Revoir le globe
Top


Stanley
(Tasmanie, Australie)
Heure locale


Samedi 19 novembre 2016

 

Méfiez-vous des réveils laissés programmés pour 4 heures du matin, par le client qui vous a précédé. J'ai ainsi été réveillé brutalement cette nuit. Ce matin, je pars à la (re)découverte de Stanley, deuxième ville du nord-ouest de la Tasmanie, malgré sa faible population. Je dis redécouverte car je m'étais déjà rendu sur place il y a une dizaine d'années de cela, et j'ai hier immédiatement reconnu The Nut (ci-dessous), cet immense rocher plat qui correspond à une anomalie volcanique que découvrirent déjà les navigateurs Bass et Flinders, lors de leur passage en 1798. Ils surnommèrent d'ailleurs ce rocher Circular Head, rocher qui s'élève à 143 mètres au-dessus du niveau de la mer et qu'on peut gravir à pied, ou en utilisant un mini-téléphérique. Je ne suis pas venu ici pour çà aujourd'hui, mais pour vous faire visiter la petite ville, à travers un circuit que tout un chacun peut effectuer librement, après s'être procuré le petit livret-guide auprès de l'office du tourisme.

Stanley tient son nom du Lord Stanley, qui fut Secrétaire d'Etat britannique de la Défense et des Colonies au cours des années 1830 et 1840, et qui occupera également à trois reprises le poste de Premier Ministre. Un premier port fut inauguré ici en 1827, et la première école ouvrit ses portes en 1841. Autre événement notable : l'arrivée d'un câble téléphonique sous-marin en 1936, entre Stanley (depuis Apollo Bay) et le continent australien qui permettra à la Tasmanie de connaître pour la première fois les joies du téléphone.


 

Stanley est un endroit magnifique, très propre et agréable à parcourir. Je vous l'ai dit, c'est à l'aide de la défunte Marguerite Lili Eldridge, celle qu'on appelait ici affectueusement Meg, que je me propose de vous faire découvrir le village. Habitante éternelle de Stanley, historienne, artiste et écrivain, Meg sera à l'origine de la création de ce parcours, mais également de la création d'un Festival des Arts, véritable succès annuel depuis 1992. Meg oeuvrera aussi pour la création du petit musée de la ville, Discovery Museum (ci-dessous) qui se révèle être une mine d'or pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur ce que fut jadis la vie locale. De nombreuses photos viennent illustrer les différents thèmes abordés, ainsi qu'une foule d'objets anciens, dont une caisse enregistreuse étonnante qui dérouteraient les plus grands financiers de Wall Street (visible dans l'album photos de cette sortie). Meg rendra aussi possible l'aboutissement du Joe Lyons cottage (deuxième photo), ancienne demeure de Joseph Lyons (troisième photo), qui sera le dixième Premier Ministre d'Australie, de janvier 1932 jusqu'à son décès sept années plus tard. Il avait auparavant servi en tant que Premier Ministre de Tasmanie de 1923 à 1928. Notre homme était né ici, à Stanley et plus précisément dans cette petite maison du N°14, Alexander Terrace, de parents irlandais ayant émigré dans le comté de Galway. Il fréquentera la petite école de la ville, comme élève, puis comme enseignant. Je visite l'intérieur de la demeure qui ne comporte qu'un seul niveau, avec une chambre, un bureau, une cuisine et un salon. L'intérieur de cette maison évoque aussi la vie d'Enid Lyons, l'épouse de Joseph, également femme politique australienne, et première femme à avoir élue en même temps à la Chambre des Représentants et en tant que membre du Cabinet fédéral australien. Enid était née à Smithton et entamera sa vie politique très tôt.


 

Ma visite débute en réalité depuis le Marina Park, sur le parking duquel j'ai garé mon véhicule. Le petit port qui ne comporte qu'un seul quai n'est pas très imposant et donne sur la Sawyers Bay. Il fut pourtant autrefois très actif, lorsque notamment les pommes de terre étaient exportées vers d'autres ports d'Australie. Les bateaux partaient également à la pêche aux écrevisses depuis Marine Park. Non loin de là, sur Wharf Road, se dresse encore le Bond Store (ci-dessous), ancienne maison des douanes érigée en 1835 à l'aide de sapin de la baltique et de pierres ayant jadis servies de ballast pour un certain nombre d’anciens navires ayant accosté ici. Là étaient stockées les marchandises destinées à être livrées à la résidence Highfield House, à quelques kilomètres de la ville. Plus tard, la bâtisse abritera une fabrique de bacon, servira de moulin à grain, jusqu'à devenir maintenant un restaurant. De l'autre côté de la place, toujours à Marina Park, se dresse toujours l'ancien magasin de la compagnie Van Diemen's Land (deuxième photo), érigé en 1843. Là encore, le bâtiment connaitra divers usages : lieu de détention, maison des douanes, crèmerie, poissonnerie et maintenant commerce.


 

A deux pas de là se dresse encore de nos jours Poet's cottage au 6 Alexander Terrace, bâti en 1849 par l'architecte John Lee Archer, et à l'origine destiné à l'un des fils légitimes du roi George IV. J'ai parlé de John Lee Archer dans d'autres articles car il se verra confier de nombreux chantiers de construction en Tasmanie, dont le Parlement de Hobart. Or, lorsque Stanley est officiellement créée, en 1842, l'architecte va être nommé magistrat de la police dans le district local de Circular Head, et ce, pour un mandat de dix ans. Cela ne l'empêchera pas de poursuivre sa tâche d'architecte pendant ce laps de temps, aidant à planifier les axes de circulation de la petite ville et à l'occasion, de bâtir des édifices.

Au 16, Alexander Terrace s'élève encore la façade ocre du Bay View Hotel (en photo ci-dessous). Lorsqu'il vit le jour il y a 150 ans de cela, ce fut sous le nom de Shamrock Inn, en 1849. Stanley disposait alors de cinq pubs mais l'hôtel était le lieu le plus proche du port, et offrait une superbe vue, d'où son succès. Michael Lyons, charretier, mais aussi grand-père d'un ancien Premier Ministre du pays, Joseph Lyons, créa cet établissement et lui donnera le nom d'un trèfle qui porte habituellement chance, et pour cause, puisque l'affaire s'avérera florissante. Face à une clientèle émanant principalement du port tout proche, il fut décidé de rebaptiser l'endroit en 1854, du nom de Ship Inn, puis de lui donner le nom de Stanley Hotel, en 1888. Le bâtiment à deux étages reste encore aujourd’hui impressionnant, avec ses larges vérandas, et prendra son nom actuel en 1903 lorsque Henry Austin reprendra l'affaire, jusqu'à 1972, date à laquelle l'endroit tombera en désuétude, suite à sa perte de licence. La ville se fera alors un devoir de restaurer l'ensemble et d'en faire désormais une guesthouse à succès.


 

Toujours à Alexander Terrace, Meg m'emmène à la découverte du Captain's cottage (au N°30), en photo ci-dessous. Il furent pourtant nombreux ces capitaines de bateaux à avoir séjourné à Stanley, mais une seule maison porte le nom de capitaine. Cela s'explique par le fait que cette demeure fut la première du genre à être construite au début des années 1830. Celle-ci sera rachetée par le Capitaine Frederick Burgess, dans les années 1920, avant de passer entre les mains d'autres familles de marins. En prolongeant ma promenade dans cette même rue, je serai surpris par le nombre de cottages alignés et la beauté de ceux-ci.

J'atteins bientôt Church Street qui offre plusieurs boutiques et commerces (deuxième photo) : beaucoup d'échoppes ne survécurent malheureusement pas à l'épreuve du temps, comme, par exemple Smith & Sons' General Store, le premier moulin de Stanley, les fours à bois...autant de bâtiments qui furent souvent détruits par l'incendie.


 

Church Street abrite pourtant toujours Plough Inn (ci-dessous) au N°35, à l'époque bâtie par la compagnie Van Diemen's land afin d'offrir le gite aux voyageurs venant de Hobart. La bâtisse en pierre n'offrit d'abord pas beaucoup de commodités (pas de cuisine ni toilettes). Un unique four à pain (côté église Saint Paul) cuisait alors le pain pour tout le village. Plus tard, l'auberge obtiendra sa licence jusqu'en 1876, puis sera cédée à Mr Spicer qui en fit une pharmacie. Et l'ancien bar de l'auberge d'être transformé en dispensaire et en boutique d'apothicaire, pendant un demi-siècle. Quant au Commercial Hotel (deuxième photo), il fut l'un des premiers établissements hôteliers de Stanley, à l'origine bâti pour servir de mess aux officiers de la compagnie Van Diemen's Land. L'hôtel obtint sa licence en 1847, et officiera jusque dans les années 1960. On venait y jouer au billard, et les marins s'y racontaient des histoires de marins et de tempêtes impossibles, comptabilisant leurs pêches miraculeuses entre deux tournées de whisky. Le bâtiment est aujourd'hui une résidence privée.

 

La religion avait aussi sa place à Stanley : l'église anglicane St Paul (ci-dessous) se dresse toujours au 39, Church Street. C'est John Lee Archer qui traça les plans de l'église d'origine en 1842, dans laquelle sera consacré le premier évêque de Tasmanie. Juste à côté, se trouve l'église presbytérienne de St James (deuxième photo), voisine de la sépulture de Marie Bogue (troisième photo). Cette église fut livrée en préfabriqué depuis Londres, en 1855, puis fut montée ici à Stanley, pour un coût de 400£ de l'époque. Quant à la tombe de Marie Bogue, elle est un hommage à cette femme aborigène connue aussi sous le nom de Black Mogg. Sa disparition est entourée de mythes et de légendes, et Meg, d'en donner d'ailleurs les détails dans l'un de ses ouvrages,Historic Stanley. Mary vivait avec David Howie, ancien détenu, devenu plus tard gendarme à Bass Strait. Le 20 août 1851, le couple et son enfant entamèrent un long voyage par bateau de l'île Robbins jusqu'à Stanley, lorsqu'une violente bourrasque projeta le bateau contre le rocher The Nut, le faisant immédiatement sombrer. Le mari, David, fut rescapé, mais pas Mary Bogue et son enfant que l'on retrouvera enfermés dans une cabine du navire.

Au 10, Pearse Street, j'aperçois The Rectory (quatrième photo), un cottage bâti en 1843 pour le tout nouveau ministre du culte de l'Eglise d'Angleterre fraichement débarqué à Stanley, le Révérend anglican Thomas Grigg et sa famille. Cette maison est désormais une résidence privée, mais ses superbes jardins sont intacts et il est possible de visiter la galerie d'art qui a trouvé refuge dans la cuisine d'origine de la résidence, à l'arrière du bâtiment.


 

J'achèverai cette sortie en me rendant au site historique de Highfield House, une propriété typique de gentleman farmer, avec sa ferme, sa chapelle, ses baraquements pour les esclaves, ses granges et ses étables des années 1830. La demeure de style Régence a été plusieurs fois restaurée et est entourée de magnifiques jardins (ci-dessous).

Edward Curr, représentant en chef de la compagnie Van Diemen's Land fit construire l'ensemble en 1832, avec la participation un peu plus tard de l'architecte John Lee Archer. La compagnie Van Diemen's Land s'était installée sur les 350 000 acres de terres de la propriété dès 1826, suite à l'acte royal de Sa Majesté Georges IV. Revenons quelques instants sur l’histoire de cette fameuse compagnie Van Diemen's land, qui existe encore aujourd'hui : cette société fermière fut fondée en 1825, et fut dotée de 250000 acres de terres au nord-ouest de la Tasmanie, plus précisément à Stanley. Cette société, constituée de riches marchands, d'hommes d'affaires et d'hommes politiques était destinée à faire la fortune de ses détenteurs grâce au commerce de la laine de moutons mérinos, en alimentant ainsi l'industrie textile britannique. Les quartiers généraux de la compagnie furent installés à Circular Head sous l'autorité d'Edward Curr. Moutons et fermiers arrivèrent sur place en 1826, à bord du navire Tranmere, mais certains des nouveaux arrivants ne s'adapteront pas aux conditions de vie sur place. Quant à l'élevage des moutons, il s'avérera être un échec, car les pauvres bêtes ne résistèrent ni aux conditions climatiques extrêmes, ni aux thylacines (tigres de Tasmanie). L'entreprise fera d'ailleurs davantage de profits en exploitant le bois et les terres agricoles qu'au travers de cet élevage. D'abord passée aux mains d'un entrepreneur néo-zélandais, la célèbre compagnie vient d'être acquise cette année par un fond d'investissements chinois pour 280 millions de dollars australiens.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Office du tourisme, 45 Main Road, Stanley. Tél : 03 6458 1330. Ouvert tous les jours de la semaine, de 10h00 à 17h00. Accès internet gratuit (svcguest et stanley2040). Site : http://www.stanley.com.au/
  • Le petit livret gratuit, Under the Nut (de couleur marron) comporte le circuit inventé par Meg pour nous faire visiter sa ville natale de Stanley. Celui-ci comporte quinze étapes, et est réalisable en 1h15.

  • Discovery Museum, 37 Church Street, Stanley. Entrée : 3AUD$. Horaires d'ouverture (ci-dessous) aléatoires.

  • Joe Lyons Cottage, 14 Alexander Terrace, Stanley. Peut être visité gratuitement (dons appréciés) grâce à la présence de bénévoles sur place. Ouvert tous les jours, de 10h00 à 16h00 (fermé en juin, juillet et août). Prise de photos autorisée.

  • On peut garer son véhicule gratuitement à Stanley, partout, et toute l'année. Pas d'agents Rappetout ici !

  • Bay View Guesthouse, 16 Alexander Terrace, Stanley. Tél : 04 39 690 389. Chambres à partir de 110 AUD$ la nuit, petit déjeuner inclus.

  • Highfield Historic Site, Green Fields Road, Stanley. Tél : 03 6458 1100. Ouvert tous les jours de 9h30 à 16h30, du 1er septembre au 31 mai. Ouvert du lundi au vendredi seulement, en juin, juillet et août. Entrée : 12 AUD$. Site internet : http://www.historic-highfield.com.au/

  • Van Diemen Land Company : http://www.vdlfarms.com.au/







 



Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile