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Matale
(Province Centrale, Sri Lanka)
Heure locale

 

Mardi 6 novembre 2018

 

Ce matin, cap sur Matale, une petite cité musulmane entourée de montagnes et de plantations. Chaminda s'arrête au préalable à Kandy afin de me permettre de commander quatre enveloppes à coussins ornées d'éléphants. Le travail est fait sur demande et à la main et l'ouvrage ne me parviendra que d'ici deux mois. Parfois, il faut savoir être patient...La route est glissante car des trombes d'eau tombent depuis cette nuit sur le centre de l'île, gonflant au passage les cours d'eau. Une heure de route nous attend avant d'arriver à la première étape du jour, le temple Muthumariammam (en photo ci-dessous), dédié à Mariammam, la déesse de la pluie et de la fertilité. Ça tombe bien, car c'est aujourd'hui la fête Deepawali, la fête hindoue des lumières, célébrée à chaque automne. Cette festivité est l'une des plus importantes dans l'hindouisme car Deepawali marque la victoire de la lumière sur le monde des ténèbres, celle de Dieu face au démon, et celle de la connaissance face à l'ignorance. Et les temples, maisons, boutiques et autres bâtiments d'être illuminés ce jour-là. La préparation des rituels dure cinq jours et les participants nettoient, décorent et rénovent leurs foyers à cette occasion. Et chacun de revêtir ses plus beaux habits pour se rendre au temple avec des diyas (lampes à huile ou chandelles) pour prier Lakshmi, la déesse de la prospérité et de la richesse. On admire aussi le feu d'artifice et l'on déguste en famille ces gourmandises sucrées appelées mithai.

Le temple Muthumariammam, qui fut érigé en 1874 à l'initiative de Nattukkottai Chaettiar, et qui est un lieu de culte hindou est à la fois fréquenté par les Bouddhistes et les Hindous. L'endroit connut de tristes heures en 1983 lors des violents combats anti Tamouls qui se déroulèrent lors du mois de juillet, alors qualifié à l'époque de « Black July », le point de départ pour certains de la véritable guerre civile au Sri-Lanka. Le temple, lui, a depuis été restauré et son gopuram de 33 mètres de haut est à ce jour l'un des plus élevés dans le pays. Ses sculptures colorées multiples font penser à une véritable bande dessinée qui représentent des dizaines de scènes religieuses mêlant divinités et humains. A noter enfin au passage, le chariot utilisé lors des fêtes (deuxième photo) qui fait la fierté de la communauté.

 

A quelques kilomètres de là, au nord de la ville se trouve le monastère d'Aluvihara, un ensemble monastique constitué de plusieurs petites grottes détachées de la montagne dont certaines sont ornées de fresques. SI l'on regarde au loin, derrière le monastère, on aperçoit un gigantesque bouddha doré perché à flanc de montagne avec, à sa base, des logements pour les moines. C'est à l'intérieur des grottes que, deux siècles avant notre ère, 500 moines transcrivirent sur des feuilles de tallipot (palmier) des textes bouddhiques (en photo ci-dessous) qui furent détruits par les Britanniques en 1848. Et un travail de restauration d'être actuellement mené afin de tenter de sauver ce qui peut encore l'être. Sur les trois grottes visitables, la principale rassemble un ensemble de peintures sur la vie de Bouddha. Sous la grotte repose un bouddha de dix mètres sous un plafond rocheux orné de fresques avec de jolis motifs floraux. Ce grand bouddha est entouré d'autres, plus petits, qui sont debout avec les paumes levées. Dans une grotte voisine, sont présentées des peintures illustrant diverses punitions (deuxième photo) contre l'adultère, la prostitution, les voleurs de temples, l'alcoolisme...Les diables ont ici la peau noire. Quant à la troisième grotte, plus petite, elle abrite une véritable chambre des horreurs où tous les châtiments de l'au-delà sont présentés par des mannequins grandeur nature. On dépèce, on scie, on arrache les corps. Ames sensibles, s'abstenir !


 

Chaminda me conduit maintenant dans un atelier de batik. Cette technique d'impression des étoffes est ici réalisée artisanalement et Matale figure d'ailleurs comme la cité sri-lankaise spécialisée dans cet art. L'idée consiste à dessiner sur le tissu un motif à reproduire, puis on protège les zones du tissu contre la coloration à l'aide de cire chaude appliquée avec un outil spécifique. On teint ensuite la pièce de tissu en la trempant dans trois bains successifs et l'on ôte la cire en faisant bouillir le tissu à une température de 100°C. Les origines du batik remontent à un peu plus de mille ans et ont donné lieu au développement de cette technique dans plusieurs pays d'Afrique et d'Asie (dont le Sri-Lanka). Le batik le plus élaboré est cependant javanais et a été inscrit en 2009 par l'UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. En fin de visite, nous nous rendons à l'intérieur de la boutique où nous découvrons des batiks de toutes formes, de toutes tailles et pour tous les goûts.


 

Matale, entourée par les montagnes Knuckles, se trouve dans une région avant tout agricole. On vit principalement de la production de thé, de caoutchouc et ...d'épices. Depuis des temps immémoriaux, le Sri Lanka, surnommée « la Perle de l'Océan Indien » a été célèbre pour ses pierres précieuses, ses paons mais surtout ses épices. Et des fortunes gigantesques se sont tantôt construites, tantôt défaites sur le seul marché des épices de Ceylan. Une route des épices, longue de 72 kilomètres s'étire de Dambulla à Kandy et permet de visiter l'un des nombreux jardins d'épices implantés sur le parcours. Nous nous arrêterons ainsi à Ranweli Spice Garden où un jeune guide sri-lankais me fera visiter le jardin de la propriété, sous la pluie, en moins d'une demi-heure, et en français. C'est en effet sur ces terres de Matale que sont cultivées les épices du Sri Lanka. Le guide me présentera un certain nombre de plantes (gingembre, cacao, vanille, noix de muscade...) accompagnées de leurs vertus associées. On me cite ainsi tous les maux de la terre et l'on me donne à chaque fois les plantes salvatrices, avant mon passage en boutique, au cas où il me viendrait l'idée de partir sans rien acheter. Le jardin Ranweli propose également à ses visiteurs un aperçu de la médecine ayurvédique en plusieurs langues ainsi que des petits massages de la tête et du corps. On va même jusqu'à vous donner une recette sri-lankaise de curry au poisson, aux légumes ou à la viande, histoire de vous faire penser à acheter les ingrédients (ils sont nombreux!) en fin de visite.

 

On dit que Nalanda Gedige Temple (ci-dessous) serait le plus vieil édifice en pierre du pays. Situé au bord d'un lac artificiel, ce temple a été sauvé de la noyade définitive lors de la création de ce lac et a été déplacé en 1985 sur son lieu actuel. Après s 'être garé sur le petit parking, nous accédons au temple en franchissant un portique de pierre qui nous mène directement à une allée ombragée. Les archéologues auraient déterminé que la construction du petit édifice aurait eu lieu entre les 8è et 10è siècles. Et ce sanctuaire aux proportions harmonieuses de mêler les styles hindou et bouddhique, tout en abritant un vieux bouddha de pierre qui semble avoir souffert des outrages du temps. Je m'attarde longuement sur les détails de la façade de pierre car cette dernière contient de nombreux petits personnages que j'ai déjà trouvé dans certaines églises bretonnes.

L'époque à laquelle ce temple fut construit correspond à une ère d'instabilité dans le pays, à un moment où les rois d'Inde du Sud tentaient de gouverner à l'aube du déclin monarchique cinghalais. Des recherches archéologiques débutèrent sur l'ancien site en 1893 sous l'autorité d'un certain Mr Bell, alors commissaire de l'opération, mettant en évidence un mélange d'architecture hindoue et bouddhiste, avec par exemple une salle d'attente de style hindou. Par contre, on ne trouve aucune trace de divinités hindoues alors que la façade richement décorée et datant du 7è siècle, permet d'observer une sculpture tantrique de style bouddhiste. Mystère !


 

INFOS PRATIQUES :

  • Temple Muthumariammam, sur King's Street, artère principale de Matale. Ouvert tous les jours. Entrée : 300 roupies (pour pénétrer à l'intérieur). Prise de photos autorisée.
  • Monastère d'Aluvihara, Matale Road, à 3 km au nord de la ville. Ouvert tous les jours. Entrée : 250 roupies.

  • Batik Fair by Kottegoda, Sigiriya Road à Matale. Tél : 0662 222010/ 0662 286 537. Ouvert tous les jours de 8h00 à 17h00.

  • Ranweli Spice Garden, N°99 Kawdupelella, à Matale. Tél : +94 0662 247 339. Ouvert de 7h30 à 17h30 tous les jours. Boutique. Paiement possible par CB

  • Nalanda Gedige Temple, à un kilomètre de la route (avant le Country Side Hotel, emprunter la petite route sur la gauche, au niveau d'un panneau noir). Ouvert tous les jours. Entrée libre.

 

 







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