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De Tomar à Pombal
(Portugal)
Heure locale

Lundi 1er octobre 2012

 

J'entame aujourd'hui ma troisième semaine de séjour au Portugal et je décide de partir à Tomar. Cette ville, qui fut fondée en 1157 par Gualdim Pais, le premier grand maitre de l'ordre des Templiers, est dominée par son château du XII ème siècle, qui abrite le Couvent du Christ. Je ne m'attarderai pas temps sur la cité traversée par la rivière Nabao (en photo ci-dessous) que par ce couvent. Fondée en 1160 par le grand maitre des Templiers, cet édifice présente encore de nos jours des témoignages de ces moines-chevaliers et de l'Ordre du Christ qui leur succéda. Mais qui sont ces Templiers qui acceptèrent , durant les XII ème et XIII ème siècles, d'aider les Portugais à combattre les Maures? L'Ordre du Temple est un ordre religieux et militaire issu de la chevalerie chrétienne du Moyen âge. Créé le 22 janvier 1129, à partir d'une milice appelée Les Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon, il accompagna et protégea les pèlerins qui se rendaient à Jérusalem dans le contexte de la Guerre Sainte et des croisades. Mais il participera aussi de façon active aux batailles de la Reconquista. Pour assurer ses missions et trouver les financements nécessaires, cet ordre constitua à travers l'Europe un réseau de monastères appelés commanderies. Il devint ainsi tout naturellement l'interlocuteur privilégié des grands de cette époque (XII et XIII èmes siècles), se voyant même confier la garde des trésors royaux et des actions à but non lucratif auprès de certains rois. Après la perte définitive de la Terre Saint en 1291, cet ordre fut victime de la lutte entre la Papauté et le Roi de France Philippe Le Bel. Et finit dissous par le Pape Clément V le 13 mars 1312 suite à un procès en hérésie.

 

En contrepartie de leur aide pour contrer les Maures qui avaient envahi le pays, le Portugal leur offrit des terres et le pouvoir politique qui allait avec. Sous leur houlette, châteaux, églises et villes virent le jour. En dépit de sa dissolution par le Pape Clément V, le roi Denis 1er transforma cet ordre en Ordre du Christ. Cet ordre hérita ainsi des biens et des privilèges des Templiers. Les idéaux d'expansion chrétienne connurent une nouvelle heure de gloire lorsqu'Henri le Navigateur, le grand maitre, investit la fortune de l'Ordre dans les explorations. L'emblème de l'Ordre du Christ, la croix carrée, orna alors les voiles des caravelles qui traversaient les mers. Aujourd'hui, je retrouve cette croix carrée sur les trottoirs de la ville de Tomar.


 

Fondé en 1160, nous l'avons vu, le Couvent du Christ (ci-dessus) est un ensemble de bâtiments différents, qui domine la cité de Tomar. Sur 45 hectares au total, l'édifice du couvent proprement dit ainsi que le château des Templiers n'occupent que cinq hectares, y compris la muraille datant de la première moitié du XVI ème. Le couvent du Christ est un des édifices les plus importants du Portugal, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1983. Gualdim Pais est à l'origine de la construction du château des chevaliers du Temple de Tomar, en 1160. Croisé portugais et chevalier du roi Alphonse 1er du Portugal, il combattra les Maures aux côtés du roi et sera fait chevalier en 1139 après la bataille d'Ourique. Il partira peu de temps après pour la Palestine où il combattra comme chevalier templier et jouera un rôle important dans le siège de Gaza. En 1157, il devient le quatrième maitre de l'ordre dont le siège est alors à Braga. Il mourra à Tomar en 1195 et sa sépulture se trouve dans l 'église de Santa Maria do Olival (ci-dessous).


 

Des découvertes archéologiques montrent que le site de Tomar avait déjà été occupé par les Romains. CE fut aussi un lieu occupé par les Arabes avant la Reconquête au XII ème siècle. La partie centrale du Couvent est construite en forme de rotonde (ci-dessous) représentant un temple fortifié de la deuxième moitié du XII ème. L'architecture de l'édifice est directement influencée par la rotonde du Saint Sépulcre qu'on trouvait à l'époque à Jérusalem, du temps des Croisades. La Charola (deuxième photo) est un temple primitif de style roman du XII ème siècle qui fut transformé en église. Au XVI ème siècle, peintures et retables furent rajoutés ainsi que des statues, ce qui offre encore aujourd'hui un décor superbe. Cet endroit était l'oratoire des Templiers, et le cœur du monastère. C'est pourquoi les décorations devaient refléter la richesse de l'ordre.


 

L'endroit connut de nombreuses transformations entre les XII ème et XVI ème siècles, laissant apparaître le style gothique. Aux bâtiments purement militaires déjà existants, on ajouta bientôt les cloitres gothiques du cimetière (première photo ci-dessous) et des ablutions (deuxième photo). A cette époque, l'infant Dom Henrique, le fils de Dom Joao I était l'administrateur et le gouverneur de l'Ordre du Christ. Erigé par Fernao Gonçalves, le cloitre du cimetière servait de lieux de processions mais aussi de dernière demeure pour les frères chevaliers. Il fut remanié au XVII ème. Quant au cloitre des ablutions, il fut bâti sur deux niveaux et sa construction commença autour de 1426 pour se terminer en 1453. C'est là que les profanes, serviteurs sans ordre religieux, effectuaient les travaux domestiques. La ville basse de Tomar, d'origine médiévale, prit son essor grâce au repeuplement qui eut lieu du XIII ème au XV ème siècle. Le Roi Manuel Ier ordonna la construction d'une nouvelle église de style gothique, et de taille rectangulaire conformément au plan biblique de Salomon. C'est Diogo de Arruda qui supervisa les travaux, relayé ensuite par Joao de Castillo. C'est à Diogo de Arruda que l'on doit l'exubérance du portail sud (troisième photo) ainsi que des fenêtres de la Salle du Chapitre, parfait exemple du style manuélin. Le roi Joao III, lui, fera de ce lieu un monastère fermé sur lui-même. De nouvelles dépendances seront alors ajoutées, l'ensemble s'organisant autour de six cloitres, dont deux jouaient le rôle de passage et d'hygiène ( Cloitres des commodités).


 

Les constructions intervenues de 1531 à 1552 opérèrent un profond changement architectural. La modernisation des espaces retranscrit les souhaits du Frère Antoine de Lisbonne, adepte du schéma de la Ville de Dieu (selon Saint Augustin) et de l'édification de la connaissance (selon Saint Jéronimo). Le cloitre principal (en photo ci-dessous), conçu par Jean de Castille en 1530-33, fut alors partiellement démoli puis remplacé par celui que nous connaissons aujourd'hui sur un projet de Diogo de Torralba réalisé pour l 'essentiel en 1562. Ce cloitre, qui subira les retouches de l'architecte italien Filipe Terzi à la fin du XVI ème, est considéré comme une œuvre maitresse de la Renaissance. Durant le seconde moitié du XVI ème siècle, le couvent du Christ subira encore des transformations, avec l'ajout de nouveaux bâtiments: Felipe I fut à l'origine de l'achèvement du cloitre principal et de la mise en œuvre d'un aqueduc hydraulique unique en son genre pour l'époque. Il initia aussi la construction de la nouvelle sacristie (deuxième photo) de style maniériste. C'est Francisco Lopes qui fut chargé de sa réalisation, en lieu et place de l'ancienne maison du Chapitre (sous le règne de Dom Henrique). On retrouve ainsi les innovations stylistiques apportées par l'architecte de l'Ordre, Diogo Marques Lucas (dont le superbe plafond sur la troisième photo).


 

Felipe II, lui, s'attachera à créer la Salle des Rois (dont on peut voit le plafond sur la photo ci-dessous) et les nouveaux dortoirs (deuxième photo). Ceux-ci furent achevés en 1543-45 et offraient 40 cellules, distribuées dans trois immenses couloirs en forme de croix, à l'intersection de laquelle se trouvait une chapelle (troisième photo). Ces trois bras étant orientés selon les points cardinaux.


 

Le XVII ème siècle verra la construction de l'hôpital de l'Ordre, d'une infirmerie et de la pharmacie, mettant ainsi davantage en valeur l'aile nord que les vestiges de la muraille du château des Templiers. Les œuvres néo-classiques du XIX ème reflètent l'appropriation du cloitre de los Cuervos par la famille Costa Cabral, les nouveaux propriétaires des lieux de 1843 à 1934, depuis l'abolition des ordres religieux dans le pays.


 

Je souhaitais visiter le musée des allumettes de Tomar mais je trouve porte close. Celui-ci étant fermé le lundi. Je ne m'attarde pas dans cette ville, laquelle, il est toutefois bon de le savoir, offre de voir la plus ancienne synagogue du Portugal ainsi qu'un musée hébraico-portugais Abraham Zacuto, du nom d'un célèbre astronome et mathématicien du XV ème siècle. Je passe devant le vieux pont de la ville (en photo ci-dessus) puis prends la route de Pombal.

Pombal est une petite ville aux maisons blanchies à la chaux qui est associée au Marquis du même nom, lequel vint s'y retirer en 1777. Un imposant château (actuellement en cours de rénovation) y fut bâti en 1161 par les Templiers. Ce qui m'intéresse aujourd'hui est le Musée du Marquis de Pombal. Installé dans l'ancienne « Vieille prison » de la ville, l'édifice fut construit à la demande du marquis. Le musée a pour origine un travail de recherche, recueil et sélection de l'antiquaire Manuel Gameiro, un habitant de Pombal. Ce collectionneur réussit durant 25 ans à rassembler suffisamment d'objets précieux de valeur historique ayant appartenu au Marquis de Pombal. Un travail d'orfèvre! Le lieu est dédié à l'histoire d'une personnalité, d'un peuple et d'une époque. La création du musée intervint en 1978 grâce au don de la collection originale de Monsieur Gameiro. On trouve de nombreux documents (parmi lesquels un livre de 1717!) mais aussi une reconstitution du bureau du Marquis (ci-dessous).


 

De l'autre côté de la place, sur laquelle se trouve aussi l'église de Saint Martin (ci-dessous), je m'arrête au musée de l'art populaire portugais. Situé dans un bâtiment de style pombalin (style architectural du XVIII ème siècle devant son nom au Marquis de Pombal), le musée rassemble une importante collection d'objets artisanaux qui caractérisent les différentes régions du Portugal et la mémoire du peuple portugais. La richesse de cet héritage culturel est impressionnante et séduit immédiatement le visiteur. Connaissiez-vous par exemple cette pièce de tissu brodée (en photo ci-dessous) que les jeunes portugaises offrent à leurs amoureux? Ce sont plus de 2000 pièces qui sont ici rassemblées, dont certaines issues d'artisans très renommés. Un parcours incontournable si vous passez par là...


 

 

INFOS PRATIQUES:

 


  • Couvent du Christ, à Tomar. Tel:(351) 249 313 481. Ouvert de 9h00 à 18h00 ( de juin à septembre) et de 9h00 à 17hOO (d'octobre à mai). Entrée: 6 €. Site internet: http://www.conventocristo.pt/pt/index.php

  • Musée du Marquis de Pombal, Place du Marquis de Pombal à Pombal. Tel:(351) 236 210 564. Ouvert du lundi au vednredi de 10h00 à 13h00 et de 14h00 à 18h00. Entrée gratuite.

  • Musée d'Art populaire portugais, Place du Marquis de Pombal, à Pombal. Tel: (351) 236 210 555. Ouvert du lundi au vendredi de 10h00 à 13h00 et de 14h00 à 18h00. Entrée gratuite.









 



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