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Tokaïdo, la Route de la Mer de l'Est- Kawasaki, Kanagawa, Hodogaya et Totsuka
(Japon)
Heure locale


Jeudi 19 février 2015

 

Poursuivons la route de la Mer de l'est que j'ai emprunté depuis Tokyo il y a quelques semaines. Je me rends donc à la deuxième station de ce parcours, Kawasaki. J'ai le plus grand mal à trouver des informations en anglais concernant cette route mythique. Il me faudra faire avec. Kawasaki fut établie en tant que station en 1623 par Hasegawa Nagatsuna, un officiel local. Et elle sera la dernière construite sur le Tokaïdo. Située alors tout près du célèbre temple bouddhiste Kawasaki Daishi, elle autorisait les voyageurs à venir y prier. L'endroit porte le nom informel du Heiken-ji et fut fondé en 1128. Il sert de siège pour la secte Chisan de l'école bouddhiste Shingon. Ce temple attire un nombre important de visiteurs à l'occasion du nouvel An (lors de l'hatsumode, première visite au sanctuaire shinto ou au temple bouddhiste du nouvel An japonais). En 2006, on compta ainsi près de trois millions de visiteurs, soit la troisième plus grande fréquentation au Japon (et la plus importante de la Préfecture de Kanagawa).

L'estampe ukiyo-e ci-dessous est d'Ando Hiroshige et montre des voyageurs dans une barge en train de traverser la rivière Tama-gawa, tandis que d'autres clients attendent sur la rive. Cet important cours d'eau qui traverse une partie de Tokyo, prend sa source sur le Mont Kasadori à Enzan (Préfecture de Yamanashi). Puis il se déverse dans la partie est de la capitale pour former le lac Okutama, à l'endroit où se trouve le barrage Ogochi. C'est à partir de cet endroit que la rivière prend le nom de Tama, avant de couler au sud jusqu'à la baie de Tokyo. Son embouchure se trouve à la frontière entre Ota-ku (Tokyo) et la ville de Kawasaki. Durant la période Edo, les frères Tamagawa offrirent de construire une voie d'eau, la Tamagawa Josui, pour détourner de l'eau de la rivière à partir d'Hamura, l'apporter à Edo et fournir ainsi de l'eau potable aux habitants de la capitale. Long de 43 kilomètres, cet aqueduc fut érigé sous le shogunat Tokugawa. Son rôle était non seulement d'offrir de l'eau aux habitants mais également d'approvisionner en eau Edo qui subissait de fréquents incendies. Le précieux liquide irriguait enfin les fermes des villages alentours. Sa construction commença en 1653, un an avant la conspiration d'incendie volontaire de Bekko Shoemon (la tentative de Bekko, qui se trouvait alors à la tête d'un groupe de ronin, fut déjouée à temps). Il fallut 18 mois pour achever la construction de cet ouvrage d'art. A noter que les deux ingénieurs chargés de mener à bien les travaux étaient...de simples paysans. Ils seront largement récompensés par l'octroi du nom de famille Tamagawa, et seront nommés gestionnaires de l'aqueduc.


 

A Kawasaki, se trouve le minuscule musée Isago no Sato, qui offre de voir plusieurs estampes japonaises. Il m'est malheureusement impossible d'y prendre des photographies. A deux pas de là, un autre musée, plus grand, Tokaïdo Kawasaki Shuku Koryukan, propose aux visiteurs d'en apprendre un peu plus sur l’histoire et la culture de la fameuse route Tokaïdo qui traverse Kawasaki. Beaucoup de documents brûlèrent lors des bombardements de la seconde guerre mondiale mais on peut encore admirer ukiyo-e, plans, animations et documents divers expliquant comment les Japonais se déplaçaient à l'époque Edo (1er étage), une maquette virtuelle de la route Tokaîdo (sur laquelle se trouve ce musée) et autres photographies. Au rez-de-chaussée, on peut admirer la reconstitution d'une maison typique, Mannen-ya, qui servait autrefois au repos des voyageurs. Le deuxième étage permet de découvrir divers aspects de Kawasaki, mais aussi les différentes personnalités qui animèrent alors la cité, et ce qu'est devenue la ville de nos jours (avec, entre autres, des vues aériennes sur grand écran tactile). Une partie de cet étage est enfin consacrée à la présentation d'ukiyo-e. Je me promène le long du Tokaïdo, désormais goudronné, mais n'aperçois aucun bâtiment ancien. Dommage ! Kawasaki a bien changé, prise en sandwich entre les villes de Tokyo et de Yokohama. A elles trois, l'ensemble forme la plus grande agglomération urbaine du monde. Huitième plus grande ville nippone, Kawasaki donne l'image d'une ville sans personnalité, elle qui fut jadis traversée par un axe majeur.


