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La Cathédrale Santa Maria del Fiore
(Florence, Région de Toscane, Italie)
Heure locale

 

Mardi 18 février 2020

 

Florence vaut bien une fleur...de lys ! Selon la tradition, dès 59 avant J.C pendant la période de la Rome antique, la cité aurait été fondée sur les bords de l'Arno, sur des terres où cette plante, en réalité l'iris, poussait alors à profusion. Rien d'étonnant donc à ce que le nom de Florence (Fiorentia, ou Ville de la fleur, en latin) découle d'une fleur devenue son blason depuis le 11è siècle. Il en va de même pour la cathédrale Santa Maria del Fiore (Sainte Marie de la Fleur), aussi surnommée Duomo (le Dôme) que je découvre aujourd'hui. Cette église est la cinquième d'Europe par sa taille après la basilique Saint Pierre de Rome, la cathédrale Saint Paul de Londres, la cathédrale de Séville et le dôme de Milan. Son envergure est imposante avec ses 153 mètres de long, sa nef à trois vaisseaux, son chevet doté de trois chapelles et le gigantesque dôme coupole dont la base mesure 42 mètres de large, ce qui en fait la plus grande coupole maçonnée jamais construite. Celle-ci abrite en son intérieur l'une des plus grandes fresques narratives, d'une superficie de 3600 m2.

 

Elle se remarque de loin, et pour cause. Ses murs de différentes couleurs attirent facilement le regard tout comme sa taille. Sa construction débuta sur les anciennes fondations de l'église Santa Reparata, en 1296, sous la direction d'Arnolfo di Cambio. Il s'agira d'un travail de (très) longue haleine puisque le chantier ne s'achèvera qu'en 1436, année de sa consécration par le pape Eugène IV. C'est toutefois en 1412 qu'elle recevra le nom de Santa Maria del Fiore.

Il faut savoir qu'au début de sa construction, la cathédrale bénéficiera d'édifices déjà présents mais de taille bien plus modeste. L'actuelle Place San Giovanni ressemblait jadis à une large rue qui cernait le baptistère Saint-Jean, alors véritable cœur de l'ensemble. Quant au seuil de l'église Santa Reparata (laquelle disposait à l'époque de deux campaniles), il se trouvait à l'emplacement de la porte du Paradis. Devenue trop petite, cette église servait malgré tout de siège au gouvernement de la République florentine, celle-là même qui entérina son agrandissement en 1294, tout en soulignant l'importance que devrait avoir la future cathédrale tant par son ampleur que par la richesse des matériaux utilisés, afin que la cité de Florence rayonne puissamment face à ses rivales. On s'organisa alors de manière à maintenir l'église d'origine en état d'activité le plus longtemps possible. Puis l'on plaça Arnolfo di Cambio à la tête de cet ambitieux chantier.

 

Des fouilles entreprises sous l'église Santa Reparata permettront de retrouver les reliques du vénéré évêque de Florence Saint Zénobe, en 1330. C'est alors Giotto di Bondone qui prend la direction des travaux quatre ans plus tard. Lequel portera ses efforts sur la campanile en fournissant un premier croquis. L'homme en lancera la construction mais n'en verra jamais l'aboutissement puisqu'il mourra en 1337. Tour campanile de la cathédrale, l'édifice sera finalement achevé par Francesco Talenti en 1349, à qui l'on doit sa forme actuelle et sa stabilité confortée par les pilastres offrant de grandes ouvertures. Loin des 115 mètres initialement prévus par son créateur, le campanile mesure plus de 84 mètres de haut et est composé de bas en haut, d'un soubassement orné de médaillons hexagonaux, puis de losanges représentant des figures symboliques, puis, au deuxième étage, de niches agrémentées de statues, les trois derniers étages étant équipées d'ouvertures géminées. La terrasse du sommet est accessible par un escalier de 416 marches, mais celle-ci est malheureusement grillagée ce qui ne facilite pas la prise de photos. Quant aux cinq niveaux de l'édifices, ils sont recouverts de marbres polychromes (tout comme d'ailleurs le corps de la cathédrale et le baptistère Saint Jean-Baptiste), dont du marbre blanc de Carrare, du vert de Prato, du rose de Maremme et du rouge de Sienne.

 

La construction du transept requerra une parfaite coordination, un tel chantier étant une première. Et le résultat est à la hauteur (dans tous les sens du terme) de ce qu'on pouvait attendre. On retrouve ainsi un plan quasiment carré, avec d'immenses travées florentines. Et l'ancienne église Santa Reparata d'être définitivement rasée en 1375 afin de permettre la couverture et la finition des nefs entre 1378 et 1380.

Reste le dôme, autre défi de taille. En 1418, un concours public sera lancé pour ce projet. Même si personne ne remportera le prix final de cette compétition, un candidat se détachera du lot, en la personne de Filippo Brunelleschi qui oeuvrait déjà à l'époque à la construction d'un modèle similaire pour le compte de l'Opéra del Duomo. Et Brunelleschi de s'inspirer de la coupole du Panthéon antique érigé à Rome en l'an 27 avant JC pour construire le dôme, à l'aide de nervures de pierres et anneaux de maçonnerie de briques. Savant mélange de génie et de technique à l'épreuve du temps ! L'intérieur de la coupole, d'abord recouvert de blanc, sera plus tard orné d'une gigantesque fresque en mosaïque dorée, représentant le Jugement dernier. Oeuvre grandiose ! L'ascension du dôme mérite d'être faite même si les escaliers sont étroits par endroits et si de hautes vitres de verre viennent partiellement masquer la vision de cette fresque magnifique.


 

Le baptistère, lui, se dresse un peu à l'écart de la cathédrale sur d'anciennes constructions romaines du 1er siècle, même si sa construction initiale remonte au 4è siècle. Le bâtiment reste néanmoins l'un des plus vieux de la cité florentine. Rebâti sur un plan octogonal, revêtu de marbre blanc à l'extérieur et coiffé d'un toiture pyramidale, le site deviendra officiellement baptistère en 1128. L'ensemble offre mosaïques de style byzantin sur les parois, un plafond remarquable (ci-dessous) représentant un Christ du Jugement dernier et des panneaux de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament ainsi que la vie de Jean le Baptiste. L'édifice est doté de trois portes de bronze ornées de bas-reliefs (dont les originaux sont désormais conservés au musée du Duomo)

 

Je l'ai découvert au hasard de mes lectures mais cette cathédrale est le lieu d'un phénomène astronomique étonnant qui a lieu chaque année au mois de juin et à quatre reprises. Aux dates prévues, des astronomes sont présents sur place pour commenter aux visiteurs l'observation du passage du soleil à l'intérieur de la cathédrale. J'apprendrai également que la cathédrale de Florence abrite la plus haute méridienne au monde, que l'on doit à Leonardo Ximenes. L'astronome aura l'idée d'utiliser les performances architecturales de l'édifice, à savoir la hauteur sous la coupole autorisant des calculs très précis pour affiner les calculs de Toscanelli, son prédécesseur, concernant les variations de l'inclinaison de l'axe de la Terre par rapport au plan de l'écliptique.

Un autre homme, Paolo Uccello, mit son talent au service du temps en peignant sur la grande horloge installée à l'intérieur du Duomo et au-dessus de la porte principale un grand cercle sur lequel figurent les 24 heures de la journée, en respectant la séquence caractéristique de l'époque, c'est à dire dans le sens contraire des aiguilles d'une montre et en partant du bas. La première heure était celle qui suivait le coucher du soleil et la 24è, celle de l'Ave Maria du soir. Et l'horloge du Duomo de scander ainsi la vie civile et religieuse de Florence en dépit de l'absence de cloches et en n'utilisant...qu'une seule aiguille !

 

On s'en doute, la construction d'un tel ouvrage nécessita une organisation sans failles. Parmi le peu de vestiges encore existants de ce chantier, figurent deux modestes treuils à bras en bois sous les voûtes centrales de deux des quatre « tribunes mortes », sortes de petites excroissances placées à l'extérieur des murs du choeur. Depuis l'extérieur de la cathédrale, depuis la Via de Calzaiuoli, on peut observer les restes d'un treuil situés à l'intérieur d'une niche, treuil dont Brunelleschi se servira pour renforcer la structure préexistante destinée à recevoir la coupole.

