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De Mohlos à Palekastro
(Côte Nord-Est, Ile de la Crète, Grèce)
Heure locale


Jeudi 12 novembre 2015

 

A ceux qui me demandent si je ne m'ennuie pas tout seul en Crète, je leur réponds que je suis comblé à la fois par la gentillesse des habitants de cette île et par la beauté des paysages. De plus, le climat doux qui règne en ce moment en fait une destination de rêve pour les gens qui, comme moi, ne privilégient pas forcément la plage mais plutôt les sorties culturelles, et surtout la tranquillité, car il n'y a plus de touristes à cette période l'année. La Crète possède une forme étirée : elle s'étend sur 260 kilomètres d'est en ouest et sur 60 kilomètres du nord au sud. Par sa superficie, elle est la cinquième île de Méditerranée après la Sicile, la Sardaigne, Chypre et la Corse. Bordée au nord par la mer Egée, depuis le cap Plaka sur la côte est et jusqu'à l'île d'Agria Gramvousa au nord-ouest, puis au sud et à l'ouest par la mer Méditerranée. Tout comme notre Corse, l'île est montagneuse et est dominée par trois massifs principaux : les Lefka Ori (à l'ouest), le massif du mont Psiloritis (au centre) et le massif du mont Dikti (à l'est). La route côtière qui court d'Agios Nikolaos à l'extrémité de la côte nord-est est sinueuse et varie en qualité tout au long du parcours. Les radars y sont peu nombreux mais placés à l'entrée ou à la sortie de petits villages. La limitation de vitesse va de 90 ...à 30 km/heure par endroits mais peu de Grecs la respecte. De rares portions de la route ont bénéficié d'un nouveau bitume même si le marquage au sol est encore inexistant, tandis qu'avant l'arrivée à Sitia, d'importants travaux ont lieu pour la construction d'une nouvelle route, plus droite et plus sûre.


 

Je fais un détour vers Mohlos (ou Mochlos), ancien petit village de pêcheurs, à une trentaine de kilomètres à l'est d'Agios Nikolaos. Pour y arriver, je devrais emprunter une minuscule route qui descendra à pic de la montagne jusqu'au rivage. Ce village n'a rien d'exceptionnel architecturalement mais sa baie tranquille, ses petites plages de sable, sans compter ses tavernes qui offrent des spécialités crétoises, en font un lieu de villégiature recherché, où résident d'ailleurs plusieurs Français. Dans la baie, une petite île ovale (ci-dessous en photo), aux couleurs chaudes et tachetée de landes vertes, fait toutefois figure d'exception. Elle abrite en effet un site archéologique datant du minoen ancien (2500 avant J.C) sur lequel, chaque été, une équipe d'archéologues américains font d'intéressantes découvertes. L'endroit, qui abrite deux petites rades, permit de découvrir, au début du XX è siècle, une nécropole dont les tombes renfermaient des bijoux en or. Les sportifs peuvent, parait-il, s'y rendre à la nage mais un pêcheur pourra aussi vous conduire sur l'îlot. Dernière chose, la petite chapelle située à droite du site est dédiée à Saint Nicolas et protège les marins.


 

Une fois passé Sitia, plus à l'est, se trouve le monastère de Toplou (ci-dessous). Ce monastère, bâti au XIV è siècle est dédié à la Vierge Marie et à Jean de Patmos. Ce Jean de Patmos, surnommé aussi Jean le Visionnaire, est le nom donné à l'auteur de l'Apocalypse. Le monastère fut entièrement détruit en 1612 par un tremblement de terre. On peut y admirer une grande collection d'icônes byzantines. Malheureusement, le musée du monastère est fermé à cette époque de l'année et je devrais me contenter des icônes exposées dans la petite église, tableaux commentés amicalement par un moine orthodoxe m'accompagnant dans les lieux. La construction de ce lieu de culte me fait penser à une forteresse, et fut bâtie comme telle afin de résister, si besoin, aux attaques des pirates. Les premières années de sa construction, le monastère avait reçu le nom de monastère de Notre-Dame « Akrotiriani » (signifiant le cap), car l'édifice se trouvait au cap Sidero. Ce n'est que lors de l'occupation ottomane que le monastère prit le nom de Toplou. Sa forme architecturale actuelle date du XVII ème siècle mais le bâtiment reste toujours une construction imposante avec son clocher haut de 33 mètres. Sa petite église, elle, comporte deux nefs, et est située à côté d'un musée abritant, outres des icônes, des objets liturgiques, et une remarquable collection de cartes et de livres anciens. Le monastère de Toplou est l'un des monastères les plus historiques de Crète. On y célèbre chaque année, le 26 septembre, la commémoration du Transfert de Saint Jean le Théologien. Quant aux icônes, elles valent vraiment le détour. Certaines datent du XV ème siècle, d'autres sont plus récentes, et les connaisseurs pourront ainsi observer l'évolution de l'école byzantine de Constantinople influencée par l'art crétois. Ces icônes peintes au monastère sont de très grande valeur et témoignent du niveau culturel des moines. Certaines d'entre elles, comme, par exemple, Tu es grand Seigneur et tes œuvres sont étonnantes, peinte en 1770, ou encore l'icône Rose amarante, réalisée en 1771, sont des œuvres splendides. A l'entrée du monastère, on peut admirer, sur la gauche, un magnifique moulin à vent crétois. De l'autre côté de la route, un cimetière et une petite chapelle voisinent avec le monastère.


 

A six kilomètres de Toplou, toujours sur la route nord-est, je découvre la palmeraie de Vaï (ci-dessous), palmeraie naturelle unique en Europe, qui tiendrait ses origines des noyaux de dattes crachés par des marchands phéniciens venus mouiller dans la crique, dans l'Antiquité. D'autres prétendent que cette forêt aurait été plantée par des soldats égyptiens lors de la guerre opposant Itanos à Praisos, au III ème siècle avant J.C. Ces histoires, vérifiées ou pas, ne retirent rien au fait que le palmier était déjà connu en Crète minoenne et que l'arbre était même sacré. Les palmiers de Vaï semblent bien constituer les derniers vestiges des palmeraies naturelles qui existaient sur les zones côtières de l'île, au II è millénaire avant J.C, comme l'attestent plusieurs œuvres d'art représentant des paysages de la période minoenne. La plage de sable blanc, qui s'étire le long de cette palmeraie est, là encore, trop exploitée par le tourisme, ce qui gâche cet écrin qui passait autrefois pour la plus belle plage de l'île.


 

Je poursuis ma route jusqu'à atteindre le site archéologique d'Itanos (ci-dessous), ancienne cité-Etat dorique qui prospéra jusqu'à sa mise à sac par des pirates au XV ème siècle. Il ne reste pas grand chose de ce site plutôt abandonné. Je me gare près de la plage et grimpe par un sentier jusqu'à arriver sur une petite colline qui contient encore des ruines. Je m'attendais à autre chose, d'autant plus que l'endroit n'est pas du tout mis en valeur (pas de panneaux d'information, ni de parcours fléché). Des chercheurs y ont pourtant récemment fait des fouilles, sous la tutelle de l'Ecole française d'Athènes et de l'Ephorie archéologique locale.


 

Je pousse jusqu'à Palekastro, gros bourg crétois non loin de là, à l'est de l'île. On y trouve un musée folklorique (ci-dessous), lui aussi fermé en dehors de la saison estivale. La plupart des habitants ont apparemment contribué à ce musée, où se trouvent un ancien métier à tisser, des meubles, des objets du quotidien et des tenues vestimentaires, objets tous présentés dans une maison typique de la fin du XIX ème siècle, reconstruite pour l'occasion. A l'extérieur du bourg, les oliviers dominent et on peut apercevoir de nombreuses éoliennes qui jalonnent la région jusqu'au plateau de Handras. Un site archéologique est là encore annoncé par plusieurs panneaux : le site de Roussolakkos se trouve en bord de plage. J'ai bien trouvé la plage et son petit restaurant attenant, mais pas de site ! Mon guide m'indique toutefois que les ruines n'ont rien de spectaculaire (ouf!) mais mélangent tout de même des restes d'habitations du minoen ancien (3000-2500 avant J.C) et de l'époque néopalatiale (1800 avant J.C).


 

INFOS PRATIQUES :


  • Mohlos : un pêcheur peut vous conduire sur l'îlot situé face au village et site archéologique d'importance. Tél : 6977 837 803. 6€ par personne. Une fois la visite du site achevée, faire tinter la cloche de la chapelle et la pêcheur viendra vous rechercher.

  • Monastère de Toplou, à une quinzaine de kilomètres de Sitia, en partant vers l'est. Ouvert en période estivale, de 10h00 à 17h00. Entrée : 3€. Prise de photos interdites dans l'église et dans le musée. Tenue vestimentaire décente de rigueur. Une boutique permet de gouter et d'acheter le vin doux produit par les moines et qui est utilisé pour l'Eucharistie.

  • Toplou Estate, à deux minutes du monastère : pour vous y rendre, emprunter la petite route perpendiculaire à la route qui vous a conduit jusqu'au monastère, et qui part du parking. En saison estivale, dégustation de cinq différents vins crétois sur place, du lundi au vendredi, de 9h00 à 16h00. Tél:2843 029630


 



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