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L'Abbaye de Fontevraud
(Maine-et-Loire, France)
Heure locale

Dimanche 21 juillet 2013

 

Mes amis Sabrya, Fred, Armandine et Soraya m'offrent de les accompagner pour le weekend à Chinon (Indre et Loire). A quelques kilomètres de là se trouve l'Abbaye de Fontevraud. Une grande page d'histoire m'est donnée d'être ouverte et nous partons visiter cette ancienne abbaye d'inspiration bénédictine qui fut fondée en 1101 par Robert d'Arbrissel à Fontevraud, petite commune du Maine et Loire. Elle devint ainsi le siège de l'ordre de Fontevraud, fondé la même année et qui possédait quatre provinces (la province de France avec quinze prieurés, la province d'Aquitaine avec quatorze prieurés, la province d'Auvergne et ses quinze prieurés, et la province de Bretagne et treize prieurés) et persistera jusqu'à la Révolution française. Robert d'Arbrissel était quant à lui un ermite et moine breton né dans le village d'Arbrissel (Ille et Vilaine) vers 1047. Prêcheur itinérant reconnu par le Pape Urbain II, il suivra toute sa vie une pratique érémitique extrême.

Construite dès le départ dur le modèle d'un monastère double (abritant à la fois moines et moniales réunis sous l'autorité d'un même abbé), l'abbaye recevra successivement la protection des comtes d'Anjou puis des Plantagenêts. A partir du XIII ème siècle, l'endroit connaitra le déclin avant d'être dirigé deux siècles durant par des abbesses issues de la famille royale des Bourbons. Pendant la Révolution française, l'établissement religieux est transformé en établissement pénitentiaire (jusqu'en 1963).Puis l'abbaye est rénovée à plusieurs reprises à partir du XIX ème siècle, est classée monument historique en 1840, puis devient patrimoine mondial de l'Unesco en 2000.


 

L'ensemble monastique est composé de deux monastères toujours existants (sur les quatre d'origine). Le plus important est le monastère du Grand Moutiers qui héberge l'église abbatiale, la cuisine romane et la chapelle Saint Benoit du XII ème siècle, le cloitre, des bâtiments conventuels (dont la salle capitulaire) et les infirmeries du XVI ème siècle. Le Prieuré Saint Lazare a été quant à lui réaménagé en résidence hôtelière.

A l'origine de la construction de l'abbaye de Fontevraud, une mission de prédication du Pape Urbain II alors en visite à Angers en 1096. Robert d'Arbrissel déjà connu en tant que prédicateur, s'installe dans un vallon non loin de là où il fonde une maison mixte qui abritera à la fois hommes et femmes, et le fait que notre moine dorme parmi les femmes provoquera les foudres de la hiérarchie religieuse de l'époque. La doctrine de Robert d'Arbrissel consiste en effet en une pratique ascétique entrainant la cohabitation chaste de personnes de sexe différent dans le but de surmonter les tentations charnelles. En 1101, la maison mixte devient un monastère double : Les hommes résident dans le monastère Saint Jean de l'Habit et les femmes, au monastère du Grand Moûtier. Deux autres structures sont aussi bâties : Le monastère de la Madeleine (pour abriter les pécheresses repenties) et le couvent Saint Lazare (pour les lépreux). Cette initiative est rapidement soutenue par les grandes familles de l'aristocratie locale. Lorsque Robert d'Arbrissel décide de repartir en itinérance, il confie la direction de l'abbaye à une femme, Hersende de Champagné. En 1115, une première abbesse, Pétronille de Chemillé, est élue juste quelques mois avant la disparition du moine (dont la dépouille est enterrée dans le choeur de l'abbatiale de Fontevraud alors en construction). Mais l'administration de l'abbaye par une femme n'est pas du goût de tous les religieux. Certains déserteront le monastère et il faudra l'intervention du Pape pour raisonner les récalcitrants. Parallèlement, l'ordre de Fontevraud (qui avait été créé en même temps que l'abbaye) ne cesse de s'étendre : De 35 prieurés (à la mort de Robert d'Arbrissel), l'ordre en comptera une centaine en France, en Espagne et en Angleterre à la fin du siècle.

 

Le fait que les Plantagenêts aient choisi de faire de l'abbaye leur nécropole, contribua beaucoup à son développement. Le premier d'entre eux fut Henri II qui y fit sa première visite en 1154 et y laissera ses enfants, Jeanne et Jean (futur roi d'Angleterre) pour leur éducation. Henri II financera également la construction de l'église paroissiale Saint Michel tout près de l'abbaye. A son décès, l'abbaye de Fontevraud est choisie par commodité pour recevoir sa dépouille. Richard Cœur de Lion sera inhumé au même endroit en 1199 aux côtés de son père, puis Jeanne (la soeur de Richard), quelques mois plus tard. En 1200, Aliénor, la mère de Richard Cœur de Lion, se retire à l'abbaye de Fontevraud à l'âge de 80 ans. Elle y mourra quatre ans plus tard et sera enterrée aux côtés de son époux, de son fils Richard et de sa fille Jeanne. Les descendants considéreront désormais l'abbaye comme la nécropole familiale : Raymons, conte de Toulouse y sera enterré en 1250, puis Isabelle d’Angoulême (en 1254).

 

Avec le déclin de l'empire des Plantagenêt (celui-ci s'étendait alors des confins anglo-écossais aux Pyrénées, et de l'Irlande au Limousin), l'abbaye de Fontevraud se retrouve dans l'embarras car elle possède des domaines un peu partout (dont en Angleterre) : Les propriétés angevines et tourangelles passent du côté du roi de France tandis que celles du Poitou et de la Guyenne restent sous domination anglaise. L'ordre de Fontevraud devient plus pauvre, à tel point qu'à partir de 1247, les moniales sont autorisées à bénéficier des biens de leurs parents en succession et la création de nouveaux prieurés est arrêtée. Un nouvel impôt est imposé par le Pape Innocent IV à l'abbaye un an plus tard, afin d'entretenir l’évêque de Tibériade, mais l'abbesse, qui éprouve déjà des difficultés à boucler ses fins de mois refuse de payer cet impôt. La Guerre de Cent Ans bientôt déclarée n'arrange pas les affaires de l'abbaye qui perd près de 60% de ses rentes foncières. Les environs seront ravagés à plusieurs reprises mais l'abbaye évitera le pillage.

 

Lorsque l'abbesse Marie de Bretagne prend la tête de l'abbaye, en 1457, celle-ci réforme l'ordre en supprimant les prieurés trop pauvres et en mettant en œuvre une nouvelle règle, mais les réformes passent mal. Louis XI vient tout juste d'être sacré mais s'empresse de soutenir l'abbaye en en confirmant les privilèges le 15 octobre 1479. Renée de Bourbon, élue abbesse en 1491, et première des cinq abbesses issues de la famille royale des Bourbon, entreprend à son tour la réforme puis rénove architecturalement l'endroit : Le cloitre est équipé de 47 cellules pour les moniales dans sa partie sud, tandis que le réfectoire est reconstruit. La rénovation du Grand Moûtiers est poursuivie sous la direction de Louise de Bourbon (qui régnera sur l'abbaye pendant 41 années) par la construction trois autres galeries du cloitre (dont on aménage la partie est). La nouvelle abbesse, Eléonore de Bourbon, continue ces travaux en terminant notamment l'aménagement du grand dortoir et en rebâtissant l'infirmerie de Saint-Benoist. Une autre abbesse est nommée en 1611 : Louise de Bourbon de Lavedan. Celle-ci acquiert en 1632 le fonds du sénéchal de Saumur pour l'utiliser comme bibliothèque au monastère. Mais l'autorité de cette abbesse est mal acceptée par les religieux puisqu'en 1632, on note plusieurs désertions de religieux de Saint Jean de l'Habit et ces derniers rejoignent d'autres ordres, malgré les bulles papales qui sont prodiguées. L'abbesse Jeanne-Baptiste de Bourbon obtiendra quelques années plus tard, de la part du conseil d'Etat, la confirmation de l'importance du rôle de l'abbesse à l'abbaye. Et la règle de l'ordre de Fontevraud est imprimée en 1642.

 

On compte 230 religieuses, 60 religieux, plusieurs laïcs chargés de l'administration et 47 serviteurs dans l'abbaye en 1670. Le successeur de Jeanne-Baptiste (qui n'a pas choisi d'adjudicatrice avant de mourir) laisse la place à la première abbesse directement nommée par le roi de France : Marie-Madeleine Gabrielle de Rochechouart est ainsi élue par Louis XIV le 16 août de cette même année. Sous son règne, les abus et les dérogations aux règles sont sévèrement contrôlés, la construction du noviciat est menée à son terme tandis qu'on construit une galerie qui relie l'abbaye au parc Bourbon. Parallèlement, la nouvelle abbesse instaure sur place une vie mondaine en recevant sa famille et en y faisant jouer Esther, la pièce de Jean Racine. Louise-Françoise de Rochechouart succède à Marie-Madeleine Gabrielle en 1704. Puis, 34 ans plus, le Roi Louis XV confiera à l'abbaye de Fontevraud le soin d'éduquer ses quatre filles cadettes. On construit alors un nouveau logis, le Logis Bourbon, qui est achevé en 1741.

 

La Révolution Française sera fatale à l'abbaye et à l'ordre de Fontevraud : Sa situation financière s'aggrave car la dime (600 livres annuelles) ne rentre plus, et l'Assemblée nationale vote bientôt la fin des privilèges et l'imposition des privilégiés pour les six derniers mois de l'année 1789. Puis, le 2 novembre de la même année, les biens du clergé sont déclarés biens nationaux. L'abbaye abrite alors 70 religieuses, 40 converses et une vingtaine de religieux tandis que l'ordre de Fontevraud dirige encore 52 prieurés. Malgré cela, l'abbesse refuse d'évacuer les lieux et l'unité de la communauté de Fontevraud est encore maintenue durant plusieurs mois. Le 30 avril 1790, le maire de fontevraud, Alexandre Guerrier, ancien moine de Saint-Jean de l'Habit frappe à la porte de son ancien couvent : L'endroit ne compte plus qu'une trentaine de religieux et 18 frères convers. L'inventaire des biens de l'abbaye est alors dressé et certains religieux quittent les lieux en échange d'un pension de l'Etat. L'inventaire du mobilier prendra une semaine. Les religieuses restantes sont déterminées à rester sur place, mais l'Etat vend rapidement les biens de l'abbaye, vente qui signe la fin de Saint-Jean de l'Habit. Le 17 août 1792, la Convention décrète quant à elle l'évacuation des bâtiments religieux encore occupés avant octobre. Julie-Gillette de Pardaillan d'Antin, la dernière abbesse, sera la dernière à quitter les lieux. Le 30 janvier 1793, une troupe pénètre dans l'abbaye et saccage les bâtiments. Les sarcophages et les cercueils du caveau des abbesses sont brisés, les ossements jetés ou abandonnés sur place. Les 106 anciens religieux encore sur place assisteront, impuissants, à l'ultime dispersion du mobilier restant. Durant la Terreur, l'ambiance est lourde et les anciens occupants deviennent des suspects désignés. En l'An III de la Révolution, et malgré le peu de moyens financiers dont elle dispose, la municipalité de Fontevraud prend toutefois quelques mesures de sauvegarde pour éviter dégradations et vandalisme alors que l'église Saint-Jean de l'Habit tombe en ruine.

 

Le 18 octobre 1804, Napoléon Ier signe le décret qui transforme l'abbaye de Fontevraud en établissement pénitentiaire (le même sort est réservé à Clairvaux et au Mont Saint-Michel). Les travaux de conversion sont alors confiés à Alfred Normand, ingénieur des Ponts et Chaussées et s'étalent de 1806 à 1814 : Un vrai chemin de ronde sera construit autour du Grand Moutiers, et de nouveaux bâtiments sont érigés près de l'Abbatiale et dans les cours. La nef de l'abbatiale est séparée par deux niveaux de planchers pour y loger les détenus et le choeur devient une chapelle. Les premiers prisonniers arrivent dès 1812 alors que l'inauguration de la prison n'a lieu qu'en 1814 et emploie une vingtaine de personnes. En 1850, Fontevraud devient une maison de force et de correction pour dix-neuf départements français et de nouveaux aménagements sont alors entrepris (on supprime un grand nombre de cloisons et on augmente le nombre d'étages). On rase les coupoles de la nef de l'abbatiale pour aménager des combles en 1825. Des ateliers et des manufactures sont aussi créés, qui utilisent la main d'oeuvre des détenus présents : Des boutons de nacre, des gants, des filets et des couvertures pour l'armée y sont fabriqués, assurant ainsi la transformation du chanvre et du lin, et permettant à la population locale de retrouver l'activité économique d'antan, comme du temps de l'abbaye et de sa communauté. Les détenus femmes quitteront les lieux en 1850 pour être transférés à la prison de Rennes. La prison, considérée comme la centrale pénitentiaire la plus dure de France avec celle de Clairvaux fermera définitivement le 1er juillet 1963.

 

L'Abbaye de Fontevraud va figurer sur la première liste nationale de classement des monuments historiques, grâce à l'action de Prosper Mérimée. Peu à peu, le cloitre (en 1860), le réfectoire (en 1882), la Tour d'Evrau et l'église abbatiale (début XIX ème siècle) seront ainsi restaurés. Et le Centre culturel de l'Ouest, fondé en 1975, de se substituer bientôt à l'ancienne communauté religieuse : Ayant pour but de défendre, développer, animer et promouvoir l'abbaye de Fontevraud, cette association organise des classes du patrimoine, des manifestations artistiques, des stages d'initiation aux métiers d'art et au chant, tout en accueillant des congrès.

 

 

 

INFOS PRATIQUES :

 


  • Site de la ville de Chinon : http://www.ville-chinon.com/

  • Site de l'Abbaye de Fontevraud : http://www.abbayedefontevraud.com/

     

    L'abbaye, entourée de vignes depuis des siècles, participa largement au développement du vignoble de Saumur et possédait, avant la Révolution française, plus de mille hectares de vignes. Aujourd'hui, il existe une cuvée de l'abbaye réalisée en complicité avec les vignerons de Saumur (saumur brut, saumur rouge et saumur blanc) qui est disponible à la vente à la boutique ou au café Aliénor.

  • Restaurant La Ciboulette, (face au péage de l'autoroute A10, sortie 25) à Sainte Maure de Touraine. Tel : 02 47 65 84 64. Site internet : http://www.laciboulette.fr/

  • Auberge Le Cardinal, 3 rue des écluses à Richelieu. Tel : 02 47 58 18 57. Fermée le dimanche soir et le lundi (et l'hiver, les mardi et mercredi soir)

  • Logis de La Pataudière (Chantal & Christian) à La Pataudière, Champigny sur Veude. Tel : 02 47 58 12 15.Chambre d'hôtes et gîte de Touraine (avec une table d'hôtes exceptionnelle !). Mèl : info@lapataudiere.com

    Site internet :http://www.lapataudiere.com/

  • Site internet de la ville de Fontevraud L'Abbaye : http://www.fontevraud-abbaye.fr/

  • Office de tourisme du Saumurois, Place Saint Michel à Fontevraud L'Abbaye. Tel : 02 41 51 79 45

    Accueil des personnes handicapées. Langues parlées : Français, anglais, espagnol. Boutique, billetteries sites & spectacles, consignes à bagages, réservation d'hébergements, expositions ponctuelles. Paiement en espèces, CB, chèque et chèque vacances.










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