Mercredi 21 mai 2014
Il est temps pour nous de rejoindre Quepos, situé sur la côte Pacifique. Nous passerons par Jaco puis continuerons sur la même route. Cette station balnéaire, appelée aussi Puerto Quepos appartient à la province de Punta Arenas, et se trouve aux portes du Parc national de Manuel Antonio. L'endroit ressemble à un petit village typique costaricien, sans intérêt particulier. Les hauteurs sont occupées par le parc national autour duquel sont rassemblés hôtels, bars et restaurants modernes et américanisés. On se croirait à Malibu, tant le contraste de cette zone est saisissant avec le village costaricien d'en-bas. Nous sommes hébergés à l'hôtel Plaza Yara, sur les hauteurs. Rien à dire sur cet hôtel qui n'a que dix ans d'existence et qui semble fort sympathique (les animaux de la maison, un chat et un chien, nous rendent visite très gentiment en pénétrant sans bruit dans notre chambre pour y faire la sieste) . Une route conduit directement au Parc national Manuel Antonio et nous nous y rendons en éclaireurs pour nous rendre compte. Sur notre parcours, nous tombons sur le bar El Avion, dont l'originalité est de posséder un ancien avion cargo Fairchild C-123 (en photo ci-dessous). L'histoire de cet avion est originale : le 5 octobre 1986, un avion cargo du même type s'écrasait au sud du Nicaragua, abattu par les forces du gouvernement sandiniste. L'avion en question transportait armes et vivres à destination des rebelles nicaraguayens qui tentaient d'ouvrir un front contre le gouvernement de Managua soutenu par Cuba. A l'époque, les Etats-Unis démentirent avoir joué un rôle dans ce qui arriva mais cette affaire allait devenir le plus gros scandale des années 1980 : en effet, à cette époque, le président Ronald Reagan avait conclu un trafic de ventes d'armes avec l'Iran dans le but de libérer les otages américains. Une partie de l'argent de ces armes aurait servi à financer l'aide aux rebelles du gouvernement sandiniste. Les Etats-unis firent ainsi l'acquisition de deux avions Fairchild C-123, 2 avions C-7 et des armes. Une piste secrète avait aussi été aménagée dans un ranch américain de 30000 acres, au nord-ouest du Costa Rica. Le jour du crash de l'avion, Eugène Hasenfus (CIA) fut capturé par les Sandinistes. Le deuxième Fairchild C-123, lui, resta clouée au sol à l'aéroport de San José (Costa Rica) et sera racheté en août 2000 pour 3000 US$. Démonté, il fut transporté par bateau jusqu'à Quepos, puis remonté sur son lieu actuel, un bar de nuit ouvert le soir jusqu'à deux heures du matin.

A une encablure de là, un autre bar-restaurant, le Wagon, est hébergé à l'intérieur d'un ancien wagon costaricien. A découvrir également. Notre route nous conduit bientôt au parc national Manuel Antonio. A notre approche, des hommes nous font signe de nous arrêter pour nous garer. Ayant remarqué qu'il ne s'agissait pas de la police, nous poursuivons notre chemin sous les coups de sifflets. Un kilomètre plus loin, d'autres « rabatteurs » se livrent à la même pratique. Nous découvrons peu à peu un système illégal de parking. Après information, il est impossible de se garer gratuitement dans cette zone sous peine de retrouver sa voiture rayée. Les rabatteurs illégaux demandent 4 US$ pour se garer. Etant venus en éclaireurs, nous filons directement au parc afin de prendre des informations : à ma grande surprise, le bureau du parc m'informe que les billets d'entrée sont en vente à la banque Western Union et que des guides indépendants du parc sont joignables à proximité et négocient leurs propres tarifs. Etrange pratique ! Dépités, France et moi décidons de laisser tomber la visite de ce parc, qui a pourtant été classé en 2011 comme l'un des douze parcs les plus beaux du monde. En face du parc se trouve une belle et grande plage (ci-dessous) où se retrouvent les adeptes du bronzage et de la baignade.

Quepos ne possède aucun musée. C'est le grand vide culturel. Par ailleurs, les sodas auxquels nous étions habitués n'affichent parfois pas les prix et vous servent sur place façon buffet. Une autre fois, je découvre qu'une simple cuisse de poulet me couterait 4 dollars (prix prohibitif par rapport au pays). Nous décidons d'abandonner et d'aller manger à l'extérieur de la ville, car, de toute évidence, Quepos est un repaire pour gogos.
Histoire de compléter nos connaissances sur le Costa Rica, nous décidons de visiter la Villa Vanilla, une ferme à vanille mais aussi d'autres épices (ci-dessous). Cette attraction est située à une bonne demi-heure de Quepos, après Naranjito, dans la montagne. Nous nous joignons à un groupe de touristes qui avaient préalablement réservé leurs places et découvrons le monde de la vanille. Cette épice est constituée par le fruit de certaines orchidées lianescentes tropicales d'origine mésoaméricaines. Deux noms qualifient les plantes qui produisent la vanille : la vanille ou le vanillier. L'exploitation où nous nous trouvons aujourd'hui en cultive ici et là, au milieu d'autres plantes, pour la bonne raison que la vanille est tenu à distance des nuisibles en se retrouvant parmi d'autres espèces végétales qui la protègent. Ingénieux !

