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La Statue du "Grand Seigneur qui observe"
(Sendai, Préfecture de Miyagi, Tohoku, Japon)
Heure locale


Lundi 29 septembre 2014

 

Poursuivant ma découverte de la région du Tohoku, je m'arrête aujourd'hui à Sendai (Préfecture de Miyagi), où se trouve la statue du « grand Seigneur qui observe », laquelle domine la ville de ses cent mètres de haut. J'avais déjà aperçu cette statue depuis le shinkansen lorsque je traversais Sendai pour me rendre plus au nord, à Shin-Aomori, et me demandais bien de quoi il s'agissait. Après information, il me faudra emprunter le bus 901, depuis la gare de Sendai, pour me rendre sur place. Trente minutes et 400 yens seront nécessaires pour ce voyage. Celui qu'on surnomme le bodhisattva Avalokiteshvara (ou Kan'non, en japonais) est peut être le grand bodhisattva le plus vénéré et le plus populaire parmi les bouddhistes du Grand véhicule (bouddhisme mahayana). Si je lis la brochure qu'on m'a remise et les neuf lignes qui figurent en anglais, la bénédiction de Kannon Bosatsu (qui est représenté par la gigantesque statue, ci-dessous en photo) tient Nyoihouju dans sa main droite et fait un vœu. Dans l'autre main, elle tient une jarre remplie d'eau, l'eau de la Sagesse. Elle protège les hommes depuis ses cent mètres de haut. Pourquoi cent mètres ? Peut être parce que ce monument fut bâti en 1991 pour commémorer le centième anniversaire de la fondation de la ville.


 

L'entrée se trouve au pied de la grande statue et ressemble à une bouche de dragon. A l'intérieur, on découvre une maquette du monument en coupe, qui explique la construction de l'ensemble avec ses douze étages. Un ascenseur conduit les visiteurs du deuxième au douzième étage (c'est à dire au niveau de la poitrine de la statue) car on ne peut guère monter plus haut. On peut aussi faire le choix de grimper les douze étages à pied mais en ce qui me concerne, j'ai préféré les redescendre. La construction est impressionnante et a coûté à l'époque quelques 40 millions de yens. Les dames du bureau d'accueil m'expliquent que ces douze étages permettent d'observer 108 bouddhas, qui sont répartis sur chaque étage comme le montre la photo (ci-dessous).


 

Au rez-de-chaussée, se trouvent 33 dieux car on dit que Kannon-Bosatsu aurait pris trente-trois formes humaines différentes lors de ses apparitions. On le voit effectivement prendre différentes poses (ci-dessous). Au Japon, on compte effectivement pas moins de trente-trois formes de Kannon qui ont donné lieu à l'un des pèlerinages les plus célèbres du pays. Parmi ces trente-trois formes, six sont particulièrement connues et correspondent au six mondes du Kamaloka. On trouve Sho Kannon, qui est la forme pincipale avec un lotus à la main, puis Juichimen Kannon, qui représente Avalokitesvare à onze têtes, Senju Kannon (Avalokitesvara aux mille bras), Nyoirin Kannon (Avalokitesvara à la roue de joyau qui satisfait tous les désirs), Juntei Kannon (la « pure » ou, pour le tendai, Fukukensaku Kannon, ou Avalokitesvara au lacet « celle qui pêche les humains pour les emmener à l'éveil »), et Bato Kannon, représenté avec une tête de cheval dans la coiffure, parfois considérée comme la forme irritée du bodhisattva Bikuchi « Celle qui fronce les sourcils ».


 

