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D'Amarante à Santo Tirso
(Nord du Portugal)
Heure locale

Jeudi 20 septembre 2012

 

Me voici sur le départ. Il est huit heures du matin et j'ai embarqué mes affaires dans la voiture. Juste quelques minutes pour programmer mon GPS (qui aura d'ailleurs quelques difficultés à trouver un satellite!) et en route! Aujourd'hui, je quitte Porto pour me lancer à la découverte du nord du Portugal. Il m'a fallu un choix car ce pays regorge de curiosités toutes aussi intéressantes les unes que les autres. Seulement, mon temps ici est limité et je dois faire vite pour voir un maximum de choses. Je prends donc la route en direction d'Amarante avant de poursuivre à Santo Tirso. Je mettrai deux heures pour atteindre Amarante, par les petites routes limitées la plupart du temps à 50 km/heure. Un conseil: Empruntez l'autoroute et ne lésinez pas sur les péages (deux euros par ci, deux euros par là) car vous gagnerez un temps précieux.

Amarante est une petite ville de 62 000 habitants de la région du Douro et Tras os Montes. On a vite fait d'en faire le tour (il m'a fallu seulement deux heures pour visiter le quartier historique) mais l'endroit est agréable. Cette région autrefois surnommée Le Douro litoral accueille la ruralité traditionnelle du Portugal dans un relief escarpé et parfois montagneux. Non loin d'Amarante se trouve le parc national Do Alvao. La région offre beaucoup d'attraits naturels: Amarante est entourée par les montagnes du Marao, d'Alvao et d'Aboboreira et offre autant d'occasion de randonnées et de découvertes de petits villages nichés dans la verdure. En ce qui me concerne, je m'attache à visiter le patrimoine historique d'Amarante. Le style roman est le style qui domine le plus cette cité et les monuments qui en témoignent sont légion dans cette partie du Portugal. Il existe d'ailleurs une « route de l'art roman ». Comme toujours dans ce pays, les églises sont nombreuses et j'entame ma visite par l'une d'elle: L'église Sao Gonçalo (ci-dessous). Saint Gonçalo fut un saint très populaire ici à la fin du XII ème siècle. Il organisait, dit-on, des bals et des fêtes pour protéger les femmes de la tentation en leur trouvant des maris. Faiseur de mariages, il est donc associé à la fertilité et a droit à sa fête, chaque premier weekend de juin. Au cours de cette fête, on prie afin de trouver l'âme sœur puis on danse , on écoute de la musique et on fait des dons sous la forme de gâteaux phalliques de Sao Gonçalo.


 

Ce pont qui enjambe la rivière Tamega, rejoint l'église Sao Gonçalo qui donne sur la Place de la République. On trouve le long de ce cours d'eau quelques bancs de pierre agrémentés d'azulejos. Pas de doute, nous sommes bien au Portugal. Je pénètre dans l'église et suis surpris par le nombre de visiteurs en ce début de journée. Je tombeau du saint attire les curieux (en photo ci-dessous) mais il faut se rendre dans le cloitre et lever les yeux pour apprécier les blasons qui s'y trouvent (deuxième photo). L'église qui date du XVI ème siècle a vu passer tellement de monde que l'image du saint qui ornait la chapelle a depuis disparu. L'église et le monastère forment un même ensemble et leur construction commença à partir de 1543 sur ordre du roi Joao III et de la reine Catherine. Trois styles architecturaux se mélangent dans cette construction: Le style Renaissance, le style baroque et le maniérisme.


 

La sacristie est une pièce à ne pas manquer. Là encore, cela vaut le coup de lever les yeux pour admirer ses plafonds superbes (en photo ci-dessous). Amarante passe pour un joyau du nord et cela se comprend. On y trouve des demeures du XVII ème siècle avec des balcons en bois peints avec des couleurs vives. Les origines de cette cité sont mal connues mais le premier peuplement remonterait à 360 avant J.C. Amarante fut presque entièrement incendiée en 1809 à la suite du siège des troupes françaises conduites par le Maréchal Soult.


 

Juste à côté de l'église Sao Gonçalo se trouve l'église Sao Domingos (ci-dessous), bâtiment circulaire de style baroque qui fut érigé sur l'ordre des Dominicains. Le lieu n'est pas ouvert à la visite mais à deux pas de là, on peut encore trouver les restes de la Chapelle Santa Clara, comme ce blason qui figure encore sur le fronton (deuxième photo). Cette chapelle ainsi que le couvent qui était voisin sont depuis tombés dans l'oubli. Le monastère, fondé au XIII ème siècle par le reine Mafalda ne fut achevé qu'aux XVI-XVIII èmes siècles. Il est malheureusement devenu aujourd'hui la bibliothèque municipale de la ville et ses murs affreusement tagués ( à l'arrière du bâtiment) en disent long sur la conception artistique de certains.


 

Je me promène dans la ville jusqu'à apercevoir les restes de la maison seigneuriale de la famille Magalhaes. Etait-ce la famille de Fernand de Magellan, célèbre navigateur, personne n'a su me répondre. Ce qui est sûr, c'est que le fameux découvreur descend de l'une des branches de la vieille lignée des Magalhaes, famille noble du nord du Portugal dont l'origine remonte au XIII ème siècle. Quant à la maison, les invasions françaises en furent la cause. Inquiet des informations selon lesquelles les troupes portugaises et anglaises venaient à sa rencontre, le Maréchal Soult envoya une colonne de son armée dans la vallée de la Tamega afin de préparer une éventuelle retraite vers la frontière. Mais ces troupes se comportèrent avec la sauvagerie la plus extrême en arrivant à Amarante, pillant et brûlant tout sur leur passage.

Je passe ensuite devant deux autres églises: L'église de la Miséricorde et celle de Sao Pedro (dont je m'apprêtais à visiter l'intérieur jusqu'à ce que j'aperçoive le corps d'un défunt avec la famille autour). Un enterrement se préparait...

Incontournable est le Musée Amadeo de Sousa-Cardoso, à cause de deux objets curieux (ci-dessous) qui consistent en un couple de diables lié à un culte de la fertilité qui serait antérieur au Saint Gonçalo. Le Diabo et la Diaba sont deux diables de bois noir qui sont venus remplacer au XIX ème siècle un couple plus ancien détruit durant la guerre napoléonienne. L'évêque de Braga ayant menacé de brûler les statues, on châtra tout simplement le Diabo.


 

Je quitte sous le soleil cette charmante cité pour me rendre à Santo Tirso. Cette fois-ci, j'emprunte l'autoroute, toute proche. Connue pour son industrie textile, cette petite ville s'étend au bord de l'Ave. Fondée au VIII ème siècle par les Bénédictins, il reste encore de nos jours un ancien monastère. Le monastère de Sao Bento. Classé monument historique depuis 1910, cet édifice fut d'abord fondé par Lady Unisco Godiniz en l'an 978 (X ème siècle). En 1090, on construisit un nouveau bâtiment religieux qui ne sera achevé qu'au XV ème siècle. C'est Martim Gil, Comte de Barcelos qui en sera l'initiateur. L'église actuelle (ci-dessous) date du XVII ème siècle et fut érigée entre 1659 et 1679. On y voit de magnifiques sculptures en bois doré représentant des images liturgiques. La visite de celle-ci est particulièrement intéressante car on y trouve aussi des œuvres uniques, comme cette Vierge à l'enfant datant des XII-XIII èmes siècles et qui esquisse un sourire inhabituel (deuxième photo), ou encore cette représentation de la Sagrada Familia (troisième photo), pièce unique en Europe qui date du XVIII ème. Je tombe en arrêt devant le chœur dont le plafond laisse découvrir des peintures à fresque (quatrième photo). Un employé municipal dont j'ai fait connaissance sur le parvis de l'église me sert aimablement de guide. Il m'emmène dans une pièce non ouverte au public pour me montrer un tympan (cinquième photo) datant de la première église construite en 978. Plus de mille ans d'histoire se déroulent devant moi sous la forme de l'art roman avec d'un côté le soleil (cercle de gauche) et de l'autre la lune (à droite).


 

Une visite du cloitre (ci-dessous) s'impose avant de filer. Ses paires de colonnes gothiques datent du XIV ème siècle et sont ornées de chapiteaux richement décorés et tous différents, à l'aide de motifs du règne végétal et animique. Regardez-les bien ci-dessous (deuxième photo). Les autres bâtiments du monastère accueillent désormais l'école d'enseignement agricole de la ville ainsi que le Musée Abade Pedrosa où nous nous rendons maintenant.


 

Le Musée Abado Pedrosa ( en photo ci-dessous) est un musée archéologique qui offre de voir des haches de pierre, des bracelets de bronze ou des céramiques... Quatre salles exposent ainsi les vestiges matériels d'anciennes cultures et civilisations de la commune (de la Préhistoire au Moyen-âge). On y trouve également le cabinet municipal d'archéologie ainsi qu'une petite bibliothèque spécialisée.

Le blason qui se trouve sur la façade du musée (deuxième photo) fait référence au symbole représentatif de la Congrégation bénédictine portugaise établie dans le pays en 1566 et disparue comme tous les autres ordres religieux en 1834. Sur ce blason monumentale qui date du XVIII ème siècle, et entièrement composé de granit, le soleil représente Sao Bento, Saint connu comme le soleil de l'Occident, du fait de son action civilisatrice après l'occupation barbare. La crosse représente l'autorité abbatiale , Le lion et la Tour symbolisent quant à eux les royaumes de Léon et de Castille, dû au fait que la Congrégation portugaise fut créée par deux moines espagnols venus de Valladolid. L'eau qui sort de la tour symbolise l'expansion de l'ordre. La Congrégation portugaise est à l'origine, par son action évangélisatrice, de la fondation du premier monastère du Nouveau Monde en Amérique du sud, plus exactement à Salvador da Baia (Brésil).


 

IL n'était pas question pour moi de quitter Santo Tirso sans goûter à deux spécialités gourmandes: Le Jésuite (appelé ainsi à cause de sa forme de chapeau) et le limonete. Je me suis pour ce faire rendu à la pâtisserie Moura (voir infos pratiques). J'en ai rapporté une photo très suggestive, qu'en pensez-vous?


 

 

INFOS PRATIQUES:

 


  • Office du tourisme d'Amarante (en portugais): http://www.amarante.pt/turismo/index.php

     

    Centre d'information touristique, Largo Conselheiro Antonio Candido à Amarante. Tel:(351) 255 420 246. Brochures disponibles en français.

  • Eglise Sao Gonçalo, Place de la République à Amarante. Tel:(351) 255 422 050. Ouverte tous les jours que Dieu fait de 8h00 à 19h00.

  • Musée Amadeo de Sousa-Cardoso, près de l'office du tourisme à Amarante.

  • Confeitaria da Ponte, Rua 31 de Janeiro, 186 (à l'autre bout du Pont de Sao Gonçalo) à Amarante, propose de délicieux pastel de nata à consommer sur place ou à emporter (0,80€ pièce). Tel:(351) 255 432 034 Site internet: www.confeitariadaponte.com

  • Monastère de Sao Bento, ouvert uniquement à partir de 15h00.

  • Musée Abado Pedrosa, Rua Unisco Godinz,100 à Santo Tirso. Tel:(351)252 830 400. Ouvert d'avril à septembre de 9h à 17h du mardi au vendredi et de 14h à 19h les samedi et dimanche. D'octobre à mars, de 9h à 17h du lundi au vendredi. Entrée libre.

  • Confeitaria Pastelaria Moura, Rua Sousa Trepa à Santo Tirso. Tel:(351) 252 852 822. Site internet: www.confeitariamoura.pai.pt

     

    Spécialités pâtissières: Le Jésuite et le Limonete.









 



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