Cette orchidée (la seule qui soit cultivée pour des raisons autres qu'ornementales) requiert beaucoup de soins. Notre guide nous explique comment croit cette plante qui a besoin d'un climat chaud et humide, d'un support d'accrochage et d'un certain ombrage. Trois techniques de plantation existent et la fécondation doit être assurée manuellement , fleur par fleur, faute d'insecte disponible pour faire le travail. La vanille n'est malheureusement pas en fleurs actuellement (la floraison a lieu de mars à début mai) mais nous apercevrons tout de même des gousses fraiches (première photos ci-dessous) et séchées (deuxième photo ci-dessous). Lors de cette visite, d'autres épices sont abordées (poivre, cardamome, clous de girofle, curcuma et cannelle). Un ouvrier nous montre comment il obtient l'écorce de cannelle (troisième photo) et nous goûtons à cette plante dont on incorpore des extraits dans les pâtisseries.



Daniel, le fils de notre guide, nous montre un drôle d'insecte sur un arbre (en photo ci-dessous). Je ne le distingue pas dans un premier temps, mais, en m'approchant un peu, je découvre un corps ressemblant étrangement à des brindilles d'arbre et plusieurs pattes. La nature offre décidément des techniques de camouflage extraordinaires. Une visite dans le parc nous permettra d'enrichir nos connaissances sur un grand nombre d'épices cultivées ici, au Costa Rica. L'histoire de la seule vanille est associée à celle du chocolat. Les Aztèques, et encore avant, les Mayas, agrémentaient de vanille une boisson épaisse à base de cacao, qui était alors destinée aux nobles et aux guerriers, xocoati. Ils ne cultivaient pourtant ni le cacao,, ni la vanille, en raison du climat inadapté. Ces denrées de luxe provenaient des contrées voisines. Ainsi appelaient-ils la vanille, « fleur noire ».


La visite de Villa Vanilla se conclut par une dégustation de produits à base d'épices: thé glacé à la cannelle, gâteau à la vanille de vigne et glace à la cannelle sur cookie au chocolat. Nous goûterons également un breuvage fait d'eau chaude mélangée à de la poudre de cacao pur et de quelques gouttes d'extrait de vanille. Un délice ! L'incontournable passage à la boutique des épices (ci-dessous) permettra aux uns et aux autres d'acheter les produits de leur choix.

Je rencontre Henri Karczynski (en photo ci-dessous), le propriétaire de cette ferme. Allemand de naissance, mais ayant passé sa jeunesse aux Etats-Unis, à Chicago, il est arrivé ici il y a trente ans et a acheté cette propriété. Après avoir travaillé pour plusieurs organisations bénévoles étatiques, il crée cette villa aux épices en 1987. Soucieux de qualité, il développe une agriculture raisonnée et naturelle, obtient le label organique en 1992 puis le label biodynamic en 2000. Pour cultiver la vanille, il n'utilisera qu'un type d'arbre-hôte, en prenant soin de la mêler à d'autres plantes qui peuvent être combinées avec cette épice et la protège notamment des insectes nuisibles. Après avoir subi quelques années climatiques difficiles, Henry acquerra une expérience supplémentaire lui permettant de compléter ses connaissances en matière de sols. Son attention toute entière portera sur la non-utilisation de produits chimiques et l'enrichissement des sols par du compost et par l'utilisation des micro-organismes. Cette agriculture biodynamique, appelée aussi biodynamie, consiste à considérer toute ferme, ou tout domaine agricole comme un être vivant, le plus autonome et le plus diversifié possible avec le moins d'intrants (engrais, amendements, semences ou produits phytosanitaires) possible en ce qui concerne le vivant. Cette méthode encourage des préparations à base de plantes censées activer ou maitriser les forces cosmiques des planètes présentes dans le sol pour soutenir un bon processus végétatif et limiter le développement des parasites. Aujourd'hui, Henry a planté plusieurs variétés d'épices sur son exploitation, ainsi que des arbres fruitiers, des plantes médicinales et des fleurs. La diversité de la flore a apporté la diversité de la faune (oiseaux, singes...). Et de transmettre désormais son savoir aux étudiants, praticiens et aux visiteurs que nous sommes.

INFOS PRATIQUES :
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Villa Vanilla, près de Naranjito (Province de Puntarenas). Tel:(506) 2779 1155. Ouvert du lundi au samedi, avec visites à 9h00 et à 13h00. Entrée : 45 US$. Paiement uniquement en argent liquide. Pour vous y rendre depuis Quepos, prendre la direction de l'hopital/aéroport, puis traverser la route panaméricaine pour prendre une piste sur plusieurs kilomètres. Passer Naranjito, puis continuer 4 kilomètres de plus en suivant les panneaux. Langues parlées:anglais et espagnol. Site internet : http://www.rainforestspices.com/
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Hotel Plaza Yara (sur les hauteurs du village de Quepos. Tel: (506) 2777 4846. Site internet: http://www.hotelplazayara.com/