Parmi ces trente-trois représentations, se trouvent également douze autres statues (ci-dessous) représentant chacune les douze signes du zodiaque chinois. Ces gardiens ont reçu les enseignements de Bouddha et sont les incarnations divines des phénomènes naturels. On les appelle Tenbu en japonais. Ces gardiens aux visages effrayants portent pagodes et tonnerre et foulent au pied les démons. Chaque dieu a sa propre mission dont le rôle principal est de protéger le bouddhisme. Ils correspondent à douze animaux (le rat, le bœuf, le tigre, le lièvre, le dragon, le serpent, le cheval, le mouton, le singe, le coq, le chien et le sanglier). Au cours du XX è siècle, ces douze animaux-signes ont été adoptés dans la culture populaire de nombreux pays et le Japon ne fait pas exception. Les visiteurs peuvent ainsi se procurer des cartes (O-mamori) à l'emblème des douze animaux, qui apportent bonne fortune et protection (deuxième photo). Il existe une légende sur la façon dont ces animaux furent choisis et comment fut déterminé leur ordre. Le plus souvent, la sélection a lieu par le biais d'une course sous l'égide de l'Empereur de jade, chef des dieux, ou du Bouddha. Parfois, c'est le porc qui arbitre la course, mais les incidents se multiplient du fait de son incompétence. Voici donc l'anecdote la plus connue : la course s'achevant par la traversée d'une rivière, le bœuf, bon prince, aurait accepté de transporter le rat entre ses cornes. Mais au moment de toucher la rive, celui-ci sauta à terre, devançant le bœuf. Il devint ainsi le premier signe. L'absence du chat serait du à la malice de son ami le rat, que l'Empereur de jade avait chargé de convoquer les animaux pour la sélection des signes du zodiaque. Trompé par le rat, le chat entra dans une colère et ces deux-là sont depuis devenus des ennemis naturels. De son côté, le porc avait convaincu l'Empereur de jade de le choisir pour juger de la valeur des différents animaux. Il commença par faire enrager le tigre et le lion en les plaçant derrière le rat et le bœuf. Cela fit un tel scandale qu'il fallut les apaiser. Le singe dessina alors sur le front du tigre le caractère roi, qu'il porte toujours, pour lui confirmer son titre de souverain des animaux terrestres. Quant au dragon, le coq, qui à l'époque portait des cornes, les lui offrit en guise de couronne et il fut ainsi consacré roi des animaux aquatiques. Mais le lièvre avait, de son côté, un culot imbattable. Il sortit soudain des rangs pour défier le dragon à la course. Le dragon ne se défila pas. Nos deux adversaires couraient de front lorsque soudain, le lièvre se dirigea vers un bois. Les nouvelles cornes se prirent alors dans les branches des arbres, lui faisant perdre la course. Du coup, il blâma le coq, lequel, vexé, exigea la restitution de son cadeau. Le dragon lui rétorqua qu'il lui rendrait ses cornes lorsque le soleil se lèverait à l'ouest, et c'est pourquoi, depuis ce jour, le coq supplie le soleil, en chantant tous les matins, de se lever de ce côté. Le lièvre devait quant à lui sa rapidité en partie au chien qui lui avait conseillé de couper sa queue autrefois longue. Après sa victoire sur le dragon, le chien vint le féliciter, attendant des remerciements. Mais le lièvre lui dénia tout crédit dans sa victoire. Furieux, le chien le mordit et il fut placé en queue de la série en guise de punition. Quant au porc, il avait achevé le classement des animaux et s'inscrivit lui-même en tête puis alla porter sa liste à l'Empereur de jade, pour approbation. Le dieu ayant eu vent des incidents le dégrada à la dernière place.


 

En arrivant au douzième étage, j'observe une sorte de sanctuaire (ci-dessous en photo). En regardant par les vitres, j'aperçois une vue panoramique de la ville de Sendai (deuxième photo). Il est temps pour moi de redescendre et je choisis pour cela les escaliers. Je mettrai un quart d'heure seulement pour atteindre le rez-de-chaussée mais je ne m'arrêterai pas à chaque étage pour admirer les 108 statues de bouddhas. Du haut, la cage d'escalier est impressionnante (troisième photo). Dehors, derrière la statue, on trouve un petit temple où l'on trouve une image rare de Bouddha, Daikoku-sama, dans l'enceinte du temple. Ce dieu comblera vos désirs, tout particulièrement concernant la vie amoureuse. A vous d'essayer !


 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Statue du Grand Seigneur qui observe, Sanezawa Nakayama Minami 31-36, Izumiku, à Sendai. Tel:022 278 3331. Ouvert tous les jours de 10h00 à 16h00. Entrée : 500 yens. Pour vous y rendre, depuis la gare JR de Sendai, prendre la sortie ouest de la gare pour trouver la gare des bus, puis attendre le bus 901 à l'arrêt N°14. Descendre à l'arrêt se trouvant au pied de la grande statue. Prix : 400 yens. Site internet : http://www.daikannon.com/










 



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