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Exposition "Loupot, peintre en affiche"
(Bibliothèque Forney, Paris, France)
Heure locale

 

Lundi 30 avril 2018

 

Si, comme moi, vous adorez ces vieilles affiches publicitaires qui ornaient les murs de nos belles régions il y a bien des décennies, alors vous aimerez l'exposition « Loupot, peintre en affiche », qui se tient jusqu'au 26 mai prochain à la Bibliothèque Forney (Paris 4è) et qui présente de manière chronologique près de cent affiches.

A la fois affichiste, graphiste, peintre et lithographe, notre homme naquit à Nice (06) en 1892. Il s'illustrera (sans jeu de mots) lors d'une carrière prometteuse de 1916 à 1960, et restera dans l'histoire de l'affiche comme l'un des créateurs majeurs de l'entre-deux-guerres, aux côtés de Cassandre, Jean Carlu et Paul Colin, au point de se situer au tout premier rang des affichistes français du siècle dernier.

Certains le regardent d'ailleurs comme l'un des inventeurs du style Art-déco français : l'artiste sera d'abord élève à l'école des Beaux-Arts de Lyon entre 1911 et 1913, avant de participer à la première Guerre mondiale, d'y être blessé en 1914, puis d'être réformé. Il rejoindra ensuite ses parents à Genève (Suisse), moment au cours duquel il délaissera la peinture pour dessiner à l'époque plus de soixante projets d'affiches pour des imprimeurs suisses qui lui enseigneront au passage les contraintes mais aussi les ressources de la pierre lithographique.

De retour en France en 1923, Charles Loupot est remarqué par les imprimeurs français Devambez et crée bientôt une série d'affiches pour des annonceurs comme les voitures Voisin, les meubles des Galeries Barbès, Peugeot, le thé Twining, Ocap ou encore les peintures Valentine (ci-dessus), autant de produits manufacturés à grande échelle. Il s'installe en 1931 dans un atelier à Montmartre (Paris) et crée la même année les affiches La glace Sécurit, puis Dop (en 1935), Ambre solaire (en 1936) et Coty (en 1938). A partir de 1937, Loupot oeuvrera également pour la marque d'apéritif Saint Raphaël Quinquina (ci-dessous) dont il modifiera peu à peu l'identité visuelle, après avoir été approché par l'industriel un an plus tôt. L'affiche ci-dessous sera largement diffusée à l'occasion de l'Exposition internationale de 1937.


Durant l'Occupation, l'artiste réside dans sa maison de Chevroches (Nièvre) où il s'adonne surtout à la peinture. Le gouvernement de Vichy ayant interdit la publicité pour les alcools, il arrête provisoirement son travail pour Saint Raphaël, c'est à dire jusqu'à la fin de la guerre. Ce genre de publicité sera à nouveau autorisé en 1950 et le célèbre annonceur fera alors parler de lui, grâce à la publicité illustrée de Charles Loupot, déclinée sur des supports différents dont des murs peints. Cette même année , Charles Loupot devient le directeur artistique d'une toute nouvelle agence de publicité, « les Arcs », qui vient de naitre. Dès lors, notre homme travaillera aussi pour les vins Nicolas, Lion Noir (1949), Vichy Célestins (1953), la Foire provençale de l'olive de Draguignan (1954), Route et ville (1957) jusqu'à créer le logo d'Air Liquide (photo), toujours d'actualité. En ce qui concerne les vins Nicolas, Etienne Nicolas, le patron des célèbres cavistes, contactera Charles Loupot en 1927. L'artiste livrera plusieurs affiches remarquables, mais aussi des publicités en relief pour cette marque, des sculptures et autres travaux graphiques. Après la guerre, les deux hommes reprendront leur collaboration et Loupot redessinera alors la ligne graphique de la maison Nicolas et la silhouette du livreur Nectar.


C'est à Arcs-sur-Argens (Var), où ses parents avaient acquis une propriété dans les années 1920, que le célèbre affichiste passera le reste de sa vie avant de s'éteindre en 1962.

L’exposition, elle, nous invite à découvrir les cinquante années d'une carrière prolifique de Loupot, carrière composée de période différenciées permettant d'approcher les divers moyens offerts à la communication par l'affiche en ce temps-là. Le lieu de déroulement de cet événement n'a pas été choisi au hasard puisque la Bibliothèque Forney est la bibliothèque des arts graphiques et des métiers d'art de la Ville de Paris. Sur place, le visiteur découvrira près de cent affiches exposées chronologiquement, autant d'oeuvres qui donnent à suivre l'évolution stylistique de l'artiste. Sur place, sont aussi exposées des maquettes, des pièces d'archives (correspondances, imprimés et photographies) et des sculptures publicitaires. Ces œuvres sont principalement tirées de la collection personnelle de l'artiste, actuellement détenue par Madame Loupot, la veuve du fils de Charles Loupot.


Le parcours débute avec les premiers travaux de Charles Loupot et aborde sa période de vie en Suisse (1913-1923). Nous l'avons vu plus haut, blessé puis démobilisé dès le début de la guerre, l'homme s'installe à Lausanne (Suisse) et y développe un premier style personnel raffiné, pictural et maniériste qui rencontrera un vif succès, comme cette affiche ci-dessus. Cette période correspond également à sa période de formation à la lithographie.

Arrive ensuite le début de sa carrière en France et sa collaboration avec les imprimeurs Devambez (1923-1925) qui l'appellent dès 1923. Cela donne la création de sa première véritable affiche française pour les voitures Voisin.

On découvre bientôt la période des « Belles Affiches » (1925-1930). Après une collaboration de courte durée avec Devambez, Charles Loupot s'associe avec un collaborateur et crée « Les Belles Affiches », l'un des moments les plus exaltants de sa carrière. Alors co-inventeur de l'Art-déco, notre homme se révèlera être l'un des meilleurs représentants de ce courant d'art novateur et dessinera une affiche pour l'exposition des Arts Décoratifs de 1925. D'autres affiches, présentées lors de cette exposition, révèlent des travaux modernes d'avant-guerre, fruit de la collaboration de Charles Loupot avec de nombreux annonceurs actifs dans les domaines les plus divers.

N'oublions pas que l'artiste collaborera momentanément avec Cassandre : c'est l'Alliance graphique, entre 1930 et 1934, une relation qui sera de courte durée car, bien que les deux hommes s'estiment mutuellement, chacun ne tardera pas à reprendre sa liberté. Après la guerre, Loupot renouvellera son style avec plus de force, tout en recherchant une plus grande rigueur graphique.


 

INFOS PRATIQUES :

  • Exposition « Loupot, peintre en affiche », jusqu'au 26 mai 2018, à la Bibliothèque Forney, 1 rue du Figuier à Paris (4è). Tél : 01 42 78 14 60. Métro : Saint Paul/Pont-Marie. Ouverte du mardi au samedi, de 13h00 à 19h00. Entrée libre.
  • Le catalogue « Loupot, peintre en affiche » (par Thierry Devynck) est en vente sur place au prix de 18€ (200 pages)

 

 

 







 



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