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Conflans, Cité médiévale
(Savoie, France)
Heure locale

 

Samedi 28 septembre 2019

 

Sur la carte et les guides touristiques, Albertville ressort en plus gros. La ville est en fait le fruit de la fusion des deux bourgs de Conflans et de L'Hôpital que le roi de Sardaigne instaura en 1835, par ordonnance. Le lieu prendra même temporairement le nom de Conflent, lors de la conquête de la Savoie par Bonaparte en 1801. Albertville a profité des Jeux Olympiques d'hiver de 1992 pour se forger une image internationale, mais le patrimoine culturel, lui, se trouve bien à Conflans, la cité médiévale. C'est à la découverte de cette cité que je vous convie, en photo et en vidéo.

 

A l'époque romaine, « le bourg sur le roc » constituait un point stratégique sur la route Milan-Vienne, qui est situé à la confluence des rivières Arly et Isère, d'où l'appellation finale de ce village perché : Conflans. Non loin de là, à la fin du 12è siècle, les Hospitaliers de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem fondèrent une maison hospitalière pour accueillir voyageurs et pèlerins, et le village qui se construisit autour de cette maison de prendre le nom de « L'Hôpital ». Tour à tour les comtes et ducs de Savoie (qui deviendront plus tard rois de Sardaigne) régneront sur cette région, tout juste interrompus par l'occupation (rare) des armées de France.

De mon auberge, située au pied de la vieille cité, je ne me trouve qu'à une quinzaine de minutes de Conflans. J'emprunterai la « montée du Château », celui de Manuel de Locatel (ou maison forte de Costaroche) pour atteindre finalement la Porte de Savoie. Le bourg fortifié qui protégeait autrefois l'entrée de la vallée de la Tarentaise se dresse toujours sur son piton rocheux. Plusieurs châteaux se chargeaient alors de défendre Conflans : le château-fort de Conflans, édifié au 12è siècle qui appartenait aux archevêques-comtes de Tarentaise, l'ancien castrum, et la Maison-forte de la Cour, propriété de la noblesse locale. En 1600, l'armée française prendra possession du château de Conflans à l'issue d'un siège durant la Guerre franco-savoyarde de 1600. Quant au château de Manuel de Locatel, il date du 16è siècle et appartint aux familles Locatel et Manuel, d'où son nom.

 

Il y a deux moyens de pénétrer dans le village fortifié : la Porte de Savoie (que j'utiliserai cette fois, et en photo ci-dessous) et la Porte taurine (qui permettait de rejoindre directement la vallée de la Tarentaise). A noter que les deux portes communiquent judicieusement avec la Grande rue. La Porte de Savoie, qui s'appela également « Porte de France », donne sur la Combe de Savoie, et don sur le territoire de l'ancien comté de Savoie. Il ne s'agit pas d'une porte monumentale mais d'un accès aux dimensions plus modestes qui débouche directement sur la tour Ramus (deuxième photo ci-dessous), une maison à tourelles qui servait de logis seigneurial à la famille Ramus.


 

Je remonte la Grande Rue jusqu'à tomber sur la fontaine Anselme (ci-dessous) datant de 1711. En ce samedi matin ensoleillé, un calme impressionnant règne dans la petite ville et je peux faire ma séance photos sans contrainte. Bientôt, sur ma gauche, s'élève l'Eglise Saint-Grat (saint patron de la ville d'Aoste et de la vallée du même nom), à laquelle les Savoyards étaient très attachés. On priait alors quotidiennement ce saint pour lui demander de chasser insectes et animaux nuisibles des cultures (tout particulièrement les hannetons, les sauterelles et les rats). L'église, qui date du 18è siècle, est de style baroque et néo-classique et offre une nef, un choeur et un retable remarquables. La chaire (deuxième photo) retient aussi mon attention avec ses quatre évangélistes sculptés. La paroisse de l'ancien bourg, qui remonte au 5è siècle, se trouve à l'ancienne frontière entre la France et l'Italie, sur la voie romaine Alpis Graia. On mentionne cette paroisse pour la première fois en 1014, lorsque le roi de Bourgogne Rodolphe III offre à son épouse Ermengarde plusieurs églises du comté de Savoie dont celle de Conflans. Cette dernière sera ravagée par un incendie en 1632, puis reconstruite et agrandie, consacrée en 1716 et dédiée à l'Assomption de Marie et à Saint-Grat, protecteur des récoltes agricoles.


 

Je déambule dans les ruelles du bourg, construites aux 17è et 18è siècle, dont certains commerces arborent encore leurs enseignes d'origine en fer forgé. Quelques instants plus tard, me voici sur la Grande Place (ci-dessous), le seul endroit à faire montre d'une certaine effervescence. Sur l'heure de midi, plusieurs restaurants s'activent pour servir les convives assis en terrasse, qui profitent d'un soleil bienveillant. L'esplanade qui fait office de place principale est ornée de fleurs et d'une fontaine. On y aperçoit la célèbre Maison rouge, bel édifice en brique du 14è siècle qui abrite le Musée d'Art et d'Histoire.


 

Une petite rue donnant sur la Grande Place m'invite à me rendre au Jardin de la Tour sarrasine (ci-dessous). Après avoir franchi un porche, puis un magnifique escalier en pierre, je découvre ce jardin agrémenté d'un donjon carré, celui de l'ancien château de Conflans qui fut détruit au 18è siècle. De ce jardin-promontoire, la vue sur Albertville, sur la vallée de la Tarentaise puis sur la montagne en arrière-plan est imprenable (deuxième photo). Quant à la tour sarrasine, qui abrite à ses pieds un portail datant du 16è siècle, elle se trouve à la jonction de l'ancien château et de la Grande Roche.

La menace devait être bien présente dans cette région car Conflans disposait de nombreux ouvrages fortifiés dont certains ont disparu depuis. Ainsi l'ancien châtel situé à 300 mètres au-dessus de l'église, et disparu depuis, fut-il intégré dans les nouveaux remparts de 1381 alors que la place forte se dressait en dehors de la forteresse. Propriétés des archevêques, ces ouvrages fortifiés étaient sous le contrôle de vassaux désignés par l'autorité religieuse, vassaux dont certains s'affranchiront de leur autorité de tutelle, à l'exemple de la famille Duin qui gardera en sa possession le château jusqu'au 16è siècle, date de la disparition de Gabriel de Duin, dernier héritier mâle.


 

Vous le savez, il n'est jamais possible de tout voir et de tout montrer. Voici toutefois quelques autres lieux qui ont retenu mon attention et qui vous séduiront peut être si vous visitez le Pays d'Albertville : L'Abbaye de Tamié, fondée au 12è siècle, abrite encore aujourd'hui une trentaine de moines cisterciens qui fabriquent encore le Tamié, célèbre fromage savoyard. Un musée passionnant vous attend également non loin d'ici : l'Ecomusée de la Combe de Savoie. Vous remonterez le temps en parcourant un chemin pédestre de 350 mètres à travers des collections d'objets de la vie quotidienne, de vieux métiers, d'outils, et sur l'habitat d'il y a plusieurs siècles. Au total, vingt bâtiments abritent plusieurs milliers d'objets sur l'histoire de la Savoie et mieux vaut prévoir une demi-journée de visite (deux heures minimum) pour tout découvrir. Enfin, si vous avez besoin d'un bon bol d'air et que vous avez toutes vos jambes, montez au col de l'Arpettaz (à 1581 mètres), au pied du Mont Chevin. Vous profiterez sur place d'une superbe vue sur le Mont Blanc et la chaine des Aravis. Et comme l'air de la montagne creuse l'estomac, arrêtez-vous pour une pause gourmande au chalet refuge du Col de l'Arpettaz !

 

INFOS PRATIQUES :

  • La visite à pied de Conflans, cité médiévale, s'effectue très aisément en une heure . Il est déconseillé de pénétrer dans l'enceinte fortifiée avec son véhicule. Celui-ci pourra stationner devant la porte de Savoie, ou mieux, au pied de la vieille cité. La montée du château, un peu caillouteuse, est tout de même praticable.
  • Musée d'art et d'histoire, Maison Rouge, Grande Place, à Conflans. Tél : 04 79 37 86 86. Site internet : https://www.albertville.fr/culture/musee-art-histoire/

  • Abbaye de Tamié, Col de Tamié, à Plancherine. Tél : 04 79 31 15 50. Site internet : https://www.abbaye-tamie.com

  • Ecomusée de la Combe de Savoie, Les Coteaux du Salin, à Grésy sur Isère. Tél : 04 79 37 94 36. Site internet : https://lescoteauxdusalin.fr

  • Col de l'Arpettaz, depuis Ugine. http://refugearpettaz.com/accueil/fr

 










 



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