Lundi 27 octobre 2014
E viva Espana ! Me voici arrivé à Séville (Andalousie) en ce début d'après-midi. Quel changement avec le froid que j'ai quitté ce matin à Paris aux alentours de cinq heures...J'ai, une fois de plus, voyagé dans les meilleures conditions à bord d'Air France pour me rendre à Madrid. Durant le vol, je fis la connaissance de Mr Hattori, qui possède une école de cuisine à Tokyo et qui va donner des cours dans la péninsule ibérique pendant quelques jours, avant de poursuivre son périple outre-atlantique. Nous échangeâmes quelques mots en japonais et en anglais. Et poursuivrons en principe notre conversation à Tokyo, lors de mon prochain passage dans la capitale nippone.
Mon arrivée à l'aéroport Las Barajas me parut cette fois moins laborieuse que lorsque je me rendis, en mai dernier, au Costa Rica avec France. En attendant de récupérer mon bagage de soute, je rencontrai un groupe de Québécois arrivant tout juste de la joyeuse province, afin d'effectuer aussi un séjour sur place. J'ai décidé d'éviter les compagnies à bas coûts , d'emprunter Air France jusqu'à Madrid , puis de prendre le train jusqu'à Séville. Pour me rendre à la gare d'Atocha (Madrid) depuis l'aéroport, il me faudra emprunter l'autobus « Aeropuerto Express » (il y en a un toutes les dix minutes). Le trajet ne prend qu'une demi-heure et me dépose devant la gare (station terminus de cet autobus). C'est la première fois que je vais emprunter le rail espagnol pour me déplacer. La gare d'Atocha paraît immense et est construite sur plusieurs niveaux. C'est l'une des deux gares terminus du réseau de la Renfe (chemins de fer espagnols) à Madrid, mais aussi la plus grande gare d'Espagne. Elle accueille à la fois les grandes lignes (desserte du grand Sud, de l'Est et du nord-est), les lignes internationales (vers la France) et les lignes de banlieue (desserte du sud-est de l’agglomération madrilène). Il m'arrivera, à plusieurs reprises, de demander mon chemin, et je ne rencontrerai que des gens fort sympathiques. Il me faut tout d'abord me rendre au bureau de renseignements pour savoir où me procurer un billet de train. Puis, faire la queue : dans la salle des guichets (qui jouxte le bureau d’information) se trouve un distributeur de tickets et chaque visiteur est prié d'en prendre un (A000 pour les billets qui concernent des voyages dans les jours à venir et B000 pour les billets utilisés le jour-même). Il faut ensuite surveiller attentivement l'écran qui indique le bon guichet par rapport au numéro du ticket. C'est tout bête, mais c'est long. J’attendrai ainsi une bonne demi-heure mon tour. Et m'en tirerai pour près de ...80€ pour un billet simple de deuxième classe pour Séville. Pas donné le train espagnol ! Tout comme chez nous, il existe pourtant une multitude de tarifs variables selon les horaires : billet promo, promo +, flexible, sans compter d'autres réductions sur les billets aller-retour (c'est bête, je n'ai besoin cette fois que d'un billet aller!), billets enfants (j'ai de loin dépassé la limite d'âge), tarif Turista + ( mais de quelle turista parle t-on exactement?), Bono AVE, Carte dorée (trop chic pour moi), carte jeune et Carré jeune (trop tard!), famille nombreuse (pas mon truc!), tarifs de groupes (mince, je suis tout seul), tarifs congrès et fêtes (je ne rentre pas dans ce cadre) ou Passeport Espagne (pas intéressant pour moi). Il me faudra ensuite monter à l'étage supérieur pour passer au contrôle des bagages (rayons X) avant de pouvoir atteindre une grande salle d'attente qui dessert tous les quais des grandes lignes. Depuis les attentats, tous les bagages sont ainsi contrôlés avant l'accès aux trains. Comme en France, on ne connait le quai du train que vingt minutes avant le départ. Ici, point de compostage, mais, comme dans les aéroports, un coup de pistolet à codes barre et hop ! On peut descendre sur le quai. En Espagne, lorsqu'on emprunte un AVE (l'équivalent de notre TGV), on ne peut pas transporter plus de trois bagages (d'un poids total de ...25 kilos). C'est marqué sur le billet. Je m'en inquiète auprès du guichetier. Celui-ci me rassure en m'informant qu'il n'y a pas de contrôle de pois des bagages, mais tout de même...

La Renfe (l'équivalent de notre SNCF) fut créée le 24 janvier 1941 et est, un peu comme dans notre pays, le fruit de la nationalisation des compagnies privées et de la création du réseau national des chemins de fer espagnols. Tout comme en France, depuis 2005, la Renfe ne gère plus l'infrastructure ferroviaire. C'est une autre société, l'ADIF, qui s'en charge. Cela n'empêche pas la compagnie ferroviaire d'embaucher plus de 31000 personnes, pour exploiter un réseau de presque 12000 kilomètres, dont six lignes à grande vitesse vitesse (AVE, dont on voit un train sur la photo ci-dessus). L'AVE est un train confortable, mais un peu tristounet (tout est en gris comme sur la photo ci-dessous). Mon train partira à l'heure (à la minute près). Peu après le départ, des informations sur la Renfe seront données aux passagers grâce à des écrans TV répartis dans la voiture. Plus tard, un film sera proposé pour la durée du trajet. Une hôtesse passera d'ailleurs nous offrir un écouteur, avec lequel on peut également écouter cinq chaines de radio ou de musique. Des ventes à la place seront effectuées à deux reprises durant les 2h30 du parcours entre Madrid et Séville. Contrairement aux trains français, cet AGV, qui est un train AVE Talgo S-102, ne s'arrêtera qu'une fois, à Cordoue, tout en traversant plusieurs autres gares. A l'extrémité de la voiture, un écran affiche l'heure, le numéro du train, sa destination, et la vitesse (celle-ci oscillera entre 180 et 300 km/heure, pour une vitesse moyenne de 270 km/heure). L'espace disponible entre les sièges de la classe Turista (seconde classe) est plus généreux que sur nos TGV. Une grande tablette est aussi à la disposition de chaque voyageu, ainsi qu'une prise de courant par siège.

Tout au long de ce voyage, j'admirerai les paysages qui défilent sous mes yeux : notre train va quitter Madrid en direction de Tolède, Ciudad Real, Puertollano, et Cordoue. Nous traverserons d'abord la meseta, qui représente presque la moitié de la superficie de l'Espagne avec ses 210000 km2. Elle est l'unité de relief la plus ancienne de la péninsule Ibérique et est constituée par un haut-plateau, entourée de plusieurs chaines de montagnes, dont, au sud, la Sierra Morena que nous franchirons plus tard. La meseta est par ailleurs, arrosée par plusieurs fleuves, comme le Tage, le Duero et le Guadiana. Ces fleuves ont permis le développement de l'agriculture et de l'élevage ovin.

A un moment donné, je note une nette diminution de la vitesse de notre AVE. Celui-ci entame un longue côte tracée à travers la Sierra Morena : chaine de montagne du sud, cette dernière sépare la Meseta de la vallée du Guadalquivir, un autre fleuve d'importance en Espagne. Et s'étend, d'est en ouest, sur 450 kilomètres. Son plut haut sommet, la Banuela, culmine à 1332 mètres. Deux autres pics dominent également, Corral de Borros (1312 mètres) et le col de l'étoile (1298 mètres). Cette Sierra Morena reste dans l'esprit des Espagnols synonyme d'un territoire où sévissaient autrefois bandits et serpent géant. On retrouve les traces de ces mythes dans la littérature.

Deux heures trente après avoir quitté Madrid-Atocha, j'arrive à la gare de Séville-Santa Justa (ci-dessous). Située au centre-ville, au nord du centre historique, c'est une gare moderne et propre (comme d'ailleurs, Madrid). L'idée de faciliter l'accès à l'Andalousie par un train à grande vitesse faisait partie des priorités du gouvernement espagnol dès 1986. On décida alors de construire cette ligne rapide Madrid-Séville en utilisant des voies d'écartement international pour permettre la circulation de trains à grande vitesse. Projetée par les architectes Antonio Cruz Villalon et Antonio Ortiz Garcia, cette ligne fut construite entre 1987 et 1991, avec, pour optique, son ouverture à l'occasion de l'Exposition universelle de 1992 (celle-ci fut inaugurée le 2 mai). Pourquoi Sévilla San Justa ? La gare doit son nom à Sainte Juste, la protectrice de la Cathédrale de Séville et de la Giralda. Juste et Rufine furent jadis deux sœurs nées à Séville respectivement en 268 et en 270, et décédées toutes les deux en 287. De famille modeste, elles possédaient de fortes convictions chrétiennes et devinrent potières. Vivant sous la domination de l'Empire romain, elles dédiaient leur temps à apporter à autrui la connaissance de l'Evangile. Lors de la fête annuelle servant à commémorer la mort d'Adonis, les païens parcouraient les rues pour demander l'aumône dans le but de financer cette cérémonie. Les deux sœurs refusèrent de donner de l'argent car cela ne relevait pas de leur foi. Puis réduisirent en miettes une représentation de la déesse, provoquant ainsi la colère de ses fidèles qui se jetèrent sur les deux filles. Le préfet de Séville les fit emprisonner et exigea qu'elles abandonnent leurs croyances chrétiennes sous peine de subir le martyre. Les deux sœurs persistant dans leur refus de se soumettre, furent écartelées sur un chevalet (instrument de torture) avant d'être torturées avec des crochets de fer. Malgré cela, les deux filles ne renièrent pas leur foi chrétienne. Devant leur résistance à la torture, le préfet les enferma dans un cachot, sans eau ni nourriture, puis les fit marcher pieds nus jusqu'à la Sierra Morena, mais nos deux sœurs survécurent à ces épreuves. Enfermées à nouveau, la première des deux sœurs à mourir de faim et de soif, fut Juste. Son corps fut jeté dans un puits avant d'être repêché par l'évêque Sabino. Rufine, elle, sera jetée en pâture aux lions dans les arènes. On dit que les lions s'approchèrent d'elle et léchèrent ses vêtements, sans la dévorer. Fou de rage, le préfet la fit alors égorger et brûla son corps. L'évêque Sabino récupéra ensuite ses restes et les enterra près de ceux de sa sœur. Les deux sœurs furent plus tard canonisées et devinrent patronnes de la ville de Séville et des corporations des potiers et des faïenciers . On dit qu'elles protégèrent la cité des séismes de 1504, 1655 et 1755.
Levé très tôt ce matin, il me tardait d'arriver à mon hôtel, situé à un petit quart d'heure de marche de la gare Sainte Juste. Un peu de repos me fera du bien avant d'entamer une longue visite de la plus grande ville de l'Andalousie.
INFOS PRATIQUES :
- Pour se rendre à la gare d'Atocha depuis l'aéroport, emprunter la ligne de bus « Aeropuerto Express » (ligne 203). Durée du trajet : 30 minutes. Prix du billet : 5 €.
-
Site internet de la Renfe :http://www.renfe.com/
-
Hotel Dona Blanca, 14 Plaza Padre Jeronimo de Cordoba, à Séville. Tel : (+34) 954 50 13 73. Accueil de Luis fort sympathique. Charmant petit hôtel propre et bien situé dans la vieille ville, à deux pas des curiosités touristiques. Chambre double du rez-de-chaussée bruyante. Accès internet parfois défectueux, et plus ou moins aléatoire le soir. Site internet : http://www.donablanca.com/
-
Restaurant El Rinconcillo, Gerona 40, Alhondiga 2, 41003 Séville. Tel : 954 223 183. L'endroit existe depuis 350 ans et est remarquable pour son architecture ancienne. Pour le reste, arrêtez-vous y prendre un verre, sans plus. L'accueil n'y est pas formidable, le sourire du serveur, indécelable, mais la note salée. A déconseiller. Site internet : http://fr.elrinconcillo.es/