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Il était une fois le Val d'Arly
(Savoie, France)
Heure locale

 

Vendredi 27 octobre 2019

 

Prochaine étape de mon périple savoyard : Albertville et ses alentours. Le val d'Arly fait partie de ces régions naturelles que j'ai sélectionnées. L'endroit est également une vallée, et se situe entre les massifs du Beaufortain, des Aravis et des Bauges, à la limite des départements de la Savoie et de la Haute-Savoie.et de naviguer ici en moyenne montagne avec virages et lacets à volonté. La prudence est de rigueur sur ces petites route où transitent régulièrement des semi-remorques.

 

C'est logique, au Val d'Arly coule l'Arly, une rivière française affluent du Rhône, longue de 34,5 km, et qui se forme au confluent de deux torrents, le ruisseau du Planay et celui du Glapet, lesquels prennent leur source sur le versant nord du Mont Joly. Et de traverser successivement Praz-sur-Arly, la limite Savoie et Haute-Savoie, Flumet, Ugine.... Les gorges de l'Arly son très profondes et ont leur route, la RD1212, encore une fois fermée pour travaux (c'est fréquent ici à cause des éboulements), ce qui m'obligera à emprunter une déviation passant par les célèbres gorges. Quatorze communes en tout sont traversées par la rivière, de Megève à Grignon.

Sur ma route, je croiserai de très beaux paysages de montagne que j'arriverai à photographier sur les rares espaces de stationnement offerts par la petite route empruntée. J'apercevrai aussi le Mont Blanc au loin. Les Ceutrons (peuple gaulois des Alpes) occuperont le val d'Arly durant l'Antiquité, jusqu'à l'an 20 avant J.C, date de l'arrivéee des Romains. Le Moyen Âge, lui, verra le partage de la vallée entre les seigneurs de Savoie et ceux de Faucigny (qui deviendront les maitres de Flumet et du haut val d'Arly au 13è siècle).

 

Justement, c'est à Flumet que je décide de me rendre en premier. Ce bourg possédait un château qui contrôlait l'accès aux fameuses gorges et bénéficia d'octrois dès 1228 alors délivrés par le Sieur Aymon II de Faucigny pour développer son commerce de façon autonome. Un marché local apparaîtra bientôt, suivi par la construction d'une route destinée à franchir les gorges de l'Arly entre 1862 et 1886, et permettant à Flumet d'être relié à Ugine dès 1884. Perché à 900 mètres, Flumet est traversé par la « Route des Grandes Alpes » qui va de La Clusaz à Bourg-Saint-Maurice en franchissant au passage les cols des Aravis, des Saisies et de Roselend, bien connus des cyclistes et fréquemment empruntés par les coureurs du Tour de France. Localisé au centre du Haut Val d'Arly, le bourg abrite moins de mille âmes et tire son nom du latin flumen (eau courante). Place stratégique et militaire, Flumet fut l'une des portes d'entrée du Faucigny et possédera à ce titre un château dont l'édification date probablement du 12è siècle. En 1679, l'histoire du village sera moins heureuse puisqu'un gigantesque incendie ravagera Flumet et le château des sires de Faucigny. De même, en 1792, Flumet et les villages alentours seront attaqués et pillés par les révolutionnaires. Le clocher de l'église Saint Théodule y perdra même son bulbe.


 

En bas du pont des Abymes, du haut duquel quelques personnes se jetèrent dans le passé pour mettre fin à leurs jours, coule l'Arly, qui possédait jadis une passerelle en bois permettant aux habitants de se rendre de Flumet à Notre-Dame de Bellecombe. Un peu plus haut, avant le pont, un barrage sera édifié afin de créer une retenue d'eau destinée à alimenter en énergie hydroélectrique les turbines du vieux moulin à Tienne. Celui-ci servira tour à tour de huilerie et de meunerie, comme me le soulignera Jean Ouvrier-Buffet, le Président de l'association du Moulin « à Tienne » (ci-dessous en photo), qui a eu la gentillesse de m'ouvrir exceptionnellement les portes de cet endroit chargé d'histoire. Ce moulin, dont on signale déjà la trace à son emplacement actuel dans la mappe sarde de 1730, est une ancienne propriété seigneuriale placée sur l'ancien chemin reliant Flumet à Notre-Dame de Bellecombe. Acheté en 1820 par la famille Mongellaz, « Tienne »(deuxième photo ci-dessus) comme on le surnomme ici, en sera le dernier meunier puisque le moulin cessera de fonctionner en 1973 au décès de ce dernier. Le moulin, alimenté en eau par un canal appelé « bédière » faisait tourner ses trois meules ainsi qu'une pierre servant à produire du cidre et de l'huile de frêne (un bon médicament pour les bêtes malades!) grâce à trois turbines alimentées en énergie hydro-électrique. Un tel héritage ne pouvait tout bonnement pas disparaître du patrimoine local et des bénévoles s'attelèrent donc à restaurer le moulin à Tienne d'une part, et la Maison du Meunier abritée dans la plus ancienne maison à galerie de bois du village, le tout avec l'appui de la municipalité.


 

Jean et moi remontons le chemin pentu depuis le moulin pour rejoindre le village et nous rendre à la meunerie. Comme je vous le disais, cette maison de meunier est l'une des plus anciennes demeures du village, à la façade surprenante, ornée de deux pilastres peints en trompe l'oeil. On peut encore y trouver les deux anneaux qui étaient utilisés autrefois pour attacher les bêtes. Côté rue, une porte en bois permet de pénétrer « discrètement » dans un estaminet (bar) aménagé dans la maison, pour y déguster la soupe de bûcheron (une soupe savoyarde et consistante, faite de légumes et de lard). Cet estaminet était l'endroit où les hommes se restauraient en attendant leur livraison de farine. La maison cache bien des trésors à l'intérieur de ses salles d'exposition : reconstitution d'un intérieur savoyard, d'une chambre, collection de vêtements locaux, photos du vieux Flumet et exposition de machines agricoles...La première salle, elle, présente le monte-charge qui fut installé pour relier le moulin et éviter de descendre le grain puis remonter la farine à dos d'homme sur un sentier aussi abrupt. Nos anciens étaient décidément astucieux.


 

A moins de deux kilomètres de Flumet, se dresse depuis le 18è siècle l'Eglise du petit village de Saint Nicolas la Chapelle, église paroissiale qui permit à cette commune de se dégager de la tutelle de l'Abbaye de la Cluse en vigueur deux siècles plus tôt. On connait peu de choses sur l'histoire ancienne de l'endroit, si ce n'est que des moines bénédictins auraient érigé une chapelle dédiée à Saint-Nicolas, chapelle qui serait à l'origine de la première église du village bâtie au 14è siècle. On sait aussi que Saint François de Sales viendra prêcher sur place en juillet 1606. « Eglise-mère », l'édifice sera reconstruit dans la seconde moitié du 18è siècle dans l'esprit de la Contre-Réforme et de l'art baroque. Son mobilier sera heureusement assez bien préservé des pillages de la Révolution française et l'église sera plus tard coiffée d'un superbe clocher et de fresques sous ses voutes. Son retable-baldaquin à plan ovale et supporté par des colonnes torses décorées de guirlandes, de feuilles de vigne et d'angelots est une pièce remarquable, et l'un des deux seuls exemplaires du genre en Savoie, avec celui de Flumet. L'église est classée au titre des Monuments historiques, grâce à la richesse de son mobilier (due à la générosité des paroissiens) qui date généralement du 18ème.


 

Un univers magique constitué de personnages de contes, de fées, d'elfes et de lutins, des scénettes de contes de fées illuminées et animées au gré de l'histoire racontée, et tout un petit monde insolite imaginé et fabriqué manuellement et à l'aide de pâte à papier et de pâte à sel par la famille Breyton, à Notre-Dame de Bellecombe. Voilà qui est peu commun, mais cette maison existe bel et bien. Je veux bien entendu parler de la Maison des Contes de Fées de Notre-Dame de Bellecombe.

Daniel Breyton (interrogé dans ma vidéo), son épouse Edith et leurs deux filles, Lise et Claudine, tous animés par la passion des contes de fées et des créations manuelles, ont voulu transmettre ces contes au travers de scénettes peuplées de personnages féériques pour faire rêver les petits et les grands. Ici, les contes traditionnels sont à l'honneur : Cendrillon, Blanche-Neige et les sept Nains, le petit Chaperon rouge, ou les Trois petits cochons...Chez les Breyton, on travaille en famille et chacun joue son rôle : Daniel fabrique les structures en bois qui supportent les scénettes, tandis qu'Edith et les filles s'exercent à la création manuelle des personnages et des décors en pâte à papier, avec toutefois chacune sa spécialité. Edith se consacre tout particulièrement à la peinture des paysages, aux décors et à la création des costumes des personnages. Lise, elle, anime et met en mouvement les personnages, pendant que Claudine se charge de l'animation musicale, de la décoration, des recherches et des expositions murales sur le thème des contes de fées. La Maison des Contes de Fées vit le jour en 2005 et est l'aboutissement de quinze années de travail et de générosité, et encore bien des projets à venir ! Quoi de plus beau qu'une passion (j'en sais quelque chose) ?


 

INFOS PRATIQUES :

  • Le Moulin « A Tienne », ouvert le mardi et le jeudi(de 16h à 19h) du 30 juin au 15 septembre. Entrée gratuite, mais les dons sont appréciés ! Pour les visites de groupes, contacter le 04 79 31 61 08 (ou 70 65) ou 04 79 32 92 62.
  • La visite de la Maison du Meunier complète celle du moulin, aux mêmes jours et horaires.

  • Un grand merci à Jean Ouvrier-Buffet pour sa gentillesse et sa disponibilité.

  • Eglise de Saint-Nicolas-la-Chapelle, ouverte en journée tous les jours. Réservation pour les groupes au 04 79 60 58 99.

  • Maison des Contes de Fées, Hameau « Le Chéloup », à Notre-Dame-de-Bellecombe. Tél : 04 79 31 07 79. Site internet : http://maisondescontes.fr/ . Ouvert tous les jours de l'année, de 10h à 19h. Entrée adulte : 7€. Parking pour voitures et bus. Accès pour handicapés. L'établissement propose aussi des chambres d'hôtes (plus d'infos sur demande et sur le site internet). Merci à toute la famille Breyton pour son charmant accueil !








 



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