Revoir le globe
Top


Corte
(Haute-Corse, France)
Heure locale

 

Mardi 2 octobre 2018

 

Cette fois, c'est à Corte que je vous donne rendez-vous. Centre de la Corse intérieure et carrefour historique, la cité est une ville tout particulièrement imprégnée des luttes du peuple corse. Occupée dès l'Antiquité (et d'ailleurs citée sous Ptolémée), Corte deviendra la capitale administrative régionale sous le règne des Génois au 13è siècle. Les Maures prendront ensuite possession de la ville, jusqu'à ce qu'un certain Vincentello d'Istria, alors allié du roi d'Aragon, ne conquiert l'endroit en 1411 et qu'une citadelle ne soit construite un an plus tard. C'est un disciple de Mahomet, un certain Hali, qui se rendra maitre de l'île en chassant les Romains. Et la Corse d'être alors occupée par les Maures durant 166 ans et de vivre sous cinq rois musulmans successifs.

Le Moyen-Âge permettra à la cité de redevenir génoise après la mort de Sampiero. Plus tard, les révoltes du 18è siècle donneront à Corte l'occasion de jouer un rôle important : la ville deviendra d'abord indépendante en 1751 grâce à Ghjuvan Petru Gaffori, puis Pascal Paoli y installera plus tard son gouvernement, en 1765, avant d'y fonder une université. C'est encore ici que la constitution corse sera votée, même si Corte devra se rendre aux troupes françaises après la défaite de Ponte Novu en 1769.

 

Au 19è siècle, l'endroit deviendra une sous-préfecture et se développera grâce aux activités tertiaires et à la production agricole des villages alentours. L'université, elle, ne rouvrira qu'en 1981, dans un contexte de prise de conscience nationale de l'identité. Celle-ci, baptisée Pasquale Paoli, accueille de nos jours près de 4000 étudiants, dont beaucoup contribuent à la formalisation de la langue corse, la redécouverte du patrimoine et des textes anciens.

Il suffit de se promener dans les ruelles de la ville pour se rendre compte du poids des ans : une statue de Ghjuvan Petru Gaffori (en photo ci-dessous) a ainsi été érigée sur la place du même nom, tout près de sa maison natale qui conserve encore les traces de la lutte pour la libération de la cité. On peut en effet toujours y distinguer les impacts de balles tirées par les mousquets génois en 1750. Quant à la main droite de la statue, elle est pointée vers les remparts du château, sur lesquels le chef des patriotes corses ordonnera de tirer alors que les Génois tenaient son fils en otage. Né à Corte, notre homme fut d'abord secrétaire du roi Théodore, avant de devenir un ardent défenseur de son peuple. Il s'illustrera lors de plusieurs batailles contre les Génois. C'est également lui qui choisira en 1745 de faire de la tête de Maure l'emblème de la nation corse en en relevant le bandeau en signe d'affranchissement. Nous sommes alors en 1745, lors de l'assaut de la Citadelle de Bastia. Un an plus il reprenait Corte à l'occupant, puis tout l'intérieur, avant d'être nommé général de la nation. Doté d'un triste sort, il finira trahi par tous les siens et mourra dans une embuscade tendue par des partisans de Gênes.


 

Le cours Paoli forme l'artère principale de Corte et débouche sur une statue en bronze du « Père de la patrie », tandis que la ville est dominée par la citadelle qui offre un superbe panorama sur la ville basse et les vallées du Tavignano et de la Restonica, comme ci-dessous. Il suffit de monter les 97 marches d'un escalier en marbre pour accéder à cette vue imprenable ou de grimper jusqu'au belvédère situé à proximité de la citadelle. Un retour en arrière permet de découvrir que la citadelle en question fut autrefois le Palais des dirigeants génois, puis le siège de la première université cortenaise. Longtemps surnommée « nid d'aigle », la citadelle sera érigée sur le rocher qui domine la ville, avec une muraille crénelée de trois tours, dans le but de combattre la République de Gênes. Vincentello d'Istria, alors vassal du roi Alphonse V d'Aragon, y règnera en souverain de 1421 à 1434. En 1769, à la suite de la défaite de ses troupes corses face à celles du roi Louis XV, la Corse passera sous domination française. Le comte de Vaux fera alors renforcer les fortifications de la ville en renforçant la citadelle sur le principe des fortifications et constructions de Vauban. Quant à la caserne Padoue, elle sera définitivement achevée en 1776. Cette citadelle abritera la Légion étrangère de 1962 à 1983 avant d'accueillir désormais le fonds régional d'art contemporain, le centre de culture scientifique et technique de Corse, le pôle touristique Centru di Corsica (office de tourisme) et le Musée de la Corse. Ce dernier offre de voir les collections réunies par l'abbé Doazan sur la vie agricole d'antan. De nombreux objets de la vie quotidienne y sont exposés et l'on peut en apprendre davantage sur l'existence des bergers. L'autre partie du musée est consacrée à l'industrialisation de l'île et au tourisme.

