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La Communauté Indigène des Boruca
(Boruca, Province de Puntarenas, Costa Rica)
Heure locale


Vendredi 23 mai 2014

Notre périple aujourd'hui nous conduit à Uvita, un petit village de la côte Pacifique sud du Costa Rica. Un festival musical, le Best Fest & Envision Festival s'y tient chaque année. Mais l'intérêt de cet endroit (mis à part que ce n'est pas la saison de la migration des baleines avant le mois d'août) est qu'il se trouve à proximité du parc national Marino Ballena. Et qu'il existe, non loin de là, une plage en forme de V renversé formant une queue de baleine. Uvita s'est surtout développé ces six dernières années. Et beaucoup d'expatriés européens et nord-américains sont venus s'y installer, en raison notamment, de la côte des baleines, toute proche. Plusieurs excursions sont disponibles sur place : observation des baleines, cours de surf, plongée... En ce qui nous concerne, nous choisissons de poursuivre notre route jusqu'à la réserve indigène des Borucas, à une heure et demie de route d'Uvita. Jusqu'à Palma Norte, nous suivons la route 34, puis bifurquons pour prendre la route 2, qui nous mène à travers la montagne, tout en longeant la rivière Terraba (en photo ci-dessous), longue de 160 kilomètres de long, qui irrigue 10% du pays. C'est la plus grande rivière du Costa Rica. D'ailleurs, le nom originale de la langue des Borucas, Diquis, signifie « grande rivière ». Celle-ci est le fruit de la rencontre des rivières General et Coto Brus. Dans cette région, les plantations d'ananas occupent près de 11000 hectares dans le bassin de la rivière Terraba et couvrent 21% de la production nationale.

 

Groupe indigène issu de métissages ethniques de la côte Pacifique, les Boruca se localisèrent initialement (5000 à 1000 ans avant notre ère) depuis les rivières Sierpe et Terraba jusqu’à la rivière Chiriqui Viejo au Panama. Ils durent longtemps fuir les maltraitances et les tortures des moines espagnols et se sont répartis sur l'ensemble du territoire face à l'absence de terrains fertiles. Ils forment encore de nos jours un peuple approchant les 2000 individus, principalement concentrés dans le canton de Buenos Aires accessible par la route inter-américaine. Nous nous engageons sur une piste escarpée de huit kilomètres, en pleine montagne, sans rencontrer aucune habitation sur notre route. Puis, nous nous arrêtons dans un magasin de souvenirs tenu par Claudio Fernandez Rojas, un indigène (en photo ci-dessous). Claudio fabrique de nombreux objets dont des flèches et des masques colorés (deuxième photo)


 

A 500 mètres de là , nous découvrons le village de Boruca et ses maisons typiques (ci-dessous). Autrefois, les maisons des Boruca formaient parfois des forteresses composées d'une vingtaine d'habitations munies de deux portes, une à l'est et l'autre à l'ouest. Les murs étaient troués pour probablement laisser passer l'air. Le musée de la communauté indigène des Boruca a le mérite d'exister (car les musées dans ce pays se comptent sur les doigts d'une main) et explique aux visiteurs comment vivaient (et vivent encore aujourd'hui) les habitants. Je découvre ainsi le mode vie de ces indigènes qui sont agriculteurs ou éleveurs de bétail dans leur majorité. Ils parlent le « brunka » (qui signifie « à l'intérieur des cendres »). Cette langue a pour racine le chichab. Le rapprochement avec l'envahisseur espagnol leur permit d'apprendre à communiquer aussi en castillan mais souvent aux dépens de leur propre langue. Seule une poignée d'anciens pratiquent désormais cette langue brunka.


 

Concernant les us et coutumes des Boruca, les femmes portent des vêtements traditionnels à longues manches très amples, faits de coton et aux couleurs naturelles. Les hommes, eux, revêtent le pantalon court et la chemise. Ces vêtements sont fabriqués avec du coton fabriqué et tissé sur place. Les teintes naturelles de ces vêtements font partie du savoir ancestral des Boruca. D'autres objets sont utilisés par ce peuple : la flèche sert ainsi à chasser et est faite en bois de pejibaye. Les masques sont quant à eux taillés dans du bois de cèdre ou de balsa et ne sont utilisés que lors de la fête annuelle des petits diables. Le tambour, également en bois de pejibaye et recouvert de peaux d'animaux sauvages (iguane...) sert à faire de la musique. La jicara est un objet qui sert à la fois de verre, de cuillère, d'assiette, ou de contenant pour recueillir l'eau. Cet objet est fait à partir du fruit de l'arbre du même nom. D'autres objets artisanaux sont couramment confectionnés dont les tissages font partie. Côté alimentation, les Boruca se nourrissent de viande fumée, de divers champignons (champignons des fleurs de certains arbres, mais aussi poussant sur du bois humide, ou brûlé), des plantes vertes poussant le long des rivières et des cœurs de palmier sauvage. Parmi les aliments, on rencontre aussi le maïs et les haricots tendres, souvent accompagnés de viande de montagne. On peut rajouter des boules de farine à base de maïs accompagnées de haricots, ou des boules de riz servies avec de la viande de porc. Les Boruca consomment enfin le palmier des montagnes, et des galettes de maïs cru accompagnées de coco. Les boissons sont variées : on compte plusieurs boissons à base de maïs (tujida, ou à partir de maïs avec levure, de maïs tendre...) ou un breuvage à base de graines de ojoche. Le cacao et le pinolillo font aussi partie des breuvages locaux.


 

Les Boruca fêtent les petits diables chaque année (première photo) du 30 décembre au 2 janvier. A l'arrivée des Espagnols, les Boruca connurent trois règnes : ceux de Quepoa, de Turucaca et de Coctu (qui s'établirent le long du Pacifique, dans les régions centre et sud). Ces périodes historiques leur permirent de disposer d'importantes ressources naturelles, et possédaient une tradition artisanale pour fabriquer des objets en or, et des pierres sphériques (symboles d'identité costaricienne). Les Boruca résistèrent plus que tout autre groupe indigène à la présence espagnole et les combats furent parfois cruels. Cette fête des petits diables est l'occasion de jouer ensemble et d'exécuter la danse du diable, qui représente la colonisation espagnole, les rituels et les combats contre l'envahisseur, dont les démonstrations durent trois jours et trois nuits (un taureau représente d'ailleurs les conquistadors espagnols). C'est à cette occasion que les Indigènes portent les superbes masques colorés (ci-dessous). Ces masques sont indispensables pour la fête et sont confectionnés par des artisans spécialisés. Ils font apparaître des visages grotesques ou d'animaux tous plus effrayants les uns que les autres. L'existence de ces masques remonte à la colonisation espagnole et chaque participant à cette fête annuelle se doit de confectionner son propre masque (dont il se débarrassera à l'issue de la célébration). Durant cette fête (qui est la plus importante fête de ce peuple), les femmes s'occupent de l'organisation et de la cuisine. La Fête des Petits diables est un moment de réjouissances partagés par les Boruca avec d'autres communautés indigènes comme les Bribris, les cabécares et les Terrabas. Les Boruca ont bien sûr leurs rites et leurs croyances : ils avaient autrefois recours aux sacrifices humains et aux offrandes pour leurs dieux. On retrouve aujourd'hui des formes dessinées qui symbolisent tantôt la grenouille pour la pluie, le tigre d'or pour celui qui prend soin des étrangers, et le roi Zopilote qui illustre le Dieu Sibu.


 

 

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