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Exposition Paris 1900 au Petit Palais
(Paris,France)
Heure locale

 

Mardi 20 novembre 2012

 

Le Petit Palais (à Paris) présente une exposition permanente sur Paris en 1900. Véritable joyau du XIX ème siècle, le Petit Palais, désormais Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, fut construit pour l'Exposition Universelle de 1900, avant de devenir musée deux ans plus tard.C'est Charles Girault qui en fut l'architecte: Dès le départ, le bâtiment connait un succès immédiat en accueillant une exposition rétrospective de l'art français des origines à 1800. L'intérieur comporte de nombreux décors peints (qui furent réalisés entre 1903 et 1925) par des peintres comme Albert Besnard, Fernand Cormon, Alfred Roll, Ferdinand Humbert, et Georges Picard.Il présente désormais une très belle collection de peintures, icônes, sculptures, tapisseries, mobiliers et objets d'art datant de l'Antiquité jusqu'au début du XX ème siècle. La raison qui me pousse à m'y rendre aujourd'hui est de revenir sur cette période heureuse de notre pays, qui allait pourtant , quatorze années plus tard, laisser place à l'un des conflits armés les plus meurtriers que le monde ait connu. L'année 1900 à Paris gravite essentiellement autour de l'Exposition Universelle et des Jeux Olympiques. D'autres évènements à l’échelon national se produisent aussi et je vous proposerai lors de cet article, de les découvrir conjointement et de manière chronologique, puis reviendrai sur l'exposition en elle-même en fin de reportage.

Le 13 mars 1900 est un moment important pour tous les travailleurs français : Se souvient-on encore que ce jour-là, la loi Millerand limite à dix heures maximum la journée de travail pour les femmes et les enfants ( et à 12 heures pour les hommes). Homme d'Etat français penchant vers le socialisme, Alexandre Millerand sera le premier socialiste indépendant à faire parti d'un gouvernement français. Une révolution déjà en soi. Il occupera même brièvement le poste de Président de la République du 23 septembre 1920 au 11 juin 1924. Ses décrets restent célèbres pour avoir amélioré les conditions de vie des salariés : Il récidivera cette même année, plus exactement le 30 septembre, avec la loi des 11 heures ( celle-ci abaissant d'une heure par jour le temps de travail maximum des hommes).

Deux jours plus tard, le 15 mars, Sarah Bernhardt crée l'Aiglon, d'Edmond Rostand. Notre comédienne française surnommée par Victor Hugo « La voix d'or » restera l'une des plus grandes tragédiennes du pays au XIX ème siècle. L'Aiglon, drame d'Edmond Rostand ( qui vaudra à ce dernier d'accéder un an plus tard à l'Académie française au fauteuil 31) désigne alors le fils de Napoléon 1er et de Marie-Louise d'Autriche. Dans cette œuvre, rédigée en six actes et en alexandrins, le rôle du duc de Reichstadt (l'aiglon) sera créé par Sarah Bernhardt.

Le 1er avril 1900, on réforme la police ( non, non, ce n'est pas un poisson!) et les policiers sont désormais autorisés à porter un revolver.


 

Le 14 avril, on inaugure l'Exposition Universelle de Paris (ci-dessous) en présence du président de l'époque, Emile Loubet. Celle-ci s'étend depuis les Champs Elysées ( Petit Palais et Grand Palais) jusqu'à l'esplanade des Invalides. Cette manifestation emblématique de la Belle époque rend hommage au siècle qui vient de s'achever et au nouveau qui s'annonce riche en progrès techniques. C'est la cinquième du genre ( après celles de 1855, 1867, 1878 et 1889) et elle durera 212 jours, durant lesquels elle accueillera quasiment 51 millions de visiteurs. Le Petit Palais (ci-dessus) et le Grand Palais sont construits pour l'occasion. L'exposition (qui restera la plus grande du genre jamais organisée dans notre pays) occupe une surface de 216 hectares, sur deux sites ( une partie au bois de Vincennes et le reste à Paris comme ci-dessous sur la photo), et comporte 136 entrées, 83000 exposants ( dont 45000 étrangers). Le prix d'entrée est de 1 franc. On y découvre de nouveaux transports comme cette fameuse rue de l'Avenir qui consiste en un trottoir roulant conçu par deux ingénieurs américains, l'apparition du métropolitain avec la première ligne de métro, et les nouvelles gares d'Orsay, des Invalides et de Lyon. Cette exposition est aussi l'occasion de mettre en valeur le site des Champs Elysées, autrefois terrains marécageux inhabités, devenu le Cours de la Reine sous Marie de Médicis. L'aménagement des lieux est poursuivi par Louis XIV vers 1670. La nouvelle avenue se développe ensuite au-delà de l'enceinte de Louis XIII pour se jeter dans la Seine (pont de l'Alma) et prend bientôt sa forme actuelle. On peut aussi admirer une fontaine lumineuse et apprécier l'usage nocturne de l'électricité lors de cette exposition. La Tour Eiffel, elle, construite à l'occasion de l'exposition de 1889 est toujours là. Le Globe Céleste, situé juste à côté, permet aux spectateurs confortablement assis dans des fauteuils d'observer des panoramas du système solaire défilant sous leurs yeux. On présente aussi plusieurs attractions cinématographiques : La projection des films des Frères Lumière sur un écran géant, la projection de films sonores et la présentation du Cinéorama (procédé de projection cinématographique sur un écran circulaire balayé par dix projecteurs synchronisés), système mis au point par le Français Raoul Grimoin-Sanson en 1897. On trouve aussi une Grande Roue, d'un diamètre de 100 mètres, qui est installée avenue de Suffren, à côté d'un village suisse. D'un poids de 400 tonnes et composée de 40 nacelles pouvant chacune transporter jusqu'à 30 personnes, elle sera désassemblée en 1921 et des chiffonniers récupéreront des nacelles pour en faire des boutiques. Celles-ci annonceront le futur village suisse des antiquaires. Jusqu'en 1980, cette grande roue fut la plus grande du monde. L'exposition universelle tiendra aussi un banquet gigantesque regroupant tous les maires de France dans le jardin des Tuileries.


 

Cette exposition, ce sont aussi des ponts : Le Pont d'Iéna, qui lui est réservé, mais aussi la passerelle Debilly, elle aussi construite pour l'occasion. Pont pour piétons et vélos, elle relie l'avenue de New York au Quai Branly et est classée monument historique depuis 1966. Le Pont de l'Alma est bien sûr de la fête tout comme celui des Invalides, tous les deux doublés à l'époque d'une passerelle métallique provisoire réservée à l'exposition. Enfin, le Pont Alexandre III, symbole de l'alliance franco-russe est inauguré le même jour que l'Exposition universelle. C'est le Tsar Nicolas II qui en posera la première pierre en 1896.

Les passerelles joueront un rôle important car elles permettront aux visiteurs d'aller de site en site sans sortir de l'enceinte de l'exposition et sans gêner la circulation des Parisiens. On en trouve alors Place de l'Alma, au carrefour de l'avenue Bosquet et de l'avenue Rapp, dans l'avenue d'Antin, et sur le boulevard de Latour-Maubourg.

C'est l'industriel Julien Belleville qui dirige cette cinquième exposition. On parle aussi du baron de Coubertin, qui tentera vainement de faire admettre aux Jeux Olympiques les concours internationaux d'exercices physiques et de sports organisés durant l'exposition. Valdemar Poulsen en profite pour faire la démonstration de son enregistreur sonore magnétique. Ingénieur danois, il invente en 1898 le premier dispositif d'enregistrement magnétique d'informations, ancêtre du magnétophone. Et enregistre avec son matériel la voix de l'Empereur François Joseph d'Autriche lors de cet événement. Le Docteur Azoulay ( Société d'Anthropologie de Paris) lui aussi, effectue des enregistrements sonores de parlés et de musiques mais sur des cylindres de cire : 411 cylindres immortaliseront dialogues et musiques du monde entier. Maxime Chattam utilise quant à lui l'Exposition Universelle de Paris comme décor de son roman à suspense Léviatemps. Enfin, Georges Meliès réalise deux films restés célèbres : L'Exposition de 1900 et Panorama pris du trottoir roulant Champs de Mars.

Les visiteurs ne sont pas au bout de leur surprise avec la découverte de nombreux bâtiments construits pour l'occasion : Le Palais de l'électricité et le château d'eau, le Pont Alexandre III nous l'avons vu, puis la rue de l'Avenir. Le Vieux Paris est reconstitué. De nombreux pays y ont installé leur pavillon (Finlande, Suède, Etats-Unis, Allemagne, Hongrie, Empire ottoman, Italie, Bosnie-Herzégovine, Belgique, Grèce et Russie).

 

Il ne faut pas attendre bien longtemps pour que soient inaugurés les 2 èmes Jeux Olympiques (en affiche ci-dessous) à Paris, le 20 mai. Ces Jeux d'été 1900 ne prévoient pourtant pas de cérémonie d'ouverture ou de fermeture. Il y aura juste, le 3 juin, un défilé des gymnastes dans le vélodrome de Vincennes pour marquer la fête fédérale de l'Union des sociétés de gymnastique de France. La ville de Paris avait été inscrite d'office au chapitre du rétablissement des Jeux Olympiques du 23 juin 1894 à l'occasion du premier congrès olympique et il n'y a pas cette fois de villes candidates. Il est prévu que les compétitions s'étalent sur cinq mois dans le cadre des concours internationaux d'exercices physiques et de sports, défendus par le baron Pierre de Coubertin. Contrairement aux Jeux Olympiques, les concours internationaux ont une signification aux yeux des Français mais ne seront pas reconnus comme disciplines olympiques, ni sur les affiches, ni dans le programme des Jeux, ces Jeux qui laissaient les Parisiens complètement indifférents, selon le baron. En 1900, le vrai succès fut donc remporté par les concours internationaux avec Paris pour berceau, la présence de tous les pays sportifs et la quasi-totalité des disciplines sportives pratiquées.


 

Cette année-là, les femmes firent leur première apparition aux Jeux modernes. Et participèrent aux épreuves de tennis et de golf ainsi qu'aux épreuves de tir, voile, équitation, croquet, pêche, ballons, sauvetage, aviron et épreuves scolaires mais de façon plus marginale. C'est Charlotte Cooper qui sera la première femme à obtenir un titre de championne en tant que joueuse de tennis. Le français Constantin Henriquez de Zubiera, membre de l'équipe de rugby et de l'équipe de tir à la corde sera le premier athlète de couleur à participer aux Jeux Olympiques où il décrochera la médaille d'or en rugby.

Ces Jeux Olympiques font partie de l'Exposition Universelle. De nombreuses compétitions sportives impliquent 71230 athlètes (dont 1960 étrangers) et certaines d'entre elles sont scolaires, ou purement franco-françaises. D'autres mettent en avant des disciplines assez inattendues comme ces courses avec obstacles divers. Compte tenu de cet ensemble hétérogène, on prendra les chiffres de participation avec prudence car il était alors difficile de connaître avec précision le nombre exact de participants pour cette olympiade.

Outre les disciplines sportives reconnues, d'autres qui étaient inscrites aux concours d'exercices physiques et de sports de l'Exposition Universelle de 1900 ne l'étaient pas par le CIO de l'époque : La pêche à la ligne, les boules lyonnaises, la pétanque, le tir de canon, le combat de feu, les épreuves de cerf-volant, de pigeon voyageur, de football américain, de baseball, de football gaélique, de hurling (sport irlandais ancêtre du hockey), de sauvetage et de motonautisme. En automobile, discipline reconnue, on organise le Paris-Toulouse, sur 1448 kilomètres : Sur les 55 véhicules au départ, seuls 18 franchiront la ligne d'arrivée.

A la fin des Jeux, la France est première mondiale ( devant les Etats-Unis) avec 26 médailles en or, 41 en argent et 34 en bronze, soit un total de ...101 médailles ( contre 47 pour les Etats-Unis situés en deuxième place). C'était effectivement la Belle époque !

 

D'autres évènements ont lieu en France cette année 1900 : De juin à septembre, le pays participe à l'expédition internationale lancée pour mater la révolte des Boxers à Pékin. Ces boxers -là n'ont rien d'olympiques puisqu'il s'agit d'une révolte fomentée par une société secrète, « Les poings de la Justice et de la concorde » ( avec pour symbole un poing fermé d'où le surnom de boxers!) entre 1899 et 1901. Ce mouvement chinois est à l'origine fomenté contre les réformes, les étrangers, et la dynastie mandchoue des Qing.

 

Un événement plus heureux a lieu le 14 juillet 1900 : L'ouverture de la gare d'Orsay. Celle-ci , construite par l'architecte français Victor Laloux sur des terrains cédés par l'Etat à la Compagnie des Chemins de Fer d'Orléans, est bâtie en deux ans seulement afin d'être inaugurée à temps. Extérieurement, la gare masqua les structures métalliques par une façade en pierre de style éclectique. A l'intérieur, c'est le modernisme qui s'impose, avec plans inclinés, monte-charges pour les bagages, ascenseurs pour les voyageurs, 16 voies en sous-sol, services d'accueil au rez-de-chaussée et traction électrique. Le grand hall de 32 mètres de haut, 40 de large et 138 mètres de long était précédé d'un vestibule et d'un porche ouvert. A partir de 1900 (et jusqu'à 1939) la gare d'Orsay sera la gare de tête de la ligne sud-ouest de la France. L'hôtel construit à l'intérieur des lieux recevait non seulement des voyageurs mais aussi des associations et des partis politiques.

Le 19 juillet 1900, on inaugure la première ligne de métro Vincennes- Porte Maillot : Ce sont Fulgence Bienvenue et Hector Guimard qui la réalisèrent. Breton et ingénieur, Fulgence Bienvenue est le père du métro de Paris avec Edmond Huet. C'est aussi un amoureux de Paris qui construira la ligne Paris-Strasbourg jusqu'à Epernay, qui occupera quelques temps des responsabilités au sein de la capitale tout en se préoccupant du problème des transports. Il sera ainsi à l'origine du tramway funiculaire inauguré en 1890. Cinq ans plus tard, il réalise un avant-projet de réseau de chemin de fer métropolitain pour la ville de Paris. Il y avait déjà eu d'autres projets similaires mais ceux-ci se heurtaient régulièrement à l'opposition des compagnies de chemin de fer. Mais cette fois, Fulgence Bienvenue réussit à faire adopter une fois pour toutes son projet par le conseil municipal. « Tout ce qui est nouveau attire les critiques, il ne faut pas toujours croire ce que disent les journaux » disait-il. Les travaux démarrent le 4 octobre 1898 afin d'être prêt à temps pour l'exposition universelle. Un gigantesque chantier débute dans la capitale, éventrant les rues et attisant la colère des Parisiens. L'inauguration, initialement prévue pour le 14 juillet 1900, est repoussée au 19 juillet, à cause d'une grève des omnibus faisant craindre une trop grande affluence dans le métropolitain. Malgré les plaintes des riverains, ce nouveau moyen de transport est largement plébiscité par les Parisiens. Quant à Hector Guimard, il est le représentant majeur de l'Art nouveau en France. A ce titre, il se verra confier la construction des édicules d'accès aux stations du métro parisien. Un concours est lancé en 1899 par la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris. Les critères ? Une surface vitrée la plus haute possible et un ornement de frises. Hector Guimard n'a pas concouru à ce concours. Il est directement imposé par le président de la Compagnie de chemin de fer, et décroche finalement le marché en construisant des édicules de dimensions variables comportant des éléments modulables en fonte moulurée. Entre 1900 et 1912, l'architecte créera 141 accès pour le métro parisien. Mais Hector Guimard construira aussi immeubles et hôtels particuliers ( le plus célèbre reste le Castel Béranger situé au 14 rue de la Fontaine dans le XVI ème arrondissement de Paris). L’hôtel Guimard, lui, sera érigé après le mariage d'Hector avec Adeline Oppenheimer, artiste peintre d'origine américaine. Hector Guimard se chargera alors de toute la décoration intérieure de cette maison au rez-de-chaussée de laquelle on trouvait l'agence de l'architecte et une galerie de réception. Le premier étage accueillait la salle à manger ( en photo ci-dessous) et le salon. Au 3è étage, on trouvait l'atelier d'Adeline.


 

Le 12 novembre est la date de fermeture de la fameuse Exposition Universelle de Paris. En 212 jours, ce sont presque 51 millions de visiteurs qui auront été enregistrés. Quelques jours plus tard, le 30 novembre, une triste nouvelle tombe avec le décès d'Oscar Wilde : Cet écrivain irlandais également dramaturge et poète, deviendra célèbre avec la pièce L'important d'être constant , jouée à Londres dès 1895. Un temps condamné aux travaux forcés pour son homosexualité, Oscar Wilde écrit De Profundis durant son séjour en prison. La noirceur de la lettre adressée à son amant contraste avec sa première philosophie du plaisir. Il quitte définitivement la Grande-Bretagne pour la France, à sa libération en 1897. C'est dans notre pays que l'écrivain terminera La Ballade de la Geôle de Reading, poème consacré à son expérience en milieu carcéral. Paris marquera l'auteur dès son adolescence en tant que haut lieu de la vie intellectuelle européenne. Une fois dans la capitale, le style de Wilde change notablement en abordant sa deuxième période esthétique. Il devient plus sage et adopte des costumes moins voyants et une coiffure plus discrète. Il fera aussi la connaissance de personnages aussi divers que Robert Sherard, Victor Hugo, Marcel Proust, Maurice Rollinat, Edgar Degas et Camille Pissaro. Oscar Wilde mourra à Paris dans le dénuement le plus total. Nous sommes en 1900 et la France est à l'époque habitée par une population concentrée à 40% dans des villes de plus de 2000 habitants, et à 60% dans les campagnes. 58% des actifs sont agriculteurs.

 

Revenons à l'exposition Paris 1900. Celle-ci est répartie sur deux niveaux (niveau 0 et niveau 1) et permet d'aborder plusieurs thèmes comme celui du Petit Palais et son histoire, puis les Champs Elysées des origines à 1900 ( au niveau O). Lors de cette première visite, j'éprouve de réelles difficultés à m'orienter à l'intérieur de ce « Petit Palais » pas si petit que cela. Heureusement, il y a une forte présence de gardiens qui se mettent à ma disposition pour m'aider.

Les années 1900, c'est aussi le symbolisme, ce mouvement littéraire, musical et artistique qui apparut en France et en Belgique vers 1895, en réaction au naturalisme et au positivisme. Pour Jean Moréas, et pour les Symbolistes, le monde ne saurait se limiter à une apparence concrète réductible à la connaissance rationnelle. L'exposition aborde ce mouvement au travers du caractère de ses œuvres, de l’obsession des Symbolistes et de sa postérité. La position de la femme y occupe une place prépondérante. Le spirituel également.

Un peu plus loin, je découvre l'Art nouveau, dont Hector Guimard est l'un des principaux représentants en France. Juste à côté, se trouve une pièce entièrement consacrée à Vuillard et au renouveau du décor qui permet de découvrir un certain nombre d'objets dont cette cheminée (ci-dessous) richement dotée : de gauche à droite, on observe un écran de cheminée en fer forgé et en verre réalisé par Aldabert Georges Szabo, et la cheminée d'Hector Guimard en fonte bronzée ( 1910) sur laquelle trône un vase (à gauche) en terre émaillée, œuvre de Mary Bracquemond, ainsi qu'une paire de vases en terre cuite émaillée datant des années 1872-1881 et provenant des Manufactures Haviland & Cie. Ces deux vases comportent des montures et des chiens de Fô en bronze doré et sont l'oeuvre d'Edouard Demmouse. D'autres vitrines contenant de très jolies objets complètent la pièce.


 

Jean-Joseph Carriès est sculpteur et potier à la fois. Il connaitra une forte notoriété à la fin du XIX ème siècle après avoir débuté modestement son apprentissage chez un sculpteur d'objets religieux. Remarqué au Salon de 1881 grâce à ses œuvres mêlant naturalisme et symbolisme, il s'intéresse très tôt au grès émaillé et aux céramiques dès 1878. On compte parmi ses œuvres principales une porte monumentale inachevée (1890) et des batraciens étranges, comme cette grenouille aux oreilles de lapin faite de grès émaillé en 1891 (en photo ci-dessous).


 

Au niveau 1, une grande salle nous parle de Paris 1900 et des décors républicains. A ne pas manquer, dissimulé derrière la boutique du Petit Palais , le thème de la carrière et des décors parisiens. « Le Toast », œuvre de Jean-Antoine Marie Idrac poursuivie par Jules-Félix Coutan, représente l'une de six allégories destinées à orner les niches de la salle à manger de l'Hôtel de ville de Paris reconstruit après l'incendie de 1871. Réalisée en plâtre patiné (1883-1888), cette statue (ci-dessous) manque d'originalité : Il s'agit d'une femme simplement vêtue à l'antique et couronnée de laurier. Mais représentant un geste fougueux et moderne, en levant sa coupe à la nouvelle ère républicaine. Cette œuvre sera achevée par Jules-Félix Coutan après le décès de Jean-Antoine Marie Idrac, en 1884.


 

C'est la III ème république qui achève la construction des vingt mairies des arrondissements de Paris. A partir de 1872, le service des Beaux-Arts tombe sous la responsabilité de la Direction des Travaux de Paris. Un goût certain pour l'éclectisme se développe à cette époque, permettant à un nombre important d'initiatives de voir le jour car il faut affirmer les valeurs fondamentales de la nation et des institutions. On passe donc de nombreuses commandes, lesquelles représentent à la fois un enjeu civique et ornemental. Les lauréats qui ont dessiné les esquisses de leurs projets voient celles-ci tomber dans le domaine public (le Petit Palais concentre ainsi un fonds de quelques 800 esquisses). Dans le même temps, les Français se découvrent un intérêt pour l'histoire nationale et pour tout ce qui évoque la vie moderne. Dans ces deux nouvelles tendances, on retrouve des noms comme celui de Puvis de Chavannes ou celui de Victor Prouvé. Le premier est un peintre français considéré comme figure majeure du XIX ème. Il réalise de grands décors muraux à l'hôtel de ville de Paris entre 1887 et 1894. Il traite aussi de la vie de Sainte Geneviève au travers d'un réalisation exceptionnelle au Panthéon de Paris. Chacun de ses décors donne lieu à des études, copies, répliques, cartons préparatoires, autant de choses qui popularisent l'oeuvre de Puvis à l'étranger notamment. Les décors muraux réalisés dans les mairies le sont dans l'escalier d'honneur, la salle des mariages et la salle des fêtes. Les thèmes abordés sont le mariage, la famille, le travail, le suffrage universelle et la défense de la patrie. Ces décors proviennent de commandes municipales. Ces commandes ont pour objectif de faire briller la République tout en faisant travailler le plus grand nombre. La plus ambitieuse commande provient toutefois de l'Hôtel de ville de Paris avec des travaux décoratifs qui s'échelonnent de 1889 aux premières années du XX ème siècle.

Je termine ma visite en m'arrêtant devant La Femme au singe (photo ci-dessous) : Cette statue, faite de grès et de bronze, fut réalisée en 1908 par Camille Alaphilippe. Ce sculpteur né à Tours en 1874, s'intéresse à la céramique dès 1901. Il décorera aussi, avec son épouse Mademoiselle Avog, les grands magasins Félix Potin du boulevard Malesherbes et le jardin François Carnot. En 1914, il sera nommé directeur de la Manufacture de grès flammés d'Alexandre Bigot à Mer (Loir-et-Cher), puis se rendra en Algérie après la Grande guerre. La Femme au singe est un assemblage audacieux d'éléments de bronze doré (tête et mains) et de plaquettes de grès émaillées montées sur une structure de bois et de fer, tenues par un mortier de brique pilée, assorti de joints en plâtre coloré. La statue représente l'image d'une femme fatale tenant enchainé un adorateur.


 

L'exposition Paris 1900 est assurément l'occasion de se (re)plonger dans cette époque riche en évènements et en innovations.

 

 

 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Collection Paris 1900 au Petit Palais, Musée des Beaux Arts de la Ville de Paris, Avenue Winston Churchill à Paris (8ème). Tel: 01 53 43 40 00 : http://www.petitpalais.paris.fr/fr/collections/paris-1900

     

    Ouvert du mardi au dimanche, de 10h00 à 18h00. Entrée gratuite. Accès H (sur la droite de l'escalier principal). Photos autorisées sans flash. Vestiaire gratuit au rez-de-chaussée. Se munir d'un ticket gratuit ( remis à la billetterie). Exposition répartie entre le rez-de-chaussée et le premier étage ( se munir du plan du Petit Palais, très bien conçu). Utiliser les grandes fiches d'infos plastifiées disponibles en plusieurs langues dans chaque salle et les remettre à leur place après usage. Personnel très disponible. Audioguides en location (5 €) en borne d'accueil, dans les langues suivantes : Français, Anglais, Espagnol, Italien et Allemand. Librairie boutique ouverte aux heures du musée. Café « Le Jardin du Petit Palais » de 10h à 17h15 ( sauf le lundi). Accès libre au jardin et aux expositions permanentes.













 

 



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