Revoir le globe
Top


Guaitil et sa Poterie ancestrale
(Province de Guanacaste, Costa Rica)
Heure locale


Jeudi 15 mai 2014

Nous changeons aujourd'hui de province. De la province d'Alajuela, nous abordons la province de Guanacaste, qui est situé au nord-ouest, le long de la côte Pacifique. En quittant le lodge La Carolina tôt ce matin, nous rejoindrons la route 6 en direction de Canas, par l’affreuse piste qui traverse le parc national Volcan Tenorio, pour ensuite prendre la direction de Libéria en empruntant la Panaméricana. Libéria est la capitale du Guanacaste. Nous n'y ferons, France et moi, qu'une pause café mais cette ville semble être un haut lieu touristique, surnommé « la ville blanche » à cause du gravier blanc utilisé pour faire les routes ainsi que les murs des maisons coloniales. Nous empruntons l'autoroute Panaméricaine un peu au-dessus de Canas, mais celle-ci est en travaux (élargissement et réfection des voies, adjonction de ponts) et nous devrons rouler au pas un bon moment. Les ouvriers travaillent dur, en plein cagnât et dans la poussière. Cet axe à l'origine conçu pour être une route unique est en fait un raccord de routes et autoroutes différentes, construite par les pays participant au projet, à savoir les Etats-Unis, le Canada, le Mexique, le Guatemala, le Salvador, le Honduras, le Nicaragua, le Costa Rica, le Panama, la Colombie, l'Equateur, le Pérou, le Chili et l'Argentine. Sans doute à cause de la chaleur (et de la déformation accrue du bitume), les Costariciens refont cette route en coulant de grandes plaques de béton armé d'une trentaine de centimètres d'épaisseur. Le long de cette route, des marchands vendent mangues et pastèques derrière leurs étals de fruits. Mis à part les pistes, le réseau routier du Costa Rica est satisfaisant. J'ai appris que le gouvernement précédent avait fait beaucoup d'efforts afin de combler les nombreux nids de poule et même de goudronner à nouveau des routes entières. La signalisation routière, elle, laisse par contre à désirer : insuffisance de panneaux d'affichage des villes, manque d'anticipation de ces affichages (ce qui fait qu'on doit parfois piler pour tourner à temps là où il faut et prendre la bonne direction) et superposition de plusieurs panneaux (comme ci-dessous du côté de Playa Flamingo).

 

Notre point de chute sera Tamarindo pour ces deux prochains jours : cette ville se trouve dans la péninsule de Nicoya, sur la face nord du Pacifique. On y vit du tourisme, de l'éco-tourisme aussi (actuellement très à la mode au Costa Rica) et du surf. Sa plage est longue et possède les vagues idéales pour ce genre de sport. A son extrémité se trouve l'estuaire de Tamarindo (ci-dessous), dont le lieu-dit El Estero est un excellent « spot » pour surfer. Il est dommage qu'il n'existe aucun trottoir dans cette ville pourtant bien équipée en boutiques, restaurants et bars. On rencontre aussi beaucoup de chiens errants, heureusement pas agressifs. Notre hébergement se situe un peu en retrait de la plage mais à proximité de la petite ville qui offre davantage l'image d'une ville américaine que d'une cité costaricienne. Ici, les Américains (mais aussi les Français!) forment une communauté. On est loin de l'authenticité rencontrée ces derniers jours en campagne et dans la montagne. De l'autre côté de l'estuaire se trouve la Playa Grande, un endroit où viennent les tortues pour pondre leurs œufs, de novembre à avril, en creusant des nids dans le sable jusqu'à un mètre de profondeur. Plus loin sur la côte, je m'arrête quelques instants à Brasilito, où se trouve une plage portant le même nom (deuxième photo). Au loin, on aperçoit les Iles Catalina (troisième photo)


 

Dans la baie de Tamarindo, se trouve le parc national marin Las Baulas qui englobe mangroves et plages inaliénables. Il fut créé afin de protéger les tortues qui viennent se reproduire sur trois des plages de ce parc (Grande, Ventanas et Langosta). Nous ne nous y rendrons pas cette fois et préférons faire un saut à Playa Flamingo pour nous rendre compte de l'importance de la communauté américaine qui y est installée. Tout comme Tamarindo, Playa Flamingo est sans charme et donne l'impression de se trouver sur une côte américaine avec ses hôtels et ses commerces.

