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Musée National du Costa Rica
(San José, Province de San José, Costa Rica)
Heure locale


Vendredi 30 mai 2014

 

J'entame ma dernière journée au Costa Rica en prenant la route pour San José, la capitale. Mon séjour au Trogon Lodge fut délicieux malgré le froid qui sévit en montagne. En basse saison, il y a très peu de monde et c'est peut être la meilleure période pour y passer un séjour. San José et son bruit perpétuel va me changer des chants d'oiseaux, des cris des singes hurleurs ou du croassement des grenouilles.Pour l'heure, je remonte de la vallée dans laquelle le Trogon Lodge se trouvait, sur une petite route. Je dois rester la plupart du temps en première, tant la montée est prononcée. Je redoute aussi de devoir croiser un autre véhicule sur mon chemin. Puis, j'emprunte la route principale pour Cartago, un axe embouteillé par les camions qui se rendent (ou qui viennent) de la capitale. Il me faudra rouler au pas (40 km/heure) un bon moment. L'entrée dans San José fut un grand moment. Je suivais d'abord le livre de bord remis par l'agence de voyages, puis me paumais avant d'atteindre l'hôtel Don Carlos. Un taxi à l'affût, me voyant embêté, me propose de le suivre et de payer sa course. J'accepte volontiers de récompenser ses efforts. A l'arrivée, il me demande....18000 colons (presque 35 dollars). Je ne dispose que d'un billet de 20 dollars et il s'en contentera. A ceux qui se poseraient des questions sur l'honnêteté des taxis, je vous confirme que certains sont des voleurs !

Avant mon départ, j'ai décidé de visiter le musée national du Costa Rica. Ce musée fut créé le 4 mai 1887 sous la présidence de Bernardo Soto Alfaro. Ce président sera tout à la fois fermier, commerçant, avocat, militaire et politicien libérale du pays avant d'accéder au pouvoir. Le musée actuel occupe l'ancienne caserne Bellavista (en photo ci-dessous). Cette caserne disparut lors de l'abolition de l'armée. L'objet du musée national est d'offrir aux visiteurs un regard sur la culture patrimoniale du pays et la nature. Il semble cette fois avoir trouvé son refuge définitif, après avoir été installé successivement à l’université de Saint Thomas (de 1887 à 1896, puis dans les Jardins du labyrinthe (au sud de la capitale, de 1896 à 1903), et enfin dans l'ancien bâtiment d'un lycée (de 1903 à 1949). Avant que ne fut construite la caserne Bellavista, le terrain correspondant servait de lieu de culture de semis pour les plants de café, au milieu du XIX è siècle. L'endroit accueillit d'ailleurs le naturaliste Alexander Von Frantzius, de nationalité allemande, avant que le renversement de Tinoco ne provoque en 1919 l'arrêt des constructions quatre années durant. Puis le réformateur du système éducatif costaricien, Mauro Fernandez. Quelques années plus tard, l'Etat fit l'acquisition du terrain et débuta la construction d'une caserne en 1917 jusqu'au coup d'état perpétré par Federico Tinoco Granados. Les travaux de construction reprirent et se terminèrent durant la présidence de Don Cleto Gonzalez Viquez, président du Costa Rica entre 1906 et 1910, puis de 1928 à 1932. Ce président fera beaucoup pour l'aménagement d'infrastructures dans le pays et la construction d'écoles. Il sera aussi à l'origine de la construction du chemin de fer Pacifico en 1910, du développement des canalisations dans la capitale, de la construction de l'ancienne bibliothèque nationale....


 

La caserne Bellavisra servit de dépôt d'armes et de centre d'entrainement pour les jeunes recrues de l'armée (maniement d'armes, discipline, principes moraux et exercices tactiques), jusqu'à la dissolution de l'armée le 1er décembre 1948. Moins de deux ans plus tard, le musée national s'installait dans la place.

Plusieurs espaces sont aménagés, qui sont consacrés à l'histoire pré-colombienne, l'or indigène, l'histoire de la patrie, la maison coloniale, l'histoire de la transformation de la caserne en musée national, la maison des commandants et la salle des expositions temporaires.

Plus de 800 objets sont ainsi consacrés à l'histoire pré-colombienne. On peut y trouver des pointes de flèches, des colliers, des navires, des sépultures (ci-dessous) et bien d'autres accessoires utilisés lors de cérémonials, mais aussi des céramiques, de l'or, des jades et des restes humains. La galerie nous permet de remonter le temps jusqu'à 12 000 ans avant J.C, pour se terminer il y a 1500 ans, avec l'arrivée des Espagnols au Costa Rica. Les bouleversements économiques, socio-politiques et religieux y sont également étudiés. Il faut dire que l'histoire de ce pays est le fruit d'un passé relativement calme durant lequel le Costa Rica fut d'abord épargné par le grand choc des cultures précolombiennes et espagnoles, qui façonna les nations voisines. Quand Christophe Colomb débarqua sur les côtes d'Amérique centrale en 1502, l'histoire de la région remontait déjà à 10 000 ans. Les population indigènes vivaient de manière isolée des cités impériales peuplées et plus avancées de la Méso-Amérique au nord et des Andes au sud. Ces populations étaient divisées en groupes ethniques, eux-mêmes divisés en tribus rivales dirigées par des caciques (le musée permet d'ailleurs d'admirer une peinture du dernier cacique de Talamanca, ci-dessous) Aucune transmission de documents écrits ne fut par contre laissée par ces tribus.


 

La galerie dédiée à l'or indigène permet aux visiteurs de découvrir la relation étroite entretenue par les Costariciens avec ce précieux métal. On y découvre les techniques mises au point pour le transformer en bijoux ou en ornements, alors symbole de statut. Ce sont les Coribicis, adeptes de l'agriculture de subsistance, qui utilisèrent notamment la technique de la cire perdue pour créer ces ornements en or. L'exposition permet d'admirer des objets représentant des animaux, des figure de chamanes, et des objets décoratifs qui appartinrent à des personnages de haut rang. Ainsi les rois indigènes furent-ils les chefs amérindiens qui régnèrent un temps et portèrent des parures en or.

 

Le musée aborde tout naturellement l'histoire de la patrie, à travers la synthèse du développement du pays, depuis l'arrivée des Espagnols sur le sol costaricien jusqu'à nos jours. Des photographies, des dessins et des objets historiques témoignent de ce que fut l'époque coloniale, puis l'indépendance, mais aussi l'apport économique du café, de la banane et du chemin de fer dans la montée en puissance du Costa Rica. Christophe Colomb débarqua ainsi à Bahia de Cariari sur la côte caraïbe, lors de son quatrième voyage dans le Nouveau Monde. Il y passera 17 jours et ses descriptions des ornements en or portés par les Indigènes sonnera le glas de cette population. En effet, les Conquistadores espagnols, en quête d'or et d'argent, ne tardèrent pas à débarquer à leur tour, mais ne trouveront aucun gisement précieux. La colonisation débuta en 1506 lorsque Ferdinand d'Espagne envoya Diego de Nicuesa s'installer et gouverner la région. Cette expédition, au nord de Panama, sera un désastre car les troupes seront décimées par les maladies tropicales et la guérilla. En 1522, une deuxième expédition débarqua sur place, menée par Gil Gonzalez Davila. Celui-ci explora cette fois la côte Pacifique, en convertissant de nombreux indigènes et en s'emparant d'énormes quantités d'or. C'est pour cela que Davila baptisa l'endroit, « Costa Rica » (Côte riche). Les indigènes furent souvent réduits à l'esclavage, tandis qu'en 1524, Villa Bruselas, première colonie espagnole costaricienne, voyait le jour sur les terres actuelles de Puntarenas. En 1543, la région sera intégrée à la Capitainerie générale du Guatemala, et on avait déjà cartographié bien des plaines. La conquête espagnole était confortée. On envoya alors les Indigènes travailler dans les mines d'or et d'argent au Pérou et au Mexique. D'autres moururent de la variole, de la rougeole, de la grippe ou d'autres maladies européennes transmises par les envahisseurs. C'est Juan Vasquez de Coronado, nommé gouverneur à partir de 1562, qui pénétrera les hautes terres fertiles situés au centre du pays, et y fondera l'actuelle ville de Cartago (alors capitale du Costa Rica). A noter que le pays sera oublié des gouverneurs de la Nouvelle Espagne basés au Mexique, pendant... 250 ans.


 

Dans une autre galerie, le musée national a reconstitué une maison coloniale typique avec sa chambre, et sa salle à manger, d'après une maison du Guanacaste démontée de son lieu d'origine, Las Canas, pour être remontée ici-même (ci-dessous). On peut aussi découvrir les ancienne cellules (troisième photo) de ce qui fut autrefois la caserne Bellavista. Celles-ci laissent encore apparaître les graffitis tracés par les prisonniers dans les années quarante. On peut encore visiter au passage les anciens quartiers sanitaires alors réservés aux troupes. Non loin de là se dresse encore la maison où résidaient les commandants de la caserne : construites entre la fin du XIX è et le début du XX è siècle, elles furent occupées par les premier et second commandants des lieux. La chambre Art déco est de toute beauté (quatrième photo) et montre tout le talent des artistes d'autrefois. Ne manquez surtout pas de visiter cette maison par laquelle on accède grâce à un panneau « Puertas adentro ». D'autres objets précieux sont aussi exposés à l'intérieur de celle-ci. Une salle est enfin consacrée aux expositions temporaires. L'exposition actuelle a pour thème la démocratie et se terminera le 1er juin (vous découvrirez dans l'album de cette visite, en haut à droite de cet article quelques photos tirées de cette exposition).

 

 

Le musée national propose aussi de nombreuses activités éducatives avec ateliers et échanges, mais aussi une bibliothèque Hector Gamboa Paniagua (spécialisée en histoire naturelle, anthropologie, archéologie et histoire nationale). Le visiteur trouvera enfin sur place de nombreuses collections dans les domaines de l'histoire naturelle, de l'archéologie, et de l'histoire. A découvrir absolument.

 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Musée national du Costa Rica, Avenidas Central y Segunda, Plaza de la Democracia, San José : http://www.museocostarica.go.cr/index.php?lang=en_en

     

    ouvert du mardi au samedi, de 8h30 à 16h30, et le dimanche de 9h00 à 16h30. Droit d'entrée (pour les étrangers) : 8 US$. Tel : (506) 2257 1433/ (506) 2257 1434. Prise de photos sans flash.

  • Il n'y a pas de parcours fléché dans ce musée et le plan qui vous est remis à l'entrée ne vous permet pas de vous orienter dans l'exposition. Adressez-vous aux gardiens positionnés ici et là, ils vous aideront volontiers. Dès l'entrée dans le musée, vous pénétrez dans le Jardin aux papillons (prière de refermer les portes derrière vous).

 

 








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