Revoir le globe
Top


De Locronan à Douarnenez, et intérieur du Cap Sizun
(Finistère, Bretagne, France)
Heure locale

 

Jeudi 7 avril 2011


 

L'histoire de la Bretagne est souvent liée à un moine. Locronan , »la terre de Renan » , ne déroge pas à la règle. Cette petite ville de 800 âmes environ, cité de caractère, et figurant dans le classement des plus beaux villages de France, offre au visiteurs que je suis un air d'autrefois. Lorsque Saint Renan, moine irlandais, arriva pour la première fois dans le Pays de Léon, puis s'installa dans la forêt de Névet, il demeura dans un ermitage situé dans la partie sud de l'église du bourg ( Chapelle du Pénity). Arrivé de Quimper, je me gare sur le premier parking venu, à l'entrée de la cité. Je rencontre un couple de touristes anglais. Nous échangeons quelques mots puis chacun repart de son côté. Je les retrouverai un peu plus tard, dans le centre de Locronan. La rue du Prieuré me conduit tout droit en direction de la Place de l'église, carrefour de deux voies romaines. Locronan sera élevée au rang de ville en 1505, par Anne de Bretagne qui y viendra alors en pélerinage. Petite ville toutefois, mais quelle église!

Edifiée sur la place de 1425 à 1480, elle fut offerte grâce aux donations des ducs de Bretagne. L'église est l'un des plus beaux exemples de l'art ogival flamboyant du XV ème siècle. Son vaste porche (photo ci-dessus) en témoigne. L'édifice est coiffé d'une tour à quatre piliers, qui a perdu définitivement sa flèche octogonale en 1808 (celle-ci fut foudroyée à plusieurs reprises). La nef est divisée en trois parties avec son chevet lumineux, ses voûtes de pierre et ses croisées d'ogives. Son mobilier est exceptionnel: retables,statues de Saint Corentin et de Saint Renan. Autrefois, Locronan était un haut lieu de pélerinage et l'on disait qu'une seule grande troménie (pélerinage) dans sa vie ouvrait les portes du Paradis. La Troménie (tour du territoire monastique) était composée de douze stations ( sur un total de douze kilomètres). Il fallait déjà avoir l'énergie nécessaire pour marcher sur une telle distance mais on pouvait « se payer un pauvre » qui faisait le pélerinage à votre place. A chaque station était lu un passage de l'Evangile. De nos jours, une troménie est organisée chaque année à la mi-juin à Locronan.


 

En ressortant de l'église, je fais face à la place de l'église. Là, se trouve la Maison Larnicol où je m'arrête quelques instants afin de déguster les deux spécialités locales: Les kouinettes et les torchettes. Je passe dans des petites ruelles ( dont la rue Moal), près d'anciennes maisons, avant de descendre vers le Chapelle Notre Dame de Bonne Nouvelle, située à seulement 200 mètres de la place de l'église. Restaurée maintes fois depuis le XV ème siècle, cette petite chapelle possède des vitraux modernes d'Alfred Manessier. J'admire la fontaine et le calvaire situés juste devant elle, et dédiés à Saint Eutrope. L'eau s'écoule dans un vaste lavoir. J'imagine déjà les femmes venant faire leur lessive à cet endroit, bien avant l'époque de la Mère Denis....

Le plus dur est de remonter vers le bourg de Locronan, par la rue Moal, une petite rue pentue mais bordée de superbes maisons. Ici , la modeste hauteur des portes d'entrée vous rappelle que la terre est basse ( attention à la tête!).

J'accélère le pas car j'ai prévu un programme chargé et je dois me rendre à la Pointe du Raz, en passant par des nombreux sites. Ma prochaine escale sera Douarnenez.

La première image de cette charmante station sera cette vaste baie entourée de plages de sable fin. Au 1er siècle de notre ère, Douarnenez était déjà une importante cité gallo-romaine. On y produisait le garum ( sauce de poisson). La pêche s'y développa au Moyen âge grâce au duc de Bretagne. Puis les conserveries apparurent, donnant lieu à des grandes grèves syndicales menées par les femmes au début du XX ème siècle . Douarnenez deviendra en 1921, la première ville communiste de France.

Le port du Rosmeur est dominé par la vieille ville. Autrefois,des centaines de voiles étaient visibles dans ce port. Premier port sardinier en 1901, on comptait ainsi environ mille chaloupes et déjà 26 conserveries qui pressaient les sardines dans les ateliers. La construction du port de Rosmeur s'acheva en 1958. Après les pêches côtières sélectives et saisonnières, ce fut la pêche hauturière au chalut qui se développa à partir de 1960. Puis, dès 1980, il fallut se reconvertir. Jusqu'à cette date, on encouragea la construction de bateaux et puis, un jour, fut découverte la surexploitation de cette ressource naturelle qu'est la pêche. On réduisit la flottille, et Douarnenez dut s'adapter une nouvelle fois à la conjoncture: On accueillit des bateaux extérieurs qui venaient débarquer leur pêche, avitailler et faire faire l'entretien courant. L'activité de conserverie se poursuivit avec surtout le traitement du poisson bleu (thon et sardine,maquereau et chinchard).

Je rends visite à l'église du Sacré Coeur, située au-dessus du port, à quinze minutes de là. Elle fut bâtie en 1874 d'après les plans de Joseph Bigot. De style néo-gothique, elle possède un mobilier datant surtout de la fin du XIX ème siècle. A l'intérieur, mon regard est attiré par le superbe vitrail de Sainte Anne , que les marins venaient implorer pour leur protection quand ils partaient en mer. Au XX ème siècle, 870 marins périrent en mer à Douarnenez.

En remontant vers l'église, j'aperçois au loin, l'île Tristan. Douarnenez est la forme francisée de « Douar-an-Enez » (la terre de l'île), faisant allusion à l'île Tristan abritant l'estuaire du port Rhu. Cette île doit son nom aux crimes commis par La Fontenelle (célèbre brigand) et ses soudards durant les guerres de La Ligue. Chef de bande dès l'âge de 15 ans, il pilla d'abord les villages, et rallia à lui tous les bandits du pays. Il arma plus de dix navires et écuma les mers, ramenant de nombreux butins. Devenu riche, et gracié par Henri IV à la fin de la guerre, il deviendra gouverneur de Douarnenez. Accusé plus tard de trahison au bénéfice des Espagnols, il sera arrêté et roué en place de Grève à Paris, à l'âge de trente ans, le 26 septembre 1602.

Infatigable, je repars avec l'idée de traverser des petites bourgades ayant pour intérêt commun le patrimoine religieux. J'atteins ainsi Confort Meilars où je découvre la calvaire breton juste à côté de l'église qui possède de splendides vitraux du XVI ème siècle. Il est conseillé de les observer avec des jumelles afin de profiter es moindres détails. Les sablières offrent aussi des sculptures variées.Et la Roue Carillon (XVI ème siècle) sonnait en l'honneur de Notre Dame de Confort en reconnaissance de la guérison d'un enfant muet.

Le calvaire (ci-dessous) est un massif triangulaire orné de statues datant de 1870 qui remplacent celles qui furent brisées en 1793, lors de la Révolution française. Ces statues représentent les treize apôtres ( le treizième étant Saint Paul). Le Christ tomba le 12 décembre 1978 mais fut restauré. Ce monument est classé monument des Beaux Arts. Un pardon est organisé chaque année (le premier dimanche de juillet) à Notre Dame de Confort.

Quelques kilomètres plus loin, me voici à Mahalon. Primitivement romane, l'église Saint Magloire fut rebâtie au XVIII ème siècle. A l'intérieur se trouve une tombe du XVI ème siècle, un des premiers et des plus importants monuments funéraires de la Renaissance en Bretagne. Là sont enterrés les seigneurs de Tromelin. A l'extérieur, on peut observer, sur le pignon, un cadran solaire de 1652. La fontaine Maudez, elle, existe toujours, à deux pas de l'église, encastrée dans l'enclos du presbytère. Son eau serait réputée pour guérir les enflures.

Je m'arrête bientôt à Pont Croix (pont au croisement des routes). Bâtie au fond de l'estuaire du Goyen, à l'époque féodale,Pont Croix deviendra l'une des plus puissantes seigneuries de Bretagne. Au Moyen âge, artisans et commerçants prospérèrent autour du château mais l'ensablement de son port et de la rivière mettra un coup d'arrêt à son développement. Aujourd'hui, on y admire encore l'église de Notre Dame de Roscudon, fondée au XIII ème siècle par les seigneurs de Pont Croix. Son superbe porche date du XIV ème siècle. Et la flèche gothique surplombant la tour romane inspira Joseph Bigot pour édifier les flèches de la cathédrale de Quimper.

Tout proche, le petit séminaire et la chapelle Saint Vincent (bâtisse néo-romane du petit séminaire) sont voisins. Le « collège » forma des générations de prêtres et de militants de la jeunesse agricole chrétienne. Abandonné en 1973, ce petit séminaire est depuis fermé. A ne pas anquer également, les deux rues Chères.


 


 

INFOS PRATIQUES:












 



Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile