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L'école en Images au Petit Palais
(Paris, France)
Heure locale

Lundi 25 novembre 2013

 

Il était autrefois l'école. Cette toute petite école, de la maternelle au primaire, qui accueillait (et accueille toujours aujourd'hui!) jadis les petits Parisiens, dans des bâtiments parés de décors peints. Le Petit Palais vous invite en effet à découvrir ces peintures qui furent commandées par la Ville de Paris entre 1880 et 1935, afin d'aider à la diffusion d'une pensée moderne appliquée à la pédagogie et à l'environnement de l'enfant.Ce sont 80 esquisses inédites qui ont présentées au public. En ce temps-là, ce fut le souci de simplicité, de gaieté et de jeunesse, qui motiva l'initiative de la Ville. En 1932, le Conseil de Paris vota ainsi un crédit de 10 millions de francs pour lutter contre les effets de la crise économique en venant en aide à la création et à l'artisanat. Une aubaine pour la modernisation et l'embellissement des écoles publiques! On utilisa à l'époque plusieurs techniques de peinture murale, dont la fresque, pour animer les murs des préaux.

Curieux de nature, je pars donc visiter cette exposition en espérant retrouver quelques souvenirs du temps où, moi aussi, je fréquentais l'école communale. Trois lieux caractéristiques de cette école sont mis en avant : le préau, la classe et la cour de récréation. Je retrouverai dans chacun d'entre eux, des œuvres originales accompagnées d'une documentation photographique et d'installations pédagogiques multi sensorielles. Que l'on soit enfant ou vieillard, cette exposition s'adresse à toutes les générations car elle nous permet de nous replonger dans un patrimoine ancré dans la vie quotidienne des parisiens. D'entrée, je découvre l'environnement architectural et les techniques de réalisation des décors (ci-dessous)


 

Je poursuis ma visite dans chacun des trois lieux symboliques. Dans la classe, les œuvres évoquent les apprentissages destinés d'une part aux filles et d'autre part aux garçons (la mixité n'était pas encore d'actualité). Le préau, lui, rassemble des décors qui font allusion à la notion de territoire, en écho aux leçons de géographie, tandis que la cour de récréation, qui suggère souvent la présence d'un marronnier et l'incontournable marelle, offre des décors de place des sports, de jeux, de comptines et de rondes des années 20. Chaque lieu propose aux jeunes visiteurs une découverte par le jeu, rendue possible grâce à des installations pédagogiques et à un espace atelier.


 

L'art à l'école, est le thème retenu pour cette première salle dans laquelle je pénètre maintenant. Je comprends ainsi le contexte dans lequel ces décors furent constitués, en tenant compte à la fois des bâtiments des écoles mais aussi des règles de la commande municipale et des matériaux de la peinture. Il faut se souvenir que Paris fut, de 1880 aux années trente, un laboratoire de réflexion concernant l’aménagement de l'école : il fallait voir la diversité des dessins qui fleurissait pour orner la salle de dessin de l'école de la rue Dombasle. Nous sommes en 1880 et assistons alors à l'un des premiers concours pour la réalisation de peintures murales. Dans les années trente, on assistera au retour de formes géométriques et de décors simples, sous l 'influence du Mouvement Moderne. Le groupe scolaire de la rue Küss, grand paquebot de béton armé aux formes courbes en est un parfait exemple (ci-dessous).


 

On employait à l'époque la technique de la toile marouflée qui était d'usage courant au XIXè siècle , ou bien celle de la fresque que l'on redécouvrait.Le marouflage consiste à fixer une surface légère (papier ou toile) sur un support plus solide et rigide (bois,toile,mur) à l'aide d'une colle forte dite maroufle qui durcit en séchant. La fresque est une technique qui consiste à opérer sur un enduit avant qu'il ne soit sec. Le terme vient de l'italien a fresco , qui signifie « dans le frais ». Le fait de peindre sur un enduit qui n'a pas encore séché permet aux pigments de pénétrer dans la masse, et donc aux couleurs de durer plus longtemps qu'une simple peinture. Sur place, une table visuelle et tactile permet aux visiteurs de comprendre les différentes étapes de la mise en oeuvre de ces procédés.


 

La deuxième salle de l'exposition aborde les apprentissages de la classe. On trouve ici des esquisses qui mettent en image l'avenir familial et professionnel qui attend les élèves après le certificat d'études. Je vous l'ai dit plus haut, la mixité n'était pas encore à l'ordre du jour à cette époque et les lois scolaires de 1881 et 1882 confirment la séparation des sexes. On construit en effet des écoles de filles mitoyennes des écoles de garçons. Chacune d'entre elles dispose de son propre préau et d'une cour de récréation. Filles et garçons étudient le calcul, l'écriture et la lecture. A ces enseignements, on ajoute l'apprentissage de la couture et des arts ménagers pour les filles, des métiers de l'artisanat et de l'industrie pour les garçons. Les pupitres font face au tableau noir et comportent les objets usuels de l'écolier, des cahiers et des dessins d'époque, sans oublier les bons points, les récompenses et...le bonnet d'âne ! Je m’assois quelques instants derrière l'un de ces pupitres. Pour un peu, j'aurais participé à l'un des trois jeux offerts aux visiteurs : des exercices d'écriture au crayon blanc sur une ardoise, trouver le bon métier destiné aux filles et aux garçons, et identifier un intrus contemporain à l'aide des six odeurs proposées.


 

Le moment est venu pour moi de me rendre sous le préau, cet endroit couvert, mitoyen à la cour de récréation. Il est doté de larges lavabos, de hautes baies vitrées, et bien sûr des décors peints commandés aux artistes. On retrouve ainsi des esquisses s'inspirant de sites emblématiques de notre pays. La géographie est présente à travers des scènes de mer, de montagne, de la ville, du port et même de l'Auvergne. Pour les élèves, ces fresques représentent des ouvertures sur le monde extérieur, montrant souvent une France rurale, restée attachée à ses racines paysannes. La mer et la montagne, c'est pour eux la vie de plein air. La France coloniale n'est pas en reste à travers ces vues du port de Marseille dont l'activité rappelle l'importance des échanges commerciaux avec l'Afrique. Les visiteurs peuvent réaliser sur place leur propre esquisse en prenant pour modèle des paysages présentés dans le préau. Ou bien leur propre silhouette en mouvement d'après des décors de rondes et de farandoles.


 

La quatrième salle, elle, représente la cour de récréation, où sont représentés des murs peints qui reprennent les thèmes en vogue dans l'édition enfantine : ce sont des chants, des danses, des jeux et des sports. L'essor des maternelles ainsi que l'apparition d'une pédagogie nouvelle mettent l'accent sur le jeu et autres activités conçues pour l'épanouissement de l'enfant. Le jeu devient par exemple éducatif et collectif tout en étant encadré dans les cours de récréation où l'on retrouve par ailleurs des scènes de plein air qui ornent les murs des préaux. Ces scènes préfigurent le développement des colonies de vacances à partir de la fin du XIXè siècle.


 

Pas d'oeuvres sans artistes ! Ceux-là mêmes qui participèrent à l'embellissement de nos écoles. Parmi eux, on retrouve Paul Baudouin, élève de Pierre Puvis de Chavannes, qui enseigna longtemps l'art de la fresque. La Ville de Paris choisit pour sa part de confier ses écoles à des artistes dont la carrière restait à compléter, dont Jean Adler, Bernard Milleret, Eugène Valton, Joseph Aubert, Constantin Font, Henri Nozais, Etienne Hauville, Jean Julien, Jean Robert, Constant Le Breton...Quelques femmes font également partie de ces artistes : Marthe Flandrin, Myrthée Baillon de Wailly et Ivanna Lemaitre. Leurs œuvres sont de nos jours jalousement protégées par la Ville de Paris qui s'emploie à les restaurer et à les mettre en valeur, comme, par exemple, à l'école de la rue Littré (Paris 6è) où un chantier-école de l'Université de la Sorbonne a entrepris la restauration d'une fresque de 1930, « Les enfants et les Animaux » (ci-dessous) peinte par Myrthée de Wailly. Cet été vit aussi la restauration des remarquables ensembles décoratifs du groupe scolaire du 8, rue Küss (Paris 13è), notamment deux préaux, ornés de fresques peintes entre 1933 et 1934.

 

 

INFOS PRATIQUES :

 


  •  Exposition « L'école en Images », décors parisiens des années 1930, au Petit Palais, galerie basse, Avenue Winston Churchill à Paris (8è), jusqu'au 26 janvier 2014. Tel : 01 53 43 40 00

  • Accès H. Métro : Champs-Elysées Clémenceau. Ouvert du mardi au dimanche de 10h00 à 18h00 (nocturne le jeudi jusqu'à 20h00). Entrée gratuite.
  •  Site internet : http://www.petitpalais.paris.fr/
  • Une visite découverte participative pour adultes est possible : Animée par une conférencière, cette visite dure 1h30, est disponible sans réservation préalable, le mardi à 14h30. Participation : 4,50€

  • L'atelier « Farandole » permet aux enfants de découvrir l'exposition de façon ludique. Durée : 2h00. Sans réservation, le mercredi à 14h30. Participation: 6,50€

  • Le 3 décembre 2013, de 12h00 à 13h00, conférence à l'auditorium du Petit Palais : »Paul Baudouin et l'école de la fresque »par Marie Monfort, Directrice de la Conservation des œuvres d'Art Religieuses et Civiles de la Ville de Paris, et commissaire de l'exposition. Entrée libre

  • Un catalogue de l'exposition est disponible, au prix de 12€, et vous emmène à la découverte des décors peints pour les écoles publiques parisiennes entre 1880 et 1935.

  • Merci à Mathilde Beaujard (Presse) pour sa précieuse collaboration.


 


 

 

 

 

 

 

 











 



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