Je suis plus intéressé par la visite de lieux historiques et culturels que par ce genre d'endroits. Nous partons donc pour Guaitil, un petit village dans la région de Santa Cruz et avant Nicoya. En ce début d'après-midi, ce village paisible est presque endormi et de nombreux potiers (on en compte 36 au total) travaillent au ralenti à l'intérieur de leurs ateliers tant la chaleur est écrasante. L'église domine la place du village. Je m'arrête chez Miguel Angel Leal Vega qui me montre comment on peint une poterie (ci-dessous). La poterie est en effet ici une activité ancestrale. Edgar Campos Campos, secrétaire de la coopérative locale, m'explique que ce savoir-faire existe depuis 150 ans environ et a été transmis par leurs ancêtres indigènes Chorotega. On utilise toujours aujourd'hui la même argile (qui provient de San Vincente, la commune voisine) et les mêmes techniques qu'autrefois pour produire des pièces en céramique décorées de motifs rouge, crème et noir. Groupe ethnique du Nicaragua, du Costa Rica et du Honduras, les Chorotegas étaient originaires d'Amérique centrale où ils arrivèrent au IV è ou V è siècles. Leurs villages au Costa Rica étaient concentrés dans la Péninsule de Nicoya, la région de Chomes (golfe de Nicoya) et près des côtes de Tivives. On prétend que les Chorotegas auraient été les habitants de la ville Cholula, avant d'être déplacés par les Nahuas. Leur langue est quasiment éteinte. Edgar me confie quant à lui qu'il a le sang de ses ancêtres dans les veines mais que ceux-ci ont désormais disparu.


 

Autrefois, la poterie de Guaitil était vendue localement aux habitants du coin (objets utilitaires pour la cuisine...), puis, dans les années 1950, le village se lança dans la fabrication de pièces de céramique destinées au marché costaricien et aux touristes étrangers, en créant de nouveaux design. De nos jours, les affaires sont plus difficiles, car nous sommes en basse saison et les touristes sont plus rares. Madame Elma (ci-dessous en photo) regrette aussi que les cars de touristes s’arrêtent tout le temps chez les deux mêmes potiers, Susan Store et Willy's store, qui raflent ainsi l'essentiel des ventes au détriment des autres. La méthode est simple : Les deux potiers en question verseraient de généreuses commissions aux guides, lesquels envoient leurs clients dans les boutiques correspondantes. D'où l'importance de se rendre chez tous les potiers qui ont commerce dès l'entrée du village, le long de la route, ainsi que chez ceux qui tiennent boutique sur la place de Guaitil.


 

Je rends visite à la boutique El Pilon (en face du soda), propriété de Nuri Marchen, et observe un ouvrier qui alimente son four en bois afin d'entretenir son feu pour la cuisson de ses poteries(ci-dessous). Ce travail éprouvant (compte tenu de la chaleur extérieure) permet d'obtenir de jolies céramiques qui sont ensuite exposées dans la boutique. A côté de lui, une collaboratrice nous présente des pierres peintes qui représentent des animaux du Costa Rica (deuxième photo), un souvenir inoubliable à remporter avec soi.

Pour Edgar Campos Campos, l'enjeu actuel est de transmettre aux jeunes générations l'héritage des ancêtres. La coopérative communale a d'ores et déjà adressé au gouvernement une demande de classement des poteries Chorotega en tant que patrimoine national mais cette demande est pour l'instant restée sans réponse. L'Etat costaricien envisagerait d'acquérir les terres possédant la précieuse argile afin d'aider les potiers de Guaitil à perpétuer leur art. A suivre...


 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Edgar Campos Campos, secrétaire de la coopérative CoopSanguai à Guaitil. Tel : 8672 8374

  • Artisan potier Mono Congo Loco, Place du village, Guaitil. Tel : 8656 3050

  • Artisan potier El Pilon, Place du village, Guaitil. Tel : 8530 7765/ 8647 5394. Courriel:nurymarch@gmail.com

  • Artisan potier Dona Elma, Place du village, Guaitil. Tel : 2681 1318. Ouvert tous les jours de 7h00 à 16h00.

  • Restaurant Soda y Marisqueria Marcela (en photo ci-dessous), Diagonal al Salon comunal, Villarreal- Tamarindo. Tel : 2653 2244. Paiement en US$, colones ou par CB. Accueil très sympathique et produits frais (nous vous recommandons la langouste).

 


 

 










 



Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile