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Châteauroux et "L'Amour des Commerces"
(Indre, France)
Heure locale

 

Mercredi 8 juillet 2020

 

Tout le monde a récemment entendu parler de Châteauroux pour son aéroport capable de stocker un nombre impressionnant d’avions mais il y en a moins qui savent que cette ville est la première ville du département de l'Indre. Et pourtant, à première vue, l'idée ne me serait pas venue de rédiger un article entier sur la cité des Castelroussins, cherchant ces derniers temps à faire d'abord connaître les départements. Seulement voilà, je n'avais pas encore appris l'existence du dessinateur Stéphane Dubois et de sa dernière exposition « L'amour des Commerces » . Gros plan.

 

Durable ? On aimerait bien que tout le soit, surtout le bonheur ici comme ailleurs, pour préserver son petit confort et sa courte existence.Force est de constater que la Terre tourne et que le monde change sans nous demander notre avis. Il se passe la même chose au niveau d'une entreprise, d'une ville, d'une région ou d'un pays. L'immobilisme n'est alors pas de mise. En 2012, Châteauroux parlait déjà de redémarrage économique et d'emploi. A l'époque, cinquante entreprises chinoises avaient prévu de venir s'installer dans une même zone économique, promettant alors la création de 4000 emplois. On se méfia d'abord, puis on se renseigna sur ce partenaire de poids qui allait faire passer le chef-lieu de l'Indre à l'ère du commerce mondial. Oui, mais à quel prix ? Finalement, huit ans plus tard, ce projet a fait long feu. Une fois de plus Châteauroux avait fait la part des choses. Le commerce lui aussi n'est plus le même, et la ville non plus.

Après mille ans d'histoire, on a acquis des réflexes et aussi une certaine expérience. Cette terre en plein milieu du pays n'a jamais laissé indifférent et trois rois participeront à leur manière à l'éclat de la cité castelroussine. Et c'est tout naturellement que l'histoire de Châteauroux se mêlera à celle de la France. La présence gallo-romaine y sera confirmée après la découverte de monnaies, de pierres sculptées, de céramique, d'urnes et d'un four à pain découvert il y a quelques années sur la Place Saint-Christophe...les années passent et vers 937, le seigneur Raoul le Large (homme d'envergure!) quitte son palais de Déols (36), fait bâtir dès 1112 une forteresse sur un coteau de la rive gauche, à laquelle il donnera le nom de « Château Raoul » (prénom alors fréquent chez les seigneurs de Déols) qui deviendra plus tard Châteauroux. Et les conditions d'être enfin réunies en cette époque féodale pour permettre de faire de l'endroit une bourgade d'artisans et de commerçants.

 

Le fameux château va devenir l'enjeu majeur de la lutte entre le roi de France Philippe-Auguste et le roi d'Angleterre Richard Cœur-de-Lion en cette fin du 13e siècle. La Guerre de Cent ans nuira à la sécurité de tous, et à la ville qui sera incendiée par le Prince Noir, fils du roi d'Angleterre. Une fois le Château de Raoul reconstruit à partir de 1447, la baronnie de Châteauroux devient Comté en 1498 puis duché-pairie en 1627. La véritable impulsion en faveur de la ville viendra de Louis XV qui acquerra le duché en 1737 et dont l'administration royale créera en 1751 une manufacture de draps et le nouveau tracé de la route Paris-Toulouse. Dans le même temps, naitront les promenades d'Orléans et d'Artois (actuelles places Gambetta et La Fayette) ainsi que de belles demeures.

A la Révolution française, Châteauroux prendra le nom d'Indre libre et la cité, qui compte à l'époque 8000 âmes, de devenir dans le même temps le chef-lieu du département de l'Indre. Un chef-lieu alors à moins d'une journée de cheval des quatre coins du département. Début 19e siècle, la reprise de la manufacture de draps et la création d'un atelier des équipages militaires assurent du travail à une population militaire et ouvrière, une activité économique dynamisée en 1847 par l'arrivée du chemin de fer. Comme dirait l'autre, l'industrialisation de Châteauroux va alors « bon train », entre la manufacture de tabac achevée en 1863, les deux brasseries, les deux fonderies et les ateliers de confection. Encore plus incroyable, les deux dernières guerres précipiteront l'essor du développement castelroussin, grâce à l'installation de la première usine d'aviation de Marcel Dassault à Déols en 1936. Par la suite, en 1951, l'US Air Force choisira Châteauroux, en accord avec le gouvernement français pour installer sa plus importante base aérienne, à la fois un formidable levier de développement pour le commerce local et une présence qui durera jusqu'en 1967, date à laquelle la plate-forme aéroportuaire reviendra à la France. Chambre de Commerce et d'Industrie et collectivités locales feront ensuite le nécessaire pour faire de cet aéroport un centre d'activités rentable, avec activités industrielles, fret aérien et maintenance aéronautique.

Les cinquante dernières années s'avèrent toutefois avoir été les plus novatrices dans l'histoire de la cité en matière de grandes réalisations.On aménage tous azimuts (quartiers, lycées, zones commerciales et industrielles) tandis que le centre-ville se reconstruit autour de rues piétonnes, d'un nouvel hôtel de ville, et de l'aménagement du Val de l'Indre en lieu de promenade. A l'issue de la crise économique de 1975, la ville reprendra l'initiative en misant encore sur le centre-ville : essor de l'Îlot Molière, du Cours Saint-Luc du centre culturel Equinoxe...puis gratuité des bus de l'agglomération depuis 2001, et rénovation du centre-ville et de ses commerces.

 

L'exposition « L'amour des commerces » conçue par Stéphane Dubois mêle une cinquantaine de photographies noir et blanc d'hier avec des illustrations (dessinées et colorisées à la main et d'après photos) d'aujourd'hui pour montrer l'évolution des locaux commerciaux du centre-ville. L'illustrateur, qui n'en est pas à sa première tentative et s'est installé à Châteauroux en 2012, fut impressionné par la richesse historique et patrimoniale de la ville. A la fois passionné de dessin, de photographie et d’histoire, Stéphane, qui est par ailleurs diplômé de l'école de l'image des Gobelins (Paris) a pu exprimer son talent à plusieurs reprises depuis les années 1980 : réalisation de la bande dessinée série « Mérite Maritime » (éditée aux Editions Casterman) en 1987-1997, participation à la conception du dessin animé « Papyrus, Cédric, Witch, Yakari, pour Titeuf le film » (1998-2012) et différentes expositions depuis 2018 : Aquarelles Rock, La Petite rue Grande et L'amour des Commerces.

Le chef-lieu de l'Indre dispose d'un certain nombre de bâtiments et administratifs comme, par exemple la Place du Marché au blé, rebaptisée Place de la République en 1918 . Construit à partir de 1830, le théâtre, où se produiront bien des artistes (dont Sarah Bernhardt) est racheté par la ville en 1855, laquelle fera restaurer cet édifice par l'architecte Camille Letang. Trop délabré, il sera finalement vendu aux enchères puis démoli en 1957 pou ériger un immeuble moderne à la place. Une vue du carrefour du bombardon montre la construction du centre social « Maison du Peuple » en 1936 alors que les belles maisons avec commerces de début de rue seront détruites en 1975 pour bâtir à la place un parking aérien. A l'angle des rues de la République/rue Nationale et Avenue Charles de Gaulle, la plomberie Patteroni laissera sa place au bailleur social Scalis pour construire des appartements.


 

Du côté du patrimoine industriel et commercial, hôtels, restaurants, cafés, commerces, manufactures et usines ont aussi laissé une empreinte dans le paysage castelroussin d'aujourd'hui. A la jonction de la rue de Victor Hugo et de la rue Molière, l'Hôtel de France fut, des décennies durant, un lieu de passage incontournable pour les habitants. Jadis Auberge de France, l'Hôtel de France deviendra plus tard un relais de poste prisé des diligences et des voyageurs du chemin de fer. L'établissement, dont la réputation dépassera les frontières du Berry deviendra à la mode, depuis les politiques locaux venant y prendre un verre jusqu'aux personnalités de passage comme Joséphine Baker, Orson Welles, Marcel Cerdan, Louison Bobet ou Johnny Hallyday...Démoli en 1986, l'établissement sera remplacé par un autre hôtel, l'Hôtel Mercure, puis Ibis, assorti de plusieurs autres commerces. La rue Chausset (anciennement rue des Entrepreneurs) passera en ce qui la concerne de l'imprimerie à...l'hypermarché. L'imprimerie Mellotée était spécialisée dans les ouvrages d'art et de piété lorsqu'elle s'installa dans cette rue en 1900. On la surnommait à l'époque « l'usine-château » à cause de son apparence de style médiéval. Puis, en 1950, l'endroit abritera tour à tour les Ets Seron Frères, puis un hypermarché Continent. Sauvé en 1994 de la démolition, l'ancien bâtiment sera rénové dans un mélange intelligent d'architecture commerciale contemporaine et conservation de l'usine-château.


 

Quid du Grand Bazar idéalement situé rue Victor Hugo, en face de la place du Marché ? Bâti dans le style art nouveau par Camille Letang, il deviendra vite un haut-lieu du commerce castelroussin. Un changement d'enseigne en 1899 : le magasin s'appelle désormais Grand Bazar-Les Nouvelles Galeries et annonce une plus grande diversité dans l'offre des produits. En 1934, on refait la façade, et fin des années 1970, on augmente la surface de vente. Mais bientôt les Nouvelles Galeries sont rachetées par les Galeries Lafayette, lesquelles annoncent la fermeture des magasins les moins rentables. En 2005, celui de Châteauroux est dans le lot, et cède sa place à un programme immobilier, « La Cour du Capitole » qui mixera surfaces commerciales et appartements de standing.

L'exposition « L'amour des commerces » va de pair avec l'évolution du tissu urbain de la ville. Observer les changements des façades commerciales de Châteauroux entre hier et aujourd'hui, qui plus est par un regard extérieur (car Stéphane Dubois n'est pas natif de cette ville), prend alors tout son sens, d'autant plus lorsqu'on conjugue ses trois passions au service de la collectivité. Le dessinateur, lui, n'a pas encore dit son dernier mot...

 INFOS PRATIQUES :

 

  • Exposition « L'amour des Commerces », présentée par Stéphane Dubois jusqu'au 21 septembre 2020, à l'Office de tourisme (Salle des Ambassadeurs) 2, Place de la République à Châteauroux. Tél : 02 54 34 10 74.
  • « Châteauroux Photos d'hier » sur Facebook : https://www.facebook.com/groups/874897299193283/

 

 

 









 



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