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Le Musée Préfectoral de l'éducation
(Yamagata, Préfecture de Yamagata, Tohoku, Japon)
Heure locale


Jeudi 25 septembre 2014

 

Parmi les musées visités à Yamagata, celui de l'éducation m'a permis de me plonger dans un monde inconnu pour moi : celui du système scolaire japonais. Le musée est abrité à l'intérieur d'une maison en bois de style Renaissance (en photo ci-dessous). Le toit a ceci d'original qu'il est surmonté par une tourelle supportant une horloge. Les fenêtres centrales du premier étage sont encadrées par une véranda de style ancien. Un porche coiffe la porte d'entrée. Il faut franchir l'imposant portail à l'entrée de l'enceinte pour découvrir cette bâtisse largement dissimulée dans la verdure. A l'intérieur, le craquement du plancher sous nos pas rappelle le poids des ans. Je suis accueilli par une jeune fille qui me remet un ticket et me demande de me déchausser à l'entrée. L’histoire de cette maison remonte à 1901, date à laquelle le musée déménagea du centre-ville où il se trouvait pour rejoindre son lieu actuel, qui servait alors de centre de formation des maitres. A partir de 1949, la même demeure sera utilisée comme annexe de l'université de Yamagata, avant d'accueillir, en 1963, la North Senior High School. Dix ans plus tard, l'ensemble sera classé comme bien culturel important. C'est en 1980 que la maison deviendra une fois pour toutes le musée préfectoral actuel, avant d'être désigné comme héritage de la modernisation industrielle par le Ministère de l'économie, du commerce et de l'industrie, en 2008

 

Le musée consiste en une suite de salles (de classe?) situées au rez-de-chaussée et au premier étage du bâtiment. Chaque salle relate une époque ou développe un thème. Je découvre d'entrée l'école privée et son système d'enseignement. J'apprends ainsi que durant la période Edo, il existait plusieurs types d'écoles élémentaires à Yamagata. Plusieurs manuels scolaires d'écoles de samouraïs sont exposés et une reconstitution scénique (ci-dessous) représente des enfants pratiquant la calligraphie dans un temple. Les fils de samouraïs recevaient par exemple une éducation stricte et ce, dès leur plus jeune âge. On les envoyait à l'école dès 7 ans, quand l'enfant était destiné à être samouraï, c'est à dire, lorsqu’il était né d'un parent samouraï. Il n'était pas question d'être gaucher et l'usage de la main droite était obligatoire. L'esprit de corps lui était inculqué très tôt. A l'âge de 10 ans, le jeune samouraï passait douze heures par jour à étudier l'art de la guerre aussi bien que les matières scolaires. La discipline mentale, les bonnes manières et le respect des anciens leur étaient aussi enseignés. Sous la période Edo, compte tenu de la paix régnante dans le pays, un certain nombre de guerriers, parmi lesquels des gens instruits, apporte sa contribution à la culture d'alors : on assiste au développement rapide des écoles et de l'instruction. Apparaissent ainsi, aux côtés des classiques études chinoises, les études nationales (kokugaku) et les études hollandaises (rangaku).


 

C'est bientôt la création d'un système national d'enseignement japonais. En 1871, est fondé le premier ministère de l'éducation, et le Japon affiche de grandes ambitions quant au programme éducatif enseigné. On construit des milliers de nouvelles écoles, de façon à ce que tout enfant d'âge scolaire puisse bénéficier de l'enseignement scolaire. L'exposition montre la maquette de l'école de style occidental et de type choyo, de Tsuruoka. D'autres documents sont également présentés comme cette table de calcul (ci-dessous).


 

L'exposition aborde ensuite l'éducation des enfants de la période Meiji à la période Taisho : à la fin de l'ère Meiji, un cycle d'école primaire de six années deviendra obligatoire pour tous. Les élèves suivront ensuite un cours moyen de quatre ou cinq années ou bien un cycle d'apprentissage pour les garçons, puis un cycle supérieur de trois ans toujours pour les garçons (cycle destiné à préparer l'entrée à l'université). Je découvre ainsi l'uniforme porté par les élèves du court moyen (ci-dessous) mais aussi le rescrit impérial de 1890 qui utilisera le système éducatif de l'époque comme moyen de transmettre son contenu. Ce rescrit, signé par l'empereur Meiji le 30 octobre 1890 était destiné à régir les grands principes éducatifs de l'Empire du Japon. Il sera distribué dans toutes les écoles du pays, avec le portrait de l'empereur. Ce rescrit recommandait alors de promouvoir le bien public et les intérêts communs, de toujours respecter les lois et la Constitution, de faire don de soi à la patrie en cas de péril, et de protéger et maintenir le trône impérial. Le système éducatif était chargé de cultiver les vertus, la loyauté et la piété filiale. Mais après la seconde guerre mondiale, l'occupation américaine interdit ce rescrit dans les écoles nippones et celui- ci sera aboli officiellement par la Diète japonaise le 19 juin 1948.


 

Nous voici maintenant dans une classe d'école, telle qu'elle était au début de l'ère Showa : la scène en photo ci-dessous représente une classe de cours élémentaire. On peut aussi découvrir sur place des matériels de sport, et des manuels destinés à l'enseignement local. Hirohito devient empereur du Japon le 25 décembre 1926 et est désigné comme l'empereur Showa (qui signifie paix rayonnante, mais pas pour tout le monde !). Une nouvelle ère s'ouvre donc et avec elle, une période de guerres et conflits. Le Japon devient expansionniste. Et les influences nationalistes y sont fortes. L'Empire du Japon envahit la Mandchourie (1931), puis la Chine du nord (1934), puis le reste de la Chine (1937). Vient la seconde guerre mondiale : l'Empire nippon signe un accord tripartite avec l'Allemagne (1940), puis attaque Pearl-Harbor (1941). Un an plus tard, en 1942, le Japon poursuit son avancée expansionniste en Asie du Sud-est (Indonésie, Singapour, Hong-Kong, Manille...). Il faudra le largage des bombes atomiques américaines pour que le Japon signe sa reddition inconditionnelle le 2 septembre 1945.


 

Justement, parlons-en de cette deuxième guerre mondiale : l'intensité des combats et les besoins furent tels que les étudiants furent mobilisés pour prendre toute leur part dans la défense de la nation. Certains furent envoyés sur le front, d'autres travaillèrent dans les usines d'armement. On peut ainsi admirer les différents uniformes scolaires de cette époque, uniformes qui varient selon l'âge (et le rôle) de ceux qui les portent. Un film «  la petite nation au combat » est aussi proposé en vidéo dans la salle d'exposition.


 

Lorsque la seconde guerre mondiale s'achève en août 1945, les cours reprennent dans les écoles. Les élèves suivent alors un cycle de 9 ans d'école élémentaire. On développe dans le même temps l'éducation des enfants dans les coins les plus reculés, un enseignement spécifique est offert aux personnes souffrant d'un handicap et l'enseignement social est considérablement renforcé. Après les pays occidentaux, c'est au tour du Japon de mettre au point un programme de formation des maitres à la hauteur de cette ère nouvelle. Si le système éducatif nippon fut créé dès le début de l'ère Meiji en s'inspirant du modèle anglo-saxon, il sera déconnecté des instances aristocratique et religieuses pour se mettre au service de l'Etat. Le nouveau régime avait alors besoin de main-d'oeuvre qualifiée, d'un vaste corps de techniciens et d'une classe dirigeante issue des universités impériales. Désormais, l'éducation japonaise est caractérisée par une sélection importante des élèves avec des concours et la cohabitation de systèmes publics et privés. L'ensemble est géré par le Ministère japonais de l'éducation, de la culture, des sports, des sciences et de la technologie. Les collectivités locales gèrent quant à elles l'aspect matériel, humain (effectifs, inscriptions, services aux élèves et aux professeurs) et pédagogique (inspection, application des programmes) des établissements scolaires. Les préfectures s'occupent quant à elles tout particulièrement des lycées publics, des écoles spécialisées et des établissements privés tandis que le suivi des écoles maternelles, primaires et secondaires de premier cycle (collèges) est du ressort des communes.

L'année scolaire débute le 1er avril et les cours ont lieu du lundi au vendredi (ou samedi, suivant les écoles). L'année est découpée en deux ou trois périodes, séparées par de courtes vacances au printemps et en hiver, avec une interruption de six semaines en été. Dieu merci, on est bien du système éducatif français, où Papa porte une robe !

 

 

INFOS PRATIQUES :

 


  • Musée Préfectoral de l'éducation de Yamagata, 2-2-8 Midori-cho, à Yamagata. Tel : 023 642 4397. Ouvert tous les jours (sauf le lundi) de 9h00 à 16h30. Entrée : 150 yens. Site internet : http://www.yamagata-museum.jp/





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