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Le Massif des Bauges
(2) (Savoie, France)
Heure locale

 

Dimanche 22 septembre 2019

 

Je poursuis aujourd'hui ma balade dans le massif des Bauges, qui offre au regard du visiteur tantôt d'impressionnantes falaises, tantôt des zones humides, des vertes prairies ou encore des forêts. Essentiellement composé de roches sédimentaires formées sous les mers entre 180 et 66 millions d'années, le massif a vu se plisser ses roches lors de l'érection des Alpes il y a vingt millions d'années, longuement façonnées par de puissants glaciers qui s'étendaient jusqu'aux portes de Lyon. Les premiers hommes n'apparurent ici qu'à la fin du Paléolithique, vers 13500 ans avant J.C, après le retrait de ces glaciers. Grottes et abris sous roche offrirent alors à ces premiers humains préhistoriques le refuge recherché. Autant de camps de base pour ces chasseurs, cueilleurs et pêcheurs de la première heure qui nous laissèrent ici et là des témoignages de leur passage sous la forme de peintures rupestres.

 

L'habitat est souvent révélateur d'un contexte géographique et d'un mode de vie. L'homme dispose ici de calcaire abondant, roche principale du massif des Bauges et matériau principal de construction. Utilisé comme moellon, pierre de taille ou réduit en chaux, il est employé pour bâtir églises, châteaux ou simples maisons paysannes. Cependant, il n'existe pas un seul type de calcaire, mais plusieurs, dont certains, plus remarquables (Pierre de Curienne, ou pierre veinée de Doussard) sont utilisés pour réaliser les plus beaux ouvrages (autels, piédestaux ou encadrements...). De même, il n'existe pas dans le massif qu'un seul type de roche (calcaire) mais aussi du schiste noir (mortine) avec lequel on construira des maisons sur les versant Est de la Dent de Cons. En revanche, là où les affleurements rocheux se font plus rares, on se contentera de construire des maisons en terre (pisé, bauge..) comme à l'ouest du massif, sur les collines de l'Albanais. La molasse, elle, servira à l'érection d'habitations là où elle abonde, notamment pour la fabrication des cheminées et des fours grâce à ses propriétés réfractaires. Les toitures étaient en chaume, parfois en tuiles de bois (tavaillons) dans certains alpages, ou en ardoises (pour les demeures bourgeoises). A La Compôte, habité par les Compôtains, certaines demeures du haut du bourg comportent encore des tavalans (ci-dessous), des troncs d'arbres courbés par la neige pour créer des suspentes sous les débords de toit, même si l'utilisation du bois restait marginale dans la construction, si ce n'est pour les bardages fermant les granges et les fenils. Autre spécificité de ce village de moyenne montagne, les grangettes (deuxième photo) jalonnant les prés en face du bourg et utilisées pour entreposer le foin. Znfin, à trois kilomètres de là, se trouve Ecole, un village qui offre sa Maison Faune Flore (voir infos pratiques) en période estivale, avec six films documentaires,une soixantaine de manipulations interactives et maquettes de l'exposition permanente...


 

Je m'arrêterai à Aillon le Jeune, pour sa chapelle de la Correrie et la Chartreuse d'Aillon : Aillon semble avoir été le nom du propriétaire de l'endroit durant la période gallo-romaine, jusqu'à ce que ce village ne soit divisé en deux, en 1803, avec d'un côté Aillon le Vieux et son ancienne église dédiée à Saint Donat, et de l'autre Aillon le Jeune et sa station de ski des Aillons-Margériaz (1850 m), toute proche. La chapelle de la Correrie (en photo ci-dessous) désigne un domaine rural près du couvent, où résidaient un moine et des frères convers, ainsi que les « grangeries » associées (fermes) dont les pères retiraient des loyers. Ce lieu accueillera pèlerins et étrangers jusqu'au 14è siècle, avant que ne soit créée une hôtellerie à la Chartreuse. La petite chapelle sera exclusivement destinée aux religieux et aux fermiers, puis, à la suite de la révolution française, sept familles hériteront des terres, de la chapelle et d'un droit d'inhumation dans le cimetière. Désormais propriété communale, l'édifice fut érigé au 17è siècle dans le style baroque tandis que le décor intérieur est l'oeuvre du peintre Salvati.

A quelques dizaine de mètres, se trouve une petite route conduisant à la Chartreuse d'Aillon (deuxième photo) : le monastère, autrefois composé de plusieurs bâtiments affectée à la vie communautaire (église, salle du chapitre, réfectoire, cuisine, forge, écurie...) et à la vie contemplative (cellules des pères, cloitre et bibliothèque) n'offre plus aujourd'hui que l'ancienne hôtellerie appelée « bâtiment des étrangers ». C'est vers 1178 qu'une communauté de moines chartreux, pères et frères, venue de l'Ain s'installera six siècles durant dans ce lieu voué à la prière. Le domaine vivra longtemps de la location des terres et forêts, avant d'être vendu à la Révolution (en 1792), puis longuement délaissé. Le bâtiment actuel, racheté par des cultivateurs d'Aillon en 1853, fera fonction de ferme et de lieu d'habitation jusqu'à son acquisition par la communauté de communes du Pays des Bauges. Désormais, des visites guidées sont régulièrement organisées, et l'endroit diffuse l'histoire des implantations humaines dans le massif des Bauges, la société agropastorale, l 'épopée du fer et la vie des Chartreux, à l'aide de panneaux, de bornes interactives, maquette et salle de projection.

 

A présent, direction Le Chatelard, capitale historique des Bauges. A ce titre, le bourg est le siège de la communauté de communes du Coeur des Bauges et du Parc naturel régional du massif des Bauges. Une promenade s'impose après avoir facilement garé mon véhicule sur l'un des nombreux parkings proposés aux visiteurs. J'y découvrirai de vieilles maisons (première photo ci-dessous) en enfilade accrochées aux derniers contreforts du Mont Julioz ainsi que le clocher se dressant dans l'échancrure séparant les « Bauges-Devant » et les « Bauges-Derrière ». Les Castelllardinois (c'est ainsi que l'on surnomme les habitants) vivent ainsi dans ce qui fut dès le Moyen-Âge une châtellenie. Amédée V, comte de Savoie, avait alors octroyé des franchises au bourg dès 1301, franchises renouvelées en 1324 par son fils Edouard de Savoie, puis confirmées en 1392 par Bonne de Bourbon. Le commerce se développera largement d'où ces nombreuses anciennes boutiques (deuxième photo) qui font le charme de l'endroit.


 

Je suis pressé par le temps pour atteindre le belvédère du Revard avant le coucher du soleil. Et d'abandonner l'idée (bien à contre-coeur) de me rendre à la chocolaterie artisanale des Bauges qui se trouve à Bellecombe en Bauges, à quelques kilomètres de ma route pour le belvédère. Il n'y avait qu'un montagnard, en l'occurence Frédéric Pellier-Cuit, pour créer une chocolaterie en pareil endroit. Fabriqués artisanalement, les chocolats sont de première qualité, 100% pur beurre de cacao, grands crus et entièrement faits maison. Trois à quatre jours sont nécessaires à la création d'un bonbon de chocolat qui, ne nous procurera pourtant qu'un instant de plaisir éphémère mais...si intense ! Transformé sous nos yeux, le chocolat brut devient bonbon, glace, caramel, tablette ou carrément pièce artistique. Il s'émulsionne en ganache, se marie avec des noix et s'enrobe de menthe et de chocolat blanc pour devenir une tommette des Bauges, ou de crème de whisky pour devenir un palet celte. Avis aux gourmands !

Je file maintenant en direction du Mont Revard, qui culmine à 1562 mètres dans les contreforts septentrionaux du massif des Bauges et domine ainsi la région d'Aix les Bains et le lac du Bourget (ci-dessous). Pour vous y rendre, il suffit de toujours suivre la direction du Revard, puis, du Belvédère du Revard. L'histoire de ce mont est étroitement liée à celle d'Aix les Bains et aux nombreuses personnalités qui fréquentèrent la cité thermale dans le passé et gravirent ce sommet à la vue exceptionnelle. Sommet de moyenne montagne, le mont et son belvédère se dressent à 1538 mètres d'altitude, offrant par beau temps une vue magnifique sur les chaines montagneuses du Dauphiné, du Jura et du Mont Blanc.


 

Le Revard est par ailleurs implanté dans le domaine skiable Savoie Grand Revard, le plus grand domaine de ski nordique de France, et formé de deux autres stations, La Féclaz et Saint Francois de Sales. Des passerelles me permettent de m'avancer en toute sécurité dans le vide pour profiter du paysage : Aix les Bains et le lac du Bourget, les falaises impressionnantes (ci-dessous) plus à gauche et sur l'autre versant, encore un autre point de vue (deuxième photo) jusqu'à deviner au loin le sommet du Mont Blanc (dernières images de la vidéo). C'est cet endroit que Sandra Ferrari a choisi pour exercer ses talents de musher professionnelle, c'est à dire conductrice de chiens de traineau. Et l'ancienne skieuse de fond de l'équipe de France d'avoir débuté son activité il y a plus de vingt ans avec deux chiens huskys (aujourd'hui, Sandra est en mesure de fournir une dizaine d'attelages). Ces chiens développent une puissance incroyable (huit chiens attelés représentent 800 kg de puissance) et leur permettent de tirer un traineau à une vitesse moyenne de 20 à 34 km/heure, selon la topographie du terrain.


 

 

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