 

Au 18è siècle, Pascal Paoli, alors général de la nation, fera installer le siège du gouvernement pour la nation corse à l'intérieur du Palais national, bâtiment massif de deux étages, en photo ci-dessous. L'endroit abritera également la première université corse en 1765. Plus tard, l'édifice sera occupé par le collège Paoli qui fermera ses portes en 1921, puis par un centre d'habillement et de cordonnerie de 1944 à 1945. L'ancien Palais verra ensuite passer successivement la société de musique cortenaise (de 1952 à 1954), la bibliothèque municipale puis le musée d'histoire corse (depuis 1952). Il faut rappeler que Corte est l'unique citadelle de l'île située à l'intérieur des terres. Depuis le 14è siècle, la cité de Bastia sera quant à elle vouée par les Génois au commandement du territoire insulaire jusqu'à ce que les révolutions de Corse ne mettent fin à cette prééminence. C'est à ce moment-là, en 1755, que Pascal Paoli établira son gouvernement au Palazzu Nazionale, et ce pour des raisons stratégiques. L'université qui naitra dix ans plus tard deviendra quant à elle le symbole de la Corse unifiée et indépendante. Charles Bonaparte, père de Napoléon 1er y étudiera d'ailleurs le droit, avant de s'engager aux côtés de Paoli dans la lutte pour la défense de la nation corse. Après son mariage, Charles s'installera à Corte avec Letizia sa femme. Et Napoléon, leurs second fils, d'être alors conçu. La chute de la nation corse, en 1769 mettra de fait fin au statut de capitale de Corte. Son université fermera, avant de rouvrir bien plus tard. De temps en temps, on parle encore de réimplanter le siège de l'assemblée de Corse à Corte mais le pouvoir régional est désormais concentré à Ajaccio.


 

Autre curiosité de la ville haute, la maison natale du Duc de Padoue, Arrighi de Casanova (ci-dessous, en bien mauvais état), personnage représenté dans la ville basse par une place portant son nom et sur laquelle une statue conçue par Bartholdi a été érigée. Reconstruite en 1760 à la suite d'un incendie, la demeure située au 1, rue du Poilu, juste en-dessous des remparts de la citadelle, fut habitée par les parents de Napoléon 1er en 1768, année de la naissance de Joseph Bonaparte. Dix ans plus tard, naissait Jean-Thomas Arrighi de Casanova, duc de Padoue.

 

Non loin de là, se dresse l'église paroissiale de l'Annonciation, bâtie sur l'initiative de Monseigneur Ambroise Arrighi Ambroggio d'Omessa, évêque d'Aleria, à partir de 1450, et dans un style baroque avec un campanile. L'intérieur abrite plusieurs meubles en bois sculpté et un crucifix du 17è siècle, sans parler du gisant de Blaise di Signori, frère franciscain considéré comme le seul corse à avoir été patron de l'île. La statue de cire (ci-dessous) de Saint Théophile de Corte (alias Blaise di Signori) fut réalisée en 1979 par le célèbre musée Grévin de Paris à la demande du Chanoine Louis Vincenti, Curé-archiprêtre de la cité. Blaise di Signori sera béatifié en 1896 avant d'être canonisé en 1930 par le pape Pie XI. Notre homme entrera au couvent des Franciscains de Corte dès l'âge de 18 ans et y prendra le nom de Théophile. Après avoir effectué sa profession de foi en 1694, il partira pour Rome afin de suivre une formation de séminariste au couvent de l'Ara Coeli. Par la suite, il choisira de se consacrer à la prédication itinérante en Italie, puis en Corse, et à l'assistance des malades. Théophile est en effet considéré comme un saint guérisseur, avec le pouvoir de guérir les malades mais également de prévoir la mort. De nombreux miracles lui seront attribués, comme le fait d'avoir rendu la vue à des aveugles, et même après sa mort, en guérissant des malades venus sur sa tombe. Théophile est le saint patron de Corte, et est fêté chaque 19 mai. A quelques rues de là, s'élève la chapelle de la confrérie Sainte Croix, point de départ de la granitula du jeudi saint. L'édifice, d'architecture baroque est richement décoré et permet de contempler des tableaux et des orgues. En se dirigeant vers la rampe Sainte Croix gardée par cette chapelle, on peut profiter d'une jolie promenade jusqu'à atteindre une placette ombragée sur laquelle se dresse une grande fontaine pyramidale dite des Quatre-Canons (deuxième photo). Celle-ci fut construite en 1722 par les services du génie militaire et son débit serait le plus important de toute l'île, avec, dit-on, 70 litres d'eau par seconde.


 

INFOS PRATIQUES :

  • Office de tourisme de Corte : http://www.corte-tourisme.com/
  • Mairie de Corte: http://www.mairie-corte.fr/

  • Musée de la Corse, La Citadelle, à Corte. Tél : 04 95 45 25 45. Site internet : http://www.musee-corse.com/index.php/fre

  • Il pleut des cordes lorsque nous arrivons à Corte : mieux vaut porter des chaussures munies de semelles bien adhérentes car les trottoirs de la ville peuvent rapidement devenir glissants, tout comme ces nombreux escaliers faits avec des galets.

  • Il est difficile de se garer à Corte et mieux vaut s'arrêter dans un parking couvert, pour un cout modeste. Le parking Tuffelli est très pratique et ne se trouve qu'à 10 minutes de marche de la citadelle. Il se trouve Avenue Jean Nicoli et est ouvert H24.








Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile