Revoir le globe
Top


Moûtiers, Capitale historique de la Vallée de la Tarentaise
(Savoie, France)
Heure locale

 

Samedi 5 octobre 2019

 

A moi la capitale historique de la vallée de la Tarentaise, située dans la vallée de l'Isère. Je prends en effet la route pour Moûtiers où je passerai deux jours afin de mieux connaître l'ancienne Darantasia. Les premiers Moutiérains que je côtoierai seront charmants et mon séjour s'annonce sous les meilleures auspices. La petite ville a un riche passé religieux puisque le cœur de la cité s'articule autour d'un ensemble formé par la cathédrale, l’archevêché, les maisons des chanoines de Saint-Pierre, la Maitrise des Innocents qui formait jadis de jeunes garçons à la grammaire et au chant et la rue des Prêtres.

 

Après m'être installé à mon hôtel, je file avant midi au centre-ville, plus exactement à l'office de tourisme qui est désormais installé à l'intérieur de l'ancien bureau de poste, Square de la Liberté. Car ici, on ferme à midi et on rouvre à 14h00. Çà sera également comme cela pour les musées...J'en profite pour organiser mes deux jours de visite grâce à l'aide de l'agent de tourisme qui m'apporte les précisions nécessaires en cette arrière-saison. Ici, la région somnole avant le retour de la neige et des vacanciers de sports d'hiver. J'ai décidé de me consacrer aujourd'hui à la visite du centre historique de Moûtiers et débuterai par la rue Grenette située à deux minutes de marche. L'endroit, qui possède commerces et marchés dispose de plusieurs quartiers. Celui de la Grenette était le lieu où se vendait le grain. Non loin de là, le grand four voyait les déplacements des boulangers venant confier au fournier leurs pains. Aujourd'hui, la Grenette s'illustre par une grande fresque peinte sur le pan d'une maison et qui représente une petite fille tenant une poignée de radis. Une dizaine d'oeuvres similaires s'affiche en ville et égaie quelque peu les espaces vides. Ces peintures donnent lieu chaque année à un festival d'art de rue (Street Art).

 

La grande affaire est le quartier de la cathédrale, d'où les archevêques-comptes pouvaient autrefois exercer leur pouvoir civil et religieux. Outre ce dont je vous ai parlé plus haut, Moûtiers devait aussi compter avec l'église paroissiale Sainte-Marie, son cimetière et ses maisons canoniales, le Collège Royal qui éduquait l'élite de la province et tout particulièrement les jeunes qui souhaitaient devenir prêtres. La ville abritait enfin trois couvents, tous d'obédience franciscaine : les Cordeliers, les Capucins et les Clarisses (réservé aux femmes). Depuis, l'ancien Prieuré Saint-Martin a été transformé en Grand Séminaire et l'hospice Saint-Antoine est une institution ecclésiale. Deux autres chapelles complètent ce (très) riche patrimoine religieux, celle de la Maladière et l'ancienne léproserie, puis au sud, la chapelle Sainte-Croix.

Photographier la Cathédrale Saint-Pierre à l'heure de midi n'est pas une bonne idée. Cet édifice, plus que millénaire, est l'Eglise-mère du diocèse de Tarentaise, un diocèse qui remonte au 5è siècle. A cette époque furent installés cathédrale et baptistère, probablement à côté de l'ancien forum romain. Et la cathédrale d'être reconstruite au 6è siècle, avant les invasions sarrasines. Rebelote au 11è siècle, avec adoption des techniques du premier âge roman lombard (le choeur, élevé avec sa voûte à arêtes en est l'exemple). La façade actuelle (ci-dessous) est de style gothique et a été réalisée par le maitre maçon genevois François Cirgat en 1461. D'importants travaux seront effectués au 17è siècle avec l'élévation des bas-côtés des nefs, la construction du transept avec coupole sur pendentifs (deuxième photo), la transformation du choeur dans le style classique et la construction du porche ouvrant sur le parvis. Pendant la Révolution française, les clochers, au nombre de quatre, seront aussi rasés (cette manie révolutionnaire de couper tout ce qui dépasse!) d'où dégâts dans la toiture et effondrement des voûtes en 1794. Il faudra donc envisager la reconstruction de l'ensemble en 1826-1830, dans le style néo-classique. Ce qui fait finalement de cette cathédrale un bel exemple d'évolution des styles architecturaux et des variations de goût au fil des siècles

Je ne me pencherai pas en détail sur tous les trésors qu'abrite l'endroit mais j'observerai tout de même les magnifiques orgues que l'on doit au facteur de la Maison Cavaillé Coll (1864). Quant aux lustres, ils furent réalisés en laiton et cristal de Bohême pour les pampilles et datent de 2012. Les peintures du choeur, elles, sont l'oeuvre de Charles Lameire (1882).


 

Franchir l'Isère à pied sec est chose aisée depuis 1785, date de construction du Pont Saint-Pierre (en photo ci-dessous). Surnommé aussi Vieux pont, ou Pont de l'Isère, l'édifice fut classé au titre des Monuments historiques en 1980. Et ce pont de conditionner le développement de Moûtiers depuis cet endroit précis où l'Isère est plus étroite, donc plus facilement franchissable.

Une fois sur l'autre rive, je me dirige vers la Place Joseph Fontanet, avant de m'engager dans la rue de l'électricité qui doit théoriquement me conduire à une vue panoramique de Moûtiers. La réalité sera moins évidente et nécessitera qu'une fois passé sous un pont routier, j'emprunte un chemin herbeux, remonte sur la route nationale supportée par le pont et grimpe sur une balustrade pour parvenir à prendre ma photo, le tout sans me faire écraser au passage des véhicules. Vous n'imaginez pas les risques de ce métier !

 

A mi-journée, la petite ville est d'un calme impressionnant. Je rebrousse chemin, franchit le pont de l'Isère en sens inverse, aperçois sur ma gauche la « passerelle sur l'Isère » (passerelle en bois), puis emprunte la Grande Rue qui fait face à la cathédrale. On aime pourtant ici faire la « foire », notamment dans le quartier du Pré commun qui s'animait jadis les jours de grands rassemblements. On y parquait alors les animaux, notamment les bovins. Ainsi , « la Foire de la Croix » qui avait lieu à la mi-septembre, voyait plusieurs milliers de vaches venir chercher acquéreurs.

Dernière curiosité : les piliers des anciennes Salines royales. Celles-ci exploitaient autrefois cette eau riche en sel venue de Salins, la commune voisine. Ce sel, dont on faisait alors un fructueux commerce, partait ensuite sur les « routes de sel » pour être vendu. L'eau salée de Salins n'a rien à voir avec l'eau de mer. Le précieux liquide est salé parce qu'il provient de sources souterraines ayant traversées des sols riches en sel gemme. D'où le nom donné à la commune d'où provient cette eau, Salins-les-Thermes.

Le plus ancien document faisant référence aux Salines de Moûtiers date de 1449. Mais c'est surtout le duc de Savoie Emmanuel-Philibert qui en fera un véritable établissement industriel à partir de 1560. En 1730, cinq bâtiments de graduation seront ainsi bâtis sous la direction du baron de Beust, un ingénieur allemand. Puis, à l'issue de la période d'occupation espagnole (1742 à 1749), quatre autres ingénieurs, Castelli, Capellini, Rivaz et De Buttet développèrent l'entreprise en concevant une canalisation destinée à acheminer le surplus d'eau salée jusqu'à Conflans où l'on avait installé une autre saline. Et 1765 d'atteindre une production de sel de 27554 quintaux (un quintal équivalant à 37 kg), soit plus de mille tonnes ! Quant au territoire occupé par les Salines de Moûtiers, il allait de la Place des Victoires au confluent de l'Isère et du Doron, puis, du nord vers le sud, de l'Isère à la rue de Belleville.

L'exploitation du sel requérant beaucoup de place, l'eau était amenée depuis Salins jusqu'à Moûtiers où existait une saline. Là, on faisait chauffer l'eau dans de grosses chaudières pour obtenir le sel par évaporation. Une autre méthode consistait à faire ruisseler l'eau sur des cordes qui retenaient au passage le sel. Ce système avait l'avantage d'économiser le bois qui servait à faire chauffer les chaudières. En effet, des ingénieurs avaient conçu un système hydraulique permettant d'élever l'eau salée au sommet des édifices par cinq grandes roues hydrauliques, et de faire ensuite couler l'eau lentement le long de 12000 cordes d'une longueur totale de 99600 mètres, et d'une durée de vie de 17 à 18 ans. Grâce au phénomène de cristallisation, on raclait alors les cordes pour récupérer une enveloppe cylindrique de sel d'une épaisseur de 0,7 à 0,8 centimètre, à l'aide d'un outil spécialement conçu. Le sel était ensuite vendu à Moûtiers ou bien exporté vers la Savoie mais aussi en Suisse. Et les Salines de former au 19è siècle la plus grosse entreprise moûtiéraine avec l'emploi de 100 à 120 personnes, sous le contrôle d'un directeur et d'un inspecteur général. Lors du rattachement de la Savoie à la France, les Salines royales subirent la concurrence directe des Salines du Midi et on arrêta la production six ans plus tard. Il ne reste plus aujourd'hui des anciens bâtiments que quelques piliers au milieu d'une zone artisanale.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Office du tourisme, Square de la Liberté à Moûtiers. Tél : 04 79 04 29 05 http://www.coeurdetarentaise-tourisme.com
  • Festival de Street Art avec Eternelles crapules : http://www.eternellescrapules.com

  • Cathédrale Saint-Pierre, Place Saint-Pierre (en haut de la Grande Rue), à Moûtiers : procurez-vous gratuitement et en libre-service une feuille d'information détaillée concernant l'édifice (en français et en anglais) à l'entrée de l'église.

  • Centre culturel Marius Hudry (http://www.ot-moutiers2.com

    ), voisin de la Cathédrale Saint-Pierre (près du vieux pont) : il accueille deux musées, celui des Tradition populaires moutiéraines et celui consacré à l'histoire et à l'archéologie.

  • Pont Saint-Pierre, qui enjambe l'Isère.










 



Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile