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Clichés japonais d'Albert Kahn
(Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine, France)
Heure locale

 

Mercredi 23 mars 2011


 

Cet après-midi, me voici à Boulogne-Billancourt, en compagnie de Natsuyo, une amie japonaise et de sa maman. Le temps est superbe en ce début de printemps et se prête à la promenade que nous allons faire. Le saviez-vous? Les Jardins Albert-Kahn convie ses visiteurs à un véritable tour du monde des arbres, arbustes et fleurs. Et en ce mois de mars ensoleillé, je vous laisse deviner la beauté des cerisiers en fleurs dans ce jardin japonais créé à la fin du XIX ème siècle et au début du XX ème. Albert Kahn est l'instigateur génial de ces jardins mais aussi du musée qui présente aujourd'hui l'exposition « Clichés japonais ». Mais nous y reviendrons.

Millionnaire, mais avant tout humaniste , Albert Kahn rêvait de faire connaître les différentes cultures du monde. Issu d'une famille juive alsacienne et commerçante, il quitte sa région natale à l'âge de 16 ans pour venir travailler à Paris. Il crée sa propre banque en 1898 et amassera au fil des ans une véritable fortune qui connaitra un coup d'arrêt avec le krach boursier de 1929. Il est convaincu que la connaissance des cultures étrangères aide au respect entre les peuples. Et se lance donc dans la constitution d'un fonds d'archives planétaires: Photos et films du monde entier serviront de témoignages en ce début du XX ème siècle. Il finance ainsi , de 1909 à 1931, des campagnes photographiques et cinématographiques, utilisant deux inventions des Frères Lumière, le cinématographe et l'autochrome ( principe de fixation d'images en couleurs sur des plaques de verre). Au final, ce sont 72000 plaques photographiques, et 180000 mètres de films ( soit 100 heures de projection) qui constituent le fonds de collection du musée Albert-Kahn.

A partir de 1908,le millionnaire humaniste envoie trois de ses employés au Japon. Le pays du soleil levant est alors en pleine mutation mais a encore conservé tout son patrimoine culturel. Un siècle plus tard, ces « clichés japonais » sont plus que jamais d'actualité. On y voit un Japon authentique, troublant par la beauté des personnages et la simplicité des gens photographiés. Je reconnais entre autre au passage l'île de Miyajima et son tori flottant mais aussi les paysages de Nikko et de Kyoto. Je découvre les obsèques filmés de l'Empereur Yoshihito en 1926. Troublant. Six montages de films sont présentés actuellement au musée Albert-Kahn.

Nous découvrons sur place, dans des vitrines, des meubles et des objets issus d'une collection privée, qui garnissaient autrefois une maison rurale des années 1860. Un bond dans le passé.

Les clichés présentés me montrent un Japon étroitement lié à la Nature. Cette nature qui , capable du pire, sacrifie ses propres enfants mais donne aussi le meilleur d'elle-même en offrant des paysages d'une beauté insoupçonnée. Ce Japon d'un autre temps pas si lointain témoigne de ce qu'était la vie d'un peuple au travers de nombreux rituels mais aussi du costume des ses habitants. Si le costume occidental s'impose dans certains milieux, on porte toujours le kimono dans les campagnes et chez les femmes. L'élégance japonaise est alors synonyme de sobriété et du sens du détail. Avez-vous déjà assisté à ces fêtes traditionnelles?On retrouve là-bas ce qu'on a perdu ici, un Japon qui évoque en moi des valeurs disparues, mais en même temps l'âme de ses habitants, l'humilité , la dignité et l'abnégation de tout un peuple. Les clichés d'Albert Kahn expriment à la fois un Japon naissant qui s'ouvre progressivement au monde et en même temps la tradition immuable.

On découvre ainsi le shinto, le bouddhisme, le confucianisme, et le taoisme, religions toutes complémentaires. On (re)voit avec plaisir des fêtes traditionnelles et des cérémonies toujours pratiquées de nos jours.

Les relations privilégiées d'Albert Kahn avec la famille impériale japonaise ont permis au milliardaire de rapporter des images de sites et de situations exceptionnellement dévoilées au grand public.

Le visiteur est convié au théâtre Nô: Poésie, danse, musique ,drame et pantomime se dévoilent alors. Les masques et les costumes somptueux participent à la beauté de cet art du maintien.


 

En 1893, Albert Kahn s'installe à Boulogne-Billancourt et loue un hôtel particulier. Deux ans plus tard, il en devient le propriétaire et rachète quatre terrains attenants. Il entreprend alors la création de ses jardins. Le jardin japonais a été créé à la fin du XIX ème siècle, alors qu'il entreprenait ses voyages nippons. Ce jardin comprend aujourd'hui un village, bâti par des artisans japonais. Deux maisons d'habitation furent livrées en pièces détachées ainsi que des végétaux japonais ( dont une collection de bonsais). En 1990, un jardin contemporain remplaça un ancien espace. Le paysagiste japonais Fumiaki Takano a tout de même conservé le pont de bois rouge et la porte donnant sur le verger. Ce nouveau jardin symbolise la vie et l'œuvre d'Albert Kahn, ainsi que ses liens d'amitié avec le Japon. La montagne aux azalées représente le Mont Fuji et l'eau est omniprésente avec un bassin et ses carpes. Actuellement, les cerisiers en fleurs sont pleins de promesses. La floraison éphémère des jardins japonais rappellent que la vie est courte et qu'il faut saisir l'instant lorsqu'il se présente. L'abricotier japonais est le premier à fleurir. Les camélias, les magnolias puis les cerisiers suivent ensuite avec leurs superbes fleurs blanches. La floraison des cerisiers est le signe du réveil de la nature et donne lieu à des festivités. Au Japon, on fait son hanami, en pique niquant sous les cerisiers en fleurs. Et on participe à des fêtes jadis entre nobles et guerriers puis avec toute la population depuis le VIII ème siècle.


 

A partir du 5 avril, et dans le cadre de l'exposition Clichés Japonais, une exposition de photographies touchant le monde privé des sumos aura lieu dans les jardins d'Albert Kahn. Vingt photos réalisées par Philippe Marinig seront offertes au public. Ces clichés ont été rendus possibles grâce à la fascination du photographe pour le sumo , lequel, avant d'être un sport, est un art et une expression mystique de la religion shinto. Philippe Marinig se fait peu à peu accepter par les sumos et obtient l'autorisation de photographier lutteurs et initiés pendant leur entrainement. Une faveur extrêmement rare. Pendant deux années, il se rendra plusieurs fois au Japon afin de suivre deux écuries Heya (écoles) de lutteurs professionnels , à Isegahama et à Oguruma. Vous pénétrerez ainsi dans le monde secret des sumos, en découvrant ce qu'est leur entrainement, leurs rites et leur vie intime. A ne pas manquer!


 


 

INFOS PRATIQUES:


  • Exposition « Clichés japonais, 1908-1930, le temps suspendu », jusqu'au 28 août 2011. au musée Albert Kahn, 10-14, rue du Port, Boulogne-Billancourt. Tel: 01 55 19 28 00. http://www.albert-kahn.fr

    Emèl: museealbertkahn@cg92.fr

    Ouvert tous les jours ( sauf le lundi) de 11h à 19h. Entrée: 3€ (tarif plein). Gratuit tous les premiers dimanches du mois. Métro: Boulogne-Pont de Saint Cloud (ligne 10).

  • Les jardins du Japon, conception et organisation de l'espace, conférence le dimanche 3 avril 2011 à 15h, accès gratuit mais sur réservation: 01 55 19 28 00 ou en écrivant à: accueilmak@cg92.fr

  • Spectacle musical japonais, avec Nobuko Matsumiya au koto, le dimanche 27 mars 2011 à 15h30. Réservation nécessaire. Tarif: 3€.

     

  • Visites guidées du jardin japonais les samedi 26 mars et 2,9,16 et 23 avril 2011 à 15h, puis le 30 avril à 16h. Tarif: 4,50€, sur réservation.

  •  O Sumo San, exposition photos sur le monde privé des sumos, du mardi 5 avril au dimanche 1er mai 2011, dans les Jardins d'Albert Kahn, à Boulogne-Billancourt.

  •  Cérémonie du thé, au Pavillon du Thé, Jardin japonais Albert Kahn, en compagnie d'un maitre formé à l'école Urasenke de Kyoto, les 5 et 10 avril, 15 et 24 mai, 19 et 21 juin, 6 et 11 septembre 2011 , à 11h00. Réservation au 01 55 19 28 00 ou en écrivant à: accueilmak@cg92.fr

 


 



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