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Village de Tortuguero
( Parc National Tortuguero, Province de Limon, Costa Rica)
Heure locale


Samedi 3 mai 2014

France et moi quittons San José à la première heure ce matin, c'est à dire à 7h00. Un autocar s'arrête à l'hôtel pour nous prendre. Une quarantaine de personnes sont déjà à bord et viennent d'autres agences de voyages, afin de faire la même excursion. Chacun a emmené ses bagages car nous ne repasserons pas avant un certain temps à la capitale. Notre route nous conduira aujourd'hui jusqu'au ranch de Pavona, d'où nous embarquerons à bord d'un bateau qui nous conduira à notre nouvel hébergement, l'hôtel Evergreen, situé à Barra de Tortuguero. Ce voyage en autocar ne déclenche chez moi aucun enthousiasme car j'aime trop mon indépendance et je préfèrerais me déplacer dans notre 4X4. Pour l'heure, nous sommes entourés de Français, Anglais, Allemands, Américains....d'ailleurs courtois. Le relief que nous traversons est accidenté puis montagneux. Des montagnes recouvertes d'un forêt dense avec, plus tard, davantage de prairies où paissent des vaches. Nous traversons bientôt le « Rio Sucio » (en photo ci-dessous), rivière du Costa Rica surnommée ainsi car ses eaux sont chargées de dépôts sulfureux qui leur donnent une couleur marron. Ces dépôts proviennent du volcan Irazu.


 

Cette rivière se trouve dans le parc national Braulio Carrillo (Provinces de Cartago et de San José) qui fait partie de la zone de conservation des volcans. Il est en effet situé sur la cordillère centrale, zone volcanique, située entre San José et Puerto Limon. Et on y accède par la route Limon. Créé en 1978, ce parc a pour but de surveiller le bon développement de la région à la suite de la construction de la fameuse route. Il porte le nom d'un ancien président costaricain, Braulio Carrillo, lequel permit le développement de l'agriculture du pays et construisit la première route reliant la capitale à la côte caribéenne. On trouve sur place de nombreuses formations géologiques comme le volcan Barva par exemple. Ses points hauts atteignent 3000 mètres et l'immense surface du parc accueille une extraordinaire biodiversité vivant dans la forêt primaire qui recouvre 90% de la superficie du parc.

Au bout d'une heure de route, nous faisons une halte à Guapiles, petite ville située dans le canton de Pococi. Un petit déjeuner nous sera servi avant de poursuivre notre voyage. D'une superficie de presque 260 km2, et avec une population de plus de 36000 habitants, Guapiles se trouve sur la route 32 et la ville de Limon ne se trouve qu'à 97 kilomètres de là. Le restaurant qui nous reçoit est entouré d'un parc qui me permettra d'observer mes premiers paresseux (ci-dessous). Mammifère arboricole d'Amérique centrale, cet animal possède une taille moyenne et un mode de vie original : ils sont presque toujours suspendus à l'envers dans les arbres et se déplacent avec lenteur. Ils ont aussi de longues griffes qui leur permettent de s'accrocher aux branches. Quatre paresseux géants existaient autrefois ici mais ont disparu depuis. Ils pouvaient se tenir debout, étaient herbivores et vivaient au sol. Comme par réflexe de survie, nos paresseux d'aujourd'hui ont pris de la hauteur. Probablement aussi pour mâcher les feuilles des arbres à l'aide de leurs 18 molaires.


 

Non loin de là, j'aperçois de toutes petites grenouilles de la famille des dendrobates (en photo ci-dessous). Ces minuscules amphibiens vivent dans la forêt tropicale humide surtout au niveau du sol. Elles mesurent 40 mm en moyenne et sont oranges dans le cas présent. Si elles sont parées de couleurs attirantes, c'est justement pour être facilement repérées par leurs prédateurs qui connaissent trop le goût affreux ou leur dangerosité et qui les évitent ainsi.


 

Nous reprenons la route en direction cette fois de Pavona. Et traversons bientôt des bananeraies. Il faut savoir que ce fruit est la principale culture du pays et est cultivé sur la côte des Caraïbes (dans la région de Limon) et sur de vastes étendues. Le Costa Rica est le troisième exportateur et Puerto Limon, le port le plus important du pays. On comprend mieux pourquoi la banane est une production vitale. On trouve ici deux variétés de ce fruit : la banane standardisée qui est réservée à l'exportation, et la banane locale, de forme irrégulière et peu sucrée. Cette dernière représente l'aliment de base des paysans. On la cuisine de mille et une façons et on en mange à presque tous les repas. Les bananeraies sont implantées dans les régions les plus chaudes et les plus humides du Costa Rica, ce qui entraine souvent des maladies tropicales. Mais la gratuité des logements mis à disposition des travailleurs incitent ces derniers à venir s'installer sur place malgré tout. On achemine le fruit depuis les coins les plus reculés des plantations puis on l'achemine grâce à des téléphériques (ci-dessous) à traction humaine. A la station d'emballage, les bananes sont lavées, baignées, douchées et traitées contre les moisissures.


 

Une heure et demie après notre départ de Guapiles, notre autocar se gare au ranch de Pavona d'où nous embarquerons pour nous rendre à notre hôtel Evergreen, situé dans la forêt. Des bateaux font sans cesse le trajet entre ce ranch et les dix établissements hôteliers de la région. Nous emprunterons d'abord la rivière Suerte (première photo ci-dessous), puis le fleuve Penitencia (deuxième photo), bien plus large. On peut distinguer sur ce fleuve la montagne Tortuguera qui est le point le plus élevé de toute la région. Il nous faudra une quarantaine de minutes avant d'atteindre notre destination, en plein milieu du parc national de Tortuguero. Celui-ci, situé dans la province de Limon, fait aussi partie de la zone humide caribéenne du nord-ouest, très importante pour la convention de Ramsar. C'est le troisième parc le plus visité dans ce pays malgré le fait que l'endroit ne soit accessible que par bateau ou par avion. Ici , on prend le bateau comme d'autres prennent le bus...On y compte une incroyable variété biologique grâce à l'existence de 11 zones d'habitations différentes, incluant la forêt humide, les marais, les plages, et les lagons. On peut y rencontrer des dauphins, des tortues de mer , des lamantins, des caïmans, des crocodiles (troisième photo), mais aussi des jaguars, des paresseux, des lézards et des grenouilles empoisonnées, sans oublier des paons, des perroquets et de grands hérons. Malheureusement, on trouve aussi des nuées de moustiques depuis ces derniers jours, et cela va me gâcher le séjour car je les attire comme un aimant...

Notre excursion du jour nous conduit justement au village de Tortuguero, dont les premiers habitants étaient des descendants des Mayas. Ceux-ci vivaient en chassant de petits animaux et des oiseaux sauvages, en pêchant dans les rivières et en capturant des tortues, très nombreuses à cet endroit. Ils cultivaient également des racines (yucca). Ils habitaient des maisons coniques avec un toit en feuilles de palmiers, demeures qui étaient souvent occupées par deux voire trois familles. Ce village se trouvait sur la route du commerce maya et l'Empereur Maya cherchait de l'or tant au Nicaragua qu'au Costa Rica.

Les premiers Espagnols s'installèrent à San Juan de la Cruz, situé à environ 40 kilomètres de la rivière San Juan, au nord de Tortuguero. Ce camp fut fondé en 1541 dans le but de faciliter le commerce entre le Nicaragua et le Panama. Et n'était alors composé que de 25 habitants qui restaient sur place pendant deux années avant de se déplacer sur d'autres sites. Ces camps provisoires espagnols furent nombreux jusqu'au milieu du XIXè siècle. Ils servirent à créer les plantations de cacao, plantations sur lesquelles travaillaient les Indigènes en tant qu'esclaves. A cette époque, on rencontrait les tribus Zambo-Miskitos qui naviguaient entre le Honduras et le Nicaragua. Ces tribus ainsi que d'anciens esclaves qui s'étaient échappés des plantations contrôlaient toute la côte des Caraïbes. Et provoquèrent de tels dysfonctionnements dans les plantations que la dernière plantation de cacao fut abandonnée en 1848.

Au XIXè siècle, marchands et navigateurs entendirent parler de Tortuguero car les tortues y pullulaient et y déposaient leurs œufs. Les Européens mangeaient la viande de tortue, en tiraient aussi de l'huile et mangeaient les œufs. En 1890, une voie ferrée relia Limon à San José et améliora considérablement les échanges dans la région. C'est à ce moment-là que l'exportation de la tortue prit de l'ampleur. On enfermait les pauvres bêtes dans des cages ou dans des parcs de rivières jusqu'à ce qu'elles soient chargées dans les trains et sur les bateaux pour être envoyées aux Etats-Unis et en Europe.


 

L'exploitation forestière reste encore dans les souvenirs des habitants du village de Tortuguero : cette activité se développa dans les années 40 et transforma profondément le village. Celui-ci quadrupla le nombre de ses habitants durant cette période, et vit l'amélioration des moyens de transport, l'apparition d'une école mais aussi d'un docteur. Les sociétés d'exploitation forestière payaient à leurs ouvriers un salaire fixe, ce qui n'existait pas auparavant. La société « Atlantic Trading Company » fut la première à exploiter la forêt avec ses 250 ouvriers. D'anciennes machines sont encore visibles dans le village de Tortuguero. Village qui accueille désormais chaque année de nombreux touristes du monde entier, non seulement pour apercevoir les fameuses tortues qui viennent pondre sur la plage mais aussi pour le côté exotique unique de l'endroit. Le tourisme est ainsi devenu la principale activité du village, à cause notamment de la présence de nombreux hôtels dans les alentours (il n'y a que deux établissements hôteliers à Tortuguero même). La création du parc national Tortuguera en 1972 agit aussi comme un accélérateur de tourisme et il n'est pas rare de rencontrer des habitants du village qui proposent aux visiteurs de louer des chambres ou de goûter à la cuisine locale. On compte sur place plus d'une centaine de guides locaux qui se mettent à la disposition des visiteurs pour leur faire découvrir leur village. Adrian est notre guide pour ces deux jours que nous passerons dans la région et il est fier de nous parler de son village natal, d'autant plus que ce village vit de l'éco-tourisme. France et moi profitons du temps disponible pour marcher dans la rue principale de l'endroit (ci-dessous). Nous sommes surpris par le nombre élevé de chiens que nous rencontrons. Des chiens d'ailleurs bien traités et qui viennent facilement à notre rencontre. Le village est bon enfant et nous terminons notre visite par la boutique de souvenirs Paraiso Tropical. Son propriétaire, Enrique Obando reverse 10% de son chiffre d'affaires à la municipalité du village qui a ainsi pu agrandir l'école communale. Un bel exemple de solidarité !

 

INFOS PRATIQUES :


  • Municipalité de Pococi : http://munipococi.go.cr/

  • Parc national Tortuguero : http://www.acto.go.cr/index.php/en/

  • Evergreen Lodge, à Barra de Tortuguera.Tel:(506) 2222 6840, 2222 6841 et 2222 6851. Tarif par personne pour une chambre en bungalow (photo ci-dessous) durant 3 jours et deux nuits (avec les repas et le transport en bateau inclus) : 189 US$. Personnel très aimable, efficace et dévoué. Les bungalows sont toutefois rudimentaires (pas d'eau chaude au lavabo et douche au débit réduit, pas d'étagères pour poser sa trousse de toilette). Pas de boutique sur le site (on peut acheter des petites bouteilles d'eau pour 2 dollars pièce au bar ou au restaurant).Dépaysement total assuré, au milieu de la biodiversité du parc Tortuguero, mais séjour fortement déconseillé à ceux qui souffrent du paludisme (à cause des moustiques!). Internet à la réception uniquement. Site internet : http://www.evergreentortuguero.com/

  • Boutique de souvenirs Paraiso Tropical, au village de Tortuguero. Tel:(506) 2709 8095.




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