plus, l'absence d'informations en anglais sur ce site qui comprend pourtant de nombreuses curiosités dont par exemple la pagode à trois étages (troisième photo ci-dessous) et le hall principal (quatrième photo). La porte Niomon, elle, bâtie vers 1318, est classée trésor national, tout comme le temple du feu divin ou bien le beffroi...


 

Dans le même quartier, je me rends ensuite au sanctuaire Isaniwa (ci-dessous). Ce sanctuaire, perché en haut d'une colline, est mentionné dans le livre des lois Engi Shiki, au X ème siècle. Il est dédié aux empereurs Chuia et Oji, à l'impératrice Jingu et aux trois déesses citées dans le kokiji. Il fut bâti sur le site où restèrent l'empereur Chuai et l'impératrice Jingu, alors qu'ils visitaient Dogo. Le mot Isaniwa proviendrait du mot « pur, sacré » (en relation avec l'impératrice). Et l'on pense que le sanctuaire aurait rejoint son emplacement actuel dans le but de protéger le château Yuzuki du clan Kono. Un peu plus tard, lorsque Kato Yoshiaki choisira d'autres sanctuaire pour mettre sous protection divine le château de Matsuyama, le sanctuaire Isaniwa sera consacré aux prières destinées à assurer les victoires militaires. Le bâtiment actuel fut construit par le troisième lord de Matsuyama, Sadanaga , en remerciement pour sa victoire lors d'un tournoi de cavalerie en présence du shogun. On y retrouve le style architectural hachiman-zukuri (également présent dans les préfectures d'Oita et de Kyoto). Le bâtiment central est relié à deux autres constructions. L'ensemble est entouré par un couloir d'une centaine de mètres. Les bâtiments sont peints en rouge, agrémentés toutefois de blanc et d'autres couleur, tandis que les gros piliers des constructions sont recouverts d'or (période Momoyama).


 

De passage à Matsuyama, il ne faut pas manquer le château, construit en hauteur et en 1603 sur le Mont Katsuyama qui domine la ville à une altitude de 132 mètres. On peut s'y rendre par téléphérique (le voyage ne dure que deux minutes!). Sa construction eut lieu en 1602 sur les ordres de Kato Yoshiaki, alors vassal de Toyotomi Hideyoshi. Daïmio de la fin de la période Sengoku, il prendra part à la bataille de Shizugatake en 1583 d'où il tirera sa réputation de célèbre général (les sept lances de Shizugatake, c'est à dire les sept généraux les plus fiables de Toyotomi Hideyoshi, dont Kato Yoshiaki faisait partie!). Après le décès de son premier maitre, il combattra aux côtés de Tokugawa Ieyasu. Et Kato Yoshiaki de voir ses revenus doubler par celui-ci à l'issue de la victoire de Sekigahara (de 100 000 à 200 000 koku!). Le château, lui, passera plus tard dans les mains de Tadatomo Gamo, petit-fils de Gamo Hideyuki suite au transfert du han de Matsuyama des mains de Kato Yoshiaki. Puis, le propriétaire suivant sera la famille Matsudaira jusqu'en 1871. Il était prévu initialement de bâtir une construction de cinq étages mais les plans furent modifiés pour n'en comporter finalement que trois. Cette décision aurait été prise à cause de l'instabilité des fondations. En 1784, la foudre frappa le château et le détruisit presque entièrement. Celui-ci fut reconstruit entre 1820 et 1854 puis survécut à la restauration Meiji, mais pas complètement aux bombardements américains lors de la seconde guerre mondiale. Aussi, un travail de restauration se poursuit-il depuis 1966.

 

 

INFOS PRATIQUES:

 


  • Restaurant HAKATA ICHIBANDORI, Matsuyamachi, Okaido 3 Chome 2-16 à Matsuyama. Ouvert de 17h30 à 1h30 tous les jours. Tel:(0899) 07 1805. Bonne cuisine et accueil très chaleureux!

  • Restaurant VASO DEL ORO (cuisine espagnole faite par un japonais) à Matsuyama. Tel:(0899) 33 3477. Bon accueil, mais prix élevés pour ce que c'est: Verre de vin à 700 yens (à peine la moitié d'une grand verre), longue attente pour être finalement servi chichement. A déconseiller!

  • Restaurant WAKA WAKA, dans l'arcade commerciale (station de tram:Okaido) à Matsuyama. Salade pas fraiche, prise de commande laissant à désirer (commande partiellement non livrée!). A oublier!

  • Restaurant italien TORAISHI, Yasakadori (dans la galerie commerciale) à Matsuyama (station de tram: Okaido). Tel:(0899) 47 9036. Ouvert de 18h00 à 3h00. Très bon accueil, et en plus c'est très bon! Mais évitez le vin rouge. Site internet: http://italianbar-toraishi.com

  • Château de Matsuyama, 1 Manurouchi à Matsuyama. Tel:(0899) 21 4873. Ouvert en été de 5h00 à 21h00 tous les jours et en hiver de 5h30 à 21h00). Droit d'entrée:500 yens. Accès H. Un téléphérique permet de se rendre au château en deux minutes: 500 yens A/R (départs tous les 10 minutes) de 9h00 à 17h00.

  • Site internet du Parc Dogo: http://www.dogokouen.jp/index.html

     

    Le parc Dogo Koen à Matsuyama est ouvert tous les jours de l'année et son accès est libre. Une exposition est accessible tous les jours (sauf le lundi) de 9h00 à 17h00 (entrée libre). Station de tram: Dogo Koen. Tel:(0899) 41 1480.

  • Musée municipal Shiki-Kinen, 1-30 Dogo Koen à Matsuyama. Tel:(0899) 31 5566. Ouvert de 9h00 à 16h00 tous les jours (sauf le lundi). Entrée: 400 yens. Photos interdites à l'intérieur. http://www.city.matsuyama.ehime.jp/shisetsu/bunka/sikihaku/

  • Thermes de Dogo, 5-6 Yunomachi, Dogo à Matsuyama. Tel:(0899) 21 5141. Ouvert tous les jours de 6h00 à 22h00. Tickets d'entrée de 250 à....1500 yens selon la prestation choisie (se renseigner au « fudaba »(guichet) sur le contenu des prestations offertes).

  • Temple Ishite-ji, 2-9-21 Ishite à Matsuyama. Aucune brochure n'est disponible en anglais.


  • Bureau de tourisme à la gare JR (à gauche après le contrôle des billets en sortant, à l'intérieur d'une petite galerie commerciale climatisée). Tel:(0899) 31 3914. Ne parle pas anglais. Site internet: http://www.my-concierge.org/shikoku/matsuyama


  • Station de tram en face de la gare JR: Pas d'annonces des stations en langue anglaise dans les trams. Prix unique: 150 yens par voyage. Une carte journalière permet d'emprunter à volonté le tram (prix: 400 yens)









 



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