 

La station suivante est Kanagawa, troisième station du Tokaido. Celle-ci se trouve dans la ville de Yokohama, deuxième ville japonaise (après Tokyo), qui doit son développement à l'importante activité de son port et à ses contacts avec l'étranger avant la période d’isolationnisme qui sera bientôt imposée par le Shogunat Tokugawa. Là, se constitueront plusieurs communautés étrangères (dont des Chinois). Aujourd'hui, importations de matières premières et exportations de produits finis et de soie animent le port, qui accueille également un nombre important de passagers. Yokohama possède enfin un foyer d'industrie lourde (sidérurgie, industries automobile et navale). Il y a très longtemps, la ville actuelle ne formait qu' un village isolé de la colline de Tama, soumis au sakoku (dictature militaire féodale) lors de la politique isolationniste imposée de 1641 à 1853 par Iemitsu Tokugawa.Il faudra attendre 1859 et le fameux traité de commerce et de navigation signé entre le Japon et les Etats-Unis pour que le port se développe et donne à Yokohama la place qu'elle occupe de nos jours. Son centre-ville, lui, prendra forme autour du quartier de Kannai (non loin du port). La station de Kanagawa, elle, verra disparaître bien des éléments historiques lors du séisme de 1923 dans le Kanto, mais aussi durant les bombardements de la seconde guerre mondiale. L'estampe ci-dessus représente Kanagawa-juku dans les années 1830, alors établie non loin du port de Kanagawa. L'endroit devra sa prospérité au fait de se trouver sur la route qu'empruntaient les marchandises en direction de la Province de Sagami. Pour la petite histoire, cet endroit avait été choisi pour installer le port, mais c'est finalement sur la rive opposée que ce dernier sera établi. Une ville, Kanagawa, naitra en 1889 lors de l'ouverture du pays au commerce international, mais fusionnera avec sa voisine Yokohama, en 1901. A Yokohama, une foule d'attractions attend les visiteurs mais je choisis tout simplement de visiter le navire-école Nippon-Maru (deuxième photo ci-dessus). Pas de chance, le navire est actuellement fermé pour travaux et ne rouvrira qu'à la fin du mois. Le « Nippon-Maru » fut bâti en 1930 pour servir de bateau-école aux cadets de la Marine japonaise. En 54 ans de bons et loyaux services, le navire permettra l'entrainement de 11500 élèves, jusqu'à la mise à la retraite du grand voilier en 1984. Durant sa carrière, le navire parcourra 1 830 000 de kilomètres (soit 45,5 fois le tour de la Terre). Il sera mis sous la tutelle de la ville en 1984 puis ouvrira ses portes au public un an plus tard. Il sert désormais de lieu d'exposition et de centre éducatif pour étudiants. Juste à côté, se trouve le Musée portuaire, premier musée traitant du port de Yokohama. Ouvert à l'origine dès 1989, celui-ci fut complètement refait en avril 2009 et offre désormais une exposition permanente sur l'histoire du port mais aussi expositions temporaires, conférences et ateliers scolaires.


 

Quatrième station du Tokaïdo, Hodogaya-juku est, elle aussi, située dans la ville de Yokohama. Elle fut fondée en 1601, et était à l'époque la station la plus à l'ouest de la Province de Musashi, sous la période Edo. On y trouve une statue en pierre de Bouddha que les voyageurs pouvaient implorer pour assurer leur sécurité pendant leur parcours du Tokaïdo. L'estampe d'Ando Hiroshige, ci-dessus en photo, et datant de 1831-1834, représente un pont sur un ruisseau, avec deux serviteurs qui portent un kago fermé, vers un village sur l'autre rive. Auprès du pont, se trouve un restaurant de soba (nouilles) avec des serveuses invitant les voyageurs à entrer. A noter que le kago était une sorte de chaise à porteurs japonaise, qui formait une logette de bambous tressés portée par deux hommes à l'aide d'une perche unique. Ce moyen de transport, plus rustique, plus léger et moins coûteux qu'un palanquin, était très populaire durant l'ère Edo.

La cinquième station, Totsuka-juku, était quant à elle la station la plus à l'est de la Province de Sagami. Elle se trouvait à une journée de voyage de Nihonbashi et servait habituellement de lieu de repos pour les voyageurs au début de leur parcours et la plus grande station après Odawara-juku. Elle possédait en effet deux honjin (auberge destinée aux fonctionnaires d'Etat lorsqu'ils voyageaient sur les routes), dont une appartenait à la famille Sawabe et l'autre à la famille Uchida. La station avait enfin l'avantage de se trouver à l'intersection des grand'routes de Kamakura et d'Atsugi. A l'époque, on appelait Kamakura Kaido un grand nombre de routes construites durant l'époque de Kamakura, routes qui convergeaient toutes vers la capitale militaire qu'était Kamakura en ce temps-là. Plus généralement, ce terme fut créé sous l'ère Edo pour désigner n'importe quelle route se dirigeant vers Kamakura (nouvelle capitale du Japon instaurée en 1192 par le shogun Minamoto no Yoritomo). Ainsi le Tokaïdo (route de la Mer de l'est) est-il considéré comme un Kamakura Kaido. Je ne l'ai pas vu de mes propres yeux mais il semblerait qu'il existe encore une borne de distance à Shinano-cho et à Totsuka-cho. Cette station du Tokaïdo connut des frayeurs durant le Bakumatsu (période s'étalant de 1853 à 1868) lorsque le commodore Matthew C.Perry arriva au port d'Uraga (ancienne ville portuaire stratégique située à l'entrée de la baie de Tokyo) avec ses bateaux noirs, le 8 juillet 1853. Les habitants, effrayés à la vue de ces navires s'enfuirent à Totsuka-juku.

L'estampe ukiyo-e ci-dessous montre un voyageur qui descend de cheval pour entrer dans une maison de thé. On aperçoit en arrière-plan un pont de bois qui mène, par-dessus un ruisseau, vers ce qui ressemble à un village.


 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Musée Isago no Sato, 1-4-10 Isago, Kawasaki-ku, à Kawasaki. Ouvert du lundi au samedi, de 10h00 à 17h00. Entrée libre. Tel : 044-222-0310. Prise de photos interdite.Site internet : http://kawasaki-isagonosato.jimdo.com/

  • Musée Tokaido Kawasaki Shuku Koryukan, 1-8-4 Honcho, Kawasaki-ku, à Kawasaki. Tel : 044- 280- 7321. Ouvert tous les jours (sauf le lundi) de 9h00 à 17h00. Entrée libre. Photos autorisées (excepté au 2è étage). Site internet : http://kawasakishuku.jp/

  • Kawasaki City Tourist Association, 66-20 Horikawa-cho, Saiwai-ku, Kawasaki-shi. Tel : 044 544 8229. Site internet de la ville de Kawasaki: http://www.city.kawasaki.jp/

  • Office de tourisme de Yokohama : http://www.yokohamajapan.com/

  • Navire-école Nippon-Maru, 2-1-1 Minato Mirai, Nishi-ku, à Yokohama (dans le parc mémorial Nippon Maru, dans le quartier de Minato Mirai 21, et à cinq minutes à pied de la gare JR Sakuragicho). Tèl : 045 221 0280. Ouvert de 10h00 à 17h00, tous les jours (sauf le lundi). Entrée : 600 yens. Le ticket permet l'accès au bateau-école, au musée portuaire voisin de Yokohama et à la bibliothèque. Site internet : http://nippon-maru.or.jp/

  • Site touristique officiel de la Préfecture de Kanagawa : http://www.kanagawa-kankou.or.jp/index.php











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