Au cours de votre promenade, vous apercevrez peut être le Taureau de la porte de la Mandorla. C'est par cette porte qu'on accède au sommet de la grande coupole de Brunelleschi . On raconte qu'un contremaitre facétieux aurait placé là cette tête de taureau au regard méchant pour faire la nique à un homme que tout le monde savait jaloux de sa belle épouse.

Le lion mortel (ci-dessous) se trouve quant à lui au niveau d'un portail latéral, sur le flanc gauche de la cathédrale, portail encadré par deux colonnes soutenues par un lion et une lionne. Et la porte de Balla ou des Cornacchini de devoir son nom à une tragique histoire : Au 15è siècle, Anselme, alors voisin de la famille Cornacchini se vit dévoré par un lion identique à celui des deux colonnes, lors de son sommeil. Afin d'exorciser son cauchemar, le pauvre homme mit la main dans la gueule du lion sculpté dès le lendemain. Malheureusement, un gros scorpion, qui avait élu domicile à cet endroit piqua Anselme qui décéda le même jour.

 

Ne passons pas non plus à côté du premier ange à droite du premier portail à droite du Duomo (façade principale de la cathédrale). Vous me suivez ? Cet ange des sodomites (ci-dessous) vous salue et déconcerte le visiteur tout à la fois car il fait de toute évidence un bras d'honneur. Certains y voient un message chiffré. Il est vrai qu'à Florence, la sodomie est depuis longtemps répertoriée, et pratiquée sur les rives de l'Arno (ou de l'Arnaud). J'ai un trou...comment cela s'écrit-il déjà ?

Tous les portails recèlent un message et celui du portrait caché de Giuseppe Cassioli (deuxième photo ci-dessous) ne fait pas exception.Sur le portail de droite du Duomo, on remarque ainsi une sculpture réalisée par Giuseppe Cassioli lui-même ironisant sur les reproches qui lui avaient été adressés à la suite du retard de livraison de son œuvre, à savoir le portail droit. On le voit représenté parmi les reliefs en bronze dudit portail, sur la partie droite, étranglé par un serpent.

Les portes du baptistère offrent aussi plusieurs portraits cachés dont celui de Ghiberti, l'auteur de la Porte du Paradis, que l'on distingue au niveau du cinquième registre sur l'encadrement. A vos lunettes !

 

INFOS PRATIQUES :

  • Observation du passage du soleil dans la cathédrale Santa Maria del Fiore, chaque mois de juin. Détails sur le site internet : https://operaduomo.firenze.it L'entrée est gratuite. Pénétrer dans l'édifice par la porte des Canonici et bien préciser que l'on vient pour la meridiana.
  • Cathédrale Santa Maria del Fiore : http://www.duomofirenze.it

  • Il faut se procurer un billet d'entrée pour accéder au campanile, au baptistère et à la coupole de la cathédrale : pour 18€, on vous remet un ticket valable 72 heures pour ces activités et bien d'autres encore (avec un accès internet unique). Une billetterie est disponible sur une rue côté cathédrale (bâtiment à colonnes). Attention ! Une réservation préalable est indispensable pour monter à la coupole. Celle-ci s'effectue sur l'un des deux automates disponibles dans cette billetterie. A l'heure dite, présentez-vous pour la visite de la coupole en faisant la queue à la porte dédiée (côté Musée du Duomo)

  • Il est regrettable qu'aucune information détaillée ne soit offerte aux touristes et en plusieurs langues. A l'extérieur, quelques panneaux portant le plan de la cathédrale ne mentionnent même pas le nom des portes. A la billetterie, ne sont mis à disposition que des dépliants en langue italienne. Sur les lieux de visite, les informations détaillées ne sont pas toujours présentes. Prévoyez par contre à franchir le portique (avec fouille en règle) à plusieurs reprises sur place.

  • Le café du musée du Duomo propose de délicieuses tartelettes au chocolat. De plus, le personnel y est très attentionné.

  • La visite de l'intérieur de la cathédrale est décevante : travaux et nuisances en cours, travées et transept (pratiquement) vides, sans mobilier. La crypte du sous-sol vaut par contre le déplacement.










 



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