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De Leiria à Nazaré
(Estremadura,Portugal)
Heure locale

Samedi 29 septembre 2012

 

De beau matin, je quitte sans regret la cité de Coimbra. Il n' y a presque pas un chat dans les rues et je n'aurai aucune difficulté à sortir de la vieille ville. Le temps est très brumeux mais annonce une journée splendide. Au bout de quelques kilomètres, le soleil commence à percer l'épais plafond nuageux. Me voici en route pour l'Estremadura et le Ribatejo. Et plus exactement pour Leiria où je serai basé quelques jours afin de sillonner cette région passionnante: Le nom d'Estremadura provient du latin extrema Durii, c'est à dire «au-delà du Douro », zoe de délimitation des royaumes chrétiens du nord. A mesure que le Portugal s'étendit vers le sud, au XII ème siècle, les terres reprises aux Maures furent attribuées aux ordres religieux. On trouve ainsi dans la région un nombre très important de monuments religieux, mais pas seulement. Leiria a son château perché au sommet d'une colline (ci-dessous). Aujourd'hui, l'EStremadura survit grâce à l'agriculture. La plaine alluviale du Ribatejo (rive du Tage) possède en effet un sol fertile couvert de cultures et de pâturages où paissent chevaux et taureaux.


 

Ville épiscopale depuis 1545, Leiria est une cité située aux confluents de deux rivières, la Lys et la Lena. Elle reçut sa première charte d'Alphonse Ier , en 1142, sous le nom de Leirena. Détentrice d'une gastronomie variée et de traditions reconnues, cette cité témoigne d'un riche passé comme en témoigne son château, seul lieu incontournable. Celui-ci demeure le symbole historique de Leiria et conserve à l'intérieur de ses murailles les vestiges des différentes occupations. Un coup d'œil permet de trouver dans le « nouveau Palais » plusieurs pièces (ci-dessous) donnant sur une longue terrasse bordée d'arches gothiques méditerranéennes (deuxième photo). Le point de vue est superbe et offre de voir, sur sa gauche, et perché sur une colline, le Sanctuaire de Notre Dame de l'Incarnation (troisième photo) datant du XVI ème siècle. L'escalier qui mène, lui, date du XVIII ème. Le petit intérieur baroque de l'endroit permet d'admirer quantités d'azulejos géométriques et des peintures du XVII ème siècle illustrant la vie de la Vierge.


 

Mais revenons au château. Il constituait avec ceux de Bompal, Ourém et Tomar l'un des éléments défensifs du centre du pays. Au début du XIII ème siècle, le roi Denis en fera une résidence royale pour lui et son épouse, la reine Isabel d'Aragon mais c'est le roi Alphonse Henriques, premier roi du Portugal, qui ordonnera sa construction en 1135 après avoir défait les Maures dans cette localité. En 1195, le roi Sanche Ier en fait une place fortifiée. Puis le roi Denis Ier ordonne la construction d'une tour de garde( en photo ci-dessous) en 1324 et transforme la forteresse en palais. Les invasions françaises provoquèrent de nombreux dommages mais rien ne retire à ce jour le charme de cette forteresse.


 

Aujourd'hui samedi est la journée européenne du patrimoine. C'est une bonne nouvelle car je suis dispensé du paiement du droit d'entrée(modeste) au château. J'ai du me garer loin et ai gravi rues et escaliers pour parvenir jusqu'ici. Au moment de pénétrer dans les lieux, je rencontre un jeune étudiant japonais, originaire de Tokyo, et qui m'affirme être là dans le cadre du programme universitaire d'études ERASMUS. Le château, tel qu'on l'observe aujourd'hui est le fruit d'une construction récente: Au XIX ème siècle, la fortification médiévale était en ruines, et ce fut l'architecte suisse Ernesto Korrodi qui mit au point un schéma de reconstruction en 1898. Les travaux s'échelonnèrent de 1915 à 1950. Plus tard, d'autres restaurations intervinrent, jusqu'à 1960. Ainsi, le Nouveau palais fut-il bâti par le roi Dom Joao I à la fin du XIV ème siècle et l'on peut encore apercevoir ses armoiries sur le mur nord-est. Cette construction représente l'un des plus beaux exemples existants d'architecture moyenâgeuse portugaise. Les chambres royales donnaient sur cette fameuse terrasse ornée d'arches gothiques et le roi pouvait admirer de cet endroit la pinède de Leiria. Au niveau inférieur, se trouve désormais une salle d'exposition racontant l'histoire des lieux, à l'aide de grands panneaux illustrés de dessins, photos et textes. Voisine du nouveau palais, se trouve l'église gothique (enfin, ce qu'il en reste!) de Notre Dame de la Peine. Et elle peut en effet en avoir de la peine quand on voit l'état de cette église (ci-dessous) privée de toit, avec ses murs de granit sombre. Juste à côté se trouve enfin la Tour des cloches (deuxième photo).


 

A part la cathédrale, il n'y a pas grand chose à voir d'autre à Leiria une fois qu'on a visité le château. Mais l'histoire de la cité est malgré tout très ancienne. Les Turduli, un peuple indigène de la péninsule ibérique établirent d'abord un village à 7 kilomètres de là. Village plus tard occupé par les Romains qui l'agrandirent sous le nom de Collippo. Ce sont d'ailleurs les pierres de cette ancienne ville romaine qui servirent à construire une partie de Leiria au Moyen âge. Durant la période arabe, la ville possédait déjà une place. Aujourd'hui, on peut toujours admirer la Place Rodriguez Lobo (du nom d'un des poètes ayant rédigé certes en espagnole à cause de l'occupation du pays, églogues et pastorales en prose) en photo ci-dessous. C'est en 1142 que le premier roi du Portugal, Alphonse Henriques reconquit définitivement Leiria. De là découle la première charte de cette ville. Les Maures, loin de s'avouer vaincus, attaqueront encore la ville entre 1190 et 1195. Le second roi du pays, Sanche Ier, la reprendra finalement. Le château et les remparts du village d'origine avaient été bâtis pour prévenir les invasions mauresques. La plupart de la population résidait à l'intérieur des remparts mais, au XII ème, certaines personnes s'établirent hors des murs. Au cours du Moyen âge, la ville prit de l'importance et plusieurs cortès (assemblées féodales) se tinrent à Leiria: La première eut lieu en 1245, sous le règne d'Alphonse II. Puis, en 1324, sous celui de Denis Ier, qui ordonna outre la construction du donjon et d'un palais fit aussi planter des milliers de pins dans la région afin de fournir du bois pour la construction navale. Ce sont ces bateaux qui parcourront le monde et seront à l'origine des grandes découvertes portugaises au cours des XV ème et XVI ème siècles. Durant le XIV ème, les Juifs développèrent à Leiria l 'une des communautés les plus remarquables, qui collabora au fleurissement de l'activité industrielle. Fin XIV ème, le roi Jean Ier construisit un palais royal à l'intérieur de l'enceinte du château (celui que l'on peut voit aujourd'hui). Ce même Jean Ier qui avait déjà permis la reconstruction de l'église N.D de la Peine (dont on peut encore voir les restes). Au XV ème, Leiria poursuivra sa croissance et c'est ici que sera imprimé le premier livre portugais. Puis le roi Manuel Ier donnera à la ville une charte, en 1510. Leiria sera enfin élevée au rang de ville en 1545, devenant aussi siège du diocèse. La cathédrale s'éleva dans la seconde moitié du XVI ème siècle dans un mélange de deux styles, le maniérisme et le style manuélin.


Je reprends la route pour me rendre cette fois à Nazaré. Station balnéaire appréciée pour sa grande plage de sable nichée dans une baie bordée de falaises, Nazaré possède un certain charme, tout au moins le quartier de Sitio, sur les hauteurs (photo ci-dessous). Quant au village de pêcheurs vanté par les guides touristiques, oubliez de suite car je n'ai aperçu aucun bateau de pêcheur digne de ce nom. On m'avait pourtant dit de me rendre à Porto de Abrigo ( que je traduirais par port à l'abri, ce qui est vrai puisque le littoral a été coupé au sud de la ville pour y construire deux digue protégeant un port de plaisance) (deuxième photo) mais mon expérience s'arrêta à une barrière de parking où un type m'a réclamé 1,50€ pour rentrer et voir les bateaux (si, si je vous assure!) tout en étant incapable de me dire s'il y avait toujours des bateaux de pêcheurs traditionnels. La seule image qui vaille concernant cette pêche locale, je l'ai trouvé sur le fronton d'une maison au N°23 de la rua General Joffre, dans le quartier de Sitio: Le tractage d'un bateau de pêche par des bœufs, scène authentique d'autrefois reproduite en azulejos (troisième photo). Quant à l'image des pêcheurs vêtus de chemises à carreaux et de bonnets noirs ainsi que leurs femmes portant des jupons superposés, en train de réparer les filets et faire sécher le poisson sur la plage, pure image d'Epinal! Ou alors j'ai été mal conseillé... Pourtant ces femmes aux jupons existent toujours, j'en ai croisé une, au bord de la route cet après-midi.

 

La plage de Nazaré ( en photo ci-dessous) est relativement récente. Jusqu'au XVII ème siècle, la mer venait frapper durement les contreforts de la Serra da Pederneira qui couvre aujourd'hui toute la surface occupée par des habitations. On assista ainsi à l'ensablement de la baie et au recul de la mer. On parle de la pêche à Nazaré pour la première fois en 1643. Les pêcheurs vivant sur la partie haute de la ville (Sitio et Pederneira) à cause des attaques fréquentes de pirates algériens et marocains. Nazaré devint célèbre comme plage de bains vers le milieu du XIX ème. Et la ville ne vécut pratiquement que de la pêche durant tout le siècle suivant. La construction du port de pêche et de plaisance, situé plus au sud, datent des années 1980. Et Nazaré a commencé à se tailler une réputation internationale.


 

Le Sitio se trouve au sommet d'un promontoire et est un lieu de religiosité et de pèlerinage depuis le XII ème siècle. La légende de Notre Dame de Nazaré et son culte ( immortalisé par la petite Ermida da Memoria en photo ci-dessous) n'y sont pas étrangers. On attribue en effet le nom de Nazaré à une statue de la Vierge ,originaire de Nazareth, apportée de Palestine par un moine grec jusqu'au monastère de Cauliniana, près de Mérida (Espagne) au IV ème siècle. Au VIII ème siècle, le dernier roi goth de la péninsule ibérique , le roi Rodrigo, fuyant , vint se réfugier dans ce monastère après son échec devant les Maures à la bataille de Guadalete. Il rencontra alors le moine Romano qui l'accompagna dans sa fuite jusqu'à Nazaré , emmenant avec lui la précieuse statue. Avant de mourir, le moine dissimula la statue dans une grotte du promontoire où elle fut oubliée durant...quatre siècles! Jusqu'au jour où des bergers la redécouvrirent et la vénérèrent. La légende raconte qu'en septembre 1182, alors que brouillard recouvrait la région, Don Fuas Roupinho, gouverneur du Château de Porto de Mos,poursuivait un cerf lorsque l'animal disparut subitement dans l'abime. Face au péril, le chevalier invoqua la protection de la Vierge et le cheval s'arrêta brusquement, sauvant son cavalier d'une mort certaine. En actions de grâce, le gouverneur fit donc bâtir la petit chapelle de la mémoire (Ermida da Memoria). Je relève la scène sur un azulejo du fronton d'une maison située au 17 de la rua Dr Joaquim Manso (deuxième photo)


 

Légende ou pas, l'église de Notre Dame de Nazaré est bel et bien réelle et s'élève majestueusement sur la place (ci-dessous). A l'intérieur, je rencontre le sacristain qui me montre de superbes azulejos (photos ci-dessous) datant du XVIII ème. L'église date quant à elle du XVII ème, et possède deux clochers baroques. Dans une autre rue, on peut prendre un funiculaire qui relie le Sitio à la partie basse de la ville de Nazaré (voir infos pratiques).

 

 

INFOS PRATIQUES:

 


  • Office du Tourisme de Leiria, ouvert du lundi au vendredi de 10h00 à 13h00 et de 15h00 à 19h00. Fermé le samedi et le dimanche. Tel:(351) 244 848 700. Site internet: http://www.rt-leiriafatima.pt/Default.html

  • Site de la ville: http://www.cm-leiria.pt/PageGen.aspx

  • Hotel Leiriense, Rua Afonso de Albuquerque,8 à Leiria. Situé dans le centre historique, à deux minutes de la cathédrale. Tel:(351) 244 823 054. Accueil chaleureux.Personnel serviable et attentionné. Chambre à 27 € avec internet Wifi, air conditionné, TV et salle de bains privative. Petit déjeuner à 4 €.La seule difficulté consiste à se garer mais l'hotel propose quelques stationnement pour 3,50€ par jour. Site internet: http://www.hotelleiriense.com/

  • Restaurant Porto Artur, Rua Mestra de Aviz à Leiria. Tel:(351) 244 823 270. Aucun autre langue pratiquée que le portugais. Le menu du jour n'étant plus disponible, on me conseille un plat avec viande et légumes. En guise de viande, on m'apporte parties cartilagineuses et gélatineuses non consommables pour moi. Vin rouge de la maison aigre. Le tout pour 11,90 € (le détail du ticket griffonné sur un simple carton, cela en dit long sur le respect du client par ce restaurateur, à moins qu'il n'aime pas les étrangers!) A EVITER!

  • Pasteleria Aldeai dos Sabores, Praça Rodrigues Lobo,22 à Leiria. Tel:(351) 244 834 146. Forêt noire de bonne qualité à la crème onctueuse et avec des fruits rouges généreux. Accueil chaleureux. 2,20 €.

  • Funiculaire de Nazaré: Fonctionne tous les jours, avec, de 7h15 à 21h30 un départ toutes les 15 minutes et de 21h30 à minuit, un dépaer toutes les trente minutes. Prix du billet: 1,15€ (2,30€ l'aller retour)

  • Ville de Nazaré: http://www.cm-nazare.pt/

     










 



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