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L'Atelier du cuivre de Villedieu-les-Poêles
(Manche, France) |
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Mardi 10 mai 2011
Me voici à nouveau à Villedieu-les-Poêles tant il y a des choses à voir dans cette cité médiévale. Tenez, le cuivre par exemple. Avec les Chevaliers de Malte, et depuis neuf siècles, la tradition de fabrication du cuivre est restée intacte à Villedieu-les-Poêles. L'Atelier du Cuivre rouvrit au public en 1986. Créé en 1850 , il emploie aujourd'hui une dizaine d'employés. Et a depuis gagné son pari: Celui de relancer cet artisanat séculaire tout en accueillant 300 000 visiteurs. Les gestes, les techniques et les outils ancestraux des repousseurs, marteleurs, étameurs ou polisseurs peuvent être observés. Devant vous sont fabriqués objets décoratifs, casseroles,bassines à confiture,statues,copies d'anciens... Grâce à un film vidéo ( qui a obtenu le Premier Prix du Festival Européen du film d'entreprise à Nîmes en octobre 1992) projeté en plusieurs langues, je découvre sur place la vie de cet atelier et son savoir faire. Et je serai guidé par un professionnel tout au long de ma visite.
Le cuivre est incontournable de nos jours: Après l'aluminium, c'est actuellement le métal le plus consommé pour l'élaboration de matériels électrique, électronique, radio, TV, télécommunications, connectique et pour tout ce qui touche à l'habitat. Utilisé dans les civilisations les plus anciennes, le cuivre est plus que jamais d'actualité. Fondu à 1083°, on le transforme en lingots puis le laminage en fait des feuilles qui permettent de créer divers objets et ustensiles. A l'aide de machines qui datent de 1920 mais qui restent toujours d'actualité, l'atelier du cuivre vous enseigne les qualités de ce métal qui a l'éclat de l'or: Le cuivre détruit les bactéries, les champignons est anti-inflammatoire et conduit la chaleur plus rapidement que tout autre métal. De grandes maisons se fournissent ainsi en produits dans cet atelier. La Maison Mums (champagne) y fait fabriquer d'énormes bouchons en cuivre pour des décorations ( la fabrication d'un seul bouchon nécessite environ 10000 coups de marteau , à raison de mille coups à l'heure). Les grands enseignes culinaires ( Fouquets's , la Mère Poulard...) se fournissent aussi ici en matériels de cuisine: Casseroles, poêles et bassines... L'atelier du Cuivre travaille également pour deux entreprises de sous-traitance en France.
On ne trouve pas de gisements de cuivre à Villedieu-les-Poêles. Ne cherchez pas! Les plus proches se trouvent en Espagne. Ou encore aux Etats Unis, en Russie ou en Afrique du sud. C'est au XII ème siècle qu'Henri 1er Beauclerc accueillit les poêliers. Et les dinandiers. Mais qu'est-ce que la dinanderie? Sous ce nom, on rassemble sous ce nom la technique qui consiste à mettre en forme le cuivre, l'argent, le laiton ou l'étain, pour en faire des objets et ustensiles. La transformation se fait principalement au marteau. A l'origine, ce travail était effectué dans la ville de Dinant (Belgique) d'où le nom de dinandier. Et puis l'activité se répandit en France , à Villedieu et à Durfort. Afin de se procurer le cuivre nécessaire à la fabrication d'objets, des colporteurs parcouraient le pays afin de récupérer des ustensiles usagés , lesquels étaient ensuite brisés puis refondus par des femmes. Il n'y a aucune perte dans cette industrie car même les découpes sont refondues et réutilisées , m'explique un ouvrier de l'atelier. Différentes étapes sont donc nécessaires avant d'aboutir au produit final: Fonte du cuivre puis transformation en lingot, laminage pour le transformer en feuille, puis découpage, emboutissage et repoussage, martelage,étamage, polissage...autant de savoirs faire indispensables à la réalisation de tous ces objets. On cuit et on recuit le cuivre si nécessaire. On utilise également des outils appelés « tas » pour donner la forme au cuivre ( ne dit-on pas « apprendre le métier sur le tas »?). L'atelier du Cuivre est en plus dépositaire d'un système unique de rivetage de queues d'ustensiles sans rivets apparents, ce qui garantit une plus grande solidité et une meilleur hygiène d'utilisation.
Prenez par exemple le martelage. Ce travail du cuivre offre un aspect esthétique plus joli à l'objet mais permet surtout d'éviter que le sucre n'adhère dans les angles des bassines à confiture. D'où une meilleure hygiène et un entretien facilité. La conductibilité du cuivre ainsi que ses autres qualités rendent les objets pratiquement inusables et les connaisseurs ne s'y trompent pas. Un seul coup d'éponge suffit pour nettoyer un ustensile en cuivre.
Et maintenant un peu d'histoire? Saviez-vous que pour les Egyptiens, le cuivre signifiait la vie?signifiant ainsi l'inaltérabilité et la pérennité de ce métal. Dès l'époque néolithique, on répertorie des armes de chasse en cuivre ( environ 5000 ans avant J.C). En Irak, on a découvert des objets en cuivre remontant au IX ème millénaire. L'une des sept merveilles du monde, Le Colosse de Rhodes, édifié en 290 avant J.C, fut réalisé en martelant des feuilles de cuivre sur des moules en bois, une technique qui préfigure déjà l'utilisation de ce métal pour la dinanderie et l'orfèvrerie. Ensuite, au moment des grandes explorations, les premiers instruments scientifiques (boussoles, balances, pièces métalliques des navires...)sont en cuivre ou en laiton (alliage du cuivre et du zinc). Au début du XX ème siècle, les propriétés de conductibilité et anticorrosives du cuivre rendent celui-ci particulièrement attractif dans l'industrie et le bâtiment. A Villedieu, les poêliers, jusqu'alors itinérants, et attirés par les conditions favorables (affranchissement de l'impôt...) furent les premiers à s'implanter. Puis vinrent, plus tard, les dinandiers. Ces corporations étaient très organisées et régies par des statuts et des règlements : limitation des heures de travail, assurances mutuelles avec participation proportionnelle des patrons et des ouvriers, prise en compte de l'âge, de la pauvreté , de la dotation des filles à marier et même de la protection des enfants! Les minerais de cuivre étaient en partie importés de Bretagne, du Val de Loire et de la Cornouaille anglaise. Plusieurs fêtes permettaient aux sourdins (habitants de Villedieu) d'être associés à la vie des poesliers. Le 26 juillet, on fêtait Sainte Anne d'Airain ( à ne pas confondre avec Sainte Anne d'Auray!) et le lundi suivant l'Ascension, on célébrait Saint Hubert, le patron des chaudronniers et des dinandiers. En 1710, Villedieu comptait 116 ateliers , puis 139 en 1742 mais seulement ...74 trois ans plus tard! Les marchands poesliers vendaient leur production surtout en Bretagne et sur place aussi: Chaudière à eau de vie, boucles de cuivre pour chaussures et ceintures.... Au XX ème siècle vint l'industrialisation. La poeslerie tomba en désuétude. La chaudronnerie et la fonderie utilitaire prirent la relève. C'est l'ère de l'innovation. L'activité de cuivre pourra se maintenir grâce à la cuivrerie d'art mais aussi à la reproduction d'ancien, et aux articles souvenirs. A la fin des années soixante, on dénombrait une vingtaine d'entreprises travaillant le cuivre à Villedieu-les-Poêles , soit la moitié des producteurs du cuivre d'art en France. Ces entreprises employaient environ 250 personnes. Sur 2500 points de vente commercialisant le cuivre d'art, 1500 vendaient du cuivre estampillé « Villedieu-les-Poêles ». Aujourd'hui, cet artisanat est élevé au rang d'art. Et des ateliers comme l'Atelier du Cuivre de Villedieu exécutent des gestes ancestraux sous les yeux des visiteurs souvent ébahis. Rie ne remplace l'artisan, garant de la tradition et de la qualité. Chacune de ses pièces porte un poinçon , qui garantit l'authenticité d'une fabrication sourdine.
N'oubliez pas de vous rendre à la section Médiathèque: Des photos et des vidéos sur le travail du cuivre sont disponibles!
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