Revoir le globe
Top


Sauveterre de Béarn
(Pyrénées Atlantiques, France)
Heure locale

 

Samedi 23 mai 2015

 

Découvrons ensemble l'un des plus beaux paysages de France, Sauveterre de Béarn. Cette cité que Léon Bérard, académicien et maire de cette cité dans les années trente, surnommait la « perle du Béarn ». Cette terre a été façonnée par les légendes, mais fut aussi un camp retranché, puissamment défendue par ses murs de pierres. La cité contribuera ainsi à arracher et maintenir la souveraineté et l'indépendance du Pays de Béarn. Située aux portes de l'Espagne et au pied des Pyrénées, Sauveterre de Béarn est bâtie de façon pittoresque. Durant les X ème et XI ème siècles, elle fut un lieu de passage pour les pèlerins qui trouvaient l'hospitalité et le couvert auprès des divers couvents.

La commune est arrosée par le gave d'Oloron (ci-dessous), affluent du gave de Pau. Et son nom signifie « la terre qui sauve ». Dès le XI ème siècle, sont en effet créées les sauvetés (zones d'extraterritorialité, protégées par l'église catholique et dans lesquelles la loi de l'homme ne s'applique plus) qui seront développées les siècles suivants. Le bourg est ainsi délimité par des croix et des fortifications. Et Sauveterre de Béarn de devenir l'un des principaux bourgs de la Vicomté de Béarn d'un point de vue économique et militaire.


 

Je débute ma balade par l'esplanade de l'Hôtel de ville (avec pour toile de fond la superbe chaine des Pyrénées). Cet édifice, très bien restauré, est de style Renaissance et date du XVI ème siècle. Il était autrefois la propriété de la puissante famille des marquis de Nays, comtes de Salette. C'est en 1972 que la municipalité en fera l'acquisition. Juste en face, j'aperçois l'église Saint André (ci-dessous) qui fut édifiée à la fin du XII ème siècle. A proximité, subsistent encore des fortifications qui correspondent à l'ancienne porte d'entrée Est de la cité médiévale, la Porte de Miqueu. Cette porte, jadis dotée d'un pont-levis se situait sur la route de Saint Jacques. Quant à l'église Saint André, elle est un harmonieux mélange de styles gothique et roman. Fortifiée dès son origine, avec un joli clocher qui fut autrefois crénelé, à une hauteur de 27 mètres, elle participa à la défense de la cité. Son ampleur et ses proportions sont remarquables : trois nefs, une abside, deux petites absidioles et un transept avec deux belles roses. La nef mesure 35 mètres de long, 20 de large et s'élève à treize mètres de haut. A l'entrée de l'église, j'admire une iconographie de pierre (deuxième photo) représentant le Christ en majesté entouré de quatre évangélistes et de leurs attributs. On remarque très peu de décorations extérieures sur ses façades, et on compte seulement trois longues et étroites fenêtres qui percent le mur, trahissant le rôle d'église-forteresse. A l'intérieur, la nef centrale et ses voûtes sur croisées d'ogives, symbolisent la transition entre les périodes romane et gothique. On remarque deux chapiteaux sculptés dont un à la croisée du transept représentant le mensonge et la gourmandise (troisième photo). Sur la façade sud, se trouve une porte discrète, celle prévue pour mettre aux cagots l'accès à l'église. Ces gens rejetés du reste de la population, car supposés transmettre la lèpre, étaient d'origine incertaine.

 

Face à l'église se trouve la Place des Salières. En contrebas de celle-ci se situe la Tour Monréal. Cette tour doit son nom à la famille qui, au XIX ème siècle, l'acheta pour la sauver de la destruction. D'une hauteur de 33 mètres, elle fut une tour de défense et d'habitat durant le XIII ème siècle et était reliée au château par une courtine. C'est la raison pour laquelle on suppose que cette tour constituait le donjon de ce château vicomtal. Construite en pierre, elle affiche ses belles archères et ses grandes baies sur la façade sud.

J'emprunte un vieil escalier au pied de la tour, afin de descendre jusqu’au gave et de longer le cours d'eau pour me rendre au pont de la légende (deuxième photo). Ce pont fut érigé au XIII ème par Gaston VII de Moncade, puis remanié par Gaston Fébus au XIV ème siècle. Il était le point de passage et de sortie vers la Navarre. D'abord muni d'un simple tablier en bois posé sur des piles de pierre, ce pont fut plus tard renforcé d'une tour, d'un escalier à vis, d'une chambre de manœuvre, d'une bretèche et d'un pont-levis qui permettait de se rendre sur l'île de la Glère à pied sec. Il était l'un des trois ponts qui reliaient Sauveterre, sur la rive droite du gave d'Oloron. Avant son nom actuel, le pont de la légende s'appellera pont Mayor, puis pont de l'Hôpital. Mais au fait, pourquoi pont de la légende ? A la mort du vicomte Gaston V de Béarn, en 1170, sa veuve, la reine Sancie sera accusée d'avoir volontairement donné la mort à son fils nouveau-né. Et le roi Sanche VI, frère de la reine, de décider que seule l'épreuve de l'eau pourra certifier la culpabilité ou l'innocence de l'accusée. L'ordalie (forme de procédure judiciaire) se tint en présence de 3000 personnes massées aux abords du pont. La reine fut alors précipitée, pieds et poings liés, dans le gave. Mais au lieu d'être englouti, le corps de la reine fut transporté par les eaux vives en surface puis déposé sur une grève toute proche. Sancie, désormais reconnue innocente, fut alors acclamée par la foule. En reconnaissance à la Vierge qu'elle avait invoquée, la reine brodera un riche manteau qu'elle enverra à Notre Dame de Rocamadour.


 

Je longe le gave jusqu'à atteindre une passerelle par laquelle je me rendrai sur l'île de la Glère. En langue béarnaise, ce terme désigne une grève, ou une plage de gravier et de galets roulés par le gave. Peu à peu, cet espace de quatre hectares fut colonisé par la végétation jusqu'à devenir un sanctuaire pour plusieurs espèces végétales protégées comme, par exemple, le peuplier noir, ou les lichens d'affinités tropicales. Ce site est inscrit depuis 2005 au réseau des espaces naturels sensibles. Il faut savoir que dès l'époque gallo-romaine, une voie de communication passait par là pour se rendre à Sauveterre. Un premier pont reliait alors la petite île, et un second franchissait le bras gauche du gave. Le gave étant riche en salmonidés, j'observe quelques pêcheurs qui tentent leur chance le long des berges.

Je reviens sur mes pas, en longeant le camping municipal, puis tourne sur ma gauche au niveau du pont de la légende pour me diriger vers la Porte de Lester, laquelle donne accès à la ville basse. L'ogive supérieure de cette porte n'existe plus et à été remplacée par une passerelle légère. Une fois franchie cette porte, je m'engage dans la rue Pléguignou, au bout de laquelle j'aperçois une maison fortifiée (ci-dessous). Cette maison forte, qui constituait un bastion, défendait non seulement la rue de Pléguignou, mais aussi la porte du Datter (deuxième photo) et la montée vers la barbacane et l'entrée du château vicomtal. Je m'approche de la porte du Datter qui est insérée dans le mur de fortification. Construite au XI ème siècle, elle était autrefois dotée d'un pont-levis, avec sa chambre de manœuvre, sa bretèche de défense, et ses deux lourds battants de chêne disparus depuis. Ne restent aujourd'hui que la trace des gonds, les encoches pour la barre de fermeture et un bel arc ogival. Le mur de fortification, lui, se confond avec le mur extérieur d'un ancien arsenal aux meurtrières ébrasées à l'intérieur comme à l'extérieur.

 

Je redescend en direction de la maison fortifiée pour trouver à deux pas de là les ruines du château vicomtal. Celui-ci, érigé sur une motte fortifiée (appelée touroun) témoigne d'une riche histoire : vers 1250, Gaston VII de Moncade fit de Sauveterre une de ses principales places de guerre. Le château, avec ses créneaux et son chemin de ronde devint naturellement une place forte. L'endroit sera réaménagé par Gaston III de Foix-Béarn (dit Gaston Fébus), un siècle plus tard. Aujourd'hui, on ne peut accéder à la forteresse, mais on peut imaginer sa porte d'entrée, qui ouvrait sur la salle des gardes. Un pont-levis qui franchissait le fossé reliait le château à la barbacane. Ce château comprenait une chapelle, un tinel (salle basse où se restauraient les domestiques), une cuisine, le logement des gardes et bien sûr, celui du seigneur. De forme polygonale, la forteresse fut détruite en 1523, puis, par les guerres de religion en 1569. Seigneur féodal de la Gascogne et du Languedoc, Gaston Fébus était ambitieux : il profitera des conflits entre les monarchies française et anglaise pour revendiquer une autonomie pour le Béarn où il aura sa cour. Cette volonté de ce prince indépendant ne sera pas du goût des capétiens mais l'ambiguité entre son statut de vassalité et d'autonomie lui évitera leurs foudres. Au XIV ème siècle, sa présence profitera beaucoup à Sauveterre. Sous son administration, la ville prospéra encore davantage. Le couvent des Carmes est fondé en 1364, et les fortifications de la cité sont renforcées et améliorées. Le château est rénové. Mais Gaston Fébus décède en 1391 dans la forêt de l'Hôpital-d'Orion lors d'une partie de chasse.

Je remonte bientôt en direction du centre-ville en empruntant la rue Léon Bérard et découvre le pigeonnier de Coulomme (ci-dessous). Sa partie carrée fut bâtie vers 1640 par la famille de Coulomme, alors propriétaire de l'endroit. Ce pigeonnier sera revendu en 1763. A l'époque cette maison était estimée à 500 livres.

 

INFOS PRATIQUES :


  • Site de la ville : http://www.bearn-gaves.com

  • Office du tourisme, Place Royale, Sauveterre de Béarn. Tél : 05 59 38 32 86. Site internet : http://www.tourisme-bearn-gaves.com

  • Procurez-vous le livre « Autrefois Sauveterre de Béarn » d'André Joseph Gastellu, pour compléter vos connaissances sur al cité. Ouvrage en vente à l'office du tourisme.


 

 








 



Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile