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Un été dans les Hautes-Alpes
(France)
Heure locale

 

Mercredi 24 juin 2020

 

Département abritant la plus haute préfecture de France (Gap) ainsi que la commune la plus haute perchée d'Europe (Saint-Véran), les Hautes-Alpes ne peuvent être qu'à la hauteur des touristes qui s'y rendent : les 5549 km2 de montagne du département abritent deux parcs naturels (trois parcs naturels : Parc national des Ecrins, parcs naturels régionaux du Queyras et des Baronnies Provençales), 158 monuments historiques, 31 sites et points de vue remarquables, 6800 km de sentiers de randonnée, 2000 km de cours d'eau (dont 500 km de rivières navigables), 37 musées (dont un classé) et cinq routes à thème. Après le passage de grands noms comme Vauban ou Napoléon dans les coins et recoins de ce département, les Hautes-Alpes m'offriront à coup sûr le bouillon de culture attendu.

 

Cette année, promis juré, je délaisse le bord de mer pour la montagne. Parisien, j'opterai pour le moyen de transport le plus pratique dans mon cas, en empruntant la ligne aérienne CDG-Marseille. De là, je louerai un véhicule puis me rendrai à Gap, préfecture du département. J'adore conduire et ça tombe bien car je m'apprête à entamer un trajet de deux heures, via l'autoroute du Val de Durance, passant au passage près d'Aix-en-Provence, puis de Sisteron (par la D4075 et la D1085). Ne disposant que de quelques jours, il me faudra être sélectif car je ne pourrai pas tout voir.

Gap, première étape de ce séjour m'offre bientôt ses façades aux teintes pastel, ses rues commerçantes et ses paysages de montagne en arrière-plan. On y respire mieux qu'à Paris et je ne tarde guère à parcourir les ruelles animées, m'arrêtant à la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Arnoux, classée monument historique et remarquable par sa façade polychrome et son clocher imposant datant de 1905. Autre patrimoine religieux, l'église Saint-André-des-Cordeliers, lieu de culte des catholiques gapençais. Son histoire remonte à une première église conventuelle, construite en 1240 par les compagnons de Saint-François d'Assise et hors de l'enceinte fortifiée, d'où le saccage du couvent lors des guerres de religion qui auront lieu au 16e siècle, à l'exception de l'église qui, par on ne sait quel miracle, s'en sortira indemne et servira d'hôpital militaire entre 1705 et 1713. L'église actuelle sera pour sa part érigée en 1715. Le lieu de culte sera utilisée comme grange à foins pendant la Révolution avant d'être confiée à la paroisse de Saint-André en 1807. Son intérieur est orné dans l'esprit du 18e siècle, et sa chapelle du Saint-Coeur, attenante à l'église, est exceptionnelle avec son clocher en bois.

J'aime les musées car ils témoignent du passé culturel et nous apprennent beaucoup sur les us et coutumes des gens du cru. Le musée muséum départemental des Hautes-Alpes abrite à la fois des collections archéologiques, des beaux-arts, d'histoire et d'ethnographie, de faïence et d'histoire naturelle. Ce « tout en un » justifie d'ailleurs sa double dénomination. Le premier musée vit le jour sous l'impulsion de Charles-François de Ladoucette, Préfet du département et baron de son état. L'homme se montrera très actif en développant l'agriculture, en reboisant le territoire et en encourageant les fouilles archéologiques. Erudit, il fondera aussi la Société d'émulation des Hautes-Alpes en 1802, tout comme le musée dont nous parlons maintenant, et dirigera la rédaction du livre « Histoire des Hautes-Alpes. A ma grande surprise, je découvrirai que la famille Ladoucette possédait également des dons artistiques puisque Thérèse (épouse de Charles) ne sera autre que Léo Marjane, chanteuse des années 1940 et l'une des plus grandes vedettes de la France occupée avec des titres comme « Mon age »(1940) ou « Seule ce soir »(1942).

Celles et ceux qui s'intéressent à l'histoire agricole et économique et humaine des Hautes-Alpes se rendront également à l'Ecomusée de l'artisanat des Hautes-Alpes qui traite de la période 1790-1950, à travers six thèmes différents : les outils agricoles proches des hommes et des animaux dans le département, un atelier de sabotier des années 1930 en état de fonctionnement, une forge avec tous ses outils, une présentation d'un atelier et du métier de charron, la scierie avec démonstration de sciage d'une grume à l'aide d'une scie battante de 1930, l'énergie mécanique dans les Hautes-Alpes entre 1860 et 1940 et le cœur de moteurs diesel entre 1945 et 1970..

Le Gapençais désigne non seulement l'habitant de Gap mais aussi la région naturelle centrale des Alpes du Sud, arrosée par la Luye. L'endroit, carrefour important dès l'époque gallo-romaine, accueille la route Napoléon sur son axe nord-sud, dont une partie court de Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence) à Grenoble (Isère) en passant par le col Bayard, tandis que l'axe est-ouest relie l'Italie à la vallée du Rhône par les cols de Montgenèvre (2200 mètres). Le Gapençais invite à découvrir Tallard (ci-dessus) et son château médiéval des 14e-16e siècles classé monument historique. La ville accueille également un aérodrome de choix puisqu'il abrite le premier centre européen d'activité de parachutisme. Le long de ses rives, la Durance offre pléthore d'activités de pleine nature entre vergers (dont la pomme Golden dispose d'un Label Rouge) et vignes, tandis que les pèlerins se rendent à Notre-Dame du Laus : de son temps, l'écrivain et philosophe Jean Guitton considérait ce lieu comme « l'un des trésors les plus cachés et les plus puissants de l'histoire de l'Europe ». Situé à 900 mètres d'altitude, le « refuge des pêcheurs » est au centre d'un amphithéâtre large de quinze kilomètres et bénéficie d'un panorama exceptionnel sur la chaine des Alpes. Quant au hameau de Notre-Dame du Laus (en photo ci-dessous), il se situe à la jonction de la via Domitia (l'actuel GR 653D) antique chemin de pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle, et la via Alta reliant la via Francigena, laquelle mène à Rome. L'endroit accueille ainsi les pèlerinages des motards, des enfants, des malades et handicapés, sans parler des fêtes religieuses qui s'égrènent tout au long de l'année. Concernant la portion de route Napoléon qui traverse le département, celle-ci procure son lot de curiosités : à huit kilomètres de Gap, sur la RN85 se dresse ainsi le col Bayard (1250 mètres) que l'empereur de tous les Français franchit en 1815 lors de son retour de l'Île d'Elbe. A noter enfin, en direction de Grenoble, après ce col se trouve un belvédère dominant le bassin de Gap, avant une descente en lacets qui se prolonge sur cinq kilomètres. Succès garanti !


Comptez 1h30 pour parcourir en voiture les 85 km qui séparent Gap de Briançon, cité de Vauban. L'homme, ingénieur du roi Louis XIV, et tout juste âgé de 34 ans, sera appelé à superviser les travaux de fortifications du Royaume de France, soit 160 places fortes (dont trois dans les Hautes-Alpes) à construire ou à restaurer. Briançon, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO (au même titre que Mont Dauphin) bénéficiera d'un système de défense spécifique et adapté au contexte géographique. Vauban concevra en effet un échelonnement des défenses urbaines à la verticale, complété par une ceinture de forts renforçant la défense de la cité. Si le cœur vous en dit, sachez que des guides-conférenciers de la ville proposent une visite-découverte à travers la cité, qui vous emmène à travers les ruelles pittoresques, les remparts et leurs gargouilles avec une halte à la Collégiale, à l'Auditoire du roi (qui abrite la copie du plan-relief de Briançon) et au jardin du Gouverneur. L'occasion rêvée de vous imprégner au passage du riche passé de cette ville à l'architecture civile si particulière et aux fortifications de Vauban. Deux autres visites sont consacrées au Fort des Salettes et aux Forts Dauphin, mais elles se méritent. Celle du Fort des Salettes requiert en réalité 25 mn de montée par un chemin caillouteux avant d'atteindre la petite redoute projetée par Vauban pour empêcher l'ennemi de se positionner sur un replat dominant la ville. Erigée entre 1709 et 1712, celle-ci sera transformée en véritable fort au 19e siècle. La visite du Champ de tir du fort des Trois Têtes est tout aussi éprouvante, puisqu'il faut prévoir, depuis la ville haute, 45 mn de montée par le chemin partant du pont d'Asfeld, mais l'accès par voiture est cette fois possible (voir infos pratiques). L'accès au Fort Dauphin permet d'abord d'apprécier cet ouvrage bastionné et casematé qui fut bâti entre 1724 et 1734 pour protéger le fort des Trois Têtes (ouvrage majeur de la ceinture fortifiée de Briançon au 18e siècle), lequel servait alors de casernement pour une centaine de soldats et aussi de réserve de poudre.

Ma pause culturelle briançonnaise, c'est à la Maison d'artisans de Pays des Hautes-Alpes que je l'effectuerai, un espace de rencontre en direct d'artisans et d'artistes du département, avec présentation de douze métiers touchant à l'habitat (ébénisterie, cadrans solaires, vitraux, menuiserie...). Sur place, une quarantaine d'ateliers originaires du Briançonnais, du Guillestrois, du Pays des Ecrins, de l'Ubaye et du Queyras sont ainsi rassemblés qui répondent volontiers aux questions des visiteurs. Cette maison abrite aussi 200 m2 d'exposition offrant toute l'année l'accès à une cinquantaine de collections de mobilier et de déco et autres savoir-faire réunis dans un seul lieu...une véritable mine d'or pour qui s'intéresse à l'habitat haut-alpin.

De Briançon au Briançonnais, il n'y a qu'un pas : ce territoire, dont Briançon est la ville principale, regorge de trésors, entre les grands cols du Galibier (2642 mètres), du Lautaret (et son célèbre Jardin du Lautaret) (2057 mètres), de l'Izoard (2362 mètres) et les hautes vallées sauvages comme celle de La Clarée, réputée pour son air pur et son climatisme. La région dispose en effet de plusieurs établissement de bien-être à l'exemple des Grands Bains du Monêtier (et sa source d'eau chaude) ou Durancia à Montgenèvre. A cela rajoutons trois stations de sports d'hiver : Serre Chevalier, Montgenèvre et La Grave-La Meije. L'un des meilleurs endroits au monde pour prendre un bon bol d'air !

INFOS PRATIQUES :

  • Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Arnoux, Place Saint-Arnoux, à Gap (05) : http://www.paroisse-gap.fr

  • Eglise Saint-André des-Cordeliers, 2, Cours Ladoucette à Gap

  • Musée muséum départemental des Hautes-Alpes, 6, Avenue Maréchal Foch à Gap. Tél : 04 92 51 01 58. https://museum.hautes-alpes.fr/

  • Ecomusée de l'artisanat des Hautes-Alpes, Quartier de Charance, 31bis, rue de l'Audet, à Gap. Tél : 06 08 2440 64 http://www.musee.ws/

  • Office de Tourisme de Briançon, 1 Place du Temple, Cité Vauban, à Briançon (05). Tél : 04 92 21 08 50. https://www.serre-chevalier.com/

  • Visite de la ville avec guide-conférencier : Service du patrimoine, Porte de Pignerol, Cité Vauban à Briançon (05). Tél : 04 92 20 29 49. http://www.ville-briancon.fr/service-du-patrimoine-de-la-ville

  • Visite des Forts Dauphin et des Trois têtes : En voiture, à partir de la rue Centrale, au coeur de la ville basse, prendre la direction du col d’Izoard, traverser le hameau de Fontchristiane. Quelques centaines de mètres plus loin prendre la route sur la gauche, dans le virage, juste avant la déchetterie. Continuer sur la route qui monte à travers les fortifications. Gagner le champ de tir n°1 sur une plate-forme servant de parking où se trouve un gros baraquement en béton et bois.

  • Maison d'artisans de Pays des Hautes-Alpes, Route d'Italie, Malefosse, à Briançon (05). Tél:04 92 52 67 17/06 37 43 98 81. http://www.artis05.fr

  • Jardin botanique alpin du Lautaret : https://www.jardinalpindulautaret.fr/accueil

  • Pour se procurer un bon livre sur les Hautes-Alpes : http://www.editions-des-hautes-alpes.fr/?menu=catalogue&PHPSESSID=59f3de69f102d16504f957c368eed008

  • Mes vifs remerciements à Caroline Tchepelev, chargée des relations presse à l'Agence de Développement des Hautes-Alpes, pour son expertise et son aide précieuse.






 



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