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Ancien Panama ou Casco Viejo
(Ville de Panama, Panama)
Heure locale

 

Mardi 27 octobre 2015

 

Le mot Panama fait certes penser au chapeau (d'origine équatorienne, et en photo ci-dessous), mais aussi au pays (bel et bien d'origine panaméenne), mais un peu moins souvent à la ville (capitale du Panama).

Panama est la ville la plus peuplée de ce pays de quelques 3,5 millions d'habitants. Elle fut fondée le 15 août 1519 par le conquistador Pedro Arias Davila, avec seulement une centaine d'âmes. Administrateur colonial espagnol, Pedro Arias Davila appartenait à l'aristocratie la plus influente d'Espagne et choisit de devenir militaire. Il se distinguera ainsi contre la France et le royaume de Grenade, avant de partir pour l'Afrique de 1508 à 1511, à la conquête d'Oran pour y enlever la forteresse de Béjaïa (Algérie). Nommé gouverneur et capitaine général de Castille d'Or (nom donné aux territoires d’Amérique centrale) en 1513, le conquistador arrive au Panama un an plus tard avec plus de 2000 hommes et 22 bateaux.

A l'époque, Panama n'était encore qu'un village de pêcheurs mais aussi le premier établissement européen sur la façade Pacifique. l'endroit deviendra rapidement une tête de pont pour l'exploration et la conquête de la région du Pérou, puis un point de transit pour l'or et l'argent à destination de l'Espagne. Deux ans plus tard, la ville acquerra le titre de Ciudad Real (cité royale) et un blason par arrêté royal de Charles Quint.


 

La prospérité de la ville de Panama suscitera très vite la convoitise de nombreux pirates. En 1671, le pirate gallois Henry Morgan débarquent avec ses 1200 hommes et saccagent entièrement la cité. Flibustier ayant souvent goûté à la piraterie, Henry Morgan restera l'un des plus fameux pirates boucaniers qui aura accepté des missions de corsaire. Violent et sans scrupules, il mènera une existence de bandit, volant et tuant sans compter, et sera l'un des capitaines les plus respectés des Caraïbes. Après avoir remonté le Rio Chagres avec ses troupes, il atteint la ville de Panama le 18 janvier 1671, gagne la bataille contre les troupes adverses (pourtant plus importantes en nombre) et capture la ville, dévalisant ainsi un butin estimé à plus de 100 000 livres sterling. Sur les 1846 combattants répartis en 35 navires réunis par Morgan en 1670 pour préparer ce sac de Panama, plus d'un quart de ces hommes embarquèrent sur huit navires français. Morgan avait été attiré par cette ville grâce au contexte favorable de l'époque : au Pérou, plusieurs mines importantes avaient été découvertes et les métaux excavés étaient envoyés au port de Panama. Après ce pillage et l'incendie qui suivit, les Espagnols décidèrent de déplacer la ville dans un endroit mieux protégé et plus sain. Et de choisir une péninsule située à huit kilomètres de là, pour bâtir la nouvelle cité (Casco Viejo). La vieille ville (ainsi nommée) constitue le centre historique de la ville. Fondée en 1673, elle remplacera la première ville de Panama, et sera désignée en 1997 comme trésor historique mondial.

Les curiosités touristiques y sont nombreuses : la Cathédrale métropolitaine (en photo ci-dessous) représente ainsi le principale édifice catholique de la ville. Cette bonne vieille façade majestueuse (qui souffrit du tremblement de terre de 1882) abrite l'une des plus grandes cathédrales d'Amérique centrale et fut achevée en 1796. Elle ne subit aucune restauration avant 2003, date à laquelle on engagea des travaux apparemment toujours en cours puisque des écriteaux placés à l'entrée de l'édifice font appel aux dons des visiteurs. Sur le côté, se trouve une éphémère boutique de souvenirs où je pourrai me procurer un plan extrêmement détaillé (extérieur et intérieur) de ladite cathédrale. Les commentaires sont par contre en langue espagnole, tout comme d'ailleurs, l'exposition gratuite offerte au public et située sur la gauche, après la porte d'entrée. La première cathédrale établie par les Espagnols sur l'isthme de Panama trouve ses origines dans un abri jadis occupé par le cacique Cémano. Ce fut d'abord une simple église (de 1510 à 1519) avant de devenir une cathédrale. Le siège épiscopal s'y établit jusqu'à son transfert, en 1519, dans l'ancienne ville panaméenne où je me trouve aujourd'hui. 1520 vit d'abord la construction d'un bâtiment en bois. La pierre ne sera utilisée qu'à partir de 1619 (et jusqu'en 1626). L'ouvrage fut ensuite affecté par un incendie en 1644, puis détruit par l'attaque du pirate Henri Morgan en 1671. Vint la construction de la cathédrale actuelle, d'abord en bois, qui ouvrit ses portes en 1694. La maçonnerie remplacera plus tard le bois mais ne facilita pas la tâche des bâtisseurs, d'où la consécration de l'édifice en ...1796 seulement ! La façade principale est représentative du début de la Renaissance espagnole, et l'on pense qu'elle fut rebâtie pierre par pierre depuis son ancien site. Elle est formée de trois parties (dont deux tours, qui furent longtemps les points les plus élevés de la ville et servirent de repères aux navigateurs) avec de larges corniches. Sa partie centrale, elle, fut réparée à la suite du séisme de 1882. A l'entrée, les sept marches de pierres font penser aux sept péchés capitaux et le portail d'entrée symbolise le repentir de celles et ceux qui pénètrent dans l'enceinte. La cathédrale offre plusieurs vitraux (six sur la façade sud et cinq sur la façade nord) qui n'existaient pas à l'origine. Ces vitraux sont de style Art Nouveau et probablement d'origine allemande ou américaine. Ils datent des années 1930. L'édifice religieux présente une forme rectangulaire constituée de plusieurs styles architecturaux. L'ensemble présente, sur un seul niveau, cinq nefs différentes séparées par 36 colonnes cruciformes. Ici et là, on remarque des points lumineux qui subirent une restauration dans les années 1980, lors de travaux sur le réseau électrique de la cathédrale. Quant au sol, il date de 1875 et représente une imitation de granit rouge et noir. Une visite approfondie des lieux permettent de découvrir plusieurs retables, des reliquaires, mais aussi une crypte et son ossuaire.

 

Le Palais des Hérons (Palacio de las Garzas), lui, constitue à la fois le bureau gouvernemental et la résidence du président panaméen. Pas de chance pour moi aujourd'hui car ses abords sont bouclés par l'armée. Le Président du Panama doit probablement être sur place et je ne pourrai prendre une photo qu'au téléobjectif (ci-dessous). Un soldat m'a affirmé qu'il était possible de visiter l'endroit lorsque le Président est absent. A confirmer. Le bâtiment original date de 1673 mais a depuis subi bien des transformations. Il servit d'abord aux douanes, puis comme édifice abritant la comptabilité nationale en 1740. Un incendie détruisit pratiquement dans son intégralité la bâtisse en 1756. Une longue restauration fut alors entreprise avant de transformer l'endroit en entrepôt vers 1821, puis en école normale entre 1872 et 1875. L'édifice servit ensuite de maison du gouvernement puis de siège pour la banque nationale, avant de devenir palais présidentiel à partir de 1855. Il est vrai que le lieu est d'exception puisqu'il donne à la fois sur la mer et sur le « nouveau » Panama, avec ses gratte-ciels (deuxième photo ci-dessous). Le Président Belisario Porras commanda une restauration du bâtiment en 1922 et l'on construisit alors un deuxième étage tout en renforçant l'architecture coloniale d'origine. Ces travaux furent réalisés par l'architecte Leonardo Villanueva-Meyer. Pour l'occasion, on remodela aussi le Salon jaune, la salle à manger présidentielle et la cour centrale. Le deuxième étage fut pour sa part doté d'un patio andalou. Quant au troisième étage, il est désormais occupé par le Président.

Il existe également un autre palais, le Palais municipal, voisin de la cathédrale métropolitaine. Le Palais municipal (ci-dessous) est le témoin des conseils municipaux qui se tiennent épisodiquement autour du maire de la ville. Il abrite également le musée d'histoire de Panama. Juste à côté, s'élève le Musée du Canal interocéanique qui abrita autrefois le Grand Hôtel : l'édifice fut bâti en 1874 par l'architecte alsacien George Loew. Ferdinand de Lesseps le rachètera plus tard pour y installer les bureaux de la Compagnie universelle du Canal interocéanique. En 1915, le Président panaméen Dr Belisario Porras,y installera les bureaux ministériels et en fera le siège de la Poste et des Télégraphes, jusqu'à ce qu'en 1996, le musée actuel n'y trouve refuge. Tous ces édifices se trouvent autour de la Place de L'Indépendance (autrefois, Plaza Mayor). Là se déroulait il y a très longtemps des corridas de taureaux. De nos jours, l'endroit arboré accueille les bustes de personnages panaméens illustres et sert de refuge aux promeneurs à la recherche d'un peu d'ombre et de fraicheur.

Parmi les édifices incontournable de Casco Viejo, il ne faut pas manquer le Théâtre national (troisième photo) qui fut inauguré en 1908. Il est bâti sur les restes d'un ancien monastère datant du XVIII è siècle. D'abord fréquenté par les élites panaméennes, l'endroit est depuis tombé dans l'oubli, et servit même un temps de salle de cinéma. Une première restauration eut lieu dans les années 1970, puis au début des années 2000. De style néo-baroque, le théâtre rouvrit en 2004 et il est désormais possible de visiter l'endroit ou d'assister de temps à autre à des représentations.


D'autres places émaillent la vieille ville comme la Plaza Herrera (ci-dessous), en hommage au général Tomas Herrera qui fut le chef de l'Etat libre de l'isthme panaméen, de 1840 à 1841 (événement correspondant à la séparation du Panama et de la république de la Nouvelle-Grenade) et se battit pour l'indépendance du Panama. En 1845, notre homme deviendra gouverneur du Panama, puis ministre de la guerre et de la Marine dans le gouvernement de José Hilario Lopez. Il sera nommé gouverneur de la province de Carthagène en 1850 et c'est d'ailleurs à cette époque qu'il passa du grade de colonel à celui de général. Il faut savoir qu'autrefois, l'isthme de Panama avait été incorporé à la Grande Colombie dès 1821 (et jusqu'en 1824) et que l'Etat du Panama ne sera créé que le 27 février 1855.

La Place Bolivar (deuxième photo), elle, fut instaurée en l'honneur de Simon Bolivar, à qui le peuple panaméen doit en partie sa libération de la tutelle espagnole. C'est pour cela qu'il reçut d'ailleurs le nom de « libertador ». L'histoire nous rappelle que le personnage tenta, en 1826, de mettre sur pied l'union des états latino américains (incluant bien entendu le Panama qui appartenait alors à la Colombie) et que cette Place Bolivar symbolise cet épisode historique. Aujourd'hui, touristes et habitants aiment à se retrouver à la terrasse d'un café. On peut aussi y croiser parfois de jeunes panaméennes portant la robe typique du pays (troisième photo). Non loin de là, se dresse sur un promontoire la Place des Français (quatrième photo) : cette place témoigne de la frustration des Français de ne pas avoir pu mener à son terme le gigantesque chantier du canal de Panama dont ils avaient pourtant eu l'idée. Cette place se trouve en effet à l'endroit le plus éloigné de la péninsule, mais à deux pas de l'ambassade de France, modeste bâtiment arborant les deux drapeaux français et panaméen. Sur la place s'élève un grand obélisque coiffé de notre coq national. Plusieurs bustes ornent l'endroit, dont celui de Ferdinand de Lesseps. Un mur entoure la place, mur qui servit jadis de défense face à la menace qui venait parfois de la mer. Les voûtes de ce mur d'enceinte servirent tout à tour de casernes et de cellules. On relate ainsi l'histoire de prisonniers sortis de leurs cachots à marée basse et qu'on laissait attachés face à la marée montante histoire de leur faire goûter l'eau de mer.


 

Lors de ma promenade dans Casco Viejo, je croise bien des maison, certaines, rénovées, d'autres pas (ci-dessous). Depuis le classement de la ville ancienne au patrimoine de l'UNESCO, Casco Viejo entreprend tant bien que mal de rénover son patrimoine : je croiserai de nombreux édifices en cours de restauration, parmi lesquels d'anciennes demeures laissées à l'abandon. L'endroit me rappelle la ville de La Havane (Cuba). Certes, de nombreuses maisons ont déjà retrouvé leur architecture coloniale, parfois avec plus ou moins de succès. Mais on croise encore souvent des pancartes « à vendre » qui s'adressent tant aux Panaméens qu'aux étrangers qui seraient tentés de faire une opération immobilière. L'endroit est certes attirant avec ses cafés, ses restaurants, ses jolies places et ses édifices religieux. Cette restauration ne s'effectuera pas en un jour et la patience est de mise pour ce genre de chantier. Il me faudra revenir sur place à intervalles réguliers afin de noter les améliorations.


 

Les églises ne sont pas en reste à Casco Viejo : outre la Cathédrale, je croiserai plusieurs églises comme celle de San José avec son superbe autel doré. On dit de cette église que, lors de l'attaque de la ville par le pirate Morgan, le curé recouvrit cet autel d'une peinture noire afin de dissimuler son apparence réelle et de le sauver du saccage. Et le miracle eut bel et bien lieu ! Non loin de là, se dresse l'église de La Merced. La façade baroque de cette dernière fut déplacée pierre par pierre, depuis l'ancienne église située à Panama Viejo. Sa construction date de 1680. Juste en face de la Place Bolivar, se dresse l'église de Saint François d'Assise (en photo ci-dessous) avec son couvent. Enfin, l'église de Saint Domingue se dresse avec son arco chato (deuxième photo) et son couvent. L'édifice fut à l'origine construit au XVII è siècle, fut détruit par le feu en 1756 et ne sera jamais restauré depuis. Seul « l'arc plat » subsiste miraculeusement depuis des siècles, attestant de l'absence de séismes à cet endroit. Les ruines bénéficient depuis de travaux de restauration, et devraient accueillir un jour un espace culturel et artistique.


 

INFOS PRATIQUES :

  • Municipalité de Panama : http://mupa.gob.pa/
  • http://www.visitpanama.com/

  • Métro de Panama : http://www.elmetrodepanama.com/

  • Aéroport international : http://www.tocumenpanama.aero/

  • Cathédrale de Panama, Place de l'Indépendance (Casco Viejo), à Panama. Ouverte du lundi au vendredi de 8h00 à 16h00 et les samedi et dimanche de 7h00 à 19h00. Prise de photos autorisée sans flash. Plan détaillé de la cathédrale : 1 US$. Livre relatant l'histoire de la cathédrale : 1 US$ (les deux documents sont en langue espagnole)

  • Eglise de Saint Domingue et Arco Chato, Avenida A et Calle 3

  • Eglise Saint François d'Assise, Place Bolivar

  • Eglise de La Merced, Avenida central et Calle 9

  • Eglise San José, Avenida A et Calle 8

  • Théâtre national, Avenida B, entre les Calles 3 et 4. Tél : (507) 262 3525

  • Musée du Canal interocéanique, Place de l'Indépendance. Tél:(507)211 1649. Ouvert du mardi au dimanche, de 9h00 à 17h00. Entrée : 2 US$. Site internet : http://www.museodelcanal.com

  • Palais présidentiel, Avenida Alfaro

  • Se déplacer en taxi dans Panama à bon prix n'est pas simple : il n'existe pas ( ou si peu )de compteurs à bord des taxis publics (jaunes) et chaque chauffeur annonce son propre tarif. N'hésitez pas à discuter du prix. Edwin m'a transporté de la Calle 50 à Casco Viejo pour 3 US$ (qui est le tarif pratiqué habituellement). Son téléphone est le 6967 44 24.

  • Un bon moyen pour visiter Panama : City & Canal Tour. Billets de 24h (29 US$), 48h (39 US$) ou 72h (50 US$). Deux circuits sont disponibles tous les jours, la route du canal et la vieille ville. Tél : 392 6000. Avenida Justo Arosemena et 29è rue Est. Site internet : http://citytourspanama.com/



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