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A la découverte de Coimbra
(Centre Portugal)
Heure locale

Jeudi 27 septembre 2012

 

La cité de Coimbra m'attend en ce jeudi. J'ai prévu deux jours sur place mais j'ai été trop ambitieux car on visite l'endroit en moins de temps. Tant pis, je découvrirai les alentours demain. Tôt ce matin, je reprends donc ma route après avoir avalé rapidement mon petit-déjeuner car les contractuelles passent à partir de huit heures du matin pour vérifier les tickets de parking. A Aveiro, il faut payer pour se garer, à de rares exceptions près.

Je retrouve les fous du volant dès que je débouche sur l'autoroute. Il n'y a rien à faire, ces gens-là ont le feu au c.. J'ai l'impression d'assister à une course de chars romains. Ca vous colle au train, ça débouche, et ça déboite dangereusement parfois. Une soixantaine de kilomètres seulement me sépare de Coimbra, ville natale de six rois et siège de la plus vieille université du Portugal. A l'époque romaine, cette cité portait le nom d'Aeminium. Localisée au centre du pays, cette ville ne se trouve qu'à deux heures de la capitale, Lisbonne. Je vais ici découvrir une ville millénaire qui plus tard prendra le nom de Cinimbriga, après avoir vu sa population sensiblement augmenter. En 711, les Maures atteignent la péninsule ibérique et Coimbra devient un entrepôt commercial entre le nord chrétien et le sud arabe. On y trouve alors une forte communauté mozarabe, c'est à dire des personnes qui vivaient en Espagne bien avant l'arrivée des Arabes. Lors de l'invasion des Maures, certaines se convertiront à l'islam, d'autres pas. Coimbra sera reprise aux Maures en 878 avant d'être reconquise par eux un siècle plus tard. Il faudra attendre 1064 pour voir Ferdinand Le Grand reprendre entièrement la cité. Située le long du fleuve Mondego, Coimbra renaît alors au point qu'elle devient la ville la plus importante située au sud du Douro ainsi que la capitale d'un vaste comté gouverné par le Mozarabe Sesnando Davides. Ce noble mozarabe et chef militaire de la Reconquista était un enfant du pays puisqu'il était né à Tentubal (à côté de Coimbra).


 

Avec la fondation du comté de Portugal, le Comte Henri et la reine Thérèse de Léon font de Coimbra leur résidence et le futur premier roi du Portugal, Alphonse Henriques, naquit à l'intérieur de ses murailles. La ville devint plus tard la première capitale du pays avant que Lisbonne ne la remplace en 1255. Au XII ème siècle, la cité présentait déjà une structure urbaine, divisée entre la partie haute (appelée aussi Alta ou Almedina, et rassemblant le clergé, les aristocrates, puis ensuite les étudiants) et la partie basse (surnommée Baixa, et accueillant les pauvres, les commerçants et les artisans). Je me gare dans la partie basse de la ville, non loin du couvent Sainte Claire. On y trouve des parkings gratuits et je ne suis qu'à un bon kilomètre du centre historique, en franchissant le Mondego. Il est pratique de commencer la visite depuis le Largo do Portagem (en photo ci-dessous). Sur cette place se trouve l'office de tourisme auprès duquel j'obtiens un plan de la ville et les informations nécessaires à ma promenade. Attention en traversant la chaussée, une personne est morte écrasée hier juste en face ( je vous l'ai dit, des vrais fous du volant ces Portugais!). J'emprunte la rue Ferreira Borges pour tourner au bout de quelques centaines de mètres sur ma gauche et atteindre la Praça de Comercio, très active en ce début de matinée. A cet endroit, s'élève l'église de Sao Tiago (deuxième photo) qui offre une façade sobre et de style roman, dont se détache un magnifique portail. Cette église fut érigée à la fin du XII ème siècle, sous le règne du roi Sancho I. Je ne pourrai malheureusement pas visiter l'intérieur qui contient un retable avec des boiseries sculptées et dorées de style baroque car le lieu de culte est fermé.


 

Non loin de là, se trouve la Porte barbacane, maillon de la chaine défensive d'antan. Cette porte se trouvait dans la partie la plus vulnérable de la cité et était située entre les portes d'Almedina (en photo ci-dessous) et la porte Belcouce). De style manuélin, elle faisait partie d'une deuxième ligne de défense. Je me rends ensuite sur la Place du 8 mai pour y admirer l'église Sainte Croix deuxième photo), partie intégrante du monastère du même nom qui fut construit en 1131. L'église eut pour architecte Roberto à l'époque romane, avant d'être modifiée dans le style manuélin sous le règne de Dom Manuel Ier. Aujourd'hui Panthéon national, il m'est impossible de photographier les tombeaux du roi Alphonse Henriques et de son fils Dom Sancho Ier. J'asiste à la fin de la messe qui s'y déroule en attendant de pouvoir discrètement photographier les orgues (troisième photo). Autrefois, les moines donnaient dans ce monastère des cours particuliers aux premiers étudiants de l'université.


 

Je reviens sur mes pas, franchit la Porte Barbacane et remonte en direction de la tour d'Almedina (qui date du XII ème) et qui faisait partie de la ligne de défense de Coimbra. Elle sera tour à tour mairie (au XIV ème), puis tribunal (au XIX ème) avant de devenir le siège de l'école d'Art et de Design en 1878, puis musée ethnographique à partir de 1954, puis centre municipal d'archives dès 1988. J'emprunte la rua Quebra Costas. Cette rue pavée (comme toutes les autres) est raide et me mène vers la vieille cathédrale (Sé Velha) (en photo ci-dessous).Je déplore la présence de nombreux murs taggés dans ce quartier pourtant si joli. La vieille cathédrale (car il y en a deux!) est sans doute le plus bel édifice roman du pays et existe depuis les Wisigoths. Au début du X ème siècle, ce qui était une basilique fut détruit en 1117. Et c'est le premier roi du Portugal, Alphonse Henriques, qui financera la construction de cette cathédrale (le début de cette construction aura lieu en 1162). Le fils du roi Alphonse Henriques, Dom Sancho Ier, se fera couronner ici peu après l'achèvement de l'édifice, en 1185. A noter que c'est Maitre Robert, un architecte français, qui conçut cet édifice forteresse de style roman. On notera au passage le superbe portail décoré d'influences arabes. L'intérieur est sobre, et seul le retable attire l'œil (deuxième photo): Ce retable flamboyant situé au-dessus de l'autel est en bois polychrome et doré. Il fut réalisé par des sculpteurs flamands il y a 900 ans, et représente la Nativité, l'Assomption et plusieurs saints. On retrouve aussi dans cette cathédrale le tombeau du premier gouverneur chrétien, Sisinando (dont on parlait tout à l'heure), musulman converti qui mourut en 1091. Ce tombeau se trouve dans la salle capitulaire.


 

Je poursuis mon ascension vers la nouvelle cathédrale (Sé Nova), située au sommet de la ville. Enfin, quand je parle de nouvelle cathédrale, c'est relatif car celle-ci fut fondée par les Jésuites en 1598 tandis que le collège jésuite adjacent appartient de nos jours à la faculté des sciences. Cet ordre jésuite qui avait été interdit par le Marquis de Bompal, en 1759 n'empêcha pas que leur église ne devienne le siège de l'épiscopat en 1772. Des saints jésuites trônent d'ailleurs toujours sur la façade(ci-dessous) de l'édifice. L'intérieur est plus spacieux que dans la vieille cathédrale et offre une voûte en berceau, avec une coupole. Le retable dans le chœur (qui date du XVII ème) est flanqué de deux orgues datant du XVIII ème siècle (deuxième photo).


 

Je n'ai qu'à traverser une rue pour aboutir au Musée national Machado de Castro ( du nom d'un sculpteur portugais), actuellement fermé pour plusieurs années de rénovation. En temps normal, on trouve dans cet ancien palais épiscopal d'élégantes loggias du XVI ème siècle et des sculpteurs de Maitre Joaquim Machado de Castro. La collection réunit des peintures du XI ème au XX ème siècle, des meubles, e des habits sacerdotaux. Je devrai me contenter de la seule attraction disponible: La visite du cryptoportique d'Aeminium (l'ancien nom , romain, de Coimbra) avec son labyrinthe de passages romains (ci-dessous). L'endroit abrite des sculptures et des stèles romaines comme par exemple cette plaque honorifique datant du IV ème siècle (deuxième photo) dédiée à l'Empereur Constantin Chlorus en 305-306 avant J.C, pour le remercier de la construction de cette cité. Car la ville romaine d'Aeminium a 2000 ans. Elle fut bâtie sur l'actuel site de Coimbra à la suite de la réorganisation de Lusitania sous le règne de l'Empereur Octavius Caesar Augustus. Le lieu actuel du musée était alors le forum qui servait tout à la fois de centre civique, économique, administratif, politique et religieux pour la cité. Ce forum était idéalement situé à l'intersection des deux routes romaines Cardo et Decumanus. Il restait par contre le problème du relief offert, qui contraignit les Romains à construire une plate-forme supportée par un réseau de galeries, ces mêmes galeries que je visite aujourd'hui, ensemble qui a reçu le nom de Cryptoportique.


 

Le temps passe et cela fait déjà plusieurs heures que je déambule dans Coimbra. Je ne me trouve qu'à quelques centaines de mètres de l'Université (ci-dessous), celle dont on parle tout le temps quand on évoque le nom de cette ville. Et pour cause. C'est le roi Dinis qui la fonda, en 1290. Avant cela, les étudiants faisaient des allers et venues entre Lisbonne et Coimbra. Cette université fut donc installée dans le palais royal de Coimbra, en 1537. En attendant que l'entreprenant Marquis de Bompal n'élargisse le programme des enseignements vers 1770, on y étudiait déjà la théologie, la médecine et le droit. De nombreux écrivains portugais y ont fait leurs études. Pour se reconnaître entre eux, les étudiants portaient autrefois des rubans de couleurs différentes: Le rouge pour le droit, le jaune pour la médecine et le bleu foncé pour les lettres. Aujourd'hui, je rencontre encore des étudiants ayant revêtu cet uniforme caractéristique comprenant une cape noire mais je ne vois point de ruban. Les rites initiatiques se perpétuent pourtant puisque chaque année, à la fin des études universitaires, les rubans sont brûlés lors d'une fête, la Queina das Fitas.


 

On m'informe qu'il est formellement interdit de prendre des photographies à l'intérieur des bâtiments. Je me contenterai donc de pénétrer dans cette grande cour qui a vu défiler étudiants et professeurs 700 ans durant. J'y pénètre par la Porte Férrea (1634) flanquée de sculptures illustrant les facultés d'origine (ci-dessous).Immédiatement à gauche se trouve la Via Latina (deuxième photo), une galerie à colonnades du XVIII ème siècle. On distingue au-dessus des escaliers les armoiries royales surmontées d'une statue de la Sagesse. Cet accès permet de se rendre à la Salle dos Capelos, utilisée pour les grands évènements. Les bancs des professeurs bordent ses murs, sous les portraits des rois portugais. Le clocher (troisième photo) symbolise l'université et est visible de toute la ville. La plus connue des trois cloches, « la chèvre », rythme la vie des étudiants depuis son achèvement en 1733. J'aperçois aussi l'entrée de la Chapelle Saint Michel (quatrième photo) dont l'intérieur date des XVII ème et XVIII ème siècles. Les azulejos, tout comme le plafond décoré et même l'autel maniériste sont éclipsés par le superbe buffet d'orgue, décoré d'angelots célébrant la gloire du baroque. Tout un programme! Le portail de la chapelle visible sur la photo, est de style manuélin et fut réalisé par Marcos Pires peu de temps avant qu'il ne disparaisse, en 1521. Enfin, la Bibliothèque Joanina (cinquième photo) , qui doit son nom à Dom Joao V, date du début du XVIII ème siècle et ses salles richement décorées à l'aide de dorures et de bois exotique abritent plus de 300 000 ouvrages. Des visites guidées y sont organisées tous les jours.


 

 

INFOS PRATIQUES:

 


  • Musée national Machado de Castro, Largo Dr José Rodrigues à Coimbra. Tel:(351) 239 823 727. Ouvert du mardi au dimanche, de 10h00 à 18h00 (d'avril à septembre) et de 10h00 à 12h 30 et de 14h00 à 18h00 (d'octobre à mars). Visite des galries romaines: 2 € (audioguides gratuitement mis à disposition en anglais, castillan et portugais). Site internet: http://mnmachadodecastro.imc-ip.pt/

  • Sé Nova (nouvelle cathédrale), Largo da Sé Nova à Coimbra. Tel:(351) 239 823 138. Ouverte du mardi au samedi de 9h00 à 12h00 et de 14h00 à 18h00. Fermée les dimanche, lundi et jours fériés. Entrée: 1 €

  • Sé Velha (vieille cathédrale),Largo da S2 Velha à Coimbra. Tel:(351) 239 825 273. Ouverte du lundi au samedi de 10h00 à 18h00. Fermée le dimanche. Entrée: 2 €.

  • Tour d'Almedina, rua Ferreira Borges à Coimbra

  • Université de Coimbra, Paço das Escolas à Coimbra. Tel:(351) 239859 884. reservas@ci.uc.pt

    Entrée: 7 €. D'autres visites ont lieu, se renseigner à la billetterie située dans la Bibliothèque générale pour les horaires et les tarifs. Guichet ouvert tous les jours de 8h30 à 19h00, le circuit touristique de 9h00 à 19h30. Site internet: http://www.uc.pt/en

  • Eglise de Santa Cruz, Praça 8 de Mayo à Coimbra. Tel:(351) 239 822 941. Ouverte du lundi au vendredi de 9h00 à 17h00, le samedi de 9h00 à 12h00 et de 14h00 à 17h30, le dimanche de 16h00 à 17h30. Ouverte uniquement le matin durant les jours fériés. Site internet: http://scruz.com.sapo.pt/

  • Eglise de Sao Tiago, Praça do Comércio à Coimbra. Tel:(351) 969 209 895. Ouverte du lundi au vendredi de 10h00 à 17h00, fermée le samedi, dimanche et jours fériés. Se renseigner à l'église Sao Bartholomeu (toute proche sur la même place) pour visiter l 'église de Sao Tiago.

  • Office du tourisme, Largo do Portagem à Coimbra. Ouvert du lundi au vendredi de 9h00 à 18h00 le le weekend, de 9h30 à 12h30 et de 13h30 à 17h30. Plan de la ville vendu 0,20€. Site internet: http://www.turismodecoimbra.pt/

  • BE Coimbra Hostel, rua do Corvo à Coimbra. Impossible de s'y rendre en voiture. Laissez tomber! J'ai eu la mauvaise idée de réserver une chambre dans ce que Booking.com appelle un hôtel mais qui n'est pour moi qu'une pension (sans famille), où l'on ne fait pas les chambres, où le service est réduit au strict minimum. Booking.com classe cet établissement comme "offre privée". Effectivement, j'ai été privé de tout: Pas de bureau dans la chambre, juste un reste de papier toilette dans la salle de bains, pas de parking privé disponible sans réservation préalable (à 2 € par jour) puisque j'ai du chercher une place gratuite à 15 minutes à pied de cet établissement, et pas de vue sur la ville comme promis . Quant au petit déjeuner inclus, il se limite à un sandwich avec une boisson chaude, au café restaurant Santa Cruz (qui fait payer le croissant à 1,20€, aussi cher qu'à Paris!). Et tout cela  pour ...40€ la nuitée! Méfiez-vous donc des offres Booking-com: En lisant tout le texte descriptif, le mot auberge de jeunesse est cité pour ce qui est titré comme un hôtel. On y trouve le meilleur comme le pire. Tablez plutot sur des chaines d'hotels standard quitte à payer un peu plus cher.

  • Café Pasteleria TOLEDO, Largo do Portagem à Coimbra. Ouvert de 7h00 à 23h00. Pour les petites faims comme moi, qui n'ai pas trouvé un seul restaurant ouvert dans le quartier après 21h30. Et à des prix imbattables! Un énorme croque monsieur et un verre de vin pour ...2,90 €! En plus , la serveuse est charmante et parle très bien le français.

     














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