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La Chapelle Brancacci
(Eglise Santa Maria del Carmine, Florence, Région de Toscane, Italie)
Heure locale

 

Lundi 2 mars 2020

 

Retour ce matin dans le quartier d'Oltrarno pour y découvrir une superbe chapelle agrémentée de fresques uniques. La chapelle Brancacci (c'est son nom) se confie à celles et ceux qui veulent bien lever les yeux au ciel (en signe d'admiration, et non d'exaspération !) pour apprécier la beauté des fresques peintes par trois êtres talentueux, les peintres Masolino, Masaccio et Lippi.

 

Florence, en 1268 : l'Eglise Santa Maria del Carmine est née. Elle ne le sait pas encore mais ses charpentes et bon nombre de ses trésors partiront en fumée en 1771, à l'exception de la sacristie, du transept et des chapelles Corsini et Brancacci. Tiens donc! Serait-ce un signe du destin envers cette chapelle qui attire tant de visiteurs du monde entier ? Pour l'heure, je me suis réfugié à l'intérieur de l'église dès la tombée des premières gouttes de pluie. J'aime observer les plafonds des édifices religieux car ils nous réservent souvent des (bonnes) surprises. Celui de cette église est une voûte en trompe l'oeil (en photo ci-dessous), œuvre conjointe de Domenico Stagi et de Giuseppe Romei.


 

Quelques instants plus tard, je quitte l'église pour prendre l'entrée sur ma gauche, celle qui va me conduire jusqu'à la chapelle Brancacci, en traversant un cloitre (ci-dessous). Couvent et cloitre s'élevaient déjà ici dès le 17è siècle, et l'ensemble, doté d'une loggia double, sera reconstruit de 1597 à 1612. Une courte promenade me permettra de repérer sur les murs les blasons de familles médiévales originaires des alentours proches de l'Oltrarno. Soudain, je remarque qu'une salle est ouverte. Il s'agit en fait d'un des deux anciens réfectoires qui abrite désormais une fresque représentant Le dernier souper (deuxième photo), une œuvre réalisée en 1582 par Allesandro Allori.


 

Je me rends maintenant à la billetterie située dans le cloitre et je me retrouve quelques instant plus tard face à la chapelle qu'on m'avait déjà décrite. Fondée en 1386 par le riche drapier Pieri di Piuvichese Brancacci afin d'y honorer Saint Pierre, son saint patron, la chapelle sera érigée dans le style Première Renaissance. Une trentaine d'années plus tard, son neveu Felicie di Michele Brancacci commandera la décoration peinte de l'endroit à Masolino da Panicale. Le peintre aura juste le temps de débuter les travaux en 1424 car il partira en Hongrie peu de temps après, et pour trois années, pour se mettre au service d'un certain Filippo Buondelmonti Scolari (alias Pippo Spano), condottiere italien, chef militaire de Hongrie et grand combattant des turqueries en tous genres. A son retour à Florence en 1427, Masolino se fera aider par son élève Masaccio pour la réalisation des peintures, avant de repartir encore un an plus tard, toujours avec Masaccio et à Rome cette fois, afin de réaliser la décoration de la chapelle du Sacrement de la basilique Saint Clément, commandée par Branda Castiglione. Masaccio quittera mystérieusement ce bas-monde durant son séjour romain, et laissera Masolino poursuivre seul le travail jusqu'en 1432, date à laquelle il sera rejoint par Filippino Lippi qui terminera les fresques de 1480 à 1485.

 

En 1434, Felicie Brancacci sera banni de Florence avec d'autres opposants à Cosme de Médicis, tout juste dix ans après avoir passé commande des fresques de la célèbre chapelle. Et La Madonna del Popolo, panneau du 13è siècle d'être bientôt installée de manière forcée, faisant de la chapelle un édifice désormais consacré à la nouvelle Madone! La reprise des travaux en 1480 imposera à Filippino Lippi d'effacer les anciens portraits des Brancacci déjà insérés sur les fresques, puis d'en repeindre de nouveaux à la place. Artiste talentueux, Lippi peindra merveilleusement les trois fresques du cycle consacré à la vie de Saint Pierre, à savoir la Résurrection du fils de Théophile (commencée par Masaccio et en photo ci-dessous), la dispute avec Simon le magicien, la visite de Saint Pierre par Saint Paul en prison et la libération de Saint Pierre par l'ange. Prolifique, ce même artiste exécutera d'autres commandes au cours des années 1480, comme par exemple le retable de la chapelle Saint Bernard du Palais Vecchio, ou la décoration de la chapelle funéraire de Filippo Strozzi à l'intérieur de l'église Santa Maria Novella. Un détail cependant: lors de la réalisation de « la Dispute avec Simon le Magicien », notre homme glissera son autoportrait en tant qu'homme dans la foule.

 

La chapelle Brancacci doit surtout sa célébrité grâce aux innovations du jeune Masaccio, qui n'hésitera pas à représenter à sa manière la souffrance exacerbée sur le visage d'Eve lorsque celle-ci sera chassée du paradis avec Adam (ci-dessous).D'après Vasari, une majorité de grands peintres et de sculpteurs de la Renaissance défilèrent ici pour étudier les pratiques nouvelles de l'élève de Masolino. Sans doute par excès de pudeur, on peindra plus tard des rameaux d'olivier sur le sexe d'Adam et d'Eve. Cette « dissimulation » ne sera que temporaire puisque l'un et l'autre retrouveront leur complète nudité lors de la restauration de la fresque entre 1984 et 1988. Une œuvre d'autant plus remarquable que l'on doit au brio de son clair-obscur et à l'application des lois de la perspective découvertes par Filippo Brunelleschi.


 

La chapelle Brancacci traversera bon an mal an les 17è et 18è siècles en vivant l'engouement pour la sculpture durant les années 1670, une mode qui lui vaudra l'installation d'une balustrade et d'un nouvel autel pour accueillir...La Madonna del Popolo (La Madone du Peuple). Puis les Quatre évangélistes précédemment peints par Masolino sur les voûtes de l'édifice seront remplacés par une fresque de Vincenzo Meucci (ci-dessous) entre 1746 et 1748. D'autres fresques du pauvre Masolino, sur les tympans cette fois, seront également recouvertes pour y poser d'autres peintures. Heureusement, l'incendie qui endommagea l'église en 1771 n'endommagera que très légèrement la célèbre chapelle.

 

Parler des œuvres, c'est bien, mais encore faut-il savoir ce qu'on regarde : les fresques de la chapelle illustrent la vie de Saint Pierre et le Péché originel. Ces peintures seront restaurées au cours des années 1980 grâce au mécénat de la société Olivetti. Illustrant le péché originel, une fresque supérieure décrit la Tentation d'Adam (à gauche), œuvre de Masolino, et Adam et Eve chassés du jardin d'Eden (à droite), œuvre de Masaccio.

Quant à la vie de Saint Pierre, elle est composée de plusieurs peintures : plusieurs fresques supérieures décrivent ainsi le paiement du tribut (œuvre de Masaccio) en photo ci-dessous. Cet épisode tire son inspiration de l'Evangile selon Saint Matthieu. On aperçoit ensuite la Prédication de Saint Pierre (œuvre de Masolino) et le Baptême des néophytes (deuxième photo ci-dessous) que l'on doit au même artiste. Enfin, deux dernières œuvres : L'ombre de Saint Pierre guérit les infirmes et Saint Pierre ressuscite Tabitha, œuvres conjointes de Masolino et Masaccio.


 

Les fresques inférieures ne traitent que de la vie de Saint Pierre : Saint Pierre en prison reçoit la visite de Saint Paul (ci-dessous en photo), œuvre de Lippi. Puis Saint Pierre ressuscite le neveu de l'Empereur (œuvre de Masolino et Lippi,), Saint Pierre en chaire, L'ombre de Saint Pierre guérit les infirmes et Saint Pierre et Saint Jean faisant l'aumône (œuvres de Masaccio), le Crucifiement de Saint Pierre, Saint Pierre et Saint Jean discutent devant le proconsul avec Simon le Magicien (œuvres de Lippi) et Saint Pierre libéré de prison (œuvre de Lippi).


 

INFOS PRATIQUES :

  • Chapelle Brancacci, à l'intérieur de l'Eglise Santa Maria del Carmine, Piazza del Carmine, à Florence. Tél : +39 055 238 21 95. Une entrée spécifique est prévue pour l'accès à la chapelle (par le cloitre).Pensez à réserver votre place sur le site internet ci-dessous (fortes affluences toujours possibles, limitant la durée de visite à 30 minutes chacun).
  • https://www.imuseidifirenze.it/cappella-brancacci/

  • On peut aussi acheter son billet par internet. Photographier la preuve d'achat + code barres sur son téléphone.

  • Prise de photos (sans flash) et de vidéos (sans trépied) autorisée.

 

 









 



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