Revoir le globe
Top


Du côté de Park Avenue
(Etat de New-York, New-York, Manhattan)
Heure locale

 


Lundi 1er février 2016

 

Elle est si chic et si résidentielle que je ne résiste pas à une promenade le long de celle qu'on appelait autrefois Quatrième Avenue : Park Avenue. En plein cœur de Manhattan, à deux pas des 5th Avenue et de Madison Avenue pourtant si bruyantes, cette avenue offre pourtant un environnement plus paisible, mais aussi ses gratte-ciel irrésistibles. C'est sur les bâtiments remarquables de Park Avenue que je vais aujourd'hui m'attarder. Park Avenue est réputée comme étant un quartier très aisé, aux prix immobiliers élevés, tout particulièrement au niveau de l'Upper East Side. On y trouve entre autre des magasins de luxe (comme Fauchon) comme en marge de Lexington Avenue. La partie nord de Park Avenue peut être considérée comme l'Avenue Foch de New York, avec sa verdure, son standing et son positionnement au centre de Manhattan. Les deux voies de l'avenue sont en effet séparées par des bosquets de verdure et de fleurs (comme ces bégonias résistant à la fois à la chaleur et au soleil). La voie ferrée de Grand Central, elle, est souterraine sous Park Avenue et émerge à Harlem au nord de la 100è rue. Au sud, Park Avenue relie Grand Central (ci-dessous) à Union Square et est beaucoup plus active, avec les nombreux sièges de bureaux et de banques. C'est au début du XX è siècle que Park Avenue devint la principale artère résidentielle des classes aisées de New York.

Ma promenade débute entre Lexington et la troisième avenue, face à l'immeuble du Citicorp Group (ci-dessous). Ce bâtiment est revêtu de plaques d'aluminium blanc qui accrochent la lumière. Conçu à l'origine pour recevoir des panneaux solaires, son sommet biseauté à 45° abrite un sismographe de 400 tonnes qui permet de limiter les oscillations du bâtiment en cas de vent violent. L'autre innovation réside dans ses quatre piliers énormes de 38 mètres, qui sont placés au centre (et non aux angles) de l'immeuble. L'espace ainsi dégagé accueille The Market, des restaurants, et l'église luthérienne St Peter (deuxième photo ci-dessous) qui précéda l'immeuble sur le site. La construction de ce bâtiment s'avéra rapidement être un défi architectural car le coin nord-ouest de la construction prévue était encore occupé par cette fameuse église luthérienne. Et l'église d'autoriser l'érection du Citicorp Group sous certaines conditions : une nouvelle église devrait être érigée dans le même coin, sans que cette dernière ne touche le gratte-ciel, et sans qu'aucune colonne ne passe à travers elle. C'est l'ingénieur William LeMessurier qui trouvera la solution, en décidant de bâtir l'immeuble autour d'une colonne centrale massive octogonale, et que quatre colonnes massives. Les surprises s'accumuleront durant les travaux, et le même ingénieur s’apercevra que les boulons utilisés dans l'assemblage de la structure ne pourraient pas supporter des rafales de vent supérieures à 115 km/heure. Les plans originels ayant été entre temps remaniés, il fallut secrètement pallier aux inconvénients en stabilisant l'ensemble grâce à un amortisseur de vibrations constitué d'un bloc de béton fixé au sommet de la tour, et destiné à réduire les effets du vent fort. C'est qu'avec une hauteur de 279 mètres, le Citigroup Center (nom actuel de l'immeuble) constitue l'un des dix plus hauts gratte-ciel de New York. L'immeuble est doté d'ascenseurs à double étage, qui permettent la desserte simultanée des étages pairs et impairs tout en accueillant un plus grand nombre de visiteurs. La construction de l'immeuble de ce Citigroup Center (qui fut créé par l'architecte américain Hugh Stubbins Jr) commença en 1974 et s'acheva trois ans plus tard, pour un coût total de 195 millions de dollars. Les matériaux de l'ensemble sont l'aluminium, le béton, le verre et l'acier.


 

Parti un peu en retrait de Park Avenue, je regagne maintenant celle-ci en empruntant la 53è rue Est vers l'ouest, jusqu'à me trouver bientôt nez à nez avec la Lever House (ci-dessous). Situé au 390 Park Avenue, cet immeuble est le premier bâtiment à murs-rideaux qui fut construit à New York. Cette glass box bleu-vert, en forme de L (pour Lever) semble flotter au-dessus de la célèbre avenue. Sa construction prit place de 1951 à 1952 afin de devenir le siège de la compagnie britannique Lever Brothers (entreprise spécialisée dans un nouveau procédé de fabrication de savon, qui fusionnera plus tard avec Margarine Unie, pour former le groupe actuel Unilever). Son revêtement de verre bleu-vert résistant à la chaleur, et son acier inoxydable, garnissent certains murs complètement fermés, sans fenêtres, afin de baisser les coûts de maintenance et d'air climatisé. Sa légèreté et ses lignes épurées sont censées évoquer celles des bulles de savon (qui a fait le succès de la firme) et la place en contrebas de la tour (deuxième photo) ainsi que l'entrée sont, depuis la dernière rénovation, utilisées comme galerie d'art pour la collection d'oeuvres de Lever House. Le bâtiment fut classé monument historique en 1983, ce qui ne l'empêchera pas d'échapper de peu à la destruction.


 

Juste en face, au numéro 375 de Park Avenue, se dresse le gratte-ciel Seagram Building (ci-dessous). C'est l'architecte allemand Ludwig Mies van der Rohe qui le réalisa, en collaboration avec l'architecte américain Philip Johnson, entre 1954 et 1958. C'est d'ailleurs l'unique construction new-yorkaise de cet architecte allemand, construction classée monument historique depuis le 24 février 2006. Implanté un peu en retrait de Park Avenue, le Seagram Building se présente comme un parallélépipède de couleur bronze posé sur sa place en granit. Le bâtiment, comme la majorité des grands immeubles de cette époque, dispose d'une ossature en béton armé sur laquelle est suspendue une façade-rideau. Mies désirait quant à lui une ossature métallique apparente mais la législation américaine exigeait que toutes les structures soient ignifugées. Des panneaux non structurels de couleur bronze furent donc dressés le long des façades afin de « camoufler » l'ossature. 1450 tonnes de bronze furent nécessaires pour cet habillage. Mies aimait les détails : il détestait l'irrégularité des stores plus ou moins baissés, et utilisa donc des stores à trois positions (ouvert, mi-ouvert et fermé). La somptueuse décoration du gratte-ciel en fit à l'époque le bâtiment le plus cher du monde, à cause de l'inclusion de bronze, travertin et de marbre. Un restaurant, le Four Seasons Restaurant, se trouve à l'intérieur du gratte-ciel et a conservé depuis l'ouverture en 1959. A l'époque, une série de tableaux avait été commandée à Mark Rothko un an avant. Dans son délire, le peintre avait promis de faire quelque chose qui ruine l'appétit de chaque fils de pute qui mangera jamais dans cette pièce. Il abandonnera toutefois le projet mais gardera les toiles qui sont désormais dispersées entre la Tate Gallery, la National Gallery of Art et le Kawakura Memorial Museum (Japon).Une petite anecdote à propos du Seagram Building : sur la façade donnant sur Lexington Avenue, se trouve la grille d'aération du métro qui fit s'envoler la robe blanche de Marilyn Monroe dans le film « Sept ans de réflexion » (en 1955).


 

Je descends maintenant la Park Avenue jusqu'à la 51è rue (que je suis jusqu'à atteindre la Lexington Avenue). Au 570, Lexington Avenue, se trouve le General Electric Building (ex-RCA Building), en photo ci-dessous. Ce gratte-ciel est original grâce à son style Art déco et ses éléments architecturaux de style néogothique. Haut de 195 mètres , il fut construit en ...1931, par le cabinet d'architectes Cross & Cross. La tour se distingue par sa construction en briques, décorée de reliefs en terre cuite (terracotta). Sculptée en saillie dans un calcaire rose, son entrée principale s'ouvre sur un hall d'entrée étonnant, qui n'est malheureusement plus visible puisque la tour est fermée. Celui-ci est de style Art déco, entièrement revêtu de marbre et de chromes, avec un plafond recouvert d'une feuille d'aluminium.


 

Je redescend à présent vers la 50è rue puis tourne à droite pour rejoindre Park Avenue. Et de passer à côté de l'église Saint Barthélémy (ci-dessous), au numéro 109 de la 50è rue Est / Park Avenue. Cette église, fondée en janvier 1835 dispose d'un plan en croix grecque. Son porche néoroman et sa coupole de briques vernissées donnent beaucoup de charme à ce lieu de culte de style byzantin, tout en tranchant avec l'uniformité des ensembles architecturaux voisins. Malheureusement, le prix du terrain étant ce qu'il est à Manhattan, l'existence même de cette église est menacée par l'extension des immeubles de bureaux. Désormais, le café restaurant Inside Park at St Barth's (anciennement Cafe Terrace at St Barth's) offre une pause aux visiteurs de passage.


 

Au 301 Park Avenue, se dresse le Waldorf Astoria Hotel (ci-dessous). Mondialement connu, notamment pour ses expositions artistiques, l'établissement est un gratte-ciel de style art-déco de 47 étages (soit une hauteur de 191 mètres). Désormais la propriété du groupe hôtelier Hilton,, le bâtiment date de 1931, et remplace l'ancien établissement du même nom élevé par la famille Astor sur le site de l'Empire State Building. Ce palace de 1800 chambres fut en son temps le plus grand et le plus luxueux du monde. Tous les présidents américains, mais également bien d'autres célébrités y ont séjourné, comme par exemple le duc et la duchesse de Windsor qui y louaient habituellement une suite à l'année. En 1945, un banquet y fut donné en l'honneur de Charles de Gaulle et de Winston Churchill. Le grand chic était alors d'arriver à l'hôtel en train privé, comme Franklin D.Roosevelt, par une voie souterraine reliée à Grand Central, toute proche, et aujourd'hui désaffectée. Un ascenseur menait directement les hôtes de marque dans leur suite de la Waldorf Tower. Autrefois, l'entrée sur Park Avenue s'appelait the Ladies Lobby (Entrée des dames). De nos jours, l'hôtel est toujours un palace disposant de services et de suites de premier ordre. Et une magnifique pendule en photo ci-dessous (qui sonne régulièrement), trône au centre du hall de réception. La Roue de la vie, une mosaïque du Français Louis Rigal (troisième photo), qui date de 1931, représente les drames de l'humanité et orne le hall d'entrée. Au fond du même hall, se trouve toujours le mythique piano sur lequel jouait jadis Cole Porter.


 

Je poursuis ma promenade sur Park Avenue, et atteins bientôt la 46è rue Est. Là, s'élève le Helmsley Building, au 230, Park Avenue (ci-dessous). Ce petit immeuble de 34 étages date de 1929 et possède un toit pyramidal doré. Il fut bâti pour abriter le siège de la compagnie New York Central Railroad (compagnie qui appartenait au richissime tycoon Cornelius Vanderbilt), qui exploitait alors la gare de Grand Central, située à deux pas. Cet immeuble venait clore la belle perspective de Park Avenue, du temps où celle-ci était encore bordée de résidences à deux étages. Conçu par les architectes Warren et Wetmore (qui avaient également dessiné la gare de Grand Central), le bâtiment porta d'abord le nom de New York Central Building, avant d'adopter son nom actuel, Helmsley Building (donné en 1997 par Leona Helmsley). C'est le seul immeuble à enjamber une avenue et deux tunnels permettent aux véhicules d'accéder à Pershing Viaduct et Park Avenue Sud.


 

Juste derrière le Helmsley Building, se dresse le MetLife Building (ex-Pan Am), au 200, Park Avenue (entre le Helmsley Building et la gare Grand Central). Construit en 1963 par Walter Gropius, le maitre de l'école du Bauhaus, le Pan Am Building était alors le plus grand immeuble de bureaux au monde et a toujours ses détracteurs en raison de son obstruction de la perspective de la célèbre avenue. L'architecture de la construction est en effet brutaliste, conçue dans un souci d'efficacité avec ses vastes surfaces et son absence de décorations superflues, d'où sa critique par de nombreux New-yorkais. Le Pan-Am Building était équipé sur son toit d'une plate-forme hélicoptère qui permettait aux voyageurs de rejoindre directement l'aéroport Kennedy en sept minutes seulement. Cet héliport fonctionnera de 1965 à 1968 puis quelques mois en 1977, avant d'être fermé à la suite d'un accident spectaculaire qui fit cinq victimes. Après avoir été la propriété de la compagnie aérienne Pan American World Airways (le logo de cette compagnie ornait alors ses quatre façades), jusqu'à sa faillite en 1991, le gratte-ciel fut racheté par Metropolitan Life Insurance Company qui y louait déjà des bureaux, d'où son nouveau nom MetLife Building.


INFOS PRATIQUES :



 



Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile