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Exposition "L'hyperbataille de Verdun"
(Musée de l'Armée, Paris, France)
Heure locale

Mercredi 20 janvier 2016

 

Déjà cent ans ! C'est en effet le 21 février 1916 que débuta la bataille de Verdun, qui donne lieu à une exposition-documentaire, au Musée de l'Armée (Paris), jusqu'au 4 avril prochain. Cet événement majeur de la Première Guerre mondiale est en accès libre et gratuit, sur les piliers de la cour d'honneur de l'Hôtel des Invalides et se décompose en quatre parties. Ce 21 février 1916, le haut commandement allemand déclenche sur le secteur de Verdun une offensive qui constitue le premier acte de la bataille. Ainsi débute ce que François Cochet a appelé une des « hyperbatailles » du conflit. Trois facteurs y contribuent : la haute intensité du feu, la concentration massive des soldats et l'accumulation des moyens matériels.

Présentés en vingt-huit panneaux sur l'ensemble de la cour d'honneur, les principaux repères cartographiques, l'évocation des lieux emblématiques des combats et le rappel des caractéristiques majeures de cette bataille hors normes proposent un panorama de la bataille, complété par le récit des principales étapes de sa construction mémorielle, depuis les initiatives du monde ancien-combattant jusqu'au haut-lieu de la réconciliation franco-allemande.

 

Quatre parties composent cette exposition :

Le déroulé chronologique de la bataille. Cette partie est traitée en quatre panneaux qui retracent les étapes phares de la bataille depuis l'offensive allemande du 21 au 25 février 1916, au cours de laquelle plus de 1200 canons et 200 mortiers feront pleuvoir, plus de neuf heures durant, un déluge de feu sur les positions françaises. Sur les vingt divisions affectées à l'opération, dix sont prévues pour la bataille proprement dite, et les dix autres sont réservées pour une éventuelle bataille décisive sur un autre secteur dégarni en conséquence. Tous ces préparatifs n'échapperont pas aux défenseurs de Verdun, lesquels les rapporteront aux plus hautes instances militaires. Joffre enverra un détachement du génie, mais trop tard. Depuis la mi-janvier, les préparatifs allemands sont confirmés par le 2è bureau des services de renseignements français, par la reconnaissance aérienne (qui ramènera des photos aériennes inquiétantes) et par des déserteurs Alsaciens et Lorrains, mais rien n'y fera. Joffre restera sourd à ces avertissements.

Ce lundi 21 février 1916, un obus de 380 mm explose dans la cour du palais épiscopal de Verdun. Et marquera le début d'une bataille « inhumaine », bataille qui durera dix mois et fera plus de 300 000 morts et 500 000 blessés. Un déluge de feu et de fer s'abat ensuite sur un front de plusieurs kilomètres et deux millions d'obus tombent sur les positions françaises...en deux jours. Sur la partie centrale, longue de quinze kilomètres, les Allemands installent 800 canons. Ce même jour, à 16 heures, 60 000 soldats allemands attaquent sur un front de six kilomètres au bois des Caures. Une fois sur place, l'infanterie allemande consolide ses positions et positionne l'artillerie de campagne en batterie, si bien que les canons ennemis, avec leur portée ainsi augmentée, menaceront les liaisons françaises entre l'arrière et le front. Les forces françaises sont écrasées par cette pluie d'acier. Au bois des Caures, les massifs forestiers sont pulvérisés, déchiquetés, hachés. Le Fort de Douaumont, seulement défendu par une soixantaine de territoriaux, est enlevé le 25 février par le 24è régiment brandebourgeois. Enorme succès pour la propagande allemande mais consternation pour notre peuple. Bientôt, le terrain boueux ralentit cependant la progression allemande et un semblant de front est reconstitué. Les 270 pièces d'artillerie françaises tentent alors de rendre coup pour coup, et deux divisions françaises sont rapidement envoyées en renfort, le 24 février.

Cette première étape est suivie par celle de l'extension de la bataille sur la rive gauche de la Meuse. Les combats, qui concernent désormais l'ensemble de la région de Verdun entrent, de mai à septembre 1916, dans une phase d'usure où les pertes, terribles, seront identiques pour les deux camps. La reprise des offensives françaises, entre octobre et novembre, conduira toutefois à la victoire en décembre 1916. Les Allemands attaquent ainsi autour du Mort-Homme, du côté de la rive gauche, du bois des Bourrus, du bois de Cumière et du bois des Corbeaux. Le 6 mars, le pilonnement du Mort-Homme, qui durera jusqu'au 15, transformera le secteur en désert. Et les combattants des deux camps de connaître les pires souffrances. Simultanément, l'armée allemande attaque la rive droite à partir de Douaumont. Au début de la bataille, les effectifs français étaient de 150 000 hommes. En avril, ils s'élèvent à 525 000 hommes. Et Joffre de nommer bientôt Pétain , plus offensif, pour diriger la bataille. En juin, les Allemands sont tout près de Verdun, dont ils peuvent apercevoir les spires de la cathédrale. Le 1er juillet au matin, les Alliés sont attaqués sur la Somme (bataille de la Somme). Les Russes avancent sur le front oriental tandis que les Italiens font reculer les Autrichiens. Du 21 au 24 octobre, les Français pilonnent les lignes ennemies et les Allemands, d'évacuer Douaumont les 23 octobre. A la mi-décembre, les troupes allemandes sont refoulées sur leurs positions de départ.

 

Les lieux. Six panneaux sont consacrés aux principaux lieux de l'affrontement qui s'est développé sur les rives de la Meuse, comme les forts de Douaumont, de Vaux et de Souville, ainsi que le bois des Caures, qui se déchirera sous l'effet des premiers assauts allemands. L'exposition rappelle aussi que lors de la bataille, Verdun, constamment bombardée, deviendra tout à la fois une ville martyre et une forteresse assiégée en situation d'encerclement presque total car les voies ferrées qui la desservent seront coupées par le feu de l'artillerie. Le seul axe qui permettra d'approvisionner le front sera la petite route départementale reliant Bar-le-Duc à Verdun. Baptisée « Voie sacrée » dès avril 1916, elle deviendra le cordon ombilical de la bataille, par lequel les files ininterrompues de véhicules conduiront journellement 12 à 15 000 combattants et 15 000 tonnes de matériel de munitions et de nourriture. Numérotée RD1916, c'est par Maurice Barrès que cette route reçut l'appellation de Voie sacrée, en référence à l'antique Via Sacra romaine menant au triomphe. Cette voie dut être entretenue en permanence car les camions de transport de matériel et de troupes s'y succédèrent sans arrêt au rythme d'un véhicule tous les treize secondes en moyenne. Durant l'été 1916, 90 000 hommes et 50 000 tonnes de munitions, de ravitaillement et de matériel l'empruntaient chaque semaine afin d'alimenter la fournaise de Verdun. En cas de panne d'un véhicule, celui-ci était immédiatement poussé dans le fossé pour ne pas gêner la circulation. Des carrières furent même creusées le long de cette route afin de fournir des cailloux qui étaient régulièrement jetés sous les roues des camions par les soldats, afin de boucher les ornières. Plusieurs escadrilles de chasseurs, parmi les meilleures que comptait l'aviation française, étaient d'ailleurs chargées de sa protection contre les attaques aériennes ennemies, à l'exclusion de toute autre mission. Cette route fut vitale pour la bataille de Verdun. Le capitaine Doumencq, concepteur du système de la noria, l'avait bien compris, tout comme le général Pétain qui en fera grand usage. Philippe Pétain avait souhaité une rotation rapide des régiments au front pour toujours opposer aux Allemands des troupes aussi fraiches que possible. De nos jours, la « Voie sacrée » est matérialisée par des bornes casquées portant l'inscription N VS (National Voie sacrée). Et porte depuis 2006 le nom de RD1916 en référence à cette année terrible.

 

Les thèmes. Sept panneaux sont consacrés aux thématiques majeures de la bataille de Verdun, dont le rôle important de l'artillerie. C'est en effet à Verdun, en mars 1916, que les premiers obus à gaz sont tirés sur des troupes françaises. Il en sera de même le 18 juin, lorsque Falkenhayn , croyant la victoire à sa portée alors que les Allemands se trouvaient tout près de la ville de Verdun, fera bombarder le secteur avec des obus au phosgène. Les 70 000 Allemands devront cependant attendre que le gaz se dissipe avant de partir à l'assaut, ce qui profitera aux troupes françaises pour renforcer leur position, car le gaz phosgène sera un gaz très toxique à température ambiante, faisant partie des armes chimiques et des gaz de combat de la classe des agents suffocants. L'empoisonnement de l'atmosphère, les souffrances endurées par les camarades contaminés et l'obligation de porter un masque ajouteront encore à l'horreur des combats et les gaz deviendront alors, au même titre que les lance-flammes et l'artillerie, une des terreurs des combattants.

La bataille de Verdun sera également le théâtre d'une guerre aérienne. Elle est même la première bataille qui commence par une lutte pour la supériorité aérienne. Car c'est bien en 1916, dans les cieux de Verdun et de la Somme, que l'aviation s'impose comme une arme essentielle pour la préparation et l'exécution des offensives terrestres. Si la bataille de Verdun, qui fit 163 000 morts français et 143 000 allemands en dix mois, n'est finalement pas plus meurtrière que d'autres batailles de cette guerre, mais la mémoire nationale en a pourtant fait le symbole même de l'horreur et de la terrible hécatombe que fut le premier conflit mondial. Les pertes humaines, concentrées sur un territoire restreint, mais également la durée des combats et la configuration d'un champ de bataille sous le feu permanent d'une artillerie qui détruit tout (y compris les sépultures provisoires), en sont responsables.

 

La mémoire. Non seulement Verdun est devenu l'une des plus importantes batailles de la Grande Guerre par son ampleur et sa dureté, mais l'endroit, à la faveur de la construction mémorielle collective, symbolise désormais le courage et la détermination des combattants français à « tenir' et à incarner l'unité nationale. Pour beaucoup, elle résume à elle seule un conflit de quatre ans. C'est très symboliquement que les choix des restes d'un soldat inconnu mort pour la France durant la Grande Guerre s'effectue dans l'une des casemates de la citadelle souterraine de Verdun avant son transfert à Paris et son inhumation sous l'Arc de Triomphe. Verdun est aussi un lieu de paix, comme à travers cette image de François Mitterrand et de Helmut Kohl, main dans la main, à l'ossuaire de Douaumont ce 22 septembre 1984, un des symboles de la réconciliation franco-allemande.

L'exposition présente enfin Verdun aujourd'hui, à travers la technologie LiDAR, technique de télédétection par laser, qui livre des images en 3D de la surface terrestre. C'est ainsi que la mission LiDAR aéroportée de 2013 permit d'établir une cartographie des vestiges de guerre, grâce à la collecte de données topographiques en haute résolution de la forêt domaniale née après la guerre sur le champ de bataille. Et cette technologie de contribuer désormais aux réponses qui peuvent être apportées à de nombreuses questions liées à la conservation patrimoniale des lieux.

 

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