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Le Palais de Knossos
(Knossos, Ile de la Crète, Grèce)
Heure locale


Lundi 2 novembre 2015

 

Je vous emmène aujourd'hui à la découverte du Palais de Knossos. Cette petite ville est située à deux pas d'Héraklion, et est placée en éminence sur la rive gauche de la rivière Kairatos, à seulement quatre kilomètres de la côte nord, là où le littoral fertile septentrional crétois rencontre la plaine de la Messara (vers le sud). L'endroit est habité depuis le Néolithique et les premiers vestiges minoens y furent découverts dès 1900 grâce à la persévérance d'une mission anglaise placée sous la direction de Sir Arthur Evans (en photo ci-dessous, à gauche). Cet archéologue anglais fera de nombreux travaux en Grèce et en Crète, et découvrira la mythique civilisation des palais crétois déjà mentionnée dans les textes anciens. Le site de Knossos avait déjà été effleuré par Heinrich Schliemann mais Evans sera celui qui entamera une véritable reconstruction archéologique des lieux, reconstituant ainsi la salle du trône. Passionné par l'archéologie, il y consacrera toute sa fortune, sera élu membre de la Royal Society en 1901, puis fait chevalier dix ans plus tard. Je découvre ce matin le site dont la fouille est loin d'être achevée : celui-ci comprend, tel qu'il apparaît aujourd'hui, deux palais superposés, mais aussi de superbes villas, des maisons, des nécropoles et des routes dallées. Le premier palais fut ainsi édifié vers 2000 avant J.C et marque probablement une rupture dans l'histoire économique et politique de l'île, et plus encore de Knossos par rapport aux autres sites crétois. Ainsi apparut à cette époque un système nouveau de gouvernement, inspiré de l'Asie sémitique, mais aussi un développement des relations commerciales avec les contrées voisines (Cyclades, Grèce continentale, Egypte et Moyen-Orient). Le tout premier palais construit à cet endroit resta en usage jusqu'à 1500-1700 avant J.C, date à laquelle un tremblement de terre ravagea tous les palais de l'île de la Crète. Nous sommes en effet ici dans une zone sismique sensible, qui connait régulièrement des petites secousses. Cet ensemble primitif sera recouvert par un nouvel édifice dont le plan, encore plus monumental que le premier palais, respecte toutefois l'organisation originelle en zones fonctionnelles.


 

Tout s'organise autour de la grande cour centrale (en photo ci-dessous) et se développe sur plusieurs niveaux, plus ou moins nombreux selon les quartiers. La visite d'un site archéologique n'est pas toujours aisée car notre esprit doit imaginer ce à quoi ressemblaient les constructions de jadis. Je me trouve, là, au milieu des pierres et des fouilles, sans toujours savoir ce en face de quoi je me trouve. Un plan de site est affiché sur un panneau à l'entrée du parcours et les chemins praticables sont balisés à l'aide de cordages. Je me fie également aux nombreux panneaux jonchant le site, précieuses sources d'information (en grec et en anglais). Le Palais dispose de plusieurs entrées : à l'ouest (entrée par laquelle je pénètre sur le site) le bâtiment comporte deux cryptes à pilier central reliées à un sanctuaire situé au rez-de-chaussée. Cet étage, de plain-pied avec la cour, abrite des pièces à fonction officielle (comme par exemple la salle du trône, deuxième photo ci-dessous, mais aussi un sanctuaire tripartite et un long corridor desservant 22 magasins communiquant avec la zone sacrée).


 

Au premier étage, des magasins côtoient le chambre dite du trésor, et un nouveau sanctuaire, précédé d'un grand vestibule. Il existait autrefois deux autres étages aujourd'hui disparus, qui couronnaient probablement cette aile ouest, toujours en cours de fouilles. L'entrée ouest était à l'origine marquée par une porte monumentale appelée le grand Propylée (ci-dessous). Arthur Evans a reconstitué un segment de ce vestibule à piliers, notamment une colonne peinte en rouge et une fresque représentant des porteurs d'offrandes. De cet endroit, part un escalier qui permet d'accéder aux étages supérieurs et longe un couloir en contrebas desservant 18 magasins en cours de restauration (deuxième photo ci-dessous).Ces longues salles étroites, dont le sol était percé de cavités rectangulaires, renfermaient les richesses du palais. Des pithoï (troisième photo ci-dessous), grandes jarres à provision, y étaient stockées. C'est à cet étage que furent trouvées plusieurs salles, dont certaines avec piliers, comportant des copies de fresques. Et c'est dans ce secteur que fut découverte la peinture murale « la Parisienne », l'un des joyaux du musée d'Héraklion.

 

Au sud, un système de couloirs étroits reliait la cour ouest à la grande cour centrale à laquelle on accédait par le corridor dit du Prince. Cette aile orientale était très élevée, pouvait comporter quatre étages, et utilisait la pente naturelle recreusée pour les niveaux inférieurs. C'est dans cette zone que se trouvent les appartements royaux, éclairés par de nombreux puits de lumière (une innovation de la période néopalatiale) et des vérandas qui ouvraient sur le vallon. Là se trouve la chambre du trésor du roi au-dessus de la salle des archives, le mégaron (grande salle rectangulaire) de la reine (ci-dessous) avec une salle de bains, et celui du roi, plus vaste, qui comprenait également une chambre réservée aux audiences. Il est dommage que les appartements royaux soient toujours fermés au public pour cause d'une restauration interminable (celle-ci débuta en ...1999). Autant dire que la date de réouverture de ceux-ci est renvoyée ...aux calendes grecques ! A proximité de cette zone privée, plus au sud, se trouvaient les quartiers domestiques qui comprenaient ateliers et magasins. D'autres appartements de service existaient aussi vers le nord, ainsi qu'une grande salle hypostyle et une propylée où aboutissait la voie qui reliait Knossos à Amnissos, son port. Les ateliers d'artisans rassemblaient tailleurs de pierre, orfèvres, potiers et quelques magasins qui entreposaient vin, huile, grains et miel dans d'énormes jarres (pithoï). Le magasin de jarres géantes devant lequel je passe remonterait à la période du premier palais. Plusieurs salles à fonction religieuse s'alignent le long du côté ouest de la cour mais on ne peut pas les visiter. Un vestibule donne bien accès aux cryptes à piliers où se déroulaient des cérémonies cultuelles. Juste à côté s'ouvre le Trésor, un petit sanctuaire où l'on exhuma de nombreux objets de culte, dont les fameuses déesses aux serpents. A proximité, se trouve également l'école des scribes. J'observe au passage, dans une allée, une conduite d'eau d'époque (deuxième photo).


 

A partir de 1600 avant J.C, des fresques (que j'ai pu admirer hier au musée archéologique d'Héraklion) ornèrent les parois des pièces les plus importantes de scènes processionnelles. Celles-ci ressemblaient à des peintures égyptiennes comme celles que l'on retrouva dans le corridor ouest. Le palais abritait aussi des compositions hiératiques ou décoratives (griffons, boucliers), et des représentations miniatures et naïves illustrant la vie de la cour, les danses rituelles, avec des paysages imaginaires où évoluaient singes, poissons (comme sur cette fresque aux dauphins ci-dessous), ou oiseaux. Les thèmes naturalistes et animaliers étaient en effet privilégiés dans le décor de la céramique. On note d'ailleurs que les trouvailles datant de la période du second palais de Knossos évoquent un art raffiné et sensible, une culture qui atteint son apogée. Apogée qui prendra soudainement fin vers 1450 avant J.C avec la destruction de tous les palais...excepté celui de Knossos.


 

Le passage qui mène à la cour centrale est orné de la fresque du « Prince aux Lys » (en photo ci-dessous). La cour centrale mesure 50 mètres de long pour 25 mètres de large et consiste en une vaste esplanade sablonneuse. Celle-ci desservait les principaux bâtiments du complexe : sanctuaires, appartements royaux...On pense que c'est à cet endroit que se déroulaient les jeux tauromachiques qui voyaient d'habiles acrobates effectuer de périlleuses figures au-dessus des taureaux.


 

Depuis la cour centrale, un étroit passage longe un portique (ci-dessous) marquant l'accès oriental du palais et abritant une fresque représentant un taureau en relief. En contrebas, se trouvent encore les piliers de l'entrée nord du palais. A deux pas, se trouvait une pièce qu'Arthur Evans appelait la Douane, pièce reconnaissable aux larges bases carrées de ses piliers. Derrière le portique, subsiste encore la bassin lustral (deuxième photo ci-dessous) qui servait autrefois aux ablutions purificatrices. Juste à côté, la voie royale (d'une largeur de quatre mètres) voisine avec le théâtre (troisième photo). La visite se termine à cet endroit (une petite flèche rouge indique la sortie).


 

Terminons cette visite par une petite histoire : la tradition veut que ce soit l'architecte de Knossos, l'astucieux Dédale, qui ait élaboré le plan très compliqué du labyrinthe (dont le nom évoque la double hache, symbole rituel du culte minoen). Le roi Minos aurait commandé ce labyrinthe pour y enfermer le Minotaure, un monstre à corps d'homme et à tête de taureau, une créature née des amours contre nature de la reine Pasiphaé avec un taureau offert par Poséidon. Monarque impitoyable, Minos avait pour habitude de donner ses ennemis en pâture à cette bête inhumaine. Egée, roi d'Athènes, l'apprit ainsi à ses dépens puisqu'ayant fait assassiner le fils du roi Minos, il dut se plier à la vengeance du Crétois qui exigea que les Athéniens livrent tous les neuf ans aux appétits du Minotaure un tribut de sept garçons et de sept filles. Pour mettre fin à cette horreur, Thésée (le fils d'Egée) fut mandaté par les Athéniens afin d'être volontaire pour se rendre au labyrinthe et tuer le Minotaure. Séduite par ce héros, la jeune Ariane (fille de Minos) lui livra le plan secret de Dédale et lui procura un fil que Thésée déroula dans le labyrinthe pour lui éviter de se perdre. D'où la légende du fil d'Ariane.

INFOS PRATIQUES :


  • Palais de Knossos, T.K 71409 à Knossos. Tél : 2810 231940. GPS : Leoforos Knosou. Ouvert de 8h00 à 17h00. Entrée : 6€. Boutique de souvenirs. Café (avec pâtisseries). Accès internet gratuit disponible au café (demander le code à la caisse).

  • Je conseille la visite guidée car il y a de quoi se perdre dans ce dédale de pierres : Il en coûte 10€ par personne pour une visite de groupe (huit personnes maximum) qui dure une heure trente et qui est disponible en plusieurs langues (grec, français, anglais, italien, allemand, néerlandais, russe, espagnol, polonais et turc). Le kiosque des guides est situé à droite, à l'entrée du palais.

  • Parking gratuit, en face de l'enceinte du palais.



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