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Quimper et la Faiencerie Henriot
(Finistère, Bretagne, France)
Heure locale

 

Mercredi 6 avril 2011


 

Quand on vient à Quimper, une visite à la faïencerie Henriot s'impose. Les premières faïenceries apparurent à Quimper en 1690 avec un faïencier provençal, Jean-Baptiste Bousquet. Celui-ci s'installa dans le quartier de Locmaria et créa une manufacture qui prendra le nom de HB en 1928. En 1968, Antoine de la Hubaudière rachète l'entreprise Henriot. En 1984, Paul Janssens, un investisseur américain la reprend à son tour avant de la céder en 2003 à Pierre Giron et un ensemble d'actionnaires bretons. Voilà pour le tour de table.

Pourquoi avoir créé une faïencerie à Quimper? La faïence a besoin de trois choses: De l'eau ( l'Odet est toute proche), de la terre ( le gisement d'argile de Toulven n'était pas loin et totalement exploitable mais désormais la terre vient de Frankfort) et du feu ( les bois de Locmaria fournissait le combustible nécessaire). 1500 tonnes de terre sont utilisées chaque année pour produire 250 000 pièces de faïence. La Faïencerie Henriot bénéficie à l'époque d'une situation commerciale privilégiée car Quimper est à la fois un port et un nœud routier. Et n'a aucun concurrent direct en basse Bretagne. A la fin du XIX ème siècle, la faïencerie de Quimper se caractérise par une technique et un style. Le décor est entièrement fait main, « à la touche » (un seul coup de pinceau). C'est le petit Breton ,apparu dès 1850 qui reste le personnage le plus célèbre: un homme en costume traditionnel présenté entre deux massifs floraux.

La Faïencerie Henriot est effectivement la seule à fabriquer et à décorer ses faïences à la main. Plus de 20000 plâtres sont ainsi rassemblés dans les greniers de la société, véritables témoins du savoir-faire de la maison ( la visite des greniers est exceptionnellement possible lors des fêtes du patrimoine, sur réservation). Cet héritage inestimable permet de rééditer régulièrement des œuvres anciennes. Un objet est créé à partir d'un moule original , le moule mère servant à la fabrication du moule de production. Tous les moules sont conçus sur place par des modeleurs. Un savoir-faire de sculpteur est indispensable.

Puis vient l'instant du coulage. Qui permet de créer toutes les formes complexes et creuses souhaitées ( statues, sujets...) Une fois l'excès de barbotine (mélange de terre et d'eau) vidé du moule, on laisse reposer pendant deux heures. Le plâtre absorbe alors l'excédent d'eau (pour cette raison, un moule est utilisé au maximum 50 fois pour le coulage, et 200 fois pour le pressage). L'instant magique est le moment où l'on ouvre le moule afin de découvrir l'objet ainsi constitué. La Maison Henriot a ainsi donné naissance aux bébés Savigny, aux danseurs de Chron Micheau- Verney (photo ci-dessous) aux blancs de Quimper ou encore aux animaux d'Odile Landry.

Chaque création ( ou réédition) a une âme et est une pièce unique. Certains objets datent de plus d'un siècle (des rééditions limitées de sculptures d'artistes ont ainsi été réalisées comme celle des Seiz Breur, groupe d'artistes appelés ainsi en hommage aux sept saints fondateurs de la Bretagne) mais les employés de la Maison Henriot peuvent aussi ( tout comme les artistes contemporains) donner libre cours à leur imagination. Apparaissent ainsi au fil du temps de nouveaux décors et des bijoux. Après que l'eau et la terre aient fait leur œuvre, le feu va intervenir dans la fabrication de la faïence. Le biscuit ( c'est son nom) nait après une première cuisson (à 1040° pendant neuf heures). On obtient alors une pièce blanche, plus solide mais encore poreuse. Intervient ensuite le coup de pinceau des 12 peintres Henriot, reconnu dans le monde entier. Deux années d'apprentissage en écoles de céramique sont nécessaires avant de former un peintre qui maîtrise parfaitement la technique: Tous les décors sont en effet réalisés « à main levée » , c'est à dire en un seul coup de pinceau ( l'erreur n'est pas permise) et chaque peintre terminera son œuvre en la signant au dos (signe de qualité authentique du produit). Les peintres utilisent des pinceaux en poil de martre et utilisent , si besoin est, un poncif. Le temps est indispensable pour peindre les objets: Les quatre danseurs ont demandé une semaine de peinture avec un seul peintre décorateur. Décorer une assiette demandera deux heures. A la fin, un contrôle de qualité a lieu pour chaque pièce, au toucher, au son et à la lumière. Le taux de casse ( pour diverses raisons, comme par exemple, un mauvais coup de pinceau) atteint 1%.

Viendra ensuite l'émaillage ( fait d'un mélange de verre broyé et d'eau), historiquement blanc ou bleu, et qui revêt une multitude de teintes et couleurs inspirées par la Maison Henriot. Lors de cette deuxième cuisson (à 940° durant sept heures), le rose (cobalt) deviendra bleu et le marron deviendra rouge. Les objets refroidiront ensuite pendant sept heures.

La grande aventure des faïences Henriot se poursuit ensuite sur les étalages , en France et ailleurs. 60% de la production est écoulée en Bretagne et 15% dans le reste de la France. 15% partent à l'exportation ( Nouvelle Zélande, Royaume-Uni,Etats-Unis et Japon) et 10% de la production concernent des commandes spéciales ( émanant entre autre du Vatican, de la Maison Blanche ou du Palais de l'Elysée). L'entreprise Henriot, a, pour son savoir-faire, reçu le label Entreprise du Patrimoine Vivant ( car elle n'a pas délocalisé à l'étranger). Chaque pièce étant unique, il y a même des collectionneurs de faiences qui achètent du Henriot. C'est, parait-il un excellent placement!

Peu après la Première Guerre mondiale, La Maison Henriot s'ouvrit à l'art contemporain. Les célèbres faïences furent présentes dans les grandes expositions parisiennes de 1925,1931 et 1937. Tradition bretonne et modernité sont ainsi liées au travers de différentes collections de vaisselles notamment , mais aussi d'objets de luxe qui reprennent les décors rouennais ou les scènes bretonnes d'Alfred Beau, ou les fameux coq, petit Breton ou corbeille fleurie.


 

INFOS PRATIQUES:


  • Faienceries de Quimper Henriot, Rue Haute, Locmaria à Quimper. Ateliers ouverts toute l'année. Visite guidée de 60 minutes (entrée: 5€) à 10h30 et 14h45 à partir du 14 mars et du lundi au vendredi, et toute l'année, sur réservation au 02 98 900 936 ( pour les groupes, 15 personnes minimum).Prise de photos interdite dans les ateliers.

    http://www.hb-henriot.com/fr/decouvrez/index.php

    Magasin d'usine ouvert le lundi de 14h à 18h30 , du mardi au samedi de 10h à 13h et de 14h à 18h30. Paiement par CB possible. http://www.henriotboutique.com/


 


 